Forum global sur la sécurité alimentaire et la nutrition (Forum FSN)

Consultations

Politiques, programmes et investissements agricoles en Afrique de l’Ouest : quels analyses et perspectives ?

L’Agriculture[1] en Afrique de l’Ouest emploie environ 60% des actifs de la région. Elle représente 35% du PIB régional et 15% des exportations régionales (CEDEAO). Malgré son potentiel énorme dont entre autres la diversité des systèmes agro-écologiques, les disponibilités relatives en terres et en eau, l’adaptabilité des exploitations familiales et la taille importante du marché régional, environ 17% de la population se trouvent en insécurité alimentaire. En plus, la région souffre d’une incohérence et d’une insuffisance des politiques agricoles et commerciales.

A ces défis s’ajoutent l’accroissement de la population régionale de plus en plus nombreuse et fortement urbanisée, le changement climatique, et la nécessité de construire un marché régional performant, protégé et créateur d’emplois et de richesse basé sur les marchés nationaux et fournissant des prix rémunérateurs aux exploitations agricoles familiales en priorité dans une optique de sécurité et de souveraineté alimentaire. 

L’ECOWAP adopté en 2005 est une réponse qui devrait permettre d’avoir :

  • Une meilleure capacité de régulation de l’offre et de la demande des produits agricoles en décloisonnant les marchés ;
  • La construction d’une politique commerciale en faveur du secteur agricole ;
  • La définition d’une vision claire et ambitieuse en matière de politique agricole ;
  • L’amélioration du poids de la région dans les négociations internationales.

Les acteurs de la société civile (OSC) incluant les organisations de producteurs (OP) ont joué un rôle central dans la définition de l’ECOWAP et en partie à sa mise en œuvre. Ils ont contribué à lui donner une vision et des orientations qui répondent aux préoccupations des acteurs agricoles.

La participation et la responsabilisation des OSC incluant les OP ont été faites au travers des instances de coordination et de concertation qui ont été mises en place :

  • Comité consultatif pour l’Agriculture et l’Alimentation
  • Comité inter départements pour l’agriculture et l’alimentation
  • Fonds régional pour l’agriculture et l’alimentation (ECOWADF)

Des « tasks forces » ont permis d’opérationnaliser à travers des dynamiques multi-acteurs les concertations majeures.

Le projet d’appui à l’initiative Faim Zéro a été initié avec l’assistance technique de la FAO avec l’objectif d’accompagner la CEDEAO, les Etats membres, les institutions régionales et les acteurs non étatiques, à établir de façon participative une initiative pour l’éradication de la Faim et de la Malnutrition dans la région à l’horizon 2025. La mobilisation et la participation de tous les acteurs de l’agriculture et de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle ont été considérées comme fondamentales pour rejoindre cet objectif.

En même temps, après 10 ans de mise en œuvre de l’ECOWAP, il s’avère pertinent d’engager des réflexions profondes avec les différentes catégories d’acteurs pour mesurer les progrès et les faiblesses afin de mieux baliser le futur. Il est hors de doute que la politique agricole régionale joue un rôle fondamental dans l’éradication de la faim et de la malnutrition dans la région.

Cette discussion en ligne constitue l’une des voies adoptées pour permettre aux acteurs intéressés de s’exprimer sur la gouvernance de l’ECOWAP et sur les défis au niveau régional pour atteindre l’objectif d’éradiquer la faim et la malnutrition en Afrique de l’Ouest d’ici au 2025.

Les conclusions des discussions seront partagées au cours d’un atelier des OSC qui se déroulera au début du mois de novembre pour faire une synthèse des constats et une analyse commune des forces, des faiblesses, des opportunités et des menaces concernant la participation des acteurs non étatiques et de dégager des propositions pour la nouvelle génération de l’ECOWAP, du PRIA et des PNIA.

Spécifiquement, l’atelier de novembre « vise à capitaliser, analyser et documenter l’état actuel de la gouvernance institutionnelle, en particulier le niveau de représentation/participation des acteurs non étatiques dans la gouvernance des politiques, programmes et investissements agricoles en Afrique de l’Ouest, identifier les besoins critiques de changement à prendre en compte dans le réajustement de la nouvelles génération de l’ECOWAP/PRIA/PNIA afin de réaliser la Faim Zéro à l’horizon 2025 ».

Nous vous invitons à donner votre avis sur les trois  questions qui seront débattues lors de l’atelier OSC de Novembre:

  1. Quelle gouvernance régionale effective et efficiente pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition en Afrique de l’Ouest?
  2. Quel rôle et quelle place pour les OSC/acteurs non étatiques (niveau de représentation et participation aux décisions) dans le dispositif institutionnel de mise en œuvre de l’ECOWAP et des politiques agricoles et de SAN en général tant au niveau national que régional?
  3. Quelle plateforme multi-acteurs et multi-secteurs pour faciliter le dialogue et les négociations sur les politiques, programmes et investissements, la redevabilité, etc. ?

Toutes les parties prenantes sont invitées à cette discussion ; les contribution reçues en ligne seront bien valorisées et contribueront à renforcer le rôle des OSC vers l’objectif de la Faim Zéro d’ici au 2025 en Afrique de l’Ouest.



Mamadou Goita

Modérateur de la discussion


[1] Agriculture au sens large du terme incluant la production végétale, la production animale sous toutes ses formes y compris le pastoralisme en tant que mode de vie, la pêche et la production forestière.

 

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Leonidas Hitimana and Renata Mirulla

FAO

>> English translation below <<

 

Chers Membres du Forum FSN en Afrique de l’Ouest,

Nous remercions tous ceux qui ont participé et suivi cette discussion en ligne sur les politiques, programmes et investissements agricoles en Afrique de l’Ouest.

Cet échange de connaissances et d’opinions a permis d’enrichir le débat en cours sur l’implémentation des politiques agricoles régionales, l’ECOWAP notamment, qui après 10 ans  a fait l’objet d’une réflexion de la part de tous acteurs impliqués en préparation de la conférence de haut niveau sur ECOWAP+10, qui a eu lieu du 17 au 19 Novembre à Dakar (Sénégal).

Plus spécifiquement, le rôle des acteurs non étatiques dans la mise en œuvre des politiques nationales et régionales de Sécurité Alimentaire et Notionnelles étaient l’un des aspects centraux de cette discussion en ligne, dont les résultats ont été présentés lors du Forum des acteurs non étatiques organisé par le Projet Faim Zéro de l’Afrique de l’Ouest à Lomé du 5 au 7 Novembre. Au cours de ce forum, les acteurs non étatiques ont exprimé l’importance de conduire ces discussions en ligne dans la mesure où ces forums virtuels sont moins chers et plus faciles à organiser. Ils sont émis le souhait d’avoir la synthèse des résultats disponible dans les deux langues (français et anglais). Il a été également proposé d’approfondir la possibilité de faire une analyse des contributions par catégorie d’acteur.

Voici ci-dessous un bref résumé des points clé soulevés par les participants à la discussion en ligne. Pour lire les contributions par entier vous pouvez télécharger les actes complètes de la discussion (disponibles en anglais et français).

Q.1: Quelle gouvernance régionale effective et efficiente pour la SAN en Afrique de l’Ouest ?

Les participants tirent un bilan mitigé, voire négatif de la coordination et l’engagement politique des Etats et soulignent:

•       L’existence des stratégies agricoles nationales sans tenir en compte l’ECOWAP ;

•       Une faible adhésion des états / engagement politique ;

•       Des disparités et discontinuité entre les politiques mises en place par les différents acteurs (CEDEAO, CILLS, NEPAD, CENSAD, UEMOA) ; 

•       La disparité entre les exigences des politiques agricoles et les agendas des bailleurs de fond et des partenaires internationaux.

Certains participants observent que la participation des acteurs aux efforts de coordination n’est pas canalisée, faute de moyens suffisant: fonds de la CEDEAO,  «ECOWAP Donors’ group» n’arrive pas à jouer un rôle fédérateur,  des ressources de l’ARAA.

Des points de vue sont partagés sur l’impact de l’Accord de Partenariat Economique (APE) entre l’Union européenne et les pays de l’Afrique de l’Ouest. Certains estiment que celui-ci peut jouer un rôle  déterminant à condition que la cohérence des politiques soit garantie à travers une évaluation périodique. D’autres pensent qu’il est plus orienté vers les intérêts de l’UE et n’aura pas des conséquences positives sur les échanges et les économies des pays ouest-africains.

Plusieurs propositions émergent de la discussion en ligne, particulièrement :  

•       La Faim zéro en Afrique de l’Ouest doit passer par la sécurisation des exploitations familiales et par l’agroécologie ;

•       Il est nécessaire d’articuler le rôle de la CEDEAO et une participation active de tous les acteurs et des organisations des producteurs en particulier ;

•       La CEDEAO devraient renforcer son rôle d’harmonisation des politiques agricoles ;

•       L’ensemble des acteurs régionaux doivent travailler à:

Ø  l’adoption d’une politique agricole régionale unique,

Ø  la rationalisation des mandats et des moyens d’intervention des institutions régionales,

Ø  le renforcement du dispositif institutionnel régional adopté par la CEDEAO en 2010,

Ø  la coordination des interventions des partenaires au développement.

•       Il faut garantir la mobilité des facteurs de production (marché et échanges régionaux) ;

•       Il faut monitorer/assurer le suivi de la mise en œuvre des politiques agricoles.

Q.2: quel rôle et place pour les OSC / acteurs non étatiques dans le dispositif institutionnel de mise en œuvre de l’ECOWAP et des politiques agricoles et de SAN au niveau national et régional ?

A propos des acteurs non étatiques (OSC et OPA), les participants à la discussion en ligne ont souligné que souvent ils ont un rôle « résiduel » et une implication passive dans la définition des politiques agricoles régionales aussi qu’un manque de force de proposition.

Cependant, il faut veiller à ce que les acteurs non étatiques jouent un rôle fondamental : de plaidoyer, de lobbying, de vigilance dans la mise en œuvre des politiques agricoles.

En même temps, les OSC et les OPA doivent renforcer la transmission entre les différents acteurs et la base qu’ils représentent, doivent se doter d’une meilleure organisation et renforcer leurs capacités et compétences pour pouvoir mener une action décisive et avoir une voix dans négociations régionales et internationales qui influencent  la SAN en Afrique de l’Ouest.

Q.3: Quelle plateforme multi-acteurs et multi-secteurs pour faciliter le dialogue et les négociations sur les politiques, programmes et investissements etc?

Les propositions présentées sur ce point se partagent parmi celles qui visent à utiliser les mécanismes existants, comme par exemple le ROPPA, la plateforme des Alliances contre la Faim et la malnutrition en Afrique de l’Ouest, le mécanisme du SUN (Scaling up Nutrition), et celles qui visent à définir des nouvelles plateformes, comme par exemple la proposition d’un accord cadre d’engagement des OSC et des acteurs non-étatiques à accompagner la mise en œuvre de l’ECOWAP ou des plateformes thématiques.

