Partenariat mondial sur les sols

Sauvons nos sols: trouver des moyens de stopper l’érosion

La FAO accueille le Symposium mondial destiné à catalyser les efforts visant à réduire l’épuisement des ressources non renouvelables

15/05/2019

15 mai 2019, Rome - Le vent, la pluie et les techniques agricoles industrielles accélèrent l'érosion des sols. Il est important d'atténuer ces phénomènes avant que le monde ne se retrouve face à des pertes énormes au niveau de ses rendements agricoles et de ses écosystèmes dont les fonctions sont essentielles.

«Les impacts négatifs de l'érosion des sols sont plus qu'évidents et le besoin de travailler conjointement n'en est que plus urgent», a déclaré aujourd'hui Mme Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe de la FAO chargée du climat et des ressources naturelles, lors de l'ouverture d'un symposium de trois jours portant sur les meilleurs moyens de mesurer et de gérer l'érosion des sols et les frais économiques qui y sont associés.

«Nous avons les solutions. Prévenir l'érosion des sols en éduquant, en sensibilisant le public et en mettant en œuvre des actions concrètes sur le terrain sont pour le moment les meilleurs moyens de maintenir la santé des sols et de contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable», a-t-elle ajouté.

«Aujourd'hui, l'équivalent d'un terrain de football s'érode toutes les cinq secondes et la situation pourrait conduire à la dégradation de plus de 90 pour cent des sols de la Terre d'ici 2050. L'érosion, provoquée par une agriculture intensive, le travail du sol, la monoculture, le surpâturage, l'expansion urbaine, la déforestation et les activités industrielles et minières contribuent à accélérer l'érosion des sols, ce qui peut conduire à des pertes de récolte allant jusqu'à 50 pour cent», a-t-elle indiqué.

«Si les particules de carbone organique sont les plus vulnérables et sujettes à disparition, l'érosion peut également compromettre la capacité des sols à atténuer le changement climatique et à s'y adapter, entraînant de la sorte «un cercle vicieux» dans lequel les événements météorologiques extrêmes et l'érosion des sols se renforcent entre eux», a déclaré Mme Semedo.

Le Symposium mondial sur l'érosion des sols est co-organisé par la FAO, le Partenariat mondial sur les sols, le Panel technique intergouvernemental sur les sols, la Convention de l'ONU pour lutter contre la désertification et un programme conjoint de la FAO et de l'Agence internationale de l'énergie atomique, en vue de développer de nouvelles techniques nucléaires pour l'alimentation et l'agriculture.

De multiples intervenants ont pris part aux 20 sessions et plus de 100 présentations que proposait l'événement, dont des scientifiques, des experts universitaires, des agriculteurs, des membres de gouvernements et même un astronaute qui a détaillé l'érosion du sol vue de l'espace.

Le plus grand des défis

Lors du Symposium, la FAO a lancé l'ouvrage L'érosion des sols: le plus grand des défis pour parvenir à une gestion durable des sols.

L'ouvrage, qui compte une centaine de pages, rédigé par Dan Pennock, Professeur à l'université canadienne de Saskatchewan, présente un état des lieux de la situation de l'érosion des sols.

Si l'on sait comment fonctionne l'érosion des sols et comment la contrôler, on en sait peu sur la manière de mesurer l'ampleur des pertes en matière de sols et sur comment évaluer le budget qui permettra de mettre en place des mesures visant à réduire le phénomène. Il existe un vif désaccord quant au fait de savoir si l'érosion transforme les sols en sources ou en puits naturels pour les émissions de carbone, ainsi que sur les formules fiables nécessaires à l'évaluation du rapport entre la taille des gouttes de pluie et la probabilité qu'ils contribuent à détacher les particules de sol de la terre.

Néanmoins, les faits démontrent que le niveau d'érosion du sol provoqué par le travail de la terre ou le pâturage intensif est plus important que celui provoqué par la végétation indigène ou que la vitesse de formation du sol, soulignant ainsi le fait que nous sommes en train d'épuiser une ressource non renouvelable.

Le couvert végétal - dont les arbustes, les arbres, les herbes résistantes, les cultures de couverture et les chaumes - peut contribuer à réduire l'érosion éolienne de plus de 80 pour cent et à améliorer la capacité d'absorption de l'eau, atténuer le phénomène de compactage du sol et empêcher la création de rigoles et ravines qui gênent le travail agricole. Les pratiques de labourage sans labour sont également efficaces, en particulier dans les régions les plus sèches.

Pour de nombreux agriculteurs, les mesures visant à contrôler l'érosion mettent du temps à porter leurs fruits. En effet, le terrassement, pratiqué depuis des milliers d'années mais qui requiert beaucoup de capitaux, est aujourd'hui voué à l'échec en raison d'une mauvaise gestion et conception, ainsi que de l'abandon des terres, un phénomène répandu dans presque toutes les régions du monde, faisant des solutions naturelles des outils logiques pour la gouvernance des sols.

Au même moment, nombreux sont les impacts de l'érosion à se manifester loin de leur source, comme cela a par exemple été le cas pour les fuites agrochimiques capables de polluer et de perturber les sources d'eau en aval, soulignant ainsi l'importance de considérer le contrôle de l'érosion des sols comme un problème auquel il est pressant d'accorder un soutien public.

L'identification de «points chauds mondiaux» prioritaires en termes d'actions pour une bonne gestion des sols, une base de données sur les meilleures pratiques de contrôle de l'érosion et un consensus sur la manière de mener à bien des analyses coût-bénéfice sur les futures interventions visant à prévenir, remédier et à atténuer l'érosion des sols font partie des débouchés attendus à l'issue du Symposium.