Quel apport de la cartographie dans la gestion durable des ressources en eau pour le développement de l’agriculture en Afrique de l’Ouest ?

Merci à Mr. Georges Bazango de Self Help Africa, Burkina Faso dans sa contribution en date du  03 juin 2014. Je suis particulièrement touchée par sa vision sur l’apport de l’eau pour l’agriculture et sa préoccupation de repérer les ressources disponibles. « L'eau étant le principal intrant de la production agricole, elle est aussi par conséquent le principal facteur limitant en cas de pénurie ou d'indisponibilité. Alors, les Etats et les structures comme l'Uemoa, le CILSS et la CEDEAO doivent mobiliser les moyens pour cartographier le potentiel en eau de surface et souterraine de l'Afrique de l'Ouest et en dégager les interdépendances afin de favoriser des synergies d'action et éviter les conflits autour de la ressource eau » disait-il.

 Je reviens ici de façon plus approfondie sur la déclaration de Mr. Bazango en ce qui concerne la nécessité de cartographie du potentiel en eau de surface et souterraine de l’Afrique de l’Ouest.

Il est vrai que c’est une nécessité voir un devoir de cartographier les ressources en eau de l’Afrique de l’Ouest pour le développement de l’agriculture dans cette région. En tant qu’expert en cartographie numérique, le sujet me parait assez pertinent. Il faut pour une optimisation des ressources en eau disponible, pouvoir les localiser dans l’espace et sur une carte. Qu’ils s’agissent des eaux de surface ou souterraines. L’impact sera direct sur le choix même des sols qui porteront telle ou telle culture, en se référant à la quantité d’eau nécessaire pour un bon rendement de la culture en rapport avec la disponibilité même de la ressource en eau.

Par exemple le système de cartographie collaborative et participative OpenStreetMap (OSM) est un outil simple et pratique. Il permet à chaque individu utilisant Internet de pouvoir ajouter des informations géographiques et ou humaines sur une base de données centralisée. Il s’agit d’une participation locale aboutissant à un résultat global. Depuis 2012 le projet « Espace OpenStreetMap Francophone (EOF) » est initié par Humanitarian OpenStreetap Team (HOT), dans des pays francophones de l’Afrique. Notamment le Sénégal, le Togo, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et autres. OpenStreetMap a déjà fait ses preuves dans plusieurs situations de crise à travers le monde en ce qui concerne la cartographie et la collecte de la donnée de tout genre. Notamment en Haïti en 2012 lors du passage du Tsunami.

OSM peut donc être développé sous l’angle de l’agriculture 2.0. Ce concept met en évidence une agriculture qui s’approprie l’utilisation des TIC notamment Internet et la téléphonie mobile. Il faut savoir qu’il ne s’agit pas seulement de mettre les TIC à la disposition des agriculteurs mais que leur utilisation fait partie du quotidien de ces derniers.

Des agriculteurs munis de GPS vont collecter eux-mêmes de la donnée sur les ressources en eau. Ces données vont être centralisées (des encadreurs/coordonnateurs) sur le serveur un serveur spécial mis en place pour la cause ou même sur le serveur OpenStreetMap. La base de donnée ainsi constituée servira au fur et à mesure à l’élaboration le potentiel en eau de surface et souterraine de l'Afrique de l'Ouest. Un Système d’Information Géographique (SIG) connecté sera donc développé autour. Une manière originale de produire et de disposer de l’information afférente aux ressources en eau.

La cartographie des bassins d’eau ou des zones inondables par exemples va renseigner en même temps sur la localisation des cultures maraîchères. Puisque ces cultures se développent  le plus souvent près des sources d’eau. Il va s’agir aussi de repérer les zones où la nappe phréatique est à fleur de sol.

La stratégie que je propose s’inscrit dans le sens de renforcement des capacités techniques sinon technologiques des agriculteurs. L’avantage c’est que ces derniers verront leurs capacités renforcées d’une part sur le plan technologique. Ce qui ouvre pour eux d’autres possibilités et opportunités. D’autre part le caractère collaboratif et participatif du projet va diminuer les coûts des investissements financiers.

Pour moi les conflits qu’engendrent souvent le secteur de l’eau, sont aussi bien souvent liés aux sommes colossales d’argent qui circule autour des projets dans le secteur. Si les agriculteurs peuvent eux-mêmes produire des informations sur les ressources en eaux, cela éviterait aux organisations et institutions de formuler pour des projets d’envergure dirigés par des gens qui ne maîtrisent pas forcément ni le secteur agricole ni celui de l’eau.

Heureusement pour ce travail de cartographie, les mobilisations que doivent faire les organisations, structures et institutions vont être participatives et collaboratives et impliquer directement les agriculteurs eux-mêmes. Il faut reconnaître que nous sommes en conteste africain et donc qu’il faut adopter pour des outils de cartographie à porter de la main de tous et même des agriculteurs.

Richard Komlan Folly