Pendant le Forum, les représentants des organisations non étatiques ont recommandé à la CEDEAO de : (i) rendre fonctionnel le Comité consultatif pour l’agriculture, l’alimentation et la nutrition comme espace de dialogue entre les acteurs ; (ii)  renforcer la concertation et le dialogue avec les acteurs non étatiques et les organisations de la société civile dans la mise en œuvre et le suivi de l’initiative Faim zéro de l’Afrique de l’Ouest ; (iii) renforcer les capacités des acteurs non étatiques et des organisations de la société civile en vue de leur permettre de participer pleinement à la réalisation de la faim zéro à l’horizon 2025, (iv) mettre en place un mécanisme d’information régulière des acteurs non étatiques et des organisations de la société civile sur l’évolution des progrès ainsi que les problèmes émergents qui pourraient limiter l’atteinte de l’objectif Faim et malnutrition zéro de l’Afrique de l’Ouest d’ici 2025 ; (v) contribuer à la coordination des plates-formes multisectorielles régionales pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et (vi) renforcer les capacités des acteurs non étatiques et de la société en matière de collecte, traitement et dissémination des informations et pour le plaidoyer sur l’initiative faim zéro et le développement de l’agriculture familiale.

En conclusion, le Forum FSN nous a permis d’échanger des connaissances et de rendre plus visible le débat en cours sur le futur de l’ECOWAP et sur comment travailler ensemble pour une Afrique de l’Ouest libéré de la faim et de la malnutrition.

Leonidas et Renata

 

Dear Members of the Forum FSN for West Africa,

We thank all those who took part and followed this online discussion on policies, programs and agricultural investments in West Africa.

This exchange of knowledge and opinions has led to an enrichment of the on-going debate on the implementation of regional agricultural policies, ECOWAP in particular, which after 10 years has been the subject of re-evaluation by all those involved in the preparation of the high level conference on ECOWAP+10 which took place from the 17th to 19th November in Dakar (Senegal).

More specifically, the role of the non-state actors in the implementation of national and regional food security and nutrition policies was one of the central themes of this online discussion, the results of which were presented during the non-state actors forum organized by the Project Zero Hunger for West Africa, in Lomé (Togo) from the 5th to 7th November. In the course of this forum, the non-state actors showed the importance of carrying out these online discussions, considering that these virtual fora are less expensive and easier to organize. They asked that the summary of the results should be available in both languages (French and English). It was also suggested that the possibility should be looked into of analyzing the contributions by category of actor.

Here is a brief summary of the key points raised by the participants in the online discussion. To read the complete contributions, you can download the official records of the discussion (available in English and French).

What will be an effective and efficient regional governance for Food Security and Nutrition in West Africa?

The participants have a rather mixed view, even negative, of the coordination and commitment of the States, and highlighted:

  • The existence of national agricultural policies that do not take into account ECOWAP;
  • Poor support / political commitment by the states;
  • Discrepancies and lack of continuity between the policies implemented by the different actors (ECOWAS, CILLS [Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel, Permanent Interstates Committee for Drought Control in the Sahel], NEPAD, CENSAD [Communauté des États Sahélo-sahariens, Community of Sahel-Saharan States], WAEMU); 
  • The disparity between the demands of agricultural policies and the agendas of financial backers and international partners.

Some participants remarked that the participation of actors in the work of coordination is not canalized, due to insufficient means: ECOWAS funds, «group of donors from ECOWAP» do not have a federating role, the resources of the RAAF [Regional Agency for Agriculture and Food] are limited.

Divergent points of view have been shared regarding the impact of the Economic Partnership Agreement (EPA) between the European Union and West Africa.  Some participants consider that this can play a determining role as long as the coherence of policies is guaranteed through a periodic assessment. Others think that the Partnership it is more orientated towards the interests of the EU and that it will not have positive consequences for trade and the economies of the West African countries.

Many propositions emerged from the online discussion, in particular:  

  • The Zero Hunger in West Africa should be based on securing cultivation by families and on agro-ecology;
  • It is necessary to connect the role of ECOWAS with an active participation of all the actors, in particular, producers’ organizations;
  • ECOWAS should strengthen its role in the harmonization of agricultural policies;
  • The whole group of regional actors should work towards:

Ø  The adoption of a single regional agricultural policy,

Ø  The rationalization of mandates and response capacity of regional institutions,

Ø  The reinforcement of the regional institutional arrangement adopted by ECOWAS in 2010,

Ø  The coordination of interventions by development partners. 

  • It is necessary to guarantee the mobility of production factors (regional markets and trade);
  • It is necessary to monitor/ensure the follow-up of the implementation of agricultural policies.

What role and which place will have the non-state actors /civil society organizations (level or representation and participation in the decisions) in the institutional system of implementation of the ECOWAP and the agricultural policies and the NFS in general both at national and regional level? 

In relation to the non-state actors (civil society and agricultural professional organizations), the participants to the online discussion have highlighted that they often have a "residual" role and only passive involvement in the definition of regional agricultural policies as well as a deficit of sources of proposals.

However, care must be taken so that non-state actors may play a fundamental role: of appeal, lobbying and vigilance in the implementation of agricultural policies.

At the same time, the civil society and agricultural professional organizations must reinforce communication between the different actors and the grassroots that they represent, must equip themselves with better organization and reinforce their capabilities and competences in order that they can take decisive actions and have a voice in the regional and international negotiations which influence the NFS in West Africa.

Which multi-actors and multi-sector platform should be used to facilitate dialogue and negotiations on policies, programs and investments, accountability, etc.?

The propositions suggested on this point are divided among those that aim at using existing mechanisms, for example ROPPA [Reseau de organisations paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'Ouest, Network of farmers and producers organizations of West Africa], the platform against hunger and malnutrition of West Africa, the SUN (Scaling up Nutrition) mechanism, and those which aim to define  new platforms, such as for example the proposal for a framework agreement on the involvement of civil society organizations and non-state actors in the implementation of ECOWAP or the thematic platforms.

During the Forum, the representatives of non-state organizations have recommended to ECOWAS  to (i) make operative the consultative committee for agriculture, food and nutrition as a space for dialogue between the actors; (ii) reinforce consultation and dialogue with non-state actors and civil society organizations in the implementation and follow-up of the Zero Hunger initiative in West Africa; (iii) reinforce the capabilities of non-state actors and civil society organizations to enable them to participate fully in the achievement of zero hunger by 2025; (iv) set up a mechanism for informing periodically the non-state actors and civil society organizations about the progress made and the problems emerging which may limit the achievement of the objective Zero Hunger and Malnutrition in West Africa from now until 2025; (v) contribute to the coordination of the regional multisector platforms for food  security and nutrition; and (vi) strengthen the capabilities of non-state  actors and society in general concerning the collection, treatment and dissemination of information and  the arguments in favor of the zero hunger initiative and the development of family based agriculture.

As a conclusion, the FSN forum has allowed us to exchange knowledge and to make more visible the present debate over the future of ECOWAP and how to work together to liberate West Africa from hunger and malnutrition. 

Renata Mirulla and Leonidas Hitimana

Anna Antwi

GD Resource Center (development NGO)
Ghana

>> English <<

  1. What would be effective and efficient regional governance for Food Security and Nutrition in West Africa?

Effective and efficient regional governance for Food Security and Nutrition in West Africa should be a multi-sectoral and multi-stakeholder platform where a number of factors are dealt with. Since agriculture comprises of a number of areas like crops (fruits, vegetables, staples etc), animals (livestock, poultry), fisheries, forestry etc, and food security also extends beyond just agricultural production, it is necessary to widen the net to cover other sectors like trade, roads, gender among others. Again, nutrition is also broad and covers areas like agriculture, health, social protection, water, sanitation and hygiene. These issues necessitate the formation of a broad multi-sectoral platform that would monitor progress of food and nutrition issues in the sub-region. The stakeholders in the various areas should also not be left out: the individual farmers and producers of the food, and their associations/ groups or alliances, processors, transporters, marketers/ traders, aggregators, policy-makers, civil society organizations, trade unions, private sector operators, public sector, Parliamentarians etc.

Minimum requirement should then be set to ensure that everyone within a certain jurisdiction is not left out in the “zero hunger bracket”.  These minimum requirements of certain factors should include indicators for monitoring, bench marks, monitoring team etc. Others (probably the hardware) could include silos/ warehouses for storage of food and other essential items, drying machines; human factor is also important and therefore the education part or capacity building of extension officers and the general populace. The issues to monitor include from access to land, its preparation to production, storage, nutrition issues especially maternal and child health issues. Other areas to consider should be early warning signals, disaster prevention and management etc. To ensure that everyone is food secured at the lower level, decentralization of decision making and implementation are crucial.

The policy of AU (Maputo and the Malabo declarations)- NEPAD’s CAADP; and ECOWAP at the sub-regional level are important to support country level efforts to eradicate hunger and malnutrition.

 

  1. What will be the role and place of the non-state actors /civil society organizations (level of representation and participation in the decisions) in the official enactments of the implementation of ECOWAP, agricultural policies and NFS in general both at national and regional level?

The responsibility of non-state actors should be mainly watch dog role. However, in some few instances, local or community based groups can support with implementation but should be rare. If the Civil society groups have their own funding, then they could do or have different innovative approaches that could be shared for scale up. Civil society groups could also be involved from project/ program design to selection of monitoring indicators so that it will be easy to follow discussions on implementation of policy issues. Monitoring should be at the national levels but at various levels (from local to ECOWAS levels) CSOs should have representations. Selection should be carefully done; criteria should be developed for selection of the persons and organizations.

Civil society groups should have their own separate groups in addition to being involved in a general public platform from district/county level to national level.

  1. Which multi-actors and multi-sector platform should be used to facilitate dialogue and negotiations on policies, programs and investments, accountability, etc.?

Ministries of Food and Agriculture in the various countries could create a working group that brings together serious actors within the sector, and a nutrition platform using existing structures such as the SUN (Scaling up Nutrition) platform. Civil society could however, have a separate platform to gather their own independent information for analysis and evidence based decision making. There is the need for coordination and harmonization of all programmes to avoid duplication. In all stages, women and youth’s involvement are crucial.

Dr. Anna Antwi

GD Resource Centre

Ghana

 

>> French  <<

1. Quelle gouvernance régionale effective et efficiente pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition en Afrique de l’Ouest?

Une gouvernance effective et efficace à l’échelon régional pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique de l’Ouest devrait être assurée par une plate-forme multisectorielle et multipartite capable d’aborder tout un éventail de facteurs. Etant donné que l’agriculture comprend différents domaines tels que les cultures (fruits, légumes, aliments de base, etc.), l’élevage (bétail, volaille), les pêches, la foresterie, etc., et que la sécurité alimentaire va également au-delà de la production strictement agricole, il est important d’élargir le filet de façon à couvrir d’autres secteurs comme le commerce, l’infrastructure routière, l’égalité de genre, entre autres. La nutrition est également un concept vaste qui couvre des domaines comme l’agriculture, la santé, la protection sociale, l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Pour aborder ces sujets, il faut former une large plate-forme multisectorielle qui pourrait suivre la progression des questions liées à l’alimentation et à la nutrition dans la sous-région. Il ne faut pas non plus oublier les acteurs présents dans les différents domaines en question: les agriculteurs et les producteurs individuels d’aliments, ainsi que leurs associations/groupes ou partenariats, les responsables de la transformation, du transport, de la commercialisation, les agrégateurs, les décideurs, les organisations de la société civile, les syndicats, les opérateurs du secteur privé, le secteur public, les parlementaires, etc.

