Impression
Ctenopharyngodon idellus
(Valenciennes, 1844) [Cyprinidae]
Poisson d'eau douce
FAO Names:
En Grass carp(=White amur)
FrCarpe herbivore(=chinoise)
EsCarpa china

FAO. 2009. Ctenopharyngodon idellus. In Cultured aquatic species fact sheets. Text by Weimin, M. Edited and compiled by Valerio Crespi and Michael New. CD-ROM (multilingual).
IDENTIFICATION
Caractéristiques biologiques
Corps allongé et cylindrique, abdomen rond, comprimé au niveau de la queue, longueur standard est 3,6-4,3 fois la hauteur du corps et 3,8-4,4 fois la longueur de la tête, la longueur du pédoncule caudal est plus grande que la largeur; tête moyenne; bouche terminale et en forme d’arc; la mâchoire supérieure s’étend légèrement par-dessus la mâchoire inférieure, son front peut toucher le dessous de l’œil, la largeur du museau est 1,8 fois la longueur, la longueur du museau est environ la distance nasale; pas de palpus, branchiospines courtes et clairsemées (15-19); deux rangées de dents pharyngiennes sur chaque côté, latéralement comprimées, formule 2,5-4,2, la rangée intérieure est plus solide, cannelure sur la surface latérale; écailles grandes et cycloïdes; 39-46 écailles extrêmes dans la ligne latérale, la ligne latérale s’étend jusqu’au pédoncule caudal. Anus près de la nageoire anale; rayon de la nageoire dorsale: 3,7; rayon de la nageoire pectorale: 1,16; rayon de la nageoire ventrale: 1,8; rayon de la nageoire anale: 3,8; nageoire caudale avec environ 24 rayons; couleur: gris jaune latéralement, partie dorsale brun foncée, gris blanc au niveau de l’abdomen.
PROFIL
Contexte historique
La culture de la carpe herbivore a commencé le long des Rivières Yangtze et Pearl dans le sud de la Chine. Comparée à la carpe commune, la culture de la carpe herbivore a débuté beaucoup plus tard. Selon les enregistrements historiques, durant la période de règne de la Dynastie Tang (618-904 A.D.), le nom de famille de l’empereur était prononcé de la même façon que la carpe commune, le seul poisson cultivé en ce moment. La famille royale a, alors, interdit de vendre ou de tuer la carpe commune. Ainsi, la carpe herbivore a été choisie par les aquaculteurs comme un substituant pour l’aquaculture avec la carpe argentée, la carpe à grosse tête, et la carpe noire dont les juvéniles étaient facilement disponibles le long des deux Rivières Yangtze et Pearl. La culture de la carpe herbivore est restée relativement à petite échelle car elle dépendait de la pêche des juvéniles en milieu naturel. Le succès de l‘induction de la reproduction a promu significativement sa culture. Le poisson a été introduit dans plus de 40 autres pays; où il est parfois référé comme « white amur ». D’environ 10 000 tonnes/an en 1950, la production globale de la carpe herbivore issue d’élevage a atteint 100 000 tonnes/an en 1972, en excédant 1 million tonnes/an en 1990. Depuis 1999, elle dépasse 3 millions de tonnes/an. La Chine est de loin le plus grand producteur de cette espèce (3 419 593 tonnes en 2002, 95,7 pour cent du total global).
Principaux pays producteurs
En 2006, beaucoup pays ont communiqué leur production de la carpe herbivore d’élevage à la FAO mais seuls certains (Bangladesh, Chine, Taiwan Province de Chine, République islamique d'Iran, République démocratique populaire lao, Myanmar et Fédération de Russie) ont déclaré une production >1 000 tonnes.
Principaux pays producteurs de Ctenopharingodon idellus (FAO Statistiques des pêches, 2006)
Habitat et biologie
La carpe herbivore ou Chinoise est un poisson d’eau douce avec une large distribution qui s’étend des zones de drainage de la rivière Pearl au sud de la Chine jusqu’à la rivière Heilongjiang au nord de la Chine. Elle a été introduite dans environ 40 autres pays où il y avait peu d’information disponible sur les populations naturelles. C’est une espèce qui vit dans les lacs, les rivières et les réservoirs, herbivore, qui se nourrit naturellement de certaines algues aquatiques. Cependant, les alevins/larves se nourrissent de zooplanctons. En captivité, la carpe herbivore peut bien accepter l’aliment artificiel fabriqué à partir de graines traités, de farines et d’huile végétale, ainsi que des aliments formulés (granulé), en plus des algues aquatiques et des herbes terrestres. La carpe herbivore habite dans la couche mi-inférieure de la colonne d’eau. Comparativement, elle préféré l’eau transparente où elle peut bouger rapidement. C’est un poisson semi-migrateur, les géniteurs matures migrent vers l’amont des principales rivières pour se reproduire. La circulation de l’eau et les changements du niveau d’eau sont des stimuli environnementaux essentiels pour la reproduction naturelle. Le poisson peut atteindre la maturité sexuelle sous des conditions de culture, mais ne peut pas pondre naturellement. L’injection d’hormone et les stimuli environnementaux, tels que la circulation d’eau sont nécessaires pour l’induction de la ponte dans les bacs. La carpe herbivore grandit rapidement et atteint un poids maximal de 35 kg dans son environnement naturel.
PRODUCTION
Cycle de production

