L'aquaculture tient une place importante à Madagascar. Elle est considérée comme un des secteurs porteur pour le pays pour sa contribution à la rentrée de devises par les exportations de crevettes d'élevage et d'algues ainsi que pour sa participation à l'amélioration des revenus des paysans pisciculteurs, à l'apport en poissons pour le marché local et à l'emploi qu'elle génère. L'aquaculture est pratiquée en eau douce, en eau saumâtre et en eau marine:
Historiquement, le développement de la pisciculture en eau douce s'est fait au cours des dernières cinquante années en quatre phases bien marquées:
Tandis que l'aquaculture continentale est orientée vers le marché local, l'aquaculture marine vise le marché d'exportation pourvoyeur de devises.
En 2003, l'aquaculture continentales était pratiquée par 21 000 rizipisciculteurs, 45 000 pisciculteurs et 219 producteurs d'alevins. L'élevage en cages par 42 associations procurait 110 emplois directs et quatre écloseries de tilapia en procurait 45. En aquaculture marine, les six sociétés crevetticoles avaient créé 4 325 emplois à temps plein dont 4 267 locaux et 58 expatriés (Anonyme 2005b). Ces 4 325 emplois à temps plein se répartissent comme suit: 90 sont des marins, 1 072 en usine de traitement, 400 dans l'administration, 267 en écloserie, 2 114 en exploitation d'élevage et 382 divers. De plus, cette crevetticulture avait créé 30 000 emplois indirects. L'algoculture était pratiquée par 126 fermiers. L'aquaculture donne aussi de l'emploi à 50 chercheurs et 40 employés d'administration
En 2003, l'aquaculture continentale était pratiquée dans 15 km2
de rizières irriguées et 4 km² d'étangs avec une bonne maîtrise d'eau (Anonyme, 2005a), soit une très faible partie du potentiel (1 600 km2
de plans d'eau et 340 km2
de rizières d'après Kiener, 1963, et 20 km2
de zones avec une bonne maîtrise d'eau d'après Anonyme, 2005a). Il est actuellement estimé qu'un total de 11 938 ha pourraient être aménagé pour la production de 54 416 tonnes de crevettes. Seulement 41,7 pour cent de ce potentiel, soit 4 982 ha, sont actuellement mis en valeur (Anonyme, 2001).
En eau douce, le principal poisson d'élevage est la carpe commune (Cyprinus carpio
), introduite en 1959. Le carassin doré (Carassius auratus
) introduit en 1861 est également cultivé mais à une échelle beaucoup moins importante. Le tilapia du Nil (Oreochromis niloticus
) introduit en 1956 prend de plus en plus d'importance en étangs et en cages.L'aquaculture marine se base principalement sur l'élevage de la crevette géante tigrée (Penaeus monodon
), une espèce pêchée localement. Introduite en 1998, l'algue marine eucheuma striée (Eucheuma striatum
), souche de Zanzibar, est actuellement cultivée en zone côtière.
Bien que les statistiques aquacoles soient toujours un problème au niveau national, surtout en ce qui concerne l'aquaculture continentale, les productions aquacoles peuvent être estimées comme suit:
Une nette augmentation de production est enregistrée pour l'aquaculture marine. Le graphique ci-dessous indique la production totale de l'aquaculture au Madagascar (d'après les statistiques de la FAO):
En (rizi)pisciculture, généralement pratiquée en milieu rural, ce n'est que le surplus de production qui est commercialisé au niveau des marchés locaux. Les poissons y sont vendus à l'état vivant ou très frais. Les poissons produits en cages sont en majorité vendus à Antananarivo, principalement aux supermarchés et aux restaurants. Quant aux produits aquacoles marins, ils sont surtout destinés à l'exportation, en particulier les crevettes et les algues sèches. A cet effet, le Ministère de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche délivre une licence à travers le service vétérinaire aux sociétés qui y sont habilitées. Cette licence peut être retirée ou suspendue en cas de non respect des normes sanitaires et d'hygiène en vigueur. Ces produits sont exportés principalement vers l'Europe. Les crevettes sont exportés (entières, etêtées et décortiquées) principalement (70 pour cent) en Europe (France, Espagne et Italie). Une petite quantité dans les Etats-Unis et 30 pour cent en Japon.Chaque société a son propre réseau de distribution en Europe, vers de grands et moyens supermarchés où le produit est étiqueté « Crevettes d'aquaculture de Madagascar » sans mention de la société productrice.
En 2004, la pisciculture en eau douce a produit près de 2 550 tonnes de poisson, soit près de 2,8 pour cent de la consommation nationale, pour une valeur totale de 4,2 millions de dollars EU. Cette même année, la filière aquacole crevettière a exporté environ 7 000 tonnes de crevettes pour une valeur estimée à 62 millions de dollars EU. En 2003, cette filière a généré 4 325 emplois à temps plein (4 267 locaux et 58 expatriés) et 30 000 emplois à temps partiel. La contribution de cette filière au PIB a été de 0,52 pour cent en 2001 et de 0,69 pour cent en 2002 . Sa contribution aux recettes publiques s'est élevée à 0,24 pour cent en 2001 et à 0,59 pour cent en 2002.
La gestion et le développement de l'aquaculture sont à la charge du Ministère de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche (MAEP) par le biais de la Direction de la Pêche et des Ressources Halieutiques (DPRH). Vis-à-vis du secteur Pêche/aquaculture, celle-ci est principalement responsable de:
Plusieurs textes et réglementations sous forme de loi, d'ordonnance, de décret et d'arrêté ont été élaborés dans le cadre de la gestion de l'aquaculture, principalement de l'aquaculture marine. Une liste des textes en vigueur est donnée dans le tableau ci-dessous.