Une exigence minimale serait donc de garantir que toute personne vivant dans une certaine juridiction soient incluse dans la « fourchette faim zéro ».  Ces exigences minimales de certains facteurs devraient concerner des indicateurs de suivi, des niveaux de référence, une équipe de suivis, etc. D’autres (probablement de type matériel) pourraient porter sur les silos/entrepôts pour stocker les aliments et d’autres articles essentiels, les appareils de séchage; le facteur humain est également important, raison pour laquelle il faut souligner la partie éducationnelle ou le renforcement des connaissances des fonctionnaires de vulgarisation et de la population générale. Les questions à surveiller sont, entre autres, l’accès à la terre, la préparation de celle-ci à la production, l’emmagasinage, les problèmes nutritionnels, en particulier en ce qui concerne la santé des mères et des enfants. D’autres aspects à considérer devraient être les signes d’alerte précoce, la prévention et la gestion des catastrophes, etc. Pour garantir que tous vivent dans la sécurité alimentaire à l’échelon le plus bas, il est essentiel de décentraliser la prise de décision et la mise en œuvre.

La politique de l’UA (déclarations de Maputo et de Malabo), le PDDAA du NEPAD, et l’ECOWAP à l’échelon sous régional jouent un rôle important pour étayer les efforts des pays dans l’éradication de la faim et de la malnutrition.

 

2. Quel rôle et quelle place pour les OSC/acteurs non étatiques (niveau de représentation et participation aux décisions) dans le dispositif institutionnel de mise en œuvre de l’ECOWAP et des politiques agricoles et de SAN en général tant au niveau national que régional?

La responsabilité des acteurs non étatiques sera essentiellement celle de vigie. Dans quelques rares cas, des groupes locaux ou communautaires peuvent intervenir pour soutenir la mise en œuvre, mais à titre exceptionnel. Si des groupes de la société civile ont leur propre financement, ils peuvent mener à bien des activités ou des approches novatrices différentes qui peuvent ensuite être partagées à une plus grande échelle. Les groupes de la société civile pourraient également participer dès la phase de la conception du projet/programme à la sélection des indicateurs de suivi de façon à pouvoir suivre plus facilement les discussions sur la mise en œuvre des aspects stratégiques. Un suivi doit également être mis en place à l’échelon national, mais à différents niveaux (du niveau local au niveau de la CEDEAO), avec la représentation des OSC. La sélection doit être faite soigneusement et des critères doivent être établis pour le choix des personnes et des organisations.

Les groupes de la société civile doivent avoir leur propre groupe séparé, outre leur participation à la plate-forme publique générale du niveau du district/comté à l’échelon national.

3. Quelle plateforme multi-acteurs et multi-secteurs pour faciliter le dialogue et les négociations sur les politiques, programmes et investissements, la redevabilité, etc. ?

Les ministères de l’alimentation et de l’agriculture des différents pays pourraient mettre sur pied un groupe de travail réunissant les principaux acteurs du secteur, ainsi qu’une plate-forme sur la nutrition à partir de structures existantes comme la plate-forme SUN (Scaling up Nutrition). La société civile pourrait néanmoins former une plate-forme séparée de façon à collecter sa propre information de manière indépendante en vue de l’analyse et de la prise de décision sur la base de preuves. Il est indispensable d’assurer la coordination et l’harmonisation de tous les programmes afin d’éviter les chevauchements. À tous les stades, la participation des femmes et des jeunes est cruciale.

Dr. Anna Antwi

DG Resource Centre

Ghana

 

>> French <<

 

Le Sommet mondial de l’alimentation (SMA), le premier sommet tenu  dans le monde pour résoudre le problème de la faim. Tenu à Rome en 1996, par lequel 182 gouvernements se sont engagés à «éradiquer la faim dans tous les pays, en réduisant de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d’ici 2015 au plus tard». Le second  porte sur le premier objectif du Millénaire pour le développement, établi en 2000 par les membres de l’ONU, dont l’une des cibles consiste à «réduire de moitié, d’ici  2015, la proportion de la population qui souffre de la faim».

Nous voici vers la fin du 2015. L’état des lieux fait par la FAO sur les différentes régions  ont montré qu’il y a eu beaucoup de progrès  dans chaque région, sauf qu’on observe encore des disparités entre ces régions et particulièrement  en Afrique de l’Ouest.

Le cas de l’Afrique de l’Ouest, montre que de 1990-2015, la faim a diminué, passant de 24,2% à 9,6% respectivement.  Cependant, cette réduction ne montre pas vraiment les efforts effectués par chaque pays. Avec sa spécificité et ses réalités de chaque pays, il serait bien aussi de trouver des solutions adéquates afin de contribuer significativement à la réduction de la faim.

1. Quelle gouvernance régionale effective et efficiente pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition en Afrique de l’Ouest?

L’augmentation de la population et le changement climatique sont des facteurs aggravants la faim en Afrique. En plus de ces premiers facteurs s’ajoutent les guerres,  la mondialisation et l’absence de contrôle public des multinationales ont également une grande part  à jouer de la faim. Le phénomène d’accaparement des terres et de spoliation des autochtones par les grandes entreprises dans le but d’assurer la pérennité de leurs activités. Le soutien des multinationales par les gouvernements. Enfin, les agro-carburants représentent peut-être le défi majeur à relever, ceux-ci concurrençant de manière directe les cultures destinées à nourrir l’humanité

En matière de gouvernance régionale, les politiques agricoles de la CEDEAO, du PNUD, UEMOA, NEPAD et celles des politiques nationales résident certaines disfonctionnement  qui ne permet pas aux individus de satisfaire leurs besoins alimentaires. Il s’agit surtout des problèmes lies a la mobilité des facteurs de production et de la production elle-même. Les producteurs rencontrent plusieurs barrières qui ne permettent pas  de profiter de leurs efforts sur les marches régionaux. Il y a plusieurs barrières douanières entre les pays de même région (CDEAO, UEMOA) qui ne favorisent pas la libre circulation des biens alimentaires malgré les politiques de libre échange développé entre ces pays. Sur le terrain, ces politiques restent  encore théoriques et non effectives.

Il faut une nécessaire et vitale convergence de ces politiques qui sont des références pour les acteurs étatiques et non étatiques que nous sommes.

En se basant sur la définition donnée par la FAO sur la faim, il serait approprié de :

  • Donner des recommandations politiques adéquates pour éradiquer la faim dans ces zones cibles.
  • Des mesures incitatives doivent être prendre afin d’encourager les jeunes promoteurs à investir dans le secteur agricole surtout pour la production des cultures vivrieres au niveau national.
  • Assistance ciblée de la population vulnérable
  • Identifier  la population cible vulnérable a la faim dans chaque pays dans la sous-région.
  • Evaluer la situation de la sécurité alimentaire dans chaque pays de la sous- région

     

2. Quel rôle et quelle place pour les OSC/acteurs non étatiques (niveau de représentation et participation aux décisions) dans le dispositif institutionnel de mise en œuvre de l’ECOWAP et des politiques agricoles et de SAN en général tant au niveau national que régional?

 

  • Le rôle que peut jouer les OSC/ acteurs non étatiques serait de faire entendre leur voix au niveau national et gouvernemental afin d’apporter leur contribution à la réduction de la faim. Ceci, en tenant compte des dispositifs institutionnels mise en œuvre par l’ECOWAP et des politiques agricoles  au niveau national et régional.
  • Mobiliser les producteurs à investir plus dans la production des cultures vivrières.
  • Encourager les petits producteurs à réduire les pratiques agricoles pouvant entrainer l’appauvrissement du sol.
  • Les acteurs doivent aussi œuvrer de manière à améliorer la productivité agricole de la population vulnérable afin d’améliorer leur revenu agricole
  • Création d’un centre d’assistance sociale sur le plan national et régional bien solide afin d’assister les personnes vulnérable a la faim

     

3. Quelle plateforme multi-acteurs et multi-secteurs pour faciliter le dialogue et les négociations sur les politiques, programmes et investissements, la recevabilité, etc. ?

Pour faciliter le dialogue entre les acteurs et les négociations sur les politiques, programmes et investissement etc..., il serait acceptable de créer un environnement favorable à tous les acteurs du secteur afin que chacun apporte ses idées et partager ses expériences pour le développement du domaine.

Conscient du problème de la faim qui règne dans la sous-région, les acteurs et les partenaires de la sous-région pourront  décider d’œuvrer ensemble pour mener à bien une démarche globale et collective de développement de l’information, de la formation pour accompagner les personnes touchées par la sous-alimentation afin d’éradiquer  ce phénomène et assurer une vie meilleure a tous dans la sous-région.

Encore du chemin à parcourir pour en venir à bout de la faim dans le monde et particulièrement en Afrique de l’Ouest. Toutefois, il y a de l’espoir, car, de nombreux débats et de propositions de solutions se définissent  et permettront de converger vers l’objectif final.

 

>> English <<

The 1996 World Food Summit, in Rome was the first ever world summit held in order to solve the hunger problem, by which 182 governments committed themselves to “eradicate hunger in all countries with the target of reducing by half the number of undernourished people by no later than the year 2015." The second summit addresses the first Millennium development objective, established in 2000 by the members of the UN, where one of the targets is to "halve, between 1990 and 2015, the proportion of people who suffer from hunger.”

We are now nearly at the end of 2015. The update made by FAO for the different regions has shown that there has been much progress in each region, except that one can still see disparities between these regions and particularly in West Africa.

The case of West Africa shows that in the period 1990-2015, hunger has been reduced, from 24.2% in 1990 to 9.6% in 2015.  However, this reduction does not really show the efforts made by each country. With the specifics and realities of each country, it would also be good to find adequate solutions in order to contribute significantly to reduce hunger.

  1. What will be an effective and efficient regional governance for Food Security and Nutrition in West Africa?

The increase in population and climate change are factors that exacerbate hunger in Africa. As well as these prime factors, wars, globalization and the absence of public control of multinationals should be added and are equally important causes of hunger. For example the land grabbing phenomenon, the dispossession of local people by big business with the objective of ensuring the continuity of their activities and the support for multinationals by governments. Finally, the agro-fuels perhaps represent the main challenge to be high- lighted, because they compete directly with the crops intended for feeding mankind.

In terms of regional governance, between the agricultural policies of ECOWAS, UNDP, WAEMU, NEPAD and national policies there is a certain lack of harmonization which does not permit individuals to satisfy their food needs.  It is a question mainly of problems related to the mobility of factors of production and of production itself. The producers find several barriers which do not allow them to benefit from their efforts in regional markets. There are various customs barriers among countries in the same region (ECOWAS, WAEMU) which do not encourage free movement of food products despite the policies of free trade in place between these countries. In practice, these policies are still theoretical and ineffective.

A necessary and essential convergence is required of these policies which are a reference for us all, state and non-state actors.