Cycle de production de Ctenopharyngodon idellus

Systèmes de production
Différents systèmes de production sont actuellement utilisés pour la culture de la carpe herbivore, les plus importants sont les cultures semi-intensives et intensives en étangs, enclos, et cages en eau ouverte.
Approvisionnement en juvéniles

De nos jours, la reproduction artificielle est le principal fournisseur pour la culture de la carpe herbivore, bien que les juvéniles naturels soient toujours disponibles dans certaines rivières en Chine. Les juvéniles capturés dans la nature sont essentiellement utilisés pour maintenir la qualité génétique des géniteurs. Les géniteurs utilisés pour la reproduction artificielle sont normalement élevés en captivité, ils proviennent soit de juvéniles pêchés en milieu naturel soit des stations de reproduction où des stocks naturels de bonne qualité sont maintenus.
 
Production d'écloserie 

Des reproducteurs bien matures sont mis dans les bacs de ponte (bacs ronds en ciment avec un diamètre de 6-10 m et une profondeur d’eau d’environ 2 m) après avoir reçu une injection de l’hormone d’induction (normalement LRH-A). La circulation d’eau est maintenue durant toute la période de ponte.

Les œufs sont transférés dans les raceways ou jarres d’éclosion, soit manuellement soit par gravité. Les raceways d’éclosion (qui sont des structures rondes ou de forme elliptique) sont communément utilisés pour la production à grande échelle. La largeur du raceways est normalement de 0,8 m et la profondeur est de 0,8-1,0 m. les entrées d’eau sont montées à la base du raceways avec des ouvertures dans la même direction et à un angle de 15° par rapport au fond pour promouvoir la circulation de l’eau. Des grillages sont fixés sur la partie supérieure du mur pour l’évacuation de l’eau durant l’opération. L’eau peut être totalement évacuée à l’extérieur par le biais d’une sortie au fond. Le courant est maintenu durant la période d’éclosion pour garder les œufs et les larves en suspension dans la colonne d’eau.


En Inde, les méthodes de lacération à sec ou humide sont utilisées pour la production des juvéniles de la carpe herbivore. L’extrait de la glande pituitaire ou des agents synthétiques tels que ovaprim sont utilisés pour l’induction (John Stephen Kumar, Comm. pers. 2004).
 
Nurserie

Les étangs à terre (normalement de 0,1-0,2 ha et 1,5-2,0 m de profondeur) sont utilisés en nurserie pour la carpe herbivore les étangs sont nettoyés par des produits chimiques pour éliminer tous les organismes nuisibles après un séchage total. La dose habituelle est de 900-1 125 kg/ha.

Les engrais organiques, le fumier animal et/ou déchets de plantes (« fumier vert ») sont communément appliqués pour augmenter la biomasse naturelle en algue et zooplancton 5-10 jours avant le stockage, selon la température de l’eau. La quantité des engrais organiques utilisés est normalement de 3 000 kg/ha pour le fumier animal. Le fumier vert et animal peuvent être utilisés simultanément mais la quantité de chacun doit, alors, être réduite conformément.

