Foro Global sobre Seguridad Alimentaria y Nutrición (Foro FSN)

1. If you were designing an agricultural investment programme, what are the top 5 things you would do to maximize its impact on nutrition?

Au Cameroun à l’exemple de l’Afrique subsaharienne, la zone des savanes est plus vulnérable que la zone forestière. Les programmes abordant les thématiques suivantes seraient prioritaires :

1.1- Accroitre la production agricole : en particulier intensifier à travers les axes suivants,

- renforcer l’accès aux intrants agricoles de qualité, avec en priorité les semences, les engrais et les produits phyto-sanitaires. Par exemple, le système semencier au Cameroun est orienté d’abord vers les cultures industrielles (cacao, coton, bananier, palmier), très faiblement vers les denrées amylacées (céréales, racine et tubercules) et les fruitiers (agrumes, manguiers), quasi-inexistant pour les légumineuses (arachides, niébé, haricot, soja) et les légumes feuilles. Au niveau animalier, seule la filière « poulet » semble émerger. Les efforts de développement des autres espèces animales (bovin, ovin, caprin, porcs...) et halieutiques sont soit inexistants soit imperceptibles.

- accroitre les possibilités de mécanisation de certaines opération-clés : labour (traction animale ou tracteur motorisé), semis (semoir mécanisé ou motorisé) et égrenage. Il y a insuffisance de ces prestations à travers des services collectifs ou individuels. Au nord-Cameroun, seuls 15 à 20% des exploitations ont des équipements de traction animale (paire de bœuf, âne, cheval) et le semis et l’égrenage se font à 95-99% manuellement.

1.2 – Mieux gérer la production

- renforcer le stockage des récoltes. Des initiatives publiques (Office Céréalier, MIRAP) et privées (Confédération Nationale des Producteurs de Coton du Cameroun) et humanitaires (PAM) existent dans le sahel mais elles sont individuelles. Leur effets sont parcellaires et leur impact peu visible sur les populations (au sahel).

1.3- Mieux éduquer sur la nutrition

- Inclure l’éducation nutritionnelle dans les programmes de formation des formateurs et de renforcement des capacités des producteurs entre autre acteurs agro-sylvo-pastoraux. L’importance nutritionnelle des légumineuses, des légumes-feuilles, des fruits tropicaux, des insectes (termites) de lait (bovin), des œufs (poules, canard, pigeons, cailles) et bien d’autres produits animaux et halieutiques entre autres produits forestiers non-ligneux est mal connue (ou absolument pas) par les groupes vulnérables et les décideurs. Cette biodiversité est pourtant disponible et accessible. Elle mérite d’être mieux connue non seulement pour sa valeur marchande mais également pour sa richesse en nutriments.

 

2. To support the design and implementation of this programme, where would you like to see more research done, and why?

- Mieux appréhender la dynamique de diversification entamées par les paysans à travers les cultures de contre saison (sorgho de contre saison, maraichage, racines et tubercules), l’agriculture périurbaine et celle des bas fonds. La sécurité alimentaire reste une affaire des paysans tel que le montre les exemples du sorgho de contre saison (dans le bassin du lac Tchad) et du riz (réémergent depuis la crise cotonnière) au nord-Cameroun.

- densifier la recherche en faveur de systèmes de multiplication et fourniture des semences de qualité (céréales, légumineuses...), les systèmes favorisant la conservation des sols (couverture végétale) ou leur enrichissement (agro-foresterie, résidus de récoltes et autres matières organiques),

- comprendre les mécanismes actuels (public et privé) de stockage des récoltes (acteurs, financement, fonctionnement...) afin de les rendre davantage performants.

- étudier et communiquer sur la composition nutritionnelle des denrées et l’impact des traitements post-récolte et culinaires sur leur valeur et la disponibilité des nutriments. En fait la recherche gagnerait à mieux étudier l’évolution des pratiques alimentaires dans le contexte de crises (environnementale ou politico-militaire) et les stratégies locales et régionale d’adaptation ou de mitigation des crises. Elles permettent à aux populations du nord Cameroun de survivre et contiennent probablement (au moins en partie) les bases de la réussites des politiques.

3. What can our institutions do to help country governments commit to action around your recommendations, and to help ensure implementation will be effective?

- encourager le gouvernement à renforcer les capacités (humaine, matérielle et financière) des ministères en charge de l’agriculture et de la recherche. Après près de 20 ans sans recrutement, une opération spéciale de « Recrutement de 25000 jeunes diplômés dans la fonction publique » a été menée en 2011 au Cameroun. Elle semble salutaire pour le ministère de l’agriculture et l’enseignement supérieur. Bien que globalement insuffisante pour celui de la recherche. Le personnel de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (le principal institut de recherche avec près de 2500 personnes) reste fortement en sous effectif (tant en qualité que quantité). D’autre recrutement seraient en cours.

- motiver le gouvernement à améliorer les conditions de rémunération des agents (cadres et autres) dans ces ministères en charge de l’agriculture, de la recherche. Comment retenir au Cameroun ou obtenir le meilleur d’un chercheur qui perçoit mensuellement 200000 à 300000 FCFA ($400 - $600) alors que son homologue de l’enseignement supérieur en a 2 à 3 fois plus et les cadres dans les institutions étrangère ou internationale en ont près de 3 à 10 fois plus ? L’âge de départ à la retraite (55 ans à la recherche contre 65 ans dans l’enseignement supérieure) est à harmoniser lorsqu’on a pas assez de professionnels dans la recherche et l’agriculture comme au Cameroun.

-inciter au renforcement (ou création) de cadres de concertation et d’actions synergiques entre les ministères de la recherche, de l’agriculture et celui de la santé et des enseignements (professionnelle ou universitaire).