Basing ourselves on the definition of hunger given by FAO, it would be appropriate to:

  • -          Assess the situation of food security in each country of the sub-region
  • -          Identify the target population vulnerable to hunger in each country of the sub-region
  • -          Target assistance to the vulnerable population
  • -         Introduce incentivizing measures to encourage young developers to invest in the agricultural sector especially in the production of food crops at national level.
  • -          Give policy recommendations fitting for the eradication of hunger in the target areas.
  1. What role and which place will have the non-state actors /civil society organizations (level or representation and participation in the decisions) in the institutional system of implementation of the ECOWAP and the agricultural policies and the NFS [National Food Security] in general both at national and regional level?
  • -          The role that the civil society/non-state actors can play would be to make their voices heard at national and government levels so that they may make their contribution to hunger reduction. That is, taking into account the institutional mechanisms implemented by ECOWAP and agricultural policies at national and regional level.
  • -          Mobilize producers to invest more in the production of food crops.
  • -          Encourage small farmers to abandon agricultural practices that will impoverish the soil.
  • -          Actors must also work to improve the agricultural productivity of vulnerable people in order to improve their agricultural income
  • -          Creation of a very dependable social assistance organization at national and regional level in order to assist people vulnerable to hunger

 

  1. Which multi-actors and multi-sector platform should be used to facilitate dialogue and negotiations on policies, programs and investments, accountability, etc.?

To facilitate dialogue between the actors and the negotiations on policies, investment programs etc. … it would be acceptable to create an environment favorable to all the actors of the sector in order that each one may contribute their ideas and share their experiences for the development of the domain.

Conscious of the hunger problem in the sub-region, the actors and partners in the sub-region could decide to work together to bring to fruition a global and collective process for information systems development and training of people affected by under nourishment in order to eradicate it and assure a better life for all in the sub-region.

There is still a way to go before we arrive at the end of hunger in the world, and particularly in West Africa. Not withstanding, there is hope because numerous issues and proposals for solutions are being defined and will assist in convergence towards the final objective.

 

 

>> French <<

 

1- Quelle gouvernance régionale effective et efficiente pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition en Afrique de l'Ouest?

De manière générale, les politiques régionales édictées par les organisations intergouvernementales (CEDEAO, UEMOA) sont bien conçues et capables d'apporter des contributions essentielles dans les secteurs concernés. Le principal problème qui se pose est leur faible application sur le terrain.

On a le sentiment que l'adhésion de nos Etats n'est pas totale, car les engagements pris au niveau régional, ne sont pas toujours suivis d'effets au niveau pays. La vie des populations à la base ne s'en trouve que peu ou prou améliorée. En définitive, toute la question est "comment parvenir à une application effective des politiques régionales?"

Cela est aussi valable pour les politiques agricoles au niveau régional, en l’occurrence l'ECOWAP pour la CEDEAO et la PAU pour l'UEMOA. Ces textes peuvent réellement impulser le développement agricole et partant construire la sécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest.

La gouvernance régionale pour être efficace doit:

  • s'assurer que les différents acteurs jouent réellement leurs rôles, en instituant un mécanisme d'évaluation, assorti d'un système de rétribution et pourquoi pas de sanctions.
  • s'assurer qu'au niveau des pays, les producteurs agricoles, qui représentent 60 à 80%  de la population active de ces pays, bénéficient de renforcement des capacités et aient accès à des outils éprouvés pour avoir un minimum de maîtrise de leurs activités de production (des outils de gestion des exploitations agricoles existent dans plusieurs pays) par exemple le Conseil d'exploitation familial (CEF) expérimenté avec succès au Burkina auprès des producteurs de coton.
  • travailler à valoriser la profession agricole en lui reconnaissant ses mérites à leur juste valeur. Et travailleur à améliorer la motivation de ces acteurs, en leur garantissant un prix juste à l'achat des produits agricoles, qui soit en mesure de couvrir les charges de production et de leur garantir un certain revenu. en effet, les produits agricoles sont souvent vendus à perte pour diverses raisons.
  • créer des débouchés aux produits agricoles en stimulant le développement du maillon de la transformation, ce qui contribuerait également à baisser les pertes post-récolte  et à créer des emplois.
  • se donner les moyens nécessaires pour ne pas rester en marge des biotechnologies. Il est temps que l'Afrique se départisse des réactions épidermiques qui consistent à rejeter en bloc certaines technologies dont les biotechnologies telle que la transgénèse, il y a surement du bien à en tirer. Pour ce faire, les systèmes de recherche nationaux et régionaux devraient disposer de moyens suffisants. Car si l'Afrique n'y prend garde, i) elle continuera à être un continent marginalisé dans le concert des nations et ii) elle sera, un jour ou l'autre, amenée à consommer les produits génétiquement modifiés des autres.

En somme, pour être efficace et efficiente, la gouvernance de la Sécurité Alimentaire, doit se soucier des retombés des actions des organisations régionales sur les populations à la base et aussi tabler sur les innovations des biotechnologies dans ses perspectives /vision.

2- Quel rôle et quelle place pour les OSC/ acteurs non étatiques (niveau de représentation et participation aux décisions) dans le dispositif institutionnel de la mise en œuvre de l'ECOWAP et des politiques agricoles et de Sécurité Alimentaire et Nutrition en général tant au niveau national que régional?

Dans le dispositif institutionnel aussi bien au niveau national que régional, les acteurs non étatiques notamment les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) jouent un rôle consultatif important dans la mise en œuvre des politiques agricoles et de Sécurité Alimentaire. Au niveau régional, les OPA sont parfaitement imprégnées des politiques et contribuent à leur mise en œuvre. Cependant, le constat que l'on peut faire est qu'il n'y a pas toujours une exigence de reddition des comptes de ces organisations vis à vis des producteurs à la base. Ces organisations devraient jouer le rôle de courroie de transmission  entre les différents acteurs aux niveaux régional, national et à la base.  Par ailleurs, des acteurs du privé (Bureaux d'études, Bureaux d'appui conseils  aux producteurs, ...) de l'espace CEDEAO-UEMOA devraient également avoir la possibilité de participer aux réflexions sur les questions d'intérêts tels que la Sécurité Alimentaire.

3-Quelle plateforme multi-acteurs et multi-secteurs pour faciliter le dialogue et les négociations sur les politiques, programmes et investissements, la redevabilité...

Les plateformes d'échanges doivent avoir à cœur d'impliquer au cas par cas un certain nombre  d'acteurs (individus ou organisations) directement concernés par les sujets à discuter, en plus des représentants des organisations faitières régionales, de manière à avoir les points de vus des principaux intéressés.

 

>> English <<

 

1- What will be an effective and efficient regional governance for Food Security and Nutrition in West Africa?

In general, the regional policies issued by the intergovernamental organizations (ECOWAS, WAEMU) are well designed and able to make essential contributions to the sectors in question. The main problem that arises is their ineffective application in the field.

You get the feeling that the support of our States is less than a hundred percent because commitments made at the regional level, are not always followed by results at country level. Life for the grassroots population is only indiscernibly improved. To sum up, the whole question is "how to achieve an effective application of regional policies?"

That is also valid for agricultural policies at regional level, which means ECOWAP, for ECOWAS and the Agricultural Policy (PAU) for the WAEMU. These documents can really promote agricultural development and start to build food security in West Africa.

To be efficient regional governance must:

•         ensure that the different actors really play their role, by establishing an assessment mechanism, accompanied by a retribution system and why not, including sanctions.

•         ensure that at the country level, agricultural producers, who represent 60 to 80% of the active population in these countries, are benefitting from strengthening of their abilities and have access to tested management tools in order to have a minimum control over their production activities (the tools for managing land use exist in several countries) for example the Family Farm Management Council (CEF) tried out successfully in Burkina with cotton producers.

•         work to make the agricultural profession more esteemed, by recognizing its merits at their true worth. And work to improve motivation of these actors, by guaranteeing them a fair purchase price for agricultural products, which is sufficient to cover the costs of production and to guarantee them a secure income.  In fact, agricultural products are often sold at a loss for various reasons.

•         create openings for agricultural products by stimulating the development of the transformation linkage, which will contribute equally to reduce post-harvest wastage and to create employment.

•         obtain the necessary means not to remain marginalized in terms of bio-technologies. It is time for Africa to give up instinctive reactions which consist in rejecting en bloc certain technologies among which the biotechnologies such as transgenetics, from which surely much good will come. To achieve this, the national and regional research systems should have sufficient resources. Because if Africa is not careful, i) it will continue to ba a marginalized continent in the group of nations and ii) Africa will, sooner or later, be led to  consume  genetically modified products produced by others.

In short, to be efficient and effective, food security governance should be concerned with the impacts of the actions of regional organizations upon the grassroots population and also to factor in bio-technological innovations in their forecasts and planning.

2- What role and which place will have the non-state actors /civil society organizations (level or representation and participation in the decisions) in the institutional system of implementation of the ECOWAP and the agricultural policies and the NFS [National Food Security] in general both at national and regional level?

In the institutional presence both at national and regional level, the non-state actors, notably the Professional Agricultural Organizations, play an important consultative role in the implementation of agricultural and food security policies.  At regional level, the Professional Agricultural Organizations are fully cognizant of the policies and contribute to their implementation. However, the fact is that there is not always an insistence on the accountability of these organizations towards the grassroots producers. These organizations should play the role of channel of communication between the different actors at regional, national and grassroots level.  Moreover, the private actors (Research consultants, Advisory consultants to Producers ...) for the ECOWAS-WAEMU zone should equally be able to participate in the deliberations on pertinent issues such as food security.

3- Which multi-actors and multi-sector platform should be used to facilitate dialogue and negotiations on policies, programs and investments, accountability, etc.?

The exchange platforms must be committed to involve on a case by case basis, a certain number of actors (individuals or organizations) directly concerned in the subjects being discussed, as well as the representatives of the regional umbrella organizations in such a way as to garner the points of view of those who are mainly concerned.

 

>> Français <<

 

1. Quelle gouvernance régionale effective et efficiente pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition en Afrique de l’Ouest?

Le plus gros problème de la gouvernance en Afrique réside dans l’arrimage des économies nationales au capitalisme.  Les politiques agricoles communautaire n’y a pas échappé. De manière générale, les projets agricoles qu’on essaie d’implanter dans nos pays africains, malgré leurs caractères pharaoniques échouent souvent parce qu’ils sont le reflet de greffes institutionnelles importées et n’ont aucun encrage communautaire. Ils sont détachés des réalités de nos terroirs. On assiste de plus en plus à des initiatives visant à saper les fondements de l’agriculture familiale que ceux qui ceux sont communément appelés les petits paysans, ont mis à construire sur des millénaires. Pourtant, contrairement à des idées faussement admises, il est notoirement établi que 70% de la nourriture que nous ingérons chaque jour proviennent du labeur de ces derniers sur seulement 25% des terres cultivables dans le monde. Que faut-il en déduire ?  Il faut juste faire observer que le secteur agricole dans le monde est soutenu par les petits paysans qui paradoxalement ne bénéficient d’aucune subvention de la part de leurs Etats respectifs. Les choix de politique agricole qui visent vaille que vaille à investir des sommes faramineuses dans l’agro-business ne sert en réalité que des intérêts mercantilistes égoïstes de quelques multinationales au détriment des populations.

La gouvernance régionale pour être effective et efficace doit se défaire de sa vision d’une agriculture occidentalisée résolument tournée vers la recherche effrénée du profit, à travers l’exportation des cultures rentières. 