La monoculture est pratiquée pendant le stade de nurserie, avec une densité de stockage oscillant normalement entre 1,2-1,5 millions/ha, selon la durée d’élevage et la taille ciblée. Le temps de nurserie dure normalement 2-3 semaines. La fertilisation organique est réalisée à des fréquences et des taux suffisants pour maintenir une productivité élevée de l’étang et par conséquent un bon apport de nourriture composée d’organismes naturels (spécialement des zooplanctons) pour le poisson. La quantité varie de 1 500-3 000 kg/ha une fois chaque 4-5 jours pour le fumier animal et le fumier vert, selon la productivité de l’eau existante. Le lait de soja peut aussi être utilisé aussi bien comme un aliment direct que comme engrais pour remplacer l’engrais organique au stade de nurserie. La quantité est de 3-5 kg (Soja sec)/100 000 poissons/jour. Ceci veut dire que les coûts de production sont élevés. Une sorte de tourteau de Soja ou d’autres produits à base de graines traités sont utilisés à partir du 5ième jour après le stockage, à un taux de 1,5-2,5 kg/100 000 poissons/jour. Un tourteau fabriqué d’arachide, de laitue et de jacinthes peut être aussi utilisé pour remplacer les aliments et les engrais mentionnés auparavant à un taux de 25-40 Kg/100 000 poissons/jour. Un pourcentage de 0,5 pour cent de sel de table doit être ajouté au tourteau d’arachide pour enlever sa saponine toxicité. Les taux courant de survie dans les étangs en nurserie sont 70-80 pour cent, bien qu’ils puissent atteindre plus de 90 pour cent sous une bonne gestion.

Les poissons atteignent normalement une taille d’environ 30 mm de long après 2-3 semaines d’élevage. En Chine, ils sont appelés des fingerling d’été et sont prêts pour le stade d’élevage de fingerlings. Le conditionnement, par le maintien des poissons dans un filet a densité élevée pour plusieurs heures est nécessaire avant le transfert des fingerlings d’été dans les étangs de fingerlings. Cette pratique est désignée pour habituer les poissons au stress avant leur transport.
 
Elevage de fingerlings  

Les fingerlings d’été ne sont pas convenables pour un stockage direct dans les étangs de grossissement, ils ont besoin d’abords d’être élevés jusqu’au stade de fingerlings (13-15 cm de long ou de largeur). La technique pour l’élevage de fingerlings est plutôt différente de leur culture en nurserie, spécialement quand la carpe herbivore est l’espèce principale d’une polyculture. Les principales différences sont:
  • Des étangs en terre plus grands (0,2-0,3 ha) et plus profonds sont utilisés pour l’élevage de fingerlings.
  • Contrairement au stade de nurserie, la polyculture est normalement adoptée pour la production des fingerlings de la carpe herbivore (la monoculture à ce stade est plutôt rare). La carpe herbivore peut être poly-cultivée avec d’autres espèces de carpes à l’exception de la carpe noire (Mylopharyngodon piceus).
  • La densité de stockage est de 120 000-150 000 individus/ha quand elle est l’espèce principale dans l’étang ou 30 000 individus/ha quand elle est l’espèce secondaire.
  • L’alimentation est très importante durant la période d’élevage de fingerlings. La carpe herbivore est essentiellement alimentée avec du Wolffia arrhiza quand elle est de 30-70 mm de long. Le taux d’alimentation initial est de 10-15 kg/10 000 de poissons/jour. Ce taux est graduellement augmenté à la demande des poissons. On passe, ensuite, aux algues «duckweed» (Lemna minor) quand le poisson est de 70-100 mm de long. Après cela, le poisson peut être alimenté avec des algues aquatiques tendres et des herbes terrestres, en plus, des aliments commerciaux (tourteau de soja, tourteau d’huile de colza, son de blé, son de riz etc.) qui sont aussi fournis à un taux journalier de 1,5-2,5 kg/10 000 kg/10 000 poisons.
  • L’élevage normal de fingerling dure 4-6 mois pour la taille et la densité de stockage mentionnée ci-dessus. La période peut être considérablement abrégée dans des climats plus chauds ou si les densités de stockages sont plus faibles.
  • Le taux de survie normale au cours de toute la période d’élevage doit être au dessus de 95 pour cent.
Il est difficile de cultiver la carpe herbivore de la taille de yearling (13-15 cm) jusqu’à la taille commerciale (>1500 g) en une année dans la plupart des régions en Chine, la pratique commune est, par conséquent, d’élever les fingerlings de taille yearling jusqu’à un âge de 2 ans pour le stockage de grossissement. La densité de stockage est plus réduite, comparée à celle de l’élevage des yearlings. Le régime alimentaire est similaire mais le taux d’alimentation est plus élevé. A la fin de cette période, le poisson a déjà atteint environ 250 g. Cette pratique n’est pas nécessaire dans les régions tropicales et subtropicales, où les yearlings de la carpe herbivore peuvent atteindre la taille commerciale en une année, grâce à la température élevée.

