Forum global sur la sécurité alimentaire et la nutrition (Forum FSN)

>> English translation below <<

La question des entraves au développement commercial des produits agricoles en Afrique de l'Ouest doit être traitée différemment selon qu'on se refère à  l’espace CEDEAO (un marché commun) ou l’espace UEMOA (une union économique) où les pays membres disposent d’une même monnaie (FCFA). La question du taux de change n’intervient pas comme contrainte au développement des échanges commerciaux dans ce dernier cas.  Mieux, la CEDEAO comme marché commun suppose l’application d’un tarif extérieur commun (ce qui vient être fait depuis le 1 janvier 2015 mais très tardivement) et la libre circulation des facteurs de production (capitaux, hommes, biens et services). Ainsi, tout ce qui est tracasserie routière est contradictoire. Les pouvoirs publics doivent travailler pour corriger ces défaillances afin de renforcer l’intégration régionale. A titre d’exemple, la traversée des frontières entre pays de l’UE ne prend que quelques minutes et le nombre de contrôles policiers sur les routes est très réduit afin de faciliter la circulation des facteurs de productions et des biens. Parfois même, on passe les frontières sans s’en rendre compte. Dans nos pays, les camionneurs passent des jours au niveau des frontières, ce qui évidemment génère des coûts additionnels qui se répercutent sur les prix des produits dans les marchés. On se rappelle encore au Bénin, les conducteurs de camions ont dû se soulever contre les rançonnements des policiers et ces pratiques anti-commerciales qui inhibent fortement la compétition des produits locaux. Les mesures prises par le gouvernement béninois pour contenter les parties prenantes en son temps sont-elles toujours d’actualité ?

La question des produits à promouvoir est aussi évoquée. La théorie du commerce international de David Ricardo sur les avantages comparatifs insiste sur la spécialisation des pays pour tirer  un meilleur profit du commerce entre pays. A ce sujet, les pays de la sous-région ont plutôt intérêt à se spécialiser dans les spéculations dans lesquelles ils sont plus forts que les autres en termes de coûts comparatifs, et investir davantage sur ces spéculations pour des gains de productivité pour commercer ensuite avec les autres pays de la sous-région, d’abord entre pays de l’UEMOA et ensuite dans la CEDEAO. On devrait s’attendre à ce que les politiques commerciales  et agricoles  de l’UEMOA convergent dans le moyen et long terme vers celles de la CEDEAO. Le Bénin par exemple a fait des efforts au cours de ces dernières années dans des productions comme le maïs par des mesures incitatives fortes (appui technique aux producteurs, subventions aux intrants et équipements agricoles, organisation du marché local, organisation des producteurs) et a commencé à exporter une partie du surplus au Niger et Burkina Faso.  

L’harmonisation des politiques commerciales au sein de la sous –région est aussi importante et la mise en application récente du TEC est une bonne initiative. Le développement des échanges commerciaux  des produits agricoles ne peut pas se faire sans leur transformation, c’est-à-dire le développement agro-industriel. Cela permet aussi d’éviter les gaspillages de certains produits périssables comme les mangues, les tomates et autres pendant les récoltes. C’est plutôt à ce niveau que les valeurs ajoutées à capter sont importantes. Et c’est une fois les gains de productivité sont assurés en agriculture par des investissements productifs massifs, que cela est possible.

La question de la compétition avec les produits agricoles importés hors zones UEMOA et CEDEAO est essentielle et mérite la mise en place d’instruments économiques intelligents (mesures tarifaires et non tarifaires) pour protéger les producteurs locaux et régionaux sans pour autant condamner les consommateurs. Malheureusement, nos pays ne font pas encore trop d’effort à ce sujet pour promouvoir une politique agricole et commerciale communautaire cohérente dans une perspective de long terme.

The question of the obstacles to commercial development of agricultural products in West Africa must be treated differently according to whether one is referring to the ECOWAS space (a common market) or to the WAEMU zone (an economic union) where the member countries have the same monetary currency (FCFA). The question of exchange rates does not arise as a constraint to development of commercial exchanges in this last case.  Better still, ECOWAS as a common market assumes the application of a common external tariff (applied as from the 1st January 2015, but very delayed) and the free movement of production factors (capital, people, goods and services). Thus, every kind of road harassment is a contradiction. The public powers must work to correct these faults in order to reinforce regional integration. As an example, the border crossing between countries in the UE does not take more than a few minutes and the number of police controls on the roads is very small so as to facilitate movement of production factors and goods. Sometimes, one even crosses the borders without noticing. In our countries, the truck drivers spend days around the borders which evidently generate additional costs with the repercussions on the market prices of products. One still remembers how in Benin, the truck drivers were obliged  to rise up against the extortions of police officers and the anti-commercial practices which gravely inhibit competition of local products. Are the measures taken at the time by the Beninese government to satisfy the stakeholders still in place?

The question of which products should be promoted is also raised. David Ricardo’s theory about comparative advantages in international trade lays emphasis on specialization by each country in order to derive a better profit from trade between countries. On this subject, the countries in the sub-region should rather be interested in specializing in those commercial ventures in which they are stronger than others in terms of comparative costs, and to invest more in these businesses for increased productivity in order to trade afterwards with other countries in the sub-region, first within WAEMU  and then within ECOWAS.  We should expect that the trade and agricultural policies of the WAEMU will converge in the medium and long term with those of ECOWAS. Benin, for example, has made efforts in the last few years in terms of crops like maize through strong incentives (technical support to producers, subsidies of inputs and agricultural equipment, local market organization, organization of producers) and has started to export a part of the surplus to Niger and Burkina Faso.  

The harmonization of trade policies within the sub-region is also important and the recent implementation of TEC is a good initiative. The development of commercial trade in agricultural products cannot be achieved without their transformation, that is to say agro-industrial development. This will also make it possible to avoid waste of certain perishable products like mangoes, tomatoes and others during harvesting. It is rather at this juncture that the added value to be gained is important. And once the increases in agricultural productivity are secured, by large scale productive investments that is possible to achieve.

The question of competition with imported agricultural products from outside the WAEMU and ECOWAS is crucial and deserves the implementation of intelligent economic legislation (tariff and non-tariff measures) to protect local and regional producers without at the same time punishing the consumer. Unfortunately, our countries do not yet make enough effort to promote a coherent common agricultural and trade policy with a long term outlook.