Soutenir les femmes entrepreneurs à garantir la sécurité nutritionnelle et sanitaire des aliments au Ghana

La FAO travaille avec les vendeurs de rue à Accra pour améliorer les conditions d’hygiène et de salubrité des aliments.

Points clés

Une étude récente de la FAO a révélé que plus de 90 pour cent des vendeurs de denrées alimentaires sur la voie publique à Accra sont des femmes. Cette constatation est ancrée dans les normes socioculturelles, les femmes à faible revenu et les mères seules étant tenues de trouver le juste équilibre entre leurs tâches ménagères traditionnelles et des activités génératrices de revenus. À Accra, la capitale du Ghana, les aliments vendus sur la voie publique offrent non seulement une opportunité économique aux femmes, mais également un moyen d'améliorer les moyens de subsistance et les systèmes alimentaires urbains – Les aliments vendus sur la voie publique à Accra se sont révélés nutritifs et sains, même si la population a l’impression du contraire. La FAO aujourd’hui, en s'appuyant sur le soutien des administrations locales et les formations organisées au cours de ces dernières années, s'emploie à accroître les connaissances des vendeurs d'aliments sur la voie publique en vue d’améliorer davantage la sécurité nutritionnelle et sanitaire des aliments pour les citadins, tout en continuant à offrir des possibilités d'activités rémunératrices pour les femmes. 

Une importante étude de la FAO de 2016 a constaté que les emplois relatifs à la vente d’aliments sur la voie publique sont principalement occupés par les femmes. L'enquête approfondie sur le terrain révèle que sur les 8 000 à 10 000 vendeurs d'aliments sur la voie publique estimés à Accra, la capitale du Ghana, au moins 90 pour cent sont des femmes. La majorité de ces femmes ont entre 25 et 45 ans, et presque la totalité d'entre elles dépendent de l'argent personnel ou familial pour financer leurs entreprises.

Vendre des aliments sur la voie publique demande beaucoup de temps – les vendeurs travaillent généralement six jours par semaine, 10 heures par jour, sans compter le temps passé à acheter et à cuisiner les ingrédients. Et les femmes qui ont été interviewées pour l’enquête de la FAO vendent des aliments sur la voie publique depuis en moyenne huit ans, ce qui donne à penser que le secteur ne constitue pas seulement une source temporaire de revenus mais également une possibilité d’emploi à long terme.

Quelques histoires sur la vente d’aliments sur la voie publique à Accra
Comfort, vingt-sept ans, vivant à Accra, est un parfait exemple d’une vendeuse d’aliments sur la voie publique d’aujourd’hui. Bien qu’elle détienne un diplôme universitaire, elle a rencontré énormément de difficultés à trouver un emploi après l’université, et c’est pour cette raison dit-elle : « que j’ai choisi de me lancer dans la cuisine parce que c’est ma passion». Désormais, Comfort se réveille tous les jours à 5 heures du matin, se rend au marché pour acheter des ingrédients et ouvre son kiosque à 8 heures. Elle vend un grand nombre de plats cuisinés, mais ses préférés sont les gâteaux. «Ce qui me rend heureuse, c’est de cuisiner et de préparer des gâteaux !», dit-elle en riant. Pour faire croître son entreprise, Comfort s’est même occupée de concevoir sa propre marque et son logo accrocheur. Comme tout véritable entrepreneur, elle sait que l'image de son entreprise est aussi importante que le goût de la nourriture qu’elle propose.

Esther, trente-deux ans, dit que la partie la plus difficile de son travail est de se lever à 2 heures du matin. Mère de deux enfants, elle commence dans son stand à Accra, tous les matins à 5 heures, à vendre des fruits prêt-à-manger. Esther dit qu'elle vend des fruits parce que «ce sont des aliments sains et les clients les apprécient énormément». Elle porte des sacs en plastique en guise de gants, elle lave tout d’abord un couteau tranchant avec de l’eau qui jaillit d’un sac en polyéthylène (connu au Ghana sous le nom de «pure water» (eau pure)) Ensuite, une poignée de feuilles en main, elle prend un ananas et le pèle avant de le couper en petits morceaux qui tombent dans un récipient. Elle ajoute ensuite des cubes de mangue, de banane, de pastèque et de pomme. Pour finir, elle ferme et sécurise le récipient, et se tient prête à proposer ses fruits à un client accompagnés d’un merci et d’un sourire.