Au Vietnam, l’élevage de la carpe herbivore avant le stade de grossissement est divisé en deux périodes. Les alevins sont premièrement élevés en nurserie dans des étangs à terre jusqu’à 4-5 cm, avec une densité de stockage de 200-250 alevin/m². La période d’élevage est normalement de 1,5-2 mois. Après, les poissons sont gardés encore 2 mois jusqu’à la taille 12-15 cm à une densité beaucoup plus basse. Le poisson est alimenté avec de la poudre de soja, fibre de riz, poudre de mais et des plantes aquatiques (Azola sp.) après avoir atteint 3 cm de long.

L’élevage en nurserie de la carpe herbivore en Inde est un élevage intensif dans des étangs fertilisés, adéquatement enrichis avec des zooplanctons et des algues unicellulaires. La survie des alevins est d’environ 70-80 pour cent dans des étangs de nurserie bien gérés. En plus de la nourriture naturelle développée, une alimentation supplémentaire avec du tourteau de graine d’arachides et fibre de riz ou son, est aussi donnée (John Stephen Kumar, pers. comm. 2004).
 
Techniques de grossissement 

Les techniques de grossissement les plus communément adoptées pour la carpe herbivore incluent la polyculture en étangs et la culture en enclos et cage dans des lacs et réservoirs.

Polyculture semi-intensive à intensive dans des étangs en Chine

Pour la culture en étangs ou enclos, la carpe herbivore peut être stockée comme une espèce principale ou une espèce secondaire avec d’autres espèces de carpe. La densité totale de stockage est 750-3 000 poissons/ha avec une taille de stockage de 125-250 g. Les algues aquatiques et les plantes terrestres forment sa principale nourriture durant le grossissement. L’utilisation des aliments commerciaux tels que les granulés et les produits provenant des extractions d’huiles végétales et de transformation de graines est devenue un moyen très courrant de remplacement des algues aquatiques et des herbes, et ce, pour économiser les coûts de main d’œuvre dans la culture en étangs. Le rendement de la carpe herbivore est normalement de 1 000-3 000 kg/ha, il représente 15-40 pour cent de la production totale.

Culture intensive en cages en Chine

Dans les systèmes de culture intensive en cages, la carpe herbivore est une espèce principale. Les cages sont normalement d’environ 60 m², avec une profondeur de 2-2,5 m. Des poissons de 250-500 g sont stockés à une densité de 10-20 individus/m³, selon la production ciblée. Des Wuchang (brème de Wuchang, Megalobrama amblycephala), de 80-125 g sont aussi présents à une densité de 30-50individus /m³, ainsi que les carpe argentée et marbrée qui représentent le 1 pour cent du total, et qui jouent le rôle de « nettoyeurs de cages ». Les poissons sont nourris avec des algues aquatiques/herbes terrestres et des granulés ou autres aliments commerciaux. La période de culture est normalement de 8-10 mois et le rendement est de 30-50 kg/m³. La carpe herbivore représente 60-70 pour cent de la production totale. La culture en cage de la carpe herbivore en utilisant l’aliment commercial implique des coûts de production relativement élevés. L’efficacité de l’aliment n’est pas toujours aussi élevée dans les cages d’élevage que dans les étangs, où les herbes terrestres et les algues aquatiques sont abondants. Les collecter et les utiliser dans les cages d’élevage ne demande pas des dépenses élevées en ce qui concerne la main d’œuvre ou le transport.

