>> French <<

 

1- Quelle gouvernance régionale effective et efficiente pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition en Afrique de l'Ouest?

De manière générale, les politiques régionales édictées par les organisations intergouvernementales (CEDEAO, UEMOA) sont bien conçues et capables d'apporter des contributions essentielles dans les secteurs concernés. Le principal problème qui se pose est leur faible application sur le terrain.

On a le sentiment que l'adhésion de nos Etats n'est pas totale, car les engagements pris au niveau régional, ne sont pas toujours suivis d'effets au niveau pays. La vie des populations à la base ne s'en trouve que peu ou prou améliorée. En définitive, toute la question est "comment parvenir à une application effective des politiques régionales?"

Cela est aussi valable pour les politiques agricoles au niveau régional, en l’occurrence l'ECOWAP pour la CEDEAO et la PAU pour l'UEMOA. Ces textes peuvent réellement impulser le développement agricole et partant construire la sécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest.

La gouvernance régionale pour être efficace doit:

  • s'assurer que les différents acteurs jouent réellement leurs rôles, en instituant un mécanisme d'évaluation, assorti d'un système de rétribution et pourquoi pas de sanctions.
  • s'assurer qu'au niveau des pays, les producteurs agricoles, qui représentent 60 à 80%  de la population active de ces pays, bénéficient de renforcement des capacités et aient accès à des outils éprouvés pour avoir un minimum de maîtrise de leurs activités de production (des outils de gestion des exploitations agricoles existent dans plusieurs pays) par exemple le Conseil d'exploitation familial (CEF) expérimenté avec succès au Burkina auprès des producteurs de coton.
  • travailler à valoriser la profession agricole en lui reconnaissant ses mérites à leur juste valeur. Et travailleur à améliorer la motivation de ces acteurs, en leur garantissant un prix juste à l'achat des produits agricoles, qui soit en mesure de couvrir les charges de production et de leur garantir un certain revenu. en effet, les produits agricoles sont souvent vendus à perte pour diverses raisons.
  • créer des débouchés aux produits agricoles en stimulant le développement du maillon de la transformation, ce qui contribuerait également à baisser les pertes post-récolte  et à créer des emplois.
  • se donner les moyens nécessaires pour ne pas rester en marge des biotechnologies. Il est temps que l'Afrique se départisse des réactions épidermiques qui consistent à rejeter en bloc certaines technologies dont les biotechnologies telle que la transgénèse, il y a surement du bien à en tirer. Pour ce faire, les systèmes de recherche nationaux et régionaux devraient disposer de moyens suffisants. Car si l'Afrique n'y prend garde, i) elle continuera à être un continent marginalisé dans le concert des nations et ii) elle sera, un jour ou l'autre, amenée à consommer les produits génétiquement modifiés des autres.

En somme, pour être efficace et efficiente, la gouvernance de la Sécurité Alimentaire, doit se soucier des retombés des actions des organisations régionales sur les populations à la base et aussi tabler sur les innovations des biotechnologies dans ses perspectives /vision.

2- Quel rôle et quelle place pour les OSC/ acteurs non étatiques (niveau de représentation et participation aux décisions) dans le dispositif institutionnel de la mise en œuvre de l'ECOWAP et des politiques agricoles et de Sécurité Alimentaire et Nutrition en général tant au niveau national que régional?

Dans le dispositif institutionnel aussi bien au niveau national que régional, les acteurs non étatiques notamment les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) jouent un rôle consultatif important dans la mise en œuvre des politiques agricoles et de Sécurité Alimentaire. Au niveau régional, les OPA sont parfaitement imprégnées des politiques et contribuent à leur mise en œuvre. Cependant, le constat que l'on peut faire est qu'il n'y a pas toujours une exigence de reddition des comptes de ces organisations vis à vis des producteurs à la base. Ces organisations devraient jouer le rôle de courroie de transmission  entre les différents acteurs aux niveaux régional, national et à la base.  Par ailleurs, des acteurs du privé (Bureaux d'études, Bureaux d'appui conseils  aux producteurs, ...) de l'espace CEDEAO-UEMOA devraient également avoir la possibilité de participer aux réflexions sur les questions d'intérêts tels que la Sécurité Alimentaire.

3-Quelle plateforme multi-acteurs et multi-secteurs pour faciliter le dialogue et les négociations sur les politiques, programmes et investissements, la redevabilité...

Les plateformes d'échanges doivent avoir à cœur d'impliquer au cas par cas un certain nombre  d'acteurs (individus ou organisations) directement concernés par les sujets à discuter, en plus des représentants des organisations faitières régionales, de manière à avoir les points de vus des principaux intéressés.

 

>> English <<

 

1- What will be an effective and efficient regional governance for Food Security and Nutrition in West Africa?

In general, the regional policies issued by the intergovernamental organizations (ECOWAS, WAEMU) are well designed and able to make essential contributions to the sectors in question. The main problem that arises is their ineffective application in the field.

You get the feeling that the support of our States is less than a hundred percent because commitments made at the regional level, are not always followed by results at country level. Life for the grassroots population is only indiscernibly improved. To sum up, the whole question is "how to achieve an effective application of regional policies?"

That is also valid for agricultural policies at regional level, which means ECOWAP, for ECOWAS and the Agricultural Policy (PAU) for the WAEMU. These documents can really promote agricultural development and start to build food security in West Africa.

To be efficient regional governance must:

•         ensure that the different actors really play their role, by establishing an assessment mechanism, accompanied by a retribution system and why not, including sanctions.

•         ensure that at the country level, agricultural producers, who represent 60 to 80% of the active population in these countries, are benefitting from strengthening of their abilities and have access to tested management tools in order to have a minimum control over their production activities (the tools for managing land use exist in several countries) for example the Family Farm Management Council (CEF) tried out successfully in Burkina with cotton producers.

•         work to make the agricultural profession more esteemed, by recognizing its merits at their true worth. And work to improve motivation of these actors, by guaranteeing them a fair purchase price for agricultural products, which is sufficient to cover the costs of production and to guarantee them a secure income.  In fact, agricultural products are often sold at a loss for various reasons.

•         create openings for agricultural products by stimulating the development of the transformation linkage, which will contribute equally to reduce post-harvest wastage and to create employment.

•         obtain the necessary means not to remain marginalized in terms of bio-technologies. It is time for Africa to give up instinctive reactions which consist in rejecting en bloc certain technologies among which the biotechnologies such as transgenetics, from which surely much good will come. To achieve this, the national and regional research systems should have sufficient resources. Because if Africa is not careful, i) it will continue to ba a marginalized continent in the group of nations and ii) Africa will, sooner or later, be led to  consume  genetically modified products produced by others.

In short, to be efficient and effective, food security governance should be concerned with the impacts of the actions of regional organizations upon the grassroots population and also to factor in bio-technological innovations in their forecasts and planning.

2- What role and which place will have the non-state actors /civil society organizations (level or representation and participation in the decisions) in the institutional system of implementation of the ECOWAP and the agricultural policies and the NFS [National Food Security] in general both at national and regional level?

In the institutional presence both at national and regional level, the non-state actors, notably the Professional Agricultural Organizations, play an important consultative role in the implementation of agricultural and food security policies.  At regional level, the Professional Agricultural Organizations are fully cognizant of the policies and contribute to their implementation. However, the fact is that there is not always an insistence on the accountability of these organizations towards the grassroots producers. These organizations should play the role of channel of communication between the different actors at regional, national and grassroots level.  Moreover, the private actors (Research consultants, Advisory consultants to Producers ...) for the ECOWAS-WAEMU zone should equally be able to participate in the deliberations on pertinent issues such as food security.

3- Which multi-actors and multi-sector platform should be used to facilitate dialogue and negotiations on policies, programs and investments, accountability, etc.?

The exchange platforms must be committed to involve on a case by case basis, a certain number of actors (individuals or organizations) directly concerned in the subjects being discussed, as well as the representatives of the regional umbrella organizations in such a way as to garner the points of view of those who are mainly concerned.