Les réglementations en matière d'aquaculture ne sont pas encore bien étoffées par rapport à celles de la Pêche. Beaucoup de textes doivent encore être élaborés. En ce qui concerne la protection de l'environnement, des dispositions ont été prises dans le cadre des décrets. Toute exploitation aquacole ne peut démarrer sans avoir au préalable un permis environnemental et/ou une autorisation d'implantation. Ceci n'est délivré qu'après une Etude d'impact environnemental sanctionnée par un Plan de gestion environnementale du projet.
En matière de recherche aquacole, trois institutions ont été identifiées dont deux d'envergure nationale, comme suit:
En matière de formation aquacole, plusieurs institutions gouvernementales et privées existent. Les formations proposées dans ces établissements sont essentiellement générales et théoriques. Elles sont suivies de stages pratiques en sociétés aquacoles, en fonction du sujet de mémoire final. Ces institutions de formation aquacole sont les suivantes:
Cette dernière décennie se caractérise par le développement rapide de l'élevage industriel de crevettes. Pendant cette période, la production est passée de 406 tonnes (en 1994) à 7 007 tonnes (en 2003). D'ici deux à trois ans, la production de cette filière pourrait dépasser celle de la pêche industrielle de crevettes et dominer l'exportation de ce produit. Cette filière aquacole est également dotée d'un cadre juridique et d'un suivi remarquables. Des dispositions ont été prises en vue d'obliger les opérateurs à réaliser une Etude d'impact environnemental tout en élaborant et publiant un schéma d'aménagement. Un code de conduite ainsi qu'une loi portant sur le développement responsable et durable de cette filière ont également été mis en application. Quant à l'aquaculture continentale, notamment la pisciculture, elle possède des possibilités de développement. Le bien-fondé de la privatisation de la production d'alevins et de l'engagement de ces petits opérateurs dans la vulgarisation piscicole a été démontré. Cependant, malgré l'accroissement de la quantité d'alevins produits, la production piscicole n'augmente pas. L'ancienne stratégie de développement visant seulement à l'autosuffisance alimentaire et ne permettant pas de dégager un surplus commercialisable a été remise en question. Une nouvelle politique de développement de l'aquaculture continentale a été mise en place, favorisant l'aquaculture commerciale orientée vers le marché. La mise en place d'acteurs aquacoles professionnels est encouragée, comme par exemple l'implantation de quatre écloseries de tilapia dans la région d'Analamanga dont deux pour la production d'alevins de tilapia monosexés mâles. La filière de type familial cède petit à petit la place à celle de type commercial. Par ailleurs, aussi bien pour l'élevage de crevettes que pour l'aquaculture continentale, le potentiel de développement existant reste important:
FAO
. 2005
. Aquaculture production, 2004.
Year book of Fishery Statistics - Vol.96/2. Food and Agriculture organization of the United Nations, Rome, Italy. Anonyme.2001
. Etude du schéma d'aménagement de l'aquaculture de crevettes de mer à Madagascar. Antananarivo,
MPRH/DA/UE/Consortium OSIPD/FTM/PHD . Anonyme.2004a
. Pêche et aquaculture à Madagascar: Plan Directeur 2004-2007,
MAEP/FAO, Antananarivo. Anonyme.2004b
. Etude de compétitivité de l'aquaculture de crevettes de Madagascar.
Observatoire économique de la filière crevettière à Madagascar. Rapport final. 139p. Anonyme.2005a
. Rapport d'activité annuel 2003 et 2004.
Antananarivo, Direction de la pêche et des ressources halieutiques . Anonyme. 2005b
. Document de synthèse des données économiques de la filière crevettière.
Observatoire Economique de la filière crevettière à Madagascar. Anonyme. 2005c
. Rapport de synthèse des travaux du projet FAO-TCP/MAG/2901 «Formulation d'une stratégie pour la valorisation des acquis du sous secteur de l'aquaculture»
(draft). Kiener, A. 1963
. Poisson, pêche et pisciculture à Madagascar.
Nogent sur Marne, France, Centre technique forestier tropical, 160 pages. Rabelahatra, A. 1988
. Etudes nationales pour le développement de l'aquaculture en Afrique. 22. Madagascar.
FAO Circ.pêches, (770.22): 82p. Annexe - Liste des acronymes malgaches APAM: Association Professionnelle des Aquaculteurs de Madagascar CDCC: Centre pour le Développement de la Culture des Crevettes DPRH: Direction de la Pêche et des Ressources Halieutiques DGDR: Direction Régionale du Développement des Régions DSAPS: Direction de la Santé Animale et Phytosanitaire FOFIFA: Foibe Fikaroana ho an'ny Fambolena GAPCM: Groupement des Aquaculteurs et Pêcheurs de Crevettes de Madagascar IHSM: Institut Halieutique et des Sciences Marine MAEP: Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche MEFB: Ministère de l'Economie, des Finances et du Budget MINENVEF: Ministère de l'Environnement et des Eaux et Forets MINSAN: Ministère de la Santé MINTOUR: Ministère du Tourisme MPE: Maison du Petit Elevage ONE: Office National de l'Environnement PFOI: Pêche et Froid de l'Océan Indien SAACM: Schéma d'Aménagement pour l'Aquaculture de Crevettes de Madagascar SRPRH: Service Régional de la Pêche et des Ressources Halieutiques
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