Action contre la désertification

L’autonomisation des femmes par la restauration des terres dans les communautés villageoises


20/09/2019

Dans son modèle d'intervention, le cadre de consultation et de discussion mis en place par le projet  Action Contre la Désertification (ACD), encourage activement les communautés bénéficiaires à mettre en place un comité de gestion villageois (COGES) pour les sites à restaurer. Le représentant du comité supervise et mobilise les communautés pour des activités collectives telles que la plantation, les ensemencements, la valorisation et l'entretien des parcelles. Le projet ACD a recommandé d'avoir au moins une femme dans chaque COGES. Dans certains villages, cela a donné l'occasion aux femmes d'être prises en compte dans les cadres de décision au sein de leur communauté et d'avoir leur mot à dire dans les activités de restauration.

Mariam Bamogo représente concrètement la vision du projet ACD d’assurer une place aux femmes dans les COGES. Agée de 25 ans, elle est originaire de Bandiedaga Gourmantché, un village de 300 habitants dans la commune rurale de Seytenga.

 

Bandiedaga Gourmantché, comme les villages environnants de la région nord du Burkina Faso, a connu des sécheresses récurrentes, une dégradation continue des terres, une baisse accélérée au cours des dix dernières années, des rendements agricoles et de l'élevage. Ces villages sont situés dans la zone de la Grande Muraille Verte et bénéficient des interventions de restauration des terres et paysages dégradés du projet  ACD. Le projet soutient la mise en œuvre de la GMV dans six pays en Afrique et vise à promouvoir la gestion durable des terres et des forêts et la restauration des terres et des paysages dégradés.

Mère de trois enfants dont un en bas âge, Mariam Bamogo se contentait d'aider son mari agriculteur dans le domaine familial avant la mise en œuvre des activités d’ACD dans la région. Cependant, la dégradation et la diminution de la productivité des terres ne permettait plus de nourrir adéquatement la famille et de subvenir à ses autres besoins. Son statut de femme au foyer ne lui permettait pas d'envisager d'autres activités supplémentaires, les possibilités étant très limitées dans les villages ruraux.

« Lorsque le projet ACD a démarré avec des consultations communautaires et des séances d'information, il était clair que les hommes et les femmes devaient travailler ensemble pour relever les défis de la dégradation des terres. Cela a été bénéfique pour les femmes du village et une opportunité claire, surtout pour moi » explique-t-elle.

"J'ai réussi à convaincre mon mari de me laisser rejoindre le comité de gestion en tant que représentante des femmes du village. À ce titre, je contribue et participe aux assemblées au même niveau que les hommes, et je parle au nom des femmes pour exprimer leurs préoccupations et veiller à ce qu'elles soient prises en compte. Par conséquent, j'ai acquis un statut de leader dans ma communauté, qui me respecte davantage. » ajoute Mariam.

Grâce à une parcelle d'un hectare obtenue au sein d’un site restauré d‘ACD sur lequel, pour la première campagne en 2017, elle a produit 4 sacs d'arachides qu’elle a pu vendre à 30 000 francs CFA (soit 60 USD, une somme équivalente à trois quart du salaire mensuel minimum au Burkina Faso). Pour la deuxième campagne en 2018, Mariam a produit des graines de sésame récoltées et vendues pour 35 000 francs CFA (soit 70 USD). Pour la campagne actuelle de 2019, elle a produit des arachides, du sésame et du niébé, et a l’intention avec l’argent récolté de couvrir les frais de scolarité et autres besoins de l’école, et de conserver une partie pour la consommation de la famille. « Grâce au projet ACD, qui a permis de restaurer des terres non arables, j'ai retrouvé une certaine dignité parce que je peux participer et contribuer à des événements sociaux en utilisant mes revenus, en apportant du savon pour la célébration des naissances et un peu d'argent pour les funérailles au village." dit-elle.

Le projet ACD a permis l’autonomisation des femmes de Bandiédaga Gourmantché, à travers leur participation active aux Comité de gestion, de participer activement aux activités de restauration, d’ensemencement direct, de plantation et d'entretien, aux côtés des hommes sans préoccupation. Cette synergie d'actions a permis d'obtenir des résultats et des impacts probants sur le terrain, par exemple des parcelles mécanisées labourées pour la production agricole, la production fourragère pour les animaux et un retour de la végétation et de la petite faune.

Action contre la désertification en menant des activités de restauration à grande échelle a réussi à restaurer 15 000 hectares dans 412 villages dans les provinces de Seno et Soum. Le projet restaure actuellement 26 hectares de terres dégradées dans le village de Bandiédaga Gourmantché, après une première préparation des terres à l'aide de la charrue Delfino, de semis direct et de plantation de plantes ligneuses et herbacées, ainsi qu’en formant les bénéficiaires à la rétention des eaux de pluie et aux pratiques de conservation des sols. L'exemple des femmes de Bandiédaga est édifiant. Les femmes sont devenues plus autonomes par la restauration des sols pour l’amélioration de la production agricole, ce qui leur a permis de générer des revenus supplémentaires pour subvenir aux besoins de leurs familles et renforcer ainsi la sécurité alimentaire.