Plateforme mondiale des Champs-Écoles des Producteurs

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Genre, inclusion sociale et Champs-écoles des producteurs

Les champs-écoles des producteurs (CEP) jouent un rôle important dans le renforcement des capacités techniques et fonctionnelles des participants et contribuent simultanément au développement communautaire inclusif, à l'autonomisation des femmes et à l'égalité des sexes.

En répondant aux besoins spécifiques et aux vulnérabilités des hommes et des femmes, et en instaurant une confiance mutuelle entre eux au sein de la communauté, les CEP peuvent favoriser des changements positifs dans les attitudes, les comportements et les pratiques, transformant ainsi les relations de genre.

Les CEP utilisent une approche participative et pratique qui permet aux hommes et aux femmes d'observer, d'expérimenter et d'exprimer leurs préoccupations concernant le système de production, facilitant ainsi l'apprentissage sur la façon d'améliorer ou de s'adapter aux changements du contexte agricole.

L'égalité des sexes implique une participation égale des femmes et des hommes à la prise de décisions, l'égalité dans l'exercice de leurs droits (humains), l'égalité d'accès aux ressources et aux avantages du développement, l'égalité des chances dans l'emploi et dans tous les autres aspects de leur vie. L'autonomisation des femmes est le processus par lequel les femmes améliorent leur capacité à faire des choix de vie et à transformer ces choix en actions et en résultats.

Contexte

Dans la plupart des pays en développement, les femmes jouent un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté rurale et la faim en gérant les ressources naturelles, en développant des moyens de subsistance résilients et en contribuant à la sécurité alimentaire et à la nutrition de leurs ménages et communautés. Les femmes représentent environ 43 pour cent de la main-d'œuvre agricole dans les pays en développement.  La majorité des femmes rurales sont non seulement responsables des soins de leur famille et de leur foyer, mais elles sont aussi agricultrices de subsistance, exploitantes de petites entreprises ou effectuent un travail salarié.

Faire en sorte que les femmes et les hommes ruraux bénéficient de l'égalité des chances et de l'accès aux marchés agricoles est non seulement un moyen de réduire l'écart entre les sexes dans l'agriculture, mais aussi de soutenir des économies intelligentes et de garantir des systèmes agricoles et alimentaires durables et productifs. Le renforcement de l'égalité des sexes conduit à une réduction de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire et à une amélioration de la nutrition tant au niveau des ménages que des communautés.

Intégrer le genre dans les activités des CEP

Le document d'orientation des CEP (FAO, 2016) souligne que la formulation et le processus du CEP doivent tenir être sensibles au genre, en reconnaissant et en répondant aux besoins et priorités spécifiques des femmes et des hommes, dans le contexte de la construction sociale des rôles attribues aux différents sexes. Pour ce faire, le CEP devrait être mis en œuvre sous le prisme d'une analyse de genre approfondie, où les informations spécifiques, le contenu de la formation et les priorités sont adaptés aux besoin spécifiques des femmes et des hommes sur le terrain. Le personnel du programme et les facilitateurs des CEP sont formés afin de les sensibiliser davantage aux concepts d’inclusion sociale et de vulnérabilité sociale et de la familiariser avec ces concepts; ou ils reçoivent une formation visant à les sensibiliser davantage aux concepts d'inclusion sociale et de vulnérabilité sociale et les familiariser avec ces concepts. Au fil des ans, les bonnes pratiques et les enseignements tirés de l'expérience en matière d'égalité des sexes sont recueillis et diffusés, montrant comment les CEP peuvent influencer les dynamiques sociales et renforcer l'inclusion sociale.

L'inclusion sociale tient compte des différents besoins et capacités dus à d'autres facteurs sociaux tels que l'appartenance ethnique et la caste, le statut socio-économique ou le statut de handicap.

Vulnérabilité: les caractéristiques et les circonstances d'une communauté, d'un système ou d'un bien qui le rendent vulnérable aux effets néfastes d'un danger.

La vulnérabilité sociale est le risque de ne pas pouvoir participer pleinement à la vie économique, sociale et civique de la communauté.

Saviez-vous que...?

