Éradiquer la pauvreté et la faim au Zimbabwe grâce au sorgho et au mil

En concertation avec le gouvernement du Zimbabwe, la FAO s’efforce de stimuler la production, la transformation et la commercialisation des petites céréales.

Points clés

Cultiver des plantes qui, comme le maïs, ont besoin de beaucoup d’eau dans des régions exposées à la sécheresse, est évidemment une gageure. Pourtant, c’est précisément ce que font de nombreux petits agriculteurs du Zimbabwe, augmentant ainsi leurs risques d’être confrontés à de faibles rendements, à des pertes de revenus et à la faim. Dans le cadre de son programme de coopération technique, la FAO soutient le ministère du Zimbabwe pour le développement de l’agriculture, de la mécanisation et de l’irrigation, dans les efforts qu’il déploie pour stimuler la production, la transformation et la commercialisation des petites céréales dans trois des provinces les plus arides du pays. 

Soucieux d’éliminer les risques de faibles rendements, de perte de revenus et de faim, le Gouvernement du Zimbabwe a sollicité une assistance de la FAO pour aider les agriculteurs des zones marginales du pays à se concentrer davantage sur la production de petites céréales, comme le sorgho et le mil.

Ces deux céréales sont d’importantes cultures traditionnelles comparativement moins gourmandes en eau et plus nutritives que le maïs.

En concertation avec le ministère du Zimbabwe pour le développement de l’agriculture, de la mécanisation et de l’irrigation, la FAO a lancé, en septembre 2010, un projet pilote de deux ans, pour stimuler la production, la transformation et la commercialisation de petites céréales dans trois des provinces les plus arides du pays.

Selon Joyce Mulila-Mitti, fonctionnaire technique principale de la FAO pour ce projet, le maïs est la culture que quasiment tous les agriculteurