Forum global sur la sécurité alimentaire et la nutrition (Forum FSN)

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Malgré mon intégration tardive au forum, la pertinence du sujet m'oblige à apporter ci dessous et ci-jointe, ma petite contribution aux discussions déjà très prolifiques.

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Il y a environ trois siècles, Adam Smith identifiait en la division du travail et la spécialisation, base des échanges, le secret de la productivité et de la richesse. Les pays ne devront concentrer leurs efforts de production que sur les domaines dans lesquels ils ont des avantages comparatifs, et sur le plan de la sécurité alimentaire et nutritionnelle la pertinence des échanges commerciaux comme solution, n’est plus à démontrer.

Cependant, en la matière, le constat appelle des interrogations tout aussi légitimes que les questions de départ que vous avez posées de même que toutes les autres questions soulevées par la suite des discussions.

1.       Ma première réaction va porter sur les chiffres, les "statistiques". A ce sujet, il me semble d’abord important  de faire remarquer  que nos peuples ont foncièrement la culture de des échanges, ne serait-ce que dans sa dimension transfrontalière et si l’on sait que Bénin par exemple a une trentaine de communes transfrontalières, on ne peut douter d’un volume certain d’échange avec les pays voisins de la région ( le Togo, le Burkina Faso, le Niger et le Nigéria). Volume que malheureusement aucun dispositif de collecte de données ne capte. D’où ces statistiques dont nul ne peut jurer de la fiabilité.

Deux exemples pour témoigner des échanges certains : d’abord, c’est  l’utilisation de la monnaie nigériane dans certaines zones frontalière du Bénin, ensuite on peut constater tous les jours des véhicules bâchés chargés d’ananas qui vont en direction de la frontière nigériane, mais qui ne soient réellement comptabilisé nulle part.

Mais avant de corriger cet état de chose, nous allons faire avec l’existant, ces chiffres qui n’ont d’autres mérites que de donner une idée du faible niveau d’échange au niveau intra-régional.

De là, pourrait-on penser qu’il y a plus d’échanges avec le reste du Monde au détriment de la région ?

2.       A ma fois, c’est une fausse idée de penser que nous échangeons plus avec les pays de l’occident par exemple. Si nous devons nous en tenir aux chiffres de l’OMC, la part de toute l’Afrique dans les échanges internationaux est d’environ 3 %, une proportion relativement  négligeable. Donc de toutes les façons nous n’échangeons même pas assez avec le reste du monde.

Toutefois, il faut reconnaitre que nous avons des produits dont nous exportons une bonne part, une part prépondérante, presqu’à l’état brute, pendant qu’au sahel les populations y accède à prix d’or. Je peux citer : l’ananas, l’anacarde.

3.       Les fruits et légumes par exemples sont mal distribués entre les pays de la région. La tomate, la mangue, l’orange qui dans certaines périodes pourrissent  par-ci alors qu’elles manquent par là. La faute sans doute, à un défaut de transformation, de conditionnement, mais aussi aux infrastructures et équipement adéquats de transport.

4.       Pour être plus précis, sur les obstacles au développement  des échanges dans la région on peut citer :

  • le  déficit en infrastructures de transport, des routes, le réseau ferroviaire,
  • le déficit en  infrastructure et équipement  de stockage et de conservation,
  • les tracasseries douanières et policières sur nos routes déjà en mauvais état de service,
  • mais aussi, il ne faut pas occulter le problème de la faible productivité et production, car on ne peut véritablement échanger que si on produit avec efficience des quantités qui excèdent nos besoins.

5.       Le chantier d’amélioration de la fluidité des échanges commerciaux intra-régionaux passe par l’éradication des obstacles matériels et immatériels ci-dessus.

About three hundred years ago, Adam Smith, identified in the division of labor and specialization, the basis of trade, the secret of productivity and wealth. Countries should concentrate their production efforts only on areas where they have comparative advantages, and concerning the security of food and nutrition the relevance of commercial exchanges as a solution, no longer has to be demonstrated.

However, in this matter, the analysis raises questions every bit as legitimate as the initial questions that you have presented as well as all the other questions raised during the subsequent discussions.

1.     My first reaction bears on the figures, the "statistics." On this subjet, it seems to me important firstly to underline that our people fundamentally have a trading culture, even if only in its cross border dimension, and if we know that in the case of Benin, for example, there are about thirty trans-border municipalities, we can not doubt that there is an assured volume of trade with neighboring countries in the region (Togo, Burkina Faso, Niger and Nigeria). That volume is unfortunately not recorded by any data collection system.

Two examples to bear witness to definite trading:  first, the use of Nigerian currency in certain border areas of Benin, secondly one can observe every day covered vehicles loaded with pineapples heading towards the Nigerian border, but which are not actually accounted for anywhere. But before correcting this state of affairs, we are going to make do with what there is. The figures have no other merit than to give an idea of the low amount of trade at intra-regional level. Based on this, might one think that there is more trading with the rest of the world at the expense of the region?

2.     In my view, it is a false idea to think that we exchange more with Western countries, for example. If we have to stick to the WTO data, the whole of Africa adds up to about 3% of international trade, a relatively negligible proportion. Therefore in every way, we do not exchange nearly enough with the rest of the world.

Nevertheless, it is important to recognize that we have products of which we export a good proportion, the greater part, almost in their raw state, while in the Sahel people have to pay very high prices for them. I can mention: pineapples, cashew nuts.

3.     Fruit and vegetables, for example, are badly distributed among the countries in the region. Tomatoes, mangoes and oranges in certain seasons rot in one place while there is shortage elsewhere. The cause, no doubt, is a lack of transformation, of preparation, but also a lack of infrastructure and sufficient means of transport.

4.     To be more precise, concerning the obstacles to the development of trade in the region one could mention:

  • the shortage of transport infrastructure, roads, railway network,
  • the shortage of storage and conservation infrastructure and equipment,
  • the harassment by customs and police on our roads, already in poor operating condition,
  • but in addition, we should not conceal the problem of low productivity and production, because we cannot really trade unless we efficiently produce quantities that exceed our own needs.

5.     The task of improving the flow of intra-regional trade exchanges depends on the eradication of the above physical and non-physical obstacles.