Le Mozambique interdit les pesticides extrêmement dangereux

Le Mozambique et la FAO œuvrent ensemble en vue d’interdire les pesticides extrêmement dangereux, pour protéger les populations et l'environnement.

Points clés

Le Mozambique a pris d’importantes mesures réglementaires pour protéger sa population et l'environnement. Le pays a ainsi retiré 79 pesticides extrêmement dangereux de la liste des produits autorisés. En collaboration avec la Direction nationale des services agraires, au sein du Ministère de l'agriculture, la FAO a contribué à la mise en place de l’interdiction et à la promotion d’une approche écosystémique pour la gestion des pesticides et la lutte contre les ravageurs.

Au cours des dix dernières années, en moyenne, les importations de pesticides à destination du Mozambique ont augmenté de 500 pour cent en volume. Les pesticides agricoles sont principalement utilisés pour le traitement des cultures de rente comme la noix de cajou, le tabac, la canne à sucre, le coton, la banane et les légumes. La valeur annuelle des ventes de pesticides s’élève à environ 16,6 millions d’USD. Cependant, certains des produits actuellement utilisés sont très dangereux.

Les pesticides extrêmement dangereux (HHP – Highly Hazardous Pesticides) sont des produits qui présentent des niveaux particulièrement élevés de risques aigus ou chroniques pour la santé humaine ou l'environnement, en raison de leurs propriétés chimiques intrinsèques, et qui figurent dans des systèmes de classification internationalement reconnus ou des conventions internationales contraignantes. Par ailleurs, les pesticides qui semblent provoquer des dommages graves ou irréversibles à la santé humaine ou l'environnement dans les conditions actuelles d'utilisation dans un pays peuvent être considérés comme extrêmement dangereux.

La plupart de ces produits ne sont plus autorisés dans les pays développés où les producteurs ont désormais accès à de nouveaux pesticides, à risque plus faible, y compris des biopesticides. Les petits agriculteurs ne sont généralement pas en mesure de gérer de manière adéquate les risques liés à la manipulation des produits très dangereux pour éviter une contamination personnelle ou une pollution environnementale. Leur utilisation non contrôlée peut ainsi provoquer des intoxications.

Le gouvernement du Mozambique a publié une déclaration visant à retirer de la liste des produits autorisés de nombreux pesticides potentiellement dangereux pour la santé humaine et l'environnement dans les conditions actuelles d'utilisation. Avec cette déclaration, le Gouvernement indique son intension de refuser l’homologation future de pesticides similaires.

Rôle de la FAO dans l'élimination des pesticides très dangereux
En 2006, les États membres de la FAO ont demandé une assistance en vue de faciliter la réduction des risques liés aux pesticides, y compris l'interdiction préventive de ces produits et la promotion de solutions alternatives.

Depuis lors, un groupe conjoint d'experts de la FAO et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a établi une liste de critères visant à faciliter l’identification des pesticides extrêmement dangereux, et la FAO a aidé plusieurs pays à faire face aux risques posés par ces composés.

La plupart du temps, la seule mesure efficace de réduction des risques consiste à interdire un produit en annulant son homologation, ou en limitant sa disponibilité à certains groupes d'utilisateurs spécialisés qui ont été formés et sont en mesure de gérer les risques.

Le cas du Mozambique
Au Mozambique, le travail a commencé en 2012, sous la tutelle du Ministère de l'agriculture, en collaboration avec le Ministère de la coordination des affaires environnementales et le Ministère de la santé. Sur la base d’un examen des pesticides autorisés et des données concernant l’importation des pesticides, une équipe d'experts a établi une première liste de 79 préparations contenant un total de 30 principes actifs. Plus de la moitié de ces principes actifs (17) n’avaient plus été importés depuis plusieurs années, car ils n’étaient plus utilisés et pouvaient ainsi être immédiatement retirés de la liste des produits autorisés.

Une enquête de terrain, menée dans les provinces où l’utilisation des pesticides est importante, a confirmé que certains des produits présélectionnés et actuellement en usage étaient manipulés et appliqués sans qu’un niveau adéquat de protection personnelle ne soit assuré et en l’absence d’une compréhension suffisante des risques encourus.

Ces produits ont été rayés de la liste des produits homologués après consultation des parties prenantes, y compris des représentants de sociétés de produits de base, de l'industrie agro-chimique, de la société civile et des producteurs, qui ont évalué les conséquences de leur retrait progressif et ont identifié des solutions alternatives durables. Neuf principes actifs ont ainsi été retirés, suite à l’homologation et à la mise à disposition de solutions alternatives moins dangereuses. Les 4 principes actifs restants devraient être retirés de la liste des produits autorisés fin 2014.

La FAO continue d’œuvrer aux côtés du Ministère de l'agriculture en vue de renforcer les capacités des producteurs, pour les aider à faire un meilleur usage des approches écologiques de la gestion des cultures et des ravageurs, en préservant d'importants services écosystémiques comme par exemple la lutte biologique naturelle.

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