Systèmes de grossissement dans d’autres pays

Le grossissement de la carpe herbivore, au Vietnam, est principalement pratiqué dans les étangs en terre ou dans les cages. La polyculture avec d’autres espèces (p. e. carpe argentée, carpe commune, rohu, et mrigal etc.) est courante. La carpe herbivore peut être espèce principale ou secondaire. Elle constitue normalement 60 pour cent de la densité totale avec 1,5-3 poissons/m² (selon le niveau de l’intensité) dans des étangs et la taille de fingerlings est de 5-6 cm dans les régions montagneuses, et 12-15 cm dans les terres basses. Le taux de stockage dans les cages d’élevage est de 20-30 poissons/m³ mais les tailles des fingerlings utilisés sont beaucoup plus grandes (normalement entre 50 et 100 g). Les carpes herbivores en grossissement, sont normalement alimentées avec des plantes terrestres, des feuilles de cassaves, des tiges de bananes et des feuilles de mais. La production de la carpe herbivore représente plus de 60 pour cent de la production totale (7-10 tonnes/ha) dans les étangs. La taille commerciale pour la carpe herbivore est de 1-1,5 kg et 1,5-2,5 kg dans des étangs et cages respectivement.

En Inde, la carpe herbivore est cultivée comme une espèce importante dans des systèmes composés d’étangs contenant les principales carpes Indiennes et Chinoises. La densité de stockage de la carpe herbivore dépend principalement de la disponibilité des algues aquatiques et des herbes terrestres mais elle est normalement de 5-20 pour cent du total. Les algues aquatiques (Hydrilla, Vallesanaria, Wolffia) et les herbes terrestres et autres herbes hybrides constituent la nourriture principale durant l’élevage de la carpe herbivore. Normalement, cette dernière atteint 0,5-1,5 kg en 8-10 mois (John Stephen Kumar, pers. comm. 2004). La production totale de tels systèmes peut atteindre 8-10 tonnes/ha/an.
 
Apport de nourriture

La carpe herbivore peut être alimentée avec un aliment commercial ou naturel, tel que des les algues et les herbes aquatiques. Elle préfère relativement une faible productivité. La production est principalement limitée par la qualité de l’eau. Les aliments artificiels utilisés pour cette espèce sont relativement faibles en protéines (28-30 pour cent) et les constituants bruts incluent le tourteau de l’écorce de soja, de colza et les fibres de blé etc. Les algues aquatiques peuvent être collectées des plans d’eau naturels. Les herbes terrestres peuvent être cultivées sur les bords de l’étang avec du fumier organique.
 
Techniques de récolte 

Dans le cas de la carpe herbivore, on procède à la récolte d’une manière sélective ou totale. La récolte sélective est normalement entreprise tôt le matin (quand les températures sont relativement basses et pour la vente du matin) à la fin de l’été et durant l’automne. Les individus ayant la taille commerciale sont sélectionnés après tri (un seul tri pour chaque récolte). La récolte totale est pratiquée à la fin de la période de culture. Plusieurs tris sont normalement réalisés avant une vidange totale de l’étang. Tous les poissons sont récoltés à la fin de l’année, soit pour la commercialisation soit pour le re-stockage (individus dont la taille est inférieure à la taille marchande) pour le prochain cycle de production.
 
Manipulation et traitement 

La carpe herbivore est normalement vendue vivante ou fraîche. Une petite partie de la production est traitée pour fabriquer une nourriture prête à consommer; dans ce cas la méthode de traitement la plus utilisée est la friture « deep frying ».
   
Coûts de production 

Les coûts de production de la carpe herbivore varient selon les pratiques des cultures utilisées mais sont normalement aux environs de 0,5 USD/kg de poissons produit. Les coûts relatifs à l’aliment forment la partie la plus importante des coûts de la production.

Maladies et mesures de contrôle
La carpe herbivore cultivée est plutôt susceptible aux différentes maladies. Les principales maladies et méthodes de contrôle sont listées dans le tableau ci-dessous.

Dans certains cas, des antibiotiques et d'autres produits pharmaceutiques ont été utilisés pour les traitements mais leur inclusion dans cette table n'implique pas une recommandation FAO.