Cela passe nécessairement par la redéfinition des priorités : pour atteindre « l’objectif de zéro faim dans l’espace communautaire », les politiques doivent être orientées vers l’appui et l’accompagnement les exploitations familiales agricoles et de l’agroécologie pour les raisons suivantes :

  • Ce sont ces secteurs étroitement liés qui pourvoient au besoin en nourriture des villes et des campagnes, réglant ainsi le problème de la disponibilité de la nourriture ;
  • Ces secteurs privilégient les marchés locaux et résorbent dans le même temps le problème de l’accessibilité de la nourriture ;
  • Ces secteurs qui ne sont pas fermés aux innovations, ont l’avantage de valoriser les savoirs paysans ;
  •  Ces secteurs sont plus aptes à faire face aux aléas climatiques et aux phytopathologies parce que reposant sur la diversité génétique ;
  • Ces secteurs participent au refroidissement de la planète parce qu’ils n’utilisent des énergies fossiles et privilégies les circuits courts pour le transport des aliments ;
  • Parce qu’ils ont un ancrage communautaire assez forts, ces secteurs sont durables.

Il est donc temps de tourner le dos à l’agriculture industrielle, productiviste et chimique dont certains pays continuent de payer très cash, ses effets : exodes ruraux massifs, pollution de l’environnement, perte de la diversité génétique, appauvrissement des paysans…

Il faut mettre un terme au politique de soutien à l’agriculture industrielle à multiples visages : Révolution Verte, AGRA, NASAN… qui entretiennent des contradictions internes très flagrantes. La NASAN par exemple prétend contribuer à la sécurité alimentaire et à la nutrition alors même qu’elle est essentiellement portée sur les cultures d’exportation.

Les révolutions vertes qui se caractérisent par l’usage excessif de produits chimiques, par l’usage non rationnel de l’eau et des semences dites améliorées visent à mettre sous coupe réglée les droits des agriculteurs africains, à travers la criminalisation des semences traditionnelles, l’incitation à l’accaparement des terres et la biopiraterie.

La politique agricole ne sera efficace et efficience si elle refuse d’apporter sa caution aux règles actuelles du commerce international qui recèlent de l’iniquité avec le dumping, les subventions aux paysans du Nord, les APE…

2. Quel rôle et quelle place pour les OSC/acteurs non étatiques (niveau de représentation et participation aux décisions) dans le dispositif institutionnel de mise en œuvre de l’ECOWAP et des politiques agricoles et de SAN en général tant au niveau national que régional?

De tout temps, la société civile a joué et continue de jouer un rôle résiduel dans la définition des politiques. On la confine jusque-là un rôle de contrepouvoir et non une véritable force de proposition. En effet, elle est appelée à agir en aval après le tracé des cadres politiques et règlementaires en matière agricole. Il est temps d’inverser les rôles car la société civile qui porte en elles les aspirations des communautés et des populations à la base doit désormais proposer ses solutions.

3. Quelle plateforme multi-acteurs et multi-secteurs pour faciliter le dialogue et les négociations sur les politiques, programmes et investissements, la redevabilité, etc. ?

La plupart du temps, la représentativité au sein des plates-formes est en défaveur de la société civile. Il faut créer le déséquilibre pour la société civile bénéficie d’une forte représentativité dans les négociations. Il faut surtout s’assurer de la qualité, des compétences et de la probité intellectuelle et morale  des personnes impliquées dans les différentes négociations.

 

>> English translation <<

 

1. What will be an effective and efficient regional governance for Food Security and Nutrition in West Africa?

The biggest problem for governance in Africa can be found in the binding of national economies to capitalism.  The agricultural policies of the community have not escaped it. In general terms, the agricultural projects that we try to set up in our African countries, despite their pharaonic character, often come to nothing because they are the reflection of imported institutional implants and do not have any community character.   They are detached from the realities of our land. We see more and more initiatives aimed at undermining the basis of our family farming system, which those commonly called small farmers have been developing for thousands of years. Therefore, contrary to wrongly accepted ideas, it is well known that 70% of the food that we take each day comes from the labor of these farmers, using only 25% of the world’s arable land. What do we have to conclude?  We have to make the observation that the world agricultural sector is supported by small farmers who paradoxically do not benefit from any subsidy by their respective States. The choice of an agricultural policy which aims, come what may, at the investment of gigantic sums in agro-business does not serve in reality anything other than the selfish mercantile interests of some multinationals to the detriment of the people.

To be effective and efficient, regional governance must discard its vision of westernized agriculture firmly directed towards the unrestrained pursuit of profit, through the export of cash crops.

This will require the redefinition of priorities: to achieve "the objective of Zero Hunger in the community space" the policies should be oriented towards the support and backing of family based agriculture and agro-ecology, for the following reasons:

  • It is these closely linked sectors that provide for the food needs of cities and villages, correcting in this way the problem of availability of food;
  • These sectors favor the local markets and at the same time reduce the problem of food accessibility;
  • These sectors which are not closed to innovations, have the advantage that they profit from the knowledge of farmers;
  • These sectors are more adept at facing  climatic hazards and plant diseases because they rely on genetic diversity;
  • These sectors contribute to the cooling of the they planet because they do not use fossil  fuels and prefer delivering their food products over short distances;
  • Because they have a strong community foundation, these sectors are sustainable.

 

It is therefore time to turn our back on industrial, highly intensive and chemical agriculture whose costly effects continue to be suffered by certain countries: massive rural exodus, environmental pollution, loss of genetic diversity, impoverishment of farmers...

It is necessary to put a stop to the policy of support for multi-faceted industrial agriculture: Green Revolution, AGRA [Alliance for a Green Revolution in Africa], NASAN [New Alliance for Food Security and Nutrition] ... which contain very obvious internal contradictions. NASAN, for example, pretends to contribute to food security and nutrition, while it is essentially concentrated on export crops.

The green revolutions which are characterized by the excessive use of chemicals, by the irrational use of water and supposedly improved seeds, aim at cutting away the rights of the African farmers, through the criminalization of traditional seeds, inciting monopolization of land and bio-piracy.

The agricultural policy will not be effective and efficient unless it refuses to give its endorsement to the present rules of international trade which harbors iniquity with dumping, subsidies to farmers in the North, the APE [European Producer Associations]...

2. What role and which place will have the non-state actors /civil society organizations (level or representation and participation in the decisions) in the institutional system of implementation of the ECOWAP and the agricultural policies and the NFS [National Food Security] in general both at national and regional level?

In all eras, civil society has played and continues to play a residual role in the definition of policies. It has been confined to a counter-balancing role and not as a real force for making proposals. In reality, it is obliged to act according to the lines established by the political and legislative organizations concerning agricultural affairs. It is time to reverse the roles because the civil society which represents the aspirations of communities and grassroots population must henceforth propose solutions for them.

3. Which multi-actors and multi-sector platform should be used to facilitate dialogue and negotiations on policies, programs and investments, accountability, etc.?

Most of the time, representation from within the platforms’ center is at a disadvantage of civil society. It is necessary to create disequilibrium in order for civil society to benefit from strong representation in the negotiations. It is important, above all, to ensure the quality, competences and the intellectual and moral integrity of those involved in the different negotiations.

Imma de Miguel

Oxfam
Benin

>> Français <<

 

Bonjour Mamadou et membres du Forum,

Voici la contribution d'OXFAM qui représente un avant gout d’une étude que nous allons lancer avant la conférence ECOWAP 10.

L’ECOWAP : une politique MORCELÉE

Partenaires au développement et institutions régionales doivent répondre aux enjeux de leadership et de coordination pour construire une politique agricole commune en Afrique de l’Ouest

Dix ans après le lancement de la politique agricole et alimentaire de la CEDEAO, censée canaliser les efforts dans le secteur, le bilan des enjeux de coordination est sévère. Plusieurs pôles régionaux continuent de se concurrencer, tant sur les orientations politiques que sur la mise en œuvre des projets, avec la complicité de certains partenaires au développement. En imposant parfois leurs propres cadres d’intervention, ils affaiblissent les instances régionales et renient leurs engagements sur l’efficacité de l’aide.

Le processus régional relancé dans les années 2009-2011 après la crise alimentaire mondiale a redonné un véritable élan à l’ECOWAP, la politique agricole et alimentaire de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) adoptée en 2005. En 2009, la signature du « Pacte régional pour la mise en œuvre de l’ECOWAP » permis de fédérer l’ensemble des acteurs autour d’engagements communs, en particulier liés à l’application des principes de leadership, d’alignement et de coordination des interventions dans le secteur agricole et alimentaire au niveau régional. Ce pacte fut suivi en 2010 par l’adoption du Programme régional d’investissement agricole (PRIA) donnant corps à la politique agricole régionale, puis en 2011 par la création du dispositif institutionnel chargé du pilotage, de l’exécution et du financement du PRIA (ce dispositif est constitué de l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation, du Fonds régional pour l’agriculture et l’alimentation (FRAA) ainsi que de plusieurs dispositifs de concertation). Dans le même temps la CEDEAO pilotait des processus similaires au sein des pays membres, aboutissant à la formulation de programmes d’investissements agricoles nationaux (PNIA). Elle montrait ainsi son leadership dans le pilotage de l’initiative et son engagement à opérationnaliser l’ECOWAP, tout en poussant les partenaires au développement à concrétiser les principes de l’efficacité de l’aide.

Six années plus tard, le bilan parait malheureusement assez sévère. Comme le soulignait à juste titre le Mémorandum de la CEDEAO relatif au bilan des activités réalisées en 2011-12 : « le passage de multiples programmes et projets à une approche intégrée au sein d’une politique cohérente est un exercice d’une extrême complexité ». Cet exercice est plus difficile encore lorsque tous les acteurs ne participent pas aux efforts de coordination, voire lorsque certains au contraire promeuvent et financent des cadres d’intervention parallèles, comme cela est largement le cas dans la région. Le dispositif institutionnel mis en place semble pour le moment incapable de canaliser les initiatives des bailleurs de fonds internationaux et le PRIA est loin de représenter le cadre de référence des interventions agricoles et alimentaires dans la région.

Plusieurs facteurs, largement interdépendants, peuvent expliquer cette situation. La CEDEAO est tout d’abord revenue sur l’ensemble des engagements financiers qu’elle avait pris dans le secteur agricole et alimentaire, faisant face à d’autres priorités sur les plans sécuritaires et sanitaires dans la région. En conséquence, si le fonds régional a bien été créé, il n’a jamais été alimenté et sans cet investissement financier, la CEDEAO a perdu une partie de sa capacité d’entrainement des partenaires au développement. Par ailleurs, l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation (l’ARAA) reste une structure jeune, qui dispose d’une équipe encore insuffisante et peine à émerger. Selon un diagnostic qui semble largement partagé par les partenaires au développement, l’ARAA ne dispose toujours pas de l’autonomie suffisante vis à vis du Département de l’Agriculture, Environnement et Ressources en eau. Elle n’offre pas non plus les garanties suffisantes pour gérer des fonds, ni des capacités pour gérer des projets d’envergure. De nombreux bailleurs mettant en œuvre directement leurs financements à travers d’autres institutions régionales, la CEDEAO et l’ARAA se révèlent dans l’incapacité de coordonner l’ensemble des projets, dont une partie est faiblement aligné sur les orientations ou le dispositif institutionnel de l’ECOWAP.

