Bonjour,

Suite à votre appel à contribution, je me permets de vous adresser quelque remarques.

Tout d'abord, mers félicitations pour le travail réalisé.  Je souscris très largement aux analyses et recommandations de ce rapport.

Vous trouverez, dans le fichier joint, quelques annotations (aux § 1, 2, 3, 9, 13, 20, 29 ainsi qu'à la page 59 sur l'agro-écologie).

Deux commentaires complémentaires:

1 - Le schéma de la figure 1 pourrait être mieux présenté en clarifiant notamment les notions de "typologie", de trois piliers (deux fois trois piliers !), de trois domaines (voir commentaires dans le texte).

2 - Le passage relatif à l'agro-écologie (p 59) donne l'impression qu'elle n'est pas à la portée des smallholders, l'agriculture conventionnelle étant finalement mieux adaptée à répondre à leurs besoins.

Selon le rapport d'Olivier de Schutter (Agroécologie et droit à l’alimentation, rapport de décembre 2010,  présenté à la seizième session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le 8 mars 2011) : l’agroécologie est à la fois une science et un ensemble de pratiques ; elle utilise une forte intensité de connaissances et elle repose sur des techniques qui ne sont pas fournies du sommet à la base mais mises au point à partir des connaissances et de l’expérience des agriculteurs. Le rapport met l’accent sur la dimension verticale du développement de  l’agroécologie, à savoir la mise en place d’un cadre propice. Les gouvernements ont un rôle déterminant à jouer à cet égard, qui va au-delà de celui qui consiste à favoriser l’accès des petits exploitants à la terre, à l’eau et aux semences.

 

Sur le plan écologique, l’agriculture industrielle à fort usage d'intrants a une responsabilité première dans la pollution des eaux, des sols, et la disparition accélérée de la biodiversité animale et végétale. Elle peut présenter des risques sur la santé humaine. Elle contribue à la disparition des exploitations paysannes et à leurs savoir-faire ancestraux. L’agroécologie est une voie possible car elle protège la vie des sols et la biodiversité et elle s'appuie sur des savoirs traditionnels. Elle associe différentes espèces cultivées dans un même champ et utilise des engrais naturels pour fertiliser la terre. Par des circuits d’échange plus courts, elle rapproche les consommateurs des paysans.

 

Pour autant, des voies se font entendre pour relativiser quelque peu les bienfaits attendus de ces techniques de l’agroécologie. Dans un article de 2009 (voir réf ci-dessous) consacré à la mise en pratique de l’agriculture de conservation dans les petites exploitations africaines, des chercheurs mettent en garde contre une vision par trop optimiste sur les résultats attendus.  Ils insistent sur le fait que ces technologies doivent être adaptées à chaque situation et dépendent des environnements biophysiques et socio-économiques spécifiques. Tout va dépendre notamment des ressources à disposition des agriculteurs, en termes de terres, de main d’œuvre et de capitaux. Avec des ressources limitées, comment peuvent-ils adopter des pratiques qui certes pourraient accroitre la production à long terme, mais qui à court terme ne leur procurent pas les bénéfices attendus ?

Tel est bien l’enjeu de la mise en place de services adaptés de formation et de développement agricoles pour accompagner les agriculteurs dans leurs décisions,  notamment les petits agriculteurs.

Réf citée : Ken E. Giller,, Ernst Witter, Marc Corbeels,, Pablo Tittonell, Conservation agriculture and smallholder farming in Africa: The heretics’ view. Elsevier , Field Crop Research 2009.

Bien cordialement et tous mes vœux pour la nouvelle année 2013

Jacques Loyat