MALADIE AGENT TYPE SYNDROME MESURES
Maladie Hémorragique Reovirus (GCRV) Virus Rougeur du muscle causée par hémorragie; nageoire rouge; opercule rouge et entérite; mortalité élevée (30-50% des poissons infectés) Vaccination par injection; désinfection des juvéniles des poissons et de l’environnement d’élevage par du chlore,de la chaux vive et par du permanganate de potassium; Rhubarbe Chinoise (Rheum officinale); des feuilles de gomme sucrée (Liguidambar Taiwanianana);de l’écorce de liège (Phellodendron) et des racines de calotte (Scutellaria baicalensis)
Septicémie bactérienne Aeromonas sobria; Aeromonas hydrophila; Yersinia ruckerri; Vibrio sp. Bactérie Hyperémie à différentes positions du corps, telles que les mâchoires, la cavité buccale, l’opercule, les bases des nageoires et tout le corps quand c’est sérieux; globes oculaires saillants; gonflement de l’anus; estomac distendu; écailles érigées; branchies pourries et réduction d’alimentation etc.; mortalité élevée des poissons Désinfecter le poisson et l’environnement de culture avec de la chaux vive et du permanganate de potassium; "Yu Tai III" (médicament commercial fait d’ingrédients de multi herbes) par le biais de l’aliment médicamenté
Entérite bactérienne Aeromonas punctata f. intestinalis Bactérie Taches rouges sur l’estomac; entérite; anus rouge et gonflé; estomac distendu et perte d’appétit Désinfection de l’environnement de culture avec de la poudre de javel et chaux vive; sulphaguanidine et furazolidone; herbes Chinoises (aille, Euphorbia humifusa, Aclypha australis, Polygonum hydropiper et Andrographis paniculata)
Maladie bactérienne de pourriture de branchies Myxococcus piscicola Bactérie Pourriture des filaments branchiaux; congestion de la membrane interne de l’opercule; petite tache transparente ronde sur l’opercule et les filaments branchiaux collés avec de la vase Bains d’eau saline 2-2,5%; désinfection d’étang avec de la chaux vive et composés de chlore; herbes Chinoises comme Galla chinensis, Sapium sebiferum et rhubarbe Chinois furazolidone
Erythroderme (maladie de la peau rouge) Pseudomonas fluorescens Bactérie hémorragie externe et inflammation; perte des écailles; nageoires congestionnées et pourriture des rayons des nageoires Manipuler avec attention durant le transport et le stockage; désinfection d’étang avec du javel en poudre; sulphathiazole; galle Chinoise (Galla chinensis)
Bothriocephalose Bothriocephalus sp. Tapeworm Faiblesse physique; alimentation réduite; ouverture de la bouche; mortalité très élevée Désinfection de l’étang avec de la chaux vive et dipterex; graine de citrouille dans l’aliment médicamenté
Dactylogyrose Dactylogyrus sp. Helminthe Faiblesse physique; couleur du corps foncée; mouvement lent; réduction d’alimentation et difficulté de respiration Arroser l’étang avec de la chaux vive et dipterex; tremper le poisson dans une solution de dipterex et permanganate de potassium
Ichthyophthiriasis Ichthyophthirius multifiliis Protozoaire extoparasite Collés à la peau et les filaments branchiaux; forme de sac blanchâtre sur le corps; mortalité élevée Désinfection de l’étang avec de la chaux vive; nitrate de mercure (interdit); vert de Malachite (pas très efficace)
Sinergasiliasis Sinergasilus (female) Copépode Difficulté de respiration; branchies endommagées; inflammation et pourriture des filaments branchiaux; faisant des cercles d’affolement à la surface de l’eau et meurent d’épuisement Désinfection de l’étang avec de la chaux vive; arroser avec du dipterex ou sulfate de fer ou sulfate de cuivre

Fournisseurs d’expertise en pathologie

L’assistance peut être obtenue des sources suivantes:
  • Research Institute of Hydrobiology, CAS, Wuhan City, Hubei Province, China.
  • Shanghai Fisheries University, Shanghai, China.
  • Pearl River Fisheries Research Institute, CAFS, Guangzhou City, China.
  • Freshwater Fisheries Research Centre, CAFS, Wuxi, Jiangsu Province, China.
  • Zhejiang Provincial Freshwater Fisheries Research Institute, Huzhou City, Zhejiang Province, China.
  • The Central Institute of Freshwater Aquaculture (ICAR), Kausalyaganga, Bhubaneswar, 751002, Orissa, India.
STATISTIQUES
Statistiques de production
Production globale d’aquaculture de Ctenopharyngodon idellus
(FAO Statistiques des pêches)