Certaines institutions, dont le leadership et les procédures sont jugés moins contraignants par les bailleurs connaissent un nouvel essor. C’est le cas par exemple du CILSS (le Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel), qui met en œuvre une part croissante des programmes à dimension régionale financés par les partenaires au développement ces dernières années. Les récentes conventions signées avec des bailleurs « non traditionnels » du CILSS (Banque mondiale, Banque africaine de développement, Banque islamique de développement) représentent notamment plusieurs centaines de millions de dollars. Alors que le CILSS est censé agir comme le « bras technique » de la CEDEAO sur la mise en œuvre de l’ECOWAP, les instances de la CEDEAO ne sont pourtant pas impliquées dans la conception de nombreux programmes régionaux mis en œuvre par le CILSS. Mises devant le fait accompli, il ne leur reste parfois qu’à intégrer a posteriori ces projets comme des contributions à la mise en œuvre de l’ECOWAP, alors que les orientations, le périmètre d’intervention ou le dispositif institutionnel ne correspondent pas forcement à ceux définis par la CEDEAO.

De son coté, en décalage avec la temporalité du processus de révision de l’ECOWAP, l’UEMOA a adopté en 2014 un nouveau Programme Communautaire Décennal de Transformation de l'Agriculture pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PCD-TASAN). Ce programme appelle à un « changement de paradigme » dans le secteur agricole, après avoir dressé un constat d’échec des précédentes approches, dont la mise en œuvre des PNIA. Le rapport provisoire de formulation du programme, qui décrit en détail l’ensemble des projets qui le composent, ne fait pratiquement pas mention du PRIA adopté par la CEDEAO en 2010, bien qu’ils en recouvrent très largement les domaines d’intervention.

Dans ce paysage déjà fortement morcelé, les partenaires au développement ne sont pas souvent source de cohérence, au contraire. L’« ECOWAP Group », censé rassembler les principaux partenaires au développement au niveau régional dans une instance de concertation, n’arrive pas à jouer son rôle fédérateur. La participation s’essouffle (les principaux bailleurs de la région étant largement absents des réunions), et ceux qui participent n’ont pas toujours l’information ni le mandat nécessaire pour engager leurs institutions dans de véritables efforts de coordination.

L’exercice de cartographie des interventions, mené dans le cadre de l’ECOWAP Group, représente bien un premier effort de transparence. Cependant près de 90% des programmes recensés dans la base de donnée en 2013 ne spécifient pas les résultats auxquels l’intervention participe au sein d’un des trois objectifs spécifiques du PRIA, rendant tout effort de coordination difficile au-delà d’un échange d’information. Le travail commun d’analyse permettant d’identifier collectivement les besoins ou d’imaginer des revues ou des instructions communes n’a pas non plus été réalisé. Enfin la cartographie donne une vision très partielle des investissements régionaux car les programmes mis en œuvre sans lien direct avec la CEDEAO n’y sont pas systématiquement recensés. Ce point est symptomatique des faibles liens existants entre l’ECOWAP Group et les autres groupes de partenaires techniques et financiers de la région dans le secteur agricole et alimentaire, que ce soit auprès de l’UEMOA ou du CILSS. Si tous les efforts de coordination et d’alignement des partenaires au développement sont a priori louables, il semble problématique qu’il y ait si peu de coordination entre ces groupes et qu’il n’y ait aucune supervision d’ensemble. Enfin, la cohérence et la légitimité de ces différents groupes sont par ailleurs questionnées lorsque certains des plus gros bailleurs régionaux comme la Banque mondiale ou la Commission européenne sont représentés au niveau du CILSS, mais ne participent pas ou plus aux réunions de l’ECOWAP Group.

Dans ce paysage institutionnel complexe, certaines initiatives internationales ou initiées par des partenaires au développement ajoutent encore de la confusion, en promouvant de nouveaux espaces de concertation et de programmation. L’engagement par les pays de la CEDEAO à formuler leurs « priorités résilience pays » (PRP) dans le cadre de l’alliance AGIR en est un exemple, la temporalité s’accordant mieux à la programmation du 11ème Fond européen de développement (FED) qu’à la révision à venir des PNIA et du PRIA. Si les pays qui ont produits leurs PRP se sont appuyés sur les dispositifs PNIA et leurs contenus, l’articulation avec les futurs programmes nationaux d’investissement agricole reste floue pour la plupart des acteurs. « L’initiative Sahel » de la Banque mondiale et son Projet régional d'appui au pastoralisme au Sahel, le PRAPS, qui en est une des cinq composantes, fournissent une autre illustration de la difficulté d’aligner les programmes de partenaires au développement avec ceux du PRIA. Le PRAPS incluant deux pays hors de la zone CEDEAO (la Mauritanie et le Tchad) en plus du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso et du Niger, il se réfère à la « Déclaration de Nouakchott » adoptée le 29 octobre 2013 par les 6 chefs d’États et de Gouvernement à l’initiative de la Banque mondiale, un cadre politique largement élaboré pour l’occasion.

Plus largement, la multiplication des plateformes multi-acteurs issues d’initiatives globales ou promues par des bailleurs depuis 2009, censées assurer un dialogue inclusif et l’adhésion des acteurs aux différentes initiatives, interroge sur la réelle volonté des acteurs de s’attaquer au « mille-feuille » de cadres de concertation existant dans la région[i].

Il est essentiel que le processus de bilan des 10 ans de l’ECOWAP aboutisse à un engagement politique fort et partagé par l’ensemble des acteurs en faveur d’une politique agricole commune et unique dans la région Afrique de l’Ouest. Pour cela, l’ensemble des acteurs régionaux - institutions et organisations régionales, États membres, partenaires au développement, secteur privé et société civile - doivent travailler ensemble à :

  • l’adoption d’une politique régionale unique dans le secteur de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la nutrition, permettant l’alignement effectif des objectifs et des exercices de programmation des différentes organisations régionales et de l’ensemble des partenaires au développement impliqués dans le secteur ;
  • la rationalisation des mandats et des moyens d’intervention des institutions régionales pour permettre la coordination de leurs efforts et la complémentarité de leurs actions pour la mise en œuvre de cette politique commune ;
  • le renforcement du dispositif institutionnel régional adopté en 2010 par la CEDEAO et l’alignement de l’ensemble des interventions des partenaires au développement sur ce dispositif pour lui permettre de jouer pleinement son rôle dans le financement et l’exécution des programmes régionaux ;
  • la coordination effective des interventions des partenaires au développement par la rationalisation des cadres de concertation existants et la promotion en leur sein de groupes thématiques permettant de progresser sur leur alignement programmatique, institutionnel et financier sur le cadre politique et institutionnel régional.

[i] C’est le cas par exemple de l’Alliance AGIR qui a investi le RPCA comme principal espace de concertation, de l’initiative du G8 de la « Nouvelle alliance pour l’agriculture et la sécurité alimentaire » ou les plateformes multi-acteurs promues par l’initiative Scaling Up Nutrition ou encore des récentes initiatives Sahel, qui multiplient leurs propres cadres de concertation et de programmation.

 

>> English translation <<

ECOWAP: a fragmented policy

Development partners and regional institutions should address leadership and coordination issues in order to build a common agricultural policy for West Africa

Ten years after the launch of the ECOWAS policy on food and agriculture that sought to channel efforts in the sector, coordination remains a serious challenge. Several regional initiatives compete with each other both at the political and at the project level, with the complicity of certain development partners. By imposing their own intervention frameworks, development partners often weaken regional authorities and breach their own commitments on aid effectiveness.

Following the global food crisis, the regional process that was launched between 2009-11 gave real impetus to ECOWAP, the Regional Agricultural Policy that had been adopted by the Economic Community of West African States (ECOWAS) back in 2005. In 2009, the signature of the “Regional Partnership Compact for the Implementation of the Comprehensive Africa Agriculture Development Programme in West Africa (ECOWAP/CAADP)” rallied key actors around common commitments, particularly those linked to the application of the principles of leadership, alignment and coordination of interventions in the food and agriculture sector at the regional level. This Pact was followed by the adoption of the Regional Agricultural Investment Plan (RAIP) in 2010, which shaped the regional agricultural policy, and by the creation of the institutional framework in charge of steering, executing and financing the RAIP. This framework is composed of the Regional Agency for Agriculture and Food (RAAF), the Agriculture and Food Development Fund (ECOWAPDF) as well as several consultative bodies. At the same time, ECOWAS was steering similar processes in member countries, with the aim of formulating national agricultural investment plans (NAIP). ECOWAS thereby showed its leadership in steering the initiative as well as its commitment to operationalize ECOWAP, while at the same time pushing development partners to concretise the principles of aid effectiveness.

Unfortunately, six years later the outcome seems quite stark. As the ECOWAS Memorandum on the activities carried out in 2011-12 rightly highlighted, “the move from multiple programmes and projects to an integrated approach within a coherent policy constitutes an extremely complex exercise”. This exercise is made even more difficult by the fact that not all the stakeholders take part in coordination efforts, while others go as far as to promote and finance parallel intervention frameworks, as is largely the case in the region. For now, the institutional framework in place seems to be unable to channel the initiatives of international donors and the RAIP is far from representing a reference framework for agricultural and food interventions in the region. 

Several largely interrelated factors may explain this situation. First of all, ECOWAS went back on all the financial commitments it had adopted in the food and agriculture sector to face other priorities in the areas of safety and health in the region. Consequently, even if the regional fund was created, it has never been financed and without financial investment, ECOWAS has lost part of its capacity to spearhead development partners. Furthermore, the Regional Agency for Agriculture and Food (RAAF) remains a young structure with an insufficient team and still struggling to emerge. According to a diagnosis that seems largely shared by development partners, RAAF does not yet have sufficient autonomy vis à vis the Department of Agriculture, Environment and Water Resources. Nor does it offer enough guarantees to manage the funds nor have the capacity to manage large-scale projects. While several donors are providing their funds through other regional institutions, ECOWAS and RAAF find themselves unable to coordinate all the projects, part of which are weakly aligned with the guidelines or with the institutional framework of ECOWAP.

Certain institutions that donors consider to be less restrictive are experiencing a new upswing. This is the case of CILSS (Permanent Inter-State Committee for Drought Control in the Sahel), for example, which has been implementing a growing number of regional programmes financed by development partners in recent years. Recent conventions signed with non-traditional CILSS donors (World Bank, African Development Bank, Islamic Development Bank) currently represent several hundred million dollars. Despite the fact that CILSS is supposed to act as the “technical arm” of ECOWAS in the implementation of ECOWAP, ECOWAS bodies are not involved in the design of numerous regional programmes implemented by CILSS. Faced with the fait accompli, there is only left for them to integrate these projects as contributions to the implementation of ECOWAP a posteriori, even if the direction, the scope of the intervention or the institutional provisions do not necessarily correspond to those defined by ECOWAS. 

For its part, WAEMU adopted a new « Programme Communautaire Décennal de Transformation de l'Agriculture pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PCD-TASAN) » (“Ten years programme for Agriculture transformation for food security and nutrition”) in 2014 (with a certain time-lag with the revision of ECOWAP). This programme calls for a «paradigmatic shift » in the agriculture sector, having noted the failure of previous approaches, such as the implementation of the NAIP. The provisional programme formulation report, which provides a detailed account of all the projects that compose it, makes almost no mention of the RAIP adopted by ECOWAS in 2010, even if it largely covers the same intervention areas. 

