Forum global sur la sécurité alimentaire et la nutrition (Forum FSN)

English translation below

Kouakou Valentin KRA

Université Alassane Ouattara

Côte d’Ivoire




‘’Comment faire en sorte que les chaînes de valeur contribuent à améliorer la nutrition ?’’ : Le cas de la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest.



L’Afrique connaît une croissance démographique et une urbanisation rapides depuis la fin du XX e siècle. Dans ce contexte, les besoins alimentaires sont de plus en plus grandissants et le monde rural ne parvient plus à répondre efficacement à la problématique vivrière ; en raison des conditions bioclimatiques défavorables, l’exode rural et la question foncière. L’agriculture intra-urbaine et singulièrement le maraîchage se présente dès lors comme une alternative importante pour garantir la sécurité alimentaire. Ce type d’agriculture et principalement le maraîchage intra-urbain occupe une place primordiale dans la chaîne de valeur favorable à la nutrition. Sa proximité avec la ville, son accessibilité à toute période de l’année, ses réponses adaptées aux habitudes alimentaires induites par l’urbanisation et l’occidentalisation des populations africaines font de ce type de maraîchage la plus importante chaine de valeur favorable à la nutrition.



Cependant, en ce qui concerne la Côte d’Ivoire, cette agriculture et donc le maraîchage intra-urbain reste encore dans l’informel, la précarité et n’est pas prises en compte dans les politiques de gestions des villes. Les agriculteurs ne disposent pas d’espace sécurisé pour leur activité et sont contraints de squatter les terrains laissés en friche dans les rares bas-fonds des villes. La question foncière urbaine se présente comme la véritable problématique à laquelle est confronté le maraîchage dans nos villes ivoiriennes. Ainsi ces espaces hydromorphes qui en principe sont des zones inconstructibles sont de plus en plus lotis, vendus à de nouveaux acquéreurs et construits. Dans certains cas, ils sont transformés en décharges pour ordures ménagères à ciel ouvert. Le maraîchage fait de plus en plus place aux constructions anarchiques et aux ordures ménagères. D’ailleurs ces dernières polluent les eaux d’arrosage et constituent des risques sanitaires énormes pour les consommateurs. Cette activité est rendue précaire et vulnérable en raison des politiques de gestion de nos villes africaines qui restent encore passives, voire indifférentes en ce qui concerne l’agriculture intra-urbaine.



Les enjeux fonciers et urbanistiques sont contraignants et constituent des entraves sérieuses pour le maraîchage intra-urbain ; gage de la chaîne de valeur favorable à la nutrition dans nos villes africaines et ivoiriennes en particulier. Comment faire pour pérenniser et sécuriser ce type d’agriculture en Côte d’Ivoire? Il convient entre autres de :

  • sortir l’agriculture intra-urbaine de l’informel ;
  • sécuriser les espaces agricoles intra-urbains et singulièrement les bas-fonds maraîchers ; 
  • faire intervenir des structures de développement agricole en vue de l’encadrement des agriculteurs ;
  • prendre en compte l’agriculture intra-urbaine dans les politiques de gestion des villes ; 
  • subventionner cette activité.

La prise en compte de ces propositions s’avère indiquée pour les pays africains au sud du Sahara et principalement la Côte d’Ivoire ; pays où nos recherches sont menées. Cela est important d’autant plus que l’agriculture intra-urbaine ; en plus d’être une chaîne de valeur favorable à la nutrition, se présente comme un secteur pourvoyeur d’emploi et de lutte contre la pauvreté.

Kouakou Valentin KRA

Université Alassane Ouattara [Alassane Outtara University]

Ivory Coast

How can value chains be shaped to improve nutrition? The case of Ivory Coast in West Africa.

From the end of the 20th century, Africa has experienced rapid demographic growth and urbanization. In this context, the food requirements are growing ever more and the rural areas no longer provide an efficient response to the food-producing problem; due to unfavorable bio-climatic conditions, rural exodus and land tenure issues. Intra-urban agriculture and, in particular, market gardening now becomes an important alternative in order to guarantee food security. This type of agriculture and, mainly, intra-urban market gardening, occupies an important place in the value chain favorable to nutrition. Its proximity to the city, its accessibility at all times of the year, its responses adapted to the ways of feeding brought about by urbanization and westernization of the African population make this type of market garden the most important in the value chain favorable to nutrition.

However, as for the Ivory Coast, this agriculture, and therefore, intra-urban market gardening is still informal, precarious and is not taken into account in the policies for management of the cities. The producers do not have areas reserved for their activity and are forced to squat on the land unfarmed in the infrequent low lying areas of the cities. The land tenure issue is the real problem faced by market gardening in our Ivorian cities.  Thus, these swampy areas which in principle are non-building areas, are more and more divided into plots, sold to new owners and built on. In some cases, they are turned into open air household garbage dumps.  Market gardens more and more give way to uncontrolled constructions and household waste. Moreover, the latter pollutes the irrigation water and are a grave sanitary risk for consumers. Market gardening is made insecure and vulnerable due to the management policies of our African cities which remain passive, let us say indifferent, with regard to intra-urban agriculture.

The urbanization and land tenure issues are restrictive and amount to a serious hindrance for intra-urban market gardening; benchmark for the value chain favorable to nutrition in our African and in particular Ivorian cities. What can be done to sustain and protect this type of agriculture in Ivory Coast? It will be useful among other things:

  • to take intra-urban agriculture out of the informal sector;
  • to protect intra-urban agricultural areas and in particular market gardens in low- lying areas;
  • to involve agricultural development structures in order to organize the farmers into a system;
  • to take intra-urban agriculture into account in the management policies of our cities;
  • to give subsidies to this activity.

Taking account of these propositions would seem to be indicated for the Sub-Saharan countries and especially for Ivory Coast; the country where our investigations have been carried out. What is all the more important than just intra-urban agriculture is that, as well as, being a value chain favorable to nutrition, it is a sector which provides employment and fights against poverty.