Marché et commercialisation
Le producteur le plus important de cette espèce est la Chine où, traditionnellement, les carpes herbivores sont consommées fraîches. Le gros de la production est commercialisé frais, soit comme poisson en entier ou en morceaux. Seule une très petite partie de cette production est transformée. A présent, la carpe herbivore est essentiellement un produit consommé localement mais des carpes produites dans la province de Guangdong (sud de Chine) sont commercialisées à Hong Kong. Il n’y a pas de données spécifiques sur la quantité exportée de cette espèce dans les statistiques Chinoises. Cependant, 41 798 tonnes et 4 932 tonnes de poissons vivants (espèces non identifiées) sont exportés à Hong Kong et Macao en 2002, selon les statistiques du rapport national des produits aquatiques importés et exportés. La carpe herbivore représente, sûrement, une grande partie de ce total.

En Chine, et dans les autres pays du monde, la carpe herbivore a un prix bas qui est à la portée des classes à revenu faible et des classes moyennes. Actuellement les prix au détail sont normalement de 0,7-1,0 USD/kg. Il n’y a pas de réglementations spécifiques relatives à la commercialisation de la carpe à grosse tête car le poisson est à la base pour la consommation locale.
SITUATION ET TENDANCES
La carpe herbivore a une longue histoire en aquaculture et c’est une des plus importantes espèces cultivées dans les plans d’eau continentale en Chine. Il y a des grands efforts déployés dans la recherche sur cette espèce. Les travaux de recherche les plus réussis sont ceux du développement des techniques de reproduction induite, qui assure un apport constant en juvéniles pour l’élevage à grande échelle. Un autre aspect important de recherche est représenté par l’étude des exigences nutritionnelles et le développement d’aliment moins coûteux sous forme de granulé. Comme cette espèce est assez susceptible aux maladies, il y a eu, aussi, plusieurs études sur le contrôle de maladies dans les conditions de culture. La maladie la plus étudiée de la carpe herbivore est la maladie hémorragique, causée par un agent viral. Des mesures préventives efficaces, spécialement un vaccin, ont été développées et appliquées avec succès. Les techniques de culture et les modèles de culture en étangs, cages et enclos ont été aussi bien développés.

Après la carpe argentée, la carpe herbivore est l’espèce d’eau douce la plus produite dans le monde. Cependant, le taux d’expansion en Chine (de loin le plus grand producteur), a connu une baisse durant les dernières années. A cause de l’introduction de nouvelles espèces et des changements des préférences des consommateurs, la carpe herbivore est devenue moins populaire. Les Chinois continuent à préférer le poisson en entier, mais une carpe herbivore entière est un peu trop grande pour les petites familles chinoises (3 personnes dans la majorité des cas) pour être consommée dans un seul repas. Il semble que la culture de la carpe herbivore a plus de potentiel de développement dans d’autres pays. Son taux de croissance rapide, sa grande taille, L’absence des os fins intermusculaires et, le plus important, ses habitudes alimentaires font de ce poisson une espèce idéale pour la culture. L’expansion rapide de sa culture en dehors de la Chine signifie que ce grand potentiel est entrain d’être pris en compte. Cependant, des techniques de traitement appropriées sont nécessaires pour que ce poisson puisse entrer aux marchés internationaux.