  • L'égalité des sexes a été au cœur de la conception des programmes d'éducation communautaire de la FAO Asie et des programmes nationaux sur la gestion intégrée des ravageurs et la réduction des risques liés aux pesticides, en tenant compte des différents rôles des hommes et des femmes dans l'utilisation des pesticides et la gestion des risques dans les communautés et de leurs besoins spécifiques dans la conception des programmes de formation.
  • Les CEP peuvent fournir des informations sur  la mise en place des fonds d'épargne pour faire face au coûts financiers de l'éducation ou des soins de santé des enfants, non seulement en permettant aux membres des CEP d'accéder à des prêts, ou d'utiliser ces ressources pour les urgences, mais aussi en renforçant la confiance communautaire.
  • Les activités d'apprentissage des CEP sont programmées en fonction des besoins et tâches spécifiques des femmes pour permettre leur  participation. Les garçons et les filles sont encouragés à participer avec leurs parents à des activités de formation afin de les exposer aux possibilités d'apprentissage.
  • Les praticiens sur le terrain s'efforcent de plus en plus de collecter des données ventilées par sexe et d'utiliser des indicateurs sexo-spécifiques afin de concevoir des programmes tenant compte des sexo-spécificités et pour suivre et rendre compte des différents effets des interventions sur les hommes et les femmes.

CEP et Clubs Dimitra

Plusieurs projets axés sur les CEP ont élaboré leur propre stratégie en matière d'égalité des sexes.  Certains projets mis en œuvre au Niger et au Sénégal dans le cadre de l'adaptation au changement climatique ont créé de fortes synergies avec l'approche de la FAO dans le cadre de Clubs Dimitra. Ces clubs sont des espaces de dialogue et d'action collective au niveau communautaire pour discuter des défis communs de développement, prendre des décisions et agir en utilisant les ressources locales. Dans le cadre de cette alliance méthodologique, les clubs apportent un soutien aux champs-écoles par rapport à la communication participative sensible au genre dans les zones rurales, en créant des espaces supplémentaires pour discuter des rôles de genre dans les communautés, et pour sensibiliser la population locale aux écarts existants. Le système utilisé par les clubs Dimitra (trois groupes distincts par village : jeunes/femmes/hommes qui se réunissent aussi régulièrement dans les assemblées villageoises) assure l'inclusion de tous. Le processus permet aux "sans-voix" de se faire entendre, en particulier les femmes et les jeunes, en renforçant leur leadership et leur confiance en soi. Grâce aux radios communautaires, les CEP et les clubs Dimitra peuvent diffuser des informations au niveau régional sur la sécurité alimentaire, les pratiques agricoles mais aussi sur les questions sociales, telles que la violence contre les femmes ou la santé reproductive.

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La violence basée sur le genre est un terme générique pour tout acte nuisible qui est perpétré contre la volonté d'une personne et qui est fondé sur des différences socialement attribuées (c.-à-d. le sexe) entre les hommes et les femmes. Ce terme est le plus souvent utilisé pour souligner comment l'inégalité systémique entre les hommes et les femmes - qui existe dans toutes les sociétés du monde - agit comme une caractéristique unificatrice et fondamentale de la plupart des formes de violence perpétrées contre les femmes et les filles.

Le maintien de la paix englobe les activités visant à prévenir le déclenchement, l'escalade, la poursuite et la reprise des conflits, notamment en s'attaquant aux causes profondes et en progressant vers le relèvement, la reconstruction et le développement.

Ces dernières années, les clubs Dimitra et les Écoles pratiques d’agriculture et d’apprentissage à la vie pour les jeunes (JFFLS) ont consacré une attention particulière à la protection contre la violence basée sur le genre, qui compromet la sécurité alimentaire des ménages et du pays en réduisant la résilience des survivants, en affaiblissant leur capacité à être des travailleurs productifs et à gagner leur vie et en créant un cercle vicieux de violence. Des conseils techniques et un appui aux politiques ont été fournis pour lutter contre ce type de violence, promouvoir l'égalité des sexes et abolir les pratiques et la législation discriminatoires.

Compte tenu du nombre croissant de conflits dans le monde, une attention particulière est également accordée au soutien aux communautés rurales par la mise en place d'un processus de paix durable et la réalisation de la sécurité alimentaire. Les clubs Dimitra et les JFFLS dispensent une formation professionnelle adaptée aux garçons et aux filles, hommes et femmes, les plus vulnérables. Ils facilitent également leur accès à l'emploi et aux marchés, contribuant ainsi à réduire les tensions sociales et les conflits, à renforcer la cohésion sociale, à instaurer une paix et une résilience durables et à transformer les normes et comportements sociaux armés.

En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, un appui a été fourni aux garçons et aux filles pour développer leur confiance en soi, leur capacité d'action et leur résilience, et améliorer leurs compétences entrepreneuriales et agricoles. Des changements de comportement positifs ont été observés aux niveaux individuel et communautaire, ce qui a permis d'accroître les possibilités économiques et sociales en dehors du conflit.

En 2018, la FAO a collaboré avec plusieurs partenaires de développement pour créer le kit d'outils de la Women's Empowerment Farmer Business School (WE-FBS) visant à renforcer les capacités des agricultrices et à améliorer la productivité, la rentabilité et la durabilité de leurs activités et entreprises.