Margaret Nakato est animée par une vision, celle de l’égalité des sexes. Elle s’est donné pour mission de procurer des moyens d’action aux femmes qui rincent, préparent et vendent le poisson pêché dans les lacs d’Ouganda sur les marchés locaux.
Le secteur de la pêche artisanale continentale, qui se concentre dans ce pays autour des grands lacs, est un important pourvoyeur d’emplois pour les populations d’Afrique. Bien que la pêche elle-même demeure un domaine presque exclusivement masculin, la transformation, la préparation et la vente du poisson sont effectuées à 69 pour cent par des femmes.
Or, avant de préparer et de vendre leurs produits, celles-ci doivent pouvoir disposer du poisson fraîchement pêché, ce qui les oblige à négocier avec les pêcheurs, qui sont majoritairement des hommes. Par ailleurs, les femmes sont en concurrence avec des grossistes, qui proposent des prix d’achat bien plus élevés. Beaucoup de femmes sont quotidiennement victimes de violences et de menaces.
Margaret maintient que les femmes font partie intégrante du secteur de la pêche et s’est donné pour mission de les aider à prendre conscience de cette réalité et à l’utiliser à leur avantage. «Les femmes que je rencontre sur les sites de débarquement du poisson autour du lac Victoria ne s’estiment pas en droit de travailler dans le secteur du poisson, explique Margaret. Elles se sentent à la merci des pêcheurs. C’est la raison pour laquelle nous devons les informer de leurs droits!»
Un soutien grâce aux groupes de femmes
Margaret coordonne le Fonds fiduciaire pour le développement en faveur des femmes de Katosi (KWDT), une organisation à but non lucratif à laquelle la FAO prête un appui financier, qui vient en aide à 691 membres de 29 groupes de femmes. Il s’agit pour beaucoup de productrices d’aliments qui opèrent dans le secteur de la pêche artisanale.
Les femmes qui travaillent à leur compte subissent souvent un harcèlement de la part d’hommes de leur entourage et d’agents chargés de l’application des lois. Le KWDT encourage les femmes à se regrouper afin que leur voix porte davantage et qu’elles soient protégées des violences. Au sein d’un groupe, les femmes sont moins vulnérables. Les auteurs de violences y réfléchissent à deux fois avant de s’en prendre à une femme qui n’est pas isolée mais fait partie d’un groupe, en particulier lorsque celui-ci dispose des ressources nécessaires pour protéger les droits de ses membres. En outre, ces groupes encouragent les femmes dont les droits ont été bafoués à signaler les faits et les soutiennent dans ce parcours. Leurs membres œuvrent ensemble pour avoir accès à des informations juridiques sur leurs droits, dans le secteur de la pêche comme dans d’autres.