Changement climatique, énergie et alimentation
Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale: les défis du changement climatique et des bioénergies Rome, 3-5 juin 2008

PRÉSENTATION

Les maladies et les organismes nuisibles transfrontières

Date: 25-27 février 2008


Contexte

Les changements intervenus dans la répartition géographique, l’incidence et l’intensité des phytoravageurs1 et des maladies animales, parallèlement aux changements des modèles de production agricoles et aquacoles, peuvent potentiellement menacer la sécurité alimentaire mondiale, en raison de l’augmentation des pertes directes liées aux maladies et aux ravageurs, et du renforcement des barrières sanitaires et phytosanitaires au commerce et à la circulation des produits agricoles.

Le réchauffement de la planète a déjà modifié la répartition ou augmenté l’incidence des principales maladies animales et des organismes nuisibles, ainsi que la répartition des espèces de poissons. Il est difficile d’attribuer ces phénomènes, avec certitude, au changement climatique; toutefois, certains phénomènes récents d’augmentation spectaculaire d’agents pathogènes ou de vecteurs de maladies animales, humaines ou végétales constituent des indicateurs particulièrement éloquents.

La récente augmentation spectaculaire des mouvements des populations, des animaux et des biens multiplie les vecteurs de dissémination des maladies animales transfrontières et des phytoravageurs (insectes, agents pathogènes et plantes nuisibles) ainsi que des espèces aquatiques. Les opportunités d’introduction d’espèces étrangères nuisibles sont également importantes au niveau des océans, qui ne connaissent aucune frontière physique. Une fois ces maladies introduites, le changement climatique, combiné avec les changements dans les types de cultures, les paysages et les activités humaines, peuvent créer des conditions écologiques favorables pour l’installation permanente de maladies et d’organismes nuisibles transfrontières. Il en va de même dans les écosystèmes marins, où l’augmentation générale de la température et du débit d’eau douce, combinés au changement climatique, crée des conditions favorables pour que ces espèces introduites s’implantent dans ce nouvel environnement..

Le réchauffement planétaire a déjà modifié la répartition des principaux organismes nuisibles et maladies animales et augmenté leur incidence, comme cela a été observé dans le secteur forestier, avec le Dendroctone du pin argenté (Mountain Pine Beetle) qui a pu, grâce au réchauffement, doubler son taux de reproduction, ou dans le secteur animal, où la maladie catarrhale du mouton a réussi à traverser la Méditerranée et à se maintenir de façon durable en Europe.

Il est indispensable de disposer d’une vision d’ensemble du système agro écologique de production pour évaluer l’impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire. Des modifications dans la répartition des zones de cultures intensifiées, pour les principales cultures alimentaires, dans l’élevage et dans la vie sauvage, sont prévisibles dans tous les scénarios de changement climatique. Cela signifie que l’équilibre entre les hôtes (animaux, plantes), les agents pathogènes, les vecteurs, les prédateurs et les parasitoïdes, qui permet de réguler les populations, sera perturbé. Les conséquences de ces changements, en termes de santé publique, de sécurité alimentaire, de qualité alimentaire et d’échanges économiques sont potentiellement énormes. Elles ne seront pas uniformes dans la mesure où certaines population et/ou zones sont plus vulnérables. Il sera nécessaire d’assurer un meilleur suivi, une meilleure préparation et des réponses plus rapides.

L’assistance que la FAO apportera à ses pays membres pour atténuer les conséquences du changement climatique sur les organismes nuisibles et les maladies transfrontières sera essentielle. Le programme de la FAO sur le système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes, (EMPRES) intègre déjà des informations climatiques pour la prévision; ces informations pourraient être enrichies et adaptées aux nouveaux scénarios du changement climatique. Les changements dans la répartition des cultures induits par le climat, conduiront la FAO à élargir la portée de ses conseils politiques et techniques pour les décideurs, sur le suivi des populations, s’agissant notamment des agents pathogènes, des vecteurs et des organismes nuisibles.

Questions clés

Bien qu’il soit difficile d’évaluer tous les mécanismes responsables des conséquences du changement climatique sur l’apparition des phytoravageurs et des maladies, il est clair qu’il influencera les modèles et processus d’invasion, d’incidence et d’intensité. En conséquence, cette réunion d’experts se centrera sur les questions clés suivantes:

  • Les connaissances actuelles de la science de l’écologie des invasions apportent-elles les bases adéquates pour évaluer la pression du changement climatique sur les organismes nuisibles et les maladies (des animaux, des végétaux, des forêts et des espèces aquatiques)?
  • Pouvons-nous prévoir de quelle façon le changement climatique influencera l’émergence et la propagation des maladies et organismes nuisibles, et comment les effets du changement climatique sur les maladies et ravageurs transfrontières pourront être séparés des autres effets (comme la propagation liée au développement des réseaux de transports et les agents pathogènes résistants des médicaments et pesticides) ?
  • Quel sera l’impact de l’évolution des maladies animales et végétales sur la sécurité alimentaire de différents groupes de population ? Peut-on identifier des situations plus vulnérables dans lesquelles les maladies et organismes nuisibles transfrontières conduiront à une déstabilisation significative des approvisionnements et à une diminution de la production alimentaire ou de l’accès à la nourriture ?
  • Quelles sont les futures activités de recherche (notamment interdisciplinaires) qui permettraient de clarifier et de quantifier les liens possibles entre le changement climatique, les écosystèmes, la transmission des agents pathogènes et leurs effets sur les maladies animales, végétales et les organismes nuisibles ?
  • Les agences gouvernementales et les organisations intergouvernementales concernées devront-elles s’adapter, pour être en mesure de faire face aux effets et aux conséquences du changement climatique sur les organismes nuisibles transfrontières?

Résultats attendus

  • Des avis d’experts et des études de cas de référence, soulignant les mécanismes à travers lesquels le changement climatique exercera une influence sur les maladies animales, les organismes nuisibles, les espèces aquatiques transfrontières et ouvrant la voie à des évaluations ultérieures plus spécifiques.
  • Des avis d’experts sur les relations existant entre les effets du changement climatique sur les maladies animales, les organismes nuisibles, les espèces aquatiques, et la sécurité alimentaire.
  • Une évaluation des maladies animales, des organismes nuisibles et des espèces aquatiques transfrontières présentant des risques plus élevés, au regard des prévisions de changement climatique et une identification de ceux qui peuvent être prioritaires pour l’action intergouvernementale;
  • Une analyse des forces et faiblesses des gouvernements et institutions intergouvernementales concernés et, si nécessaire, une identification des actions prioritaires et de leurs possibles financements.

1Ravageurs des plantes: Toute espèce, souche ou biotype de végétal, d’animal ou d’agent pathogène nuisible aux plantes ou aux produits végétaux (GIEC, 1997).