La carpe herbivore non seulement grandit rapidement mais n’a pas de grandes exigences protéiques. Elle peut être produite à un faible coût en se basant sur les algues aquatiques, les herbes terrestres et les produits composés de graines traités et des huiles extraites de végétaux, comme aliment. Les juvéniles peuvent être obtenus par reproduction artificielle à grande échelle et à bas coût. La culture de cette espèce peut être bien intégrée dans l’élevage des animaux et des cultures de végétaux pour maximiser l’utilisation des ressources naturelles. D’un autre côté, c’est un poisson sans os fins inter musculaires, accepté par les consommateurs de plusieurs poissons et il a probablement un bon potentiel de développement. Le marché pour la carpe herbivore est saturé dans la partie est de la Chine, où l’aquaculture est très bien développée. Cependant, il y a encore un marché potentiel considérable dans le centre et l’ouest de la Chine et dans plusieurs autres pays en voie de développement.
PROBLÈMES ET CONTRAINTES MAJEURS
La polyculture de la carpe herbivore dans les étangs n’a pas beaucoup d’impacts négatifs sur l’environnement. L’intégration de la carpe herbivore avec la culture d’herbes et l’élevage du porc est un modèle de production écologique. Cependant, la culture intensive à grande échelle dans des cage/enclos dans des eaux ouverts superficielles avec des aliments commerciaux peut polluer l’environnement en déversant différents effluents, qui peuvent accélérer le processus d’eutrophisation. En plus, la carpe herbivore est plus susceptible à certaines maladies. Une mauvaise gestion de la santé des poissons peut pousser à un usage extensif de différents produits chimiques et médicaments, qui peuvent affecter la qualité de poisson et polluer l’eau en même temps. Par convenance et pour la réduction des coûts relatifs à la main d’œuvre, les aquaculteurs utilisent de plus en plus des granulés dans la culture de la carpe herbivore dans les étangs et les cages/enclos en eau ouverte. Les restes d’aliment et les décharges de nutriments peuvent nuire à l’environnement.

Pratiques pour une aquaculture responsable
 Plusieurs problèmes doivent être résolus pour avoir une aquaculture responsable dans le cas de la carpe herbivore:
  • L’utilisation massive d’antibiotiques et autres médicaments dans le contrôle de maladies dans les cultures intensives de la carpe herbivore, qui est susceptible à différentes maladies plus que d’autres espèces de carpes. A cause des densités élevées de stockage et la mauvaise qualité de l’eau résultant des différents effluents comme aliment inutilisé et la matière fécale des poissons. Ces derniers sont souvent touchés par des maladies bactériennes, virales et parasitaires. Les antibiotiques et autres produits chimiques sont parfois utilisés pour traitement. Cette forme d’abus peut avoir des impacts négatifs, soit directement soit indirectement sur le consommateur. Il faut faire de sorte que les densités des poissons soient raisonnables, les pratiques de l’alimentation soient bonnes et les aliments utilisés de bonne qualité (pour d’autres poissons dans l’étang). Il faut aussi optimiser la gestion de l’eau pour minimiser l’occurrence de ces différents problèmes de maladies. Des réglementations gouvernementales relatives doivent être strictement appliquées à chaque fois que les produits chimiques et médicaments sont utilisés.
  • L’impact de la culture intensive de la carpe herbivore sur l’environnement naturel. Actuellement, l’aliment utilisé est moins coûteux et le TC est élevé (normalement >2:1). Ainsi seule une petite partie de l’aliment est utilisée par les poissons. La proportion non consommée et les effluents déchargés par les poissons peuvent accélérer l’eutrophisation. Une planification soigneuse pour le développement des cultures en cages et en enclos dans les plans des eaux intérieures, spécialement lacs superficiels, est très importante. L’utilisation des aliments naturels comme les algues aquatiques et les herbes terrestres peut minimiser ces impacts. L’utilisation des aliments hautement digestibles et l’application de meilleures pratiques d’alimentation peuvent aussi aider. Des problèmes similaires existent quand la carpe herbivore est cultivée dans des étangs. Avec l’augmentation de l’utilisation des aliments artificiels, l’aliment inutilisé et les autres effluents s’accumulent dans les étangs, dont le contenu est normalement totalement déchargé dans les plans d’eau naturels à la fin des opérations de culture. Des densités de stockage raisonnables, élevage intégré de poissons, et une gestion soigneuse d’alimentation sont hautement recommandés pour minimiser les impacts sur l’environnement.
  • L’amélioration de la qualité génétique des alevins utilisés en élevage. La reproduction artificielle de cette espèce a été pratiquée depuis quatre décades en Chine. Le contrôle de reproduction n’a pas toujours eu une grande importance pour toutes les écloseries dans le passé. La consanguinité a eu lieu dans quelques fermes dans le passé. Ceci a causé une dégradation de la qualité des alevins produits pour la culture, de la performance de croissance et moins de résistance aux maladies. Le dernier problème peut aussi générer un autre dilemme plus d’utilisation d’antibiotiques et autres médicaments. Ainsi, pour éviter ces problèmes, la reproduction artificielle de la carpe doit être pratiquée avec précaution pour avoir des géniteurs de bonne qualité génétique.
RÉFÉRENCES
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