Le menu de Hamida fait la part belle aux plats locaux : Banku, riz wolof, tuo zafi, wakei, ragout de bœuf avec des œufs, shito, poulet et poisson frits. Cette femme, âgée de 32 ans, prépare tous ses repas chez elle avant de les amener dans son échoppe dans des casseroles et des glacières reluisantes et de les servir dans de petites assiettes avec des couverts recyclables. Quand elle n’est pas en train de servir, elle s’assoit et parle à ses clients installés devant des tables en plastiques tout en allaitant son bébé. Puis à 2 heures, sa sœur prend la relève, et Hamida part avec son bébé enveloppé dans une étole attachée sur son dos, suivie par ses deux enfants plus âgés.

Les entreprises des femmes
Les histoires de Comfort, Esther, et Hamida sont monnaie courante dans toute l'Afrique, où les activités de vente des aliments sur la voie publique ont proliféré au cours de ces 35 dernières années, en raison principalement de l'urbanisation et de ses conséquences.

D'une part, l'augmentation des distances parcourues pour aller travailler et la vie urbaine frénétique ont stimulé la demande des citadins africains de denrées alimentaires aisément accessibles, prêtes à être consommées et bon marché.

D'autre part, le marché du travail est devenu plus compétitif, ce qui signifie que les groupes sociaux marginalisés tels que les femmes et les minorités ethniques ont des difficultés à trouver du travail en raison de leur manque d'éducation et de compétences professionnelles. Pour ces personnes, entreprendre une activité indépendante devient souvent le seul moyen de gagner leur vie.

Du fait que la vente de nourriture sur la voie publique ne requiert qu’un petit capital de démarrage et aucune éducation formelle, cette activité représente une opportunité idéale pour les femmes. Avec leurs compétences culinaires et leurs ustensiles de cuisine et l'aide non rémunérée de membres de la famille – en particulier les jeunes filles et sœurs – la vente de denrées alimentaires sur la voie publique constitue l'un des moyens les plus faciles pour elles de devenir des travailleuses autonomes. Et c'est la principale raison pour laquelle les femmes sont majoritaires dans le marché de la vente d’aliments sur la voie publique dans la plupart des pays d'Afrique, hormis dans les pays où les activités économiques des femmes sont limitées.

Aliments de rue nutritifs et sains
L'étude de la FAO à Accra a mis en évidence comment les vendeurs d'aliments sur la voie publique ont tendance à exercer leurs activités dans les zones les plus pauvres de la ville et à proximité des écoles, ce qui signifie que de nombreux enfants pauvres dépendent d’eux pour se nourrir. Heureusement, les conditions d'hygiène et de sécurité sanitaire globales dans lesquelles les aliments de rues sont préparés à Accra se sont révélés respecter des normes satisfaisantes. Et cela en dépit du fait que les vendeurs d’aliments sur la voie publique ne font pas l’objet de contrôles alimentaires de la part des pouvoirs publics.

Quoi qu’il en soit, les vendeurs ont démontré ces dernières années avoir amélioré leurs connaissances en matière d’hygiène, de normes de sécurité sanitaire, de manipulation et de stockage des aliments. Les facteurs qui ont contribué à ces améliorations sont l’augmentation du niveau d’instruction et l’intensification de la collaboration entre les autorités locales et la FAO.

En 2012-2013, la FAO s’est associée avec l’Agence pour l’alimentation et les médicaments du Ghana et ont proposé des sessions de renforcement des capacités sur la manutention et le stockage qui ont remporté un franc succès auprès des vendeurs de denrées alimentaires sélectionnés. Les défis abordés pendant ces sessions concernaient la médiocrité des infrastructures et le manque d’eau potable. Plus récemment, en 2016, la FAO a formé 14 assistants de recherche de l'École de santé publique de l'Université du Ghana à la «Collecte de données basée sur la téléphonie mobile pour surveiller la vente de nourriture dans les zones urbaines». Cette formation a permis de poser de bonnes bases concernant les techniques et méthodologies relatives à la collecte numérique de données pour les futurs inspecteurs des denrées alimentaires nationaux du Ghana.

Enfin, outre les campagnes de sensibilisation visant le grand public, les consommateurs du Ghana sont également devenus plus avertis et exigeants, obligeant ainsi les vendeurs à adopter de meilleures pratiques et des normes d'hygiène plus sévères afin de satisfaire la vigilance du public toujours plus grande.

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