In a context that is already deeply fragmented, development partners are not often a source of coherence, but in fact the opposite. The “ECOWAP Group” that was supposed to bring together key development partners at the regional level through a coordination mechanism is not succeeding in playing its convening role. Since the main donors present in the region are largely absent from meetings, participation falters and those who do participate do not always have the information and/or the necessary mandate to involve their institutions in real coordination efforts.

The intervention mapping exercise conducted within the framework of the ECOWAP Group constitutes a first effort in the quest for transparency. Nevertheless, almost 90% of the programmes recorded in the 2013 data base do not specify the results to which the intervention contributes in one of the three specific objectives of the RAIP, which makes any coordination effort difficult beyond a mere information exchange. The ordinary analytical work that would normally allow collective needs assessments or reviews or common instructions has not been carried out. Finally, the mapping provides a very partial vision of regional investments since the programmes that are implemented without a direct link with ECOWAS are not systematically included. This point provides a good indication of the weak links that exist between the ECOWAP Group and other groups of technical and financial partners (TFP) working in the food and agriculture sector in the region, whether with WAEMU or the CILSS. Even if all coordination and alignment efforts are commendable in principle, it seems problematic for such little coordination to exist and for no overall supervision to be in place. Lastly, the coherence and legitimacy of these different groups are questioned given that some of the largest regional donors such as the World Bank or the European Commission are represented at the CILSS but do not participate (or no longer participate) at the ECOWAP Group meetings.       

In this complex institutional context, certain international initiatives or initiatives promoted by development partners add confusion, by promoting new spaces for coordination and programming. The commitment of ECOWAS countries to formulate their «national resilience priorities» (NRP) within the framework of the AGIR is an example of this, since its timing was more aligned with the programming of the 11th European Development Fund (EDF) than with upcoming revisions of the NAIP and RAIP. Even if countries that have developed their NRP have based them on NAIP and their contents, articulation with future national agricultural investment programmes remains unclear for most of the actors involved. The World Bank’s Sahel Initiative and the Regional Sahel Pastoralism Support Project (PRAPS), which is one of its five main components, provides another illustration of the difficulties involved in aligning programmes implemented by development partners with those of the RAIP. PRAPS includes two countries from outside ECOWAS (Chad and Mauritania) apart from Senegal, Mali, Burkina Faso and Niger, and it makes reference to the Nouakchott Declaration adopted on the 29th October 2013 by 6 heads of State and Government at the behest of the World Bank, in what constitutes a political framework primarily elaborated for the occasion.  

More generally, the multiplication of multi-actor platforms as a result of global initiatives or of initiatives promoted by donors since 2009, which were supposed to ensure inclusive dialogue and participation in different initiatives, raises the question of whether there is a real will on the part of actors to address the multi-layered coordination frameworks that exist in the region[1].

It is essential for the first 10-year review process of ECOWAP to bring about a strong political commitment shared by all actors for a single common agricultural policy in West Africa. In order to achieve this, all regional actors (institutions and regional organisations, Member States, development partners, private sector and civil society) must work together to:

Adopt a single regional policy for the agriculture, food security and nutrition sector, that allows the effective alignment of the objectives and formulation exercises of different regional organisations and of all the development partners involved in the sector;

Rationalise the mandates and resources of regional institutions to allow the coordination of their efforts and the complementarity of their actions in the implementation of this common policy; 

Strengthen the regional institutional framework adopted by ECOWAS in 2010 and align the interventions of development actors with this framework in order to allow ECOWAS to play its full role in both the financing and the implementation of regional programmes;

Ensure effective coordination of development partner interventions by rationalising existing coordination mechanisms and promoting thematic groups that allow them to advance in their programmatic, institutional and financial alignment in the political and institutional regional framework. 


[1] This is the case for example of the ACT Alliance which invested RPCA the main space for dialogue , the G8 initiative " New Alliance for Agriculture and Food Security" or promoted multi-stakeholder platforms by Scaling Up Nutrition initiative or recent Sahel initiatives , which multiply their own consultation and programming frameworks

 

 

>> Français <<

 

Nécessité d'amélioration des investissements agricoles.

J'avais tantôt parlé de transition agricole. Ceci est important parce qu'il a été prouvé qu'il y a une corrélation positive entre la transition agricole et la croissance économique. La transition agricole devrait se traduire par l'amélioration de la productivité agricole et le développement du secteur agroindustriel qui absorberait progressivement une bonne part de la population active employée maintenant dans l'agriculture. Car, dans une agriculture performante, il faut moins de personnes pour nourrir beaucoup plus de consommateurs. C'est déjà le cas en Amérique latine où l'agriculture n'occupe que 2,9 % de la population active, alors que ce taux est encore à 70 % en Afrique de l'Ouest.

Aussi, le secteur agricole est-il reconnu comme étant celui où l'investissement est susceptible d'induire une croissance économique pro-pauvres; une croissance économique qui profite plus que proportionnellement aux pauvres. C'est dire que les maux ne finiront pas en Afrique de l'Ouest si l'on ne réussit pas à rendre le secteur bien attrayant pour les jeunes. A preuve, le rapport 2015 de la Banque mondiale indique l'évolution de la pauvreté dans une Afrique en plein essor économique (taux de croissance annuel moyen de 4,5 % depuis 20 ans). C'est pourquoi je proposais une affectation judicieuse de l'investissement dans le secteur agricole. Les postes d'affectation listés sont ceux qui constituent à ce jour les vrais goulots pour les producteurs et surtout pour les jeunes : mécanisme de financement inapproprié, risques élevés (risques climatiques, risques de production, risques économiques et financiers). A ce sujet, il est bien regrettable qu'il y ait encore des pays ouest africains qui ne disposent pas encore d'une banque agricole; exception faite des pays tels que la Côte d'Ivoire, le Mali, le Nigeria et le Burkina Faso qui en disposent déjà. En fait, aucune autre institution ne pourrait servir mieux les entrepreneurs agricoles en dehors des banques agricoles qui sont censées financer l'agriculture avec prise en compte stricte des réalités agroéconomiques et sociales de la région.

 

>> English translation <<

 

The need to improve agricultural investments.

I have spoken earlier of agricultural transition. This is important because it has been proven that there is a positive relationship between agricultural transition and economic growth. Agricultural transition should be evident in an improvement of agriculture productivity and in the development of the agro-industrial sector which will progressively absorb a good part of the active population employed at present in agriculture. Thus, with a well -performing agricultural sector, less people are needed to be employed in order to feed many more consumers. That is already the case in Latin America where agriculture occupies only 2,9% of the active population, whereas the equivalent rate is still 70% in West Africa.

At the same time, the agricultural sector is recognized as being that in which investment is able to produce economic growth in favor of the poor; an economic growth that will bring disproportionate profit to the poor. That is to say that the evils will not finish in West Africa if we do not succeed in rendering the sector attractive to the young. As a proof, the 2015 World Bank report marks the evolution of poverty in an Africa in full economic boom (average annual growth rate of 4.5 over 20 years).  This is why I propose a judicious allocation of investments in the agricultural sector. The allocation areas listed are those that constitute these days the true bottlenecks for producers and above all for the young: inappropriate funding mechanism, high risks (climate risks, production risks, economic and financing risks). On this subject, it is very regrettable that there are still West African countries that do not have an agricultural bank; the exception being countries like Ivory Coast, Mali, Nigeria and Burkina Faso that already have them. Indeed, no other institution could better serve the agricultural entrepreneurs apart from agricultural banks which are charged with the financing of agriculture taking strict account of the agro-economic and social realities in the region.

 

>> Français (English below) <<

Chères amies et chers amis actrices et acteurs du développement Agricole en Afrique de l’Ouest,

Il y a déjà deux sémaines que nous avons lancé ce débat sur la gouvernance des politiques et des programmes Agricoles en Afrique de l’Ouest en lien avec l’ECOWAP et l’Initiative « Faim Zéro ». Certains d’entre vous ont fait des contributions très pertinentes et même ouvert quelques fois d’autres pistes pour les échanges. Toutes mes félicitations à ces contributeurs.

A quelques jours de la fin de ces discussions en ligne, j’exhorte celles et ceux qui n'ont pas contribué à prendre un peu de leur temps pour partager leurs points de vue sur les trois questions posées. Pour celles et ceux qui l’ont déjà fait, elles/ils peuvent continuer à enrichir les différentes contributions.

Cette discussion est fondamentale pour nous et j’ose espérer que vous prendriez un peu de temps pour réagir. L’avenir Agricole de notre région est en débat, nulle personne ne doit rester en marge. J’espère vous lire très bientôt en ligne avant de faire la synthèse des discussions.

Merci d’avance pour vos précieuses contributions et les documents à partager.

Le facilitateur

Mamadou GOÏTA 

IRPAD

 

>> English version <<

Dear friends, key actors of Agriculture development in West Africa,

Two weeks ago, we launched the online discussion on the Agricultural policies and programmes’ governance linked to ECOWAP and the « Zero Hunger Initiative ». Some of you have contributed very positively to the online discussions. Congratulations for them and I really appreciate the high quality of their contributions with relevant documents posted sometimes.

There are just few days remaining before we close the discussions. I’ll encourage those who didn’t contribute to do so in sharing their views that are very important for us. For those who already contributed, you can continue the discussion in raising new issues or completing your thoughts.

This online discussion are fundamental for us and I sincerely hope you’ll take some of your precious time to add your voice/writing. This is about the future of Agriculture in our region, nobody should be left out from the debate or marginalized. I really hope to read you soon before proceeding to the synthesis of pur discussions.

Thanks in  advance for your future highly appreciated and valuable contributions and documents.

The facilitator

Mamadou GOÏTA

IRPAD

 

 

>> Français <<

 

Quelle politique d’investissement pour la transition agricole de l’Afrique de l’Ouest ?

Contexte

L’importance de l’agriculture pour le développement de l’Afrique en général et de l’Afrique de l’Ouest en particulier, est reconnue depuis des décennies. En témoignent les documents de politique continentale et régionale qui ont toujours souligné cette importance cardinale du secteur agricole pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’emploi, la réduction de la pauvreté et le développement de l’Afrique. Ainsi, le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) a été initié dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et adopté à Maputo (au Mozambique) en 2003. Par dérivation du PDDAA, la Politique agricole régionale de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP) a été élaboré en 2005, avec pour objectif de « … contribuer de manière durable à la satisfaction des besoins alimentaires de la population, au développement économique et social et à la réduction de la pauvreté dans les États membres, ainsi que des inégalités entre les territoires, zones et pays ». Le PDDAA a fixé pour objectifs aux Etats africains de relever la productivité agricole de 6 % par an et de porter les efforts budgétaires consacrés par ces Etats à l’agriculture à au moins 10 % de leur budget.

Malheureusement, les fruits ne tiennent pas encore la promesse des fleurs. La preuve est que près de 33 pour cent de la population d’Afrique subsaharienne, soit environ 200 millions de personnes, sont sous-alimentées, dont 60 pour cent dans des pays en conflit (Kidane et al., 2006). La région reste, dans l’ensemble, fréquemment exposée à la famine et aux crises alimentaires, facilement déclenchées par la moindre sécheresse, inondation, invasion de ravageurs, récession économique ou situations de conflit. L’Afrique subsaharienne est la seule région du monde où l’on prévoit une aggravation du problème de la faim au cours des vingt prochaines années si des mesures radicales ne sont pas prises pour instaurer la paix, améliorer la gouvernance et parvenir au développement économique nécessaire pour inverser la tendance actuelle. Dans le même temps, à ce jour, on peut dire globalement que les gouvernements africains n’ont pas encore réussi à satisfaire les exigences du PDDAA, même si les pays comme le Niger, le Mali, le Sénégal, le Malawi, l’Ethiopie et le Burkina Faso ont pu franchir le seuil de 10 %. Les pays africains ont augmenté en moyenne leurs dépenses d’un taux moyen de 8,5 % par an sur la période 2003-2010, soit de 10,1 milliards de dollars par pays en 2003 à 16,9 milliards en moyenne en 2010. Sur cette période, la part consacrée aux dépenses publiques agricoles pour toute l’Afrique a augmenté de près de 0,39 milliard de dollars en moyenne par pays en 2003 à 0,66 milliard de dollars en 2010 (Benin & Yu, 2013).

Cet état des lieux inspire trois actions principales.

1- Amélioration de la gouvernance régionale pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition en Afrique de l’Ouest

A ce sujet, j’avais publié en 2014 un article sur le blog de la Fondation pour l’Agriculture et la Ruralité dans le Monde (FARM) ; article accessible en ligne:

http://www.fondation-farm.org/zoe.php?s=blogfarm&w=wt&idt=1851

2- Renforcement des investissements dans l’agriculture, avec une bonne implication des ANE à travers une plateforme opérationnelle

Les défaillances connues dans le respect des engagements et la mise en œuvre des programmes de développement agricoles appellent la nécessité de changer la manière d’agir. A cet effet, il semble plus opportun que les Etats ouest africains prennent désormais des engagements plus sérieux, notamment à travers l’élaboration et le vote de Lois d’orientation agricole (LOA). Celles-ci auront plus de pouvoir de coercition et pour s’imposer aux gouvernants que les simples déclarations et engagements pris à ce jour. Certains pays disposent déjà d’une Loi d’orientation agricole. C’est le cas du Sénégal et du Mali. L’espoir de développement est plus permis dans ces pays. Dans la dynamique de mise en place des LOA, les Organisations de la société civile (OSC) auront un rôle primordial ; celui de plaidoyer et de lobbying pour la mise en route et l’achèvement du processus de mise place des LOA et celui de veille citoyenne pour leur mise en œuvre. Cette veille citoyenne pourrait être appuyée par une plateforme multi-acteurs formelle aux fins d’une bonne coordination des actions et d’une approche holistique de résolution des problèmes qui se posent au secteur agricole ouest africain. Cette plateforme pourrait réunir notamment, les producteurs agricoles, les transformateurs de produits agricoles, les acteurs de la commercialisation des produits agricoles et agroalimentaires, les Partenaires techniques et financiers (PTF) intéressés aux questions agricoles en Afrique de l’Ouest. Cette plateforme pourra entre autres traiter des questions des institutions de financement agricole en Afrique de l’Ouest et de l’accessibilité du Nigeria et du Ghana pour l’intensification du commerce intra-régional en Afrique de l’Ouest.

3- Affectation judicieuse des investissements pour induire et accélérer la transition agricole en Afrique de l’Ouest 

Ce serait une erreur aujourd’hui d’orienter prioritairement les ressources nécessaires au relèvement de la part des dépenses publiques dans l’agriculture vers les tâches administratives du secteur agricole. La priorité doit être que des investissements conséquents soient déployés pour l’aménagement foncier, la construction de pistes de desserte rurale, la recherche agricole et surtout la sécurité sociale des producteurs (assurance récolte, assurance aléas climatiques, assurance santé).

Références bibliographiques

Benin, S. & Yu, B. (2013): Complying the Maputo Declaration Target: Trends in public agricultural expenditures and implications for pursuit of optimal allocation of public agricultural spending. ReSAKSS Annual Trends and Outlook Report 2012. Washington: International Food Policy Research Institute (IFPRI), 96 p.

Kidane, W., Maetz, M. & Dardel, P. (2006) : Sécurité alimentaire et développement agricole en Afrique subsaharienne, Dossier pour l’accroissement des soutiens publics, Rapport principal, Rome : FAO, 127 p.

>> English <<

 

What policy of investment for the agricultural transition in West Africa?

Context

The importance of agriculture for the development of Africa in general and for West Africa in particular, has been recognized for decades. Continental and regional policy documents bear witness, which have always emphasized the primary importance of the agricultural sector for food security and nutrition, employment, reduction of poverty and the development of Africa. Thus, the Comprehensive African Agriculture Development Programme (CAADP) was started in the framework of the New Partnership Programme for Africa's Development (NEPAD) and was adopted in Maputo (Mozambique) in 2003. By derivation from CAADP, the Regional Agricultural Policy for West Africa was drawn up in 2005, with the objective: to “contribute in  a sustainable way to meeting the food needs of  the population, to economic and social development, to the reduction of poverty in the Member  States, and thus to reduce existing inequalities  among territories, zones and nations.”  The CAADP has set as objectives for the African States to increase agricultural productivity by 6% per year and to raise the budgetary contribution dedicated by these States to agriculture to at least 10% of their budget. 

Unfortunately, the fruits have not yet borne out the promise of the blossoms. The proof is that nearly 33 percent of the Sub-Saharan African population, that is around 200 million people, are under-fed, of which 60 percent are from countries in conflict  (Kidane et al., 2006). The region remains, as a whole, frequently exposed to famine and other food crises, easily triggered by the least drought, flooding, pest invasion, economic recession or conflict situations. Sub-Saharan Africa is the only region in the world where one anticipates a worsening of the hunger problem in the next twenty years if radical measures are not taken to establish peace, improve governance and achieve the economic development necessary to reverse the present tendency. At the same time, these days, one could say that in general African governments have not yet succeed in satisfying the demands of CAADP, even if countries like Niger, Mali, Senegal, Malawi, Ethiopia and Burkina Faso have managed to cross the 10% threshold. The countries of Africa have increased on average their expenditure at an average rate of 8.5% per year in the 2003-2010 period, that is from10.1 billions of dollars per country in 2003 to 16.9 billion on average in 2010. During this period, the part dedicated to agricultural public expenses for the whole of Africa has increased from nearly 0.39 billion dollars on average per country in 2003 to 0.66 billion dollars in 2010 (Benin & Yu, 2013).

This state of affairs calls for three main actions.

1- Improvement of regional governance for food security and nutrition in West Africa 

On this subject, I have published in 2014 an article on the Foundation for World Agriculture and Rural Life (FARM), blog; the article is accessible on line:

http://www.fondation-farm.org/zoe.php?s=blogfarm&w=wt&idt=1851

2- Reinforcement of investments in agriculture, with a good implication of ANE through an operational platform

The known failures related to engagements and implementation of agricultural development programs calls for a change in the way of operating. To this effect, it seems more opportune that the West African States commit henceforth to more serious engagements, in particular through the drawing up and voting of the Laws for agricultural orientation (LOA). These will have more power of coercion and obligation on governments than the simple declarations and engagements taken up to now. Some countries already have a law for agricultural orientation. This is the case of Senegal and Mali. The hope of development is more nurtured in these countries. In the dynamic of the implementation of the law of agricultural orientation, the civil society organizations will have a primary role; that of pleading and lobbying for the startup and achievement of the process of setting up the law of agricultural orientation and that of citizen watch over its implementation. This citizen-watch could be supported by a formal multi-actor platform with the objective of good co-ordination of actions and a holistic approach to resolving the problems which the West African agricultural sector poses. This platform could bring together in particular, the agricultural producer, the transformers, the traders of agricultural and agro-food products, the technical and financial parteners interested in the agricultural questions of West Africa. This platform could among others, deal with the questions of agricultural finance institutions in West Africa and the accessibility of Nigeria and Ghana for the reinforcement of intra-regional commerce in West Africa.

3- Effective allocation of investments to induce and accelarate agricultural transition in West Africa 

It would be an error today to give priority to the redirection of the resources needed to relieve the contribution of public expenditure in agriculture towards the administrative tasks of the agricultural sector. The priority should be for relevant investments to be deployed for land management, the construction of rural service roads, agricultural research and particularly the social security of producers (harvest insurance, weather hazards insurance and health insurance).

Bibliographic references

Benin, S. & Yu, B. (2013): Complying the Maputo Declaration Target: Trends in public agricultural expenditures and implications for pursuit of optimal allocation of public agricultural spending. ReSAKSS Annual Trends and Outlook Report 2012. Washington: International Food Policy Research Institute (IFPRI), 96 p.

Kidane, W., Maetz, M. & Dardel, P. (2006) : Sécurité alimentaire et développement agricole en Afrique subsaharienne, Dossier pour l’accroissement des soutiens publics, Rapport principal, Rome : FAO, 127 p.

 

 

>> Français <<

 

Nous savons que la population est plus 7 Milliards aujourd'hui dans le monde et passera à plus de 9 Milliards à 2050. Le rapport 2014 de la FAO montre que 60% des terres cultivables sont en Afrique et les 40% restantes sont répartis dans le reste du monde. Mais la famine, la pauvreté a pour berceau l'Afrique. L'objectif 2 des ODD prévoie l'éliminer de la faim sur toutes ces formes et partout d'ici 2030.

Quelle gouvernance pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique de l'Ouest?

Nous savons que les gouvernements font beaucoup d'effort pour l'autosuffisance alimentaire mais en vain. Les agriculteurs aussi luttent pour la même cause mais la faim est toujours là. Il faut alors changer de politique. Repertorier sur le plan régional les terres cultivables, moderniser l'agricuture avec des techniques et technologies nouvelles en impliquant les OSCs, les scientiques, le secteur privé etc...

Pour ce faire, former un comité multisectoriel pour etudier, planifier, exécuter et gérer des projets agricoles (ex: Nama) dans les pays choisis pour des productions industrielles.

La transparence, la mobilisation des ressources humaines sur le plan régional et international seront un atout pour cette gouvernance inclusive.

A cet effet, il faut organiser des rencontres régions pour les différents acteurs et pour des différents domaines de cultures.

>> English translation <<

 

We know that the world population is over 7 billion today and will grow to over 9 billion in 2050. The 2014 FAO Report shows that 60% of arable land is in Africa and the remaining 40% is spread over the rest of the world. However, hunger and poverty mainly originates in Africa. The objective of Development Goal n. 2 provides for eliminating hunger in all its forms and throughout 2030.

What governance for Food Security and Nutrition in West Africa?

We know that governments make a lot of effort to food self-sufficiency but in vain. Farmers are also fighting for the same cause but hunger is always there. It is then necessary to change policy. Cataloguing farmland at regional level, modernize agriculture with new techniques and technologies involving CSOs, scientists, the private sector etc… To do this, form a multisectoral committee to study, plan, execute and manage agricultural projects (eg Nama) in selected countries for industrial productions.

Transparency, mobilization of human resources at regional and international level will be an asset to this inclusive governance.

To this end, we must organize regional meetings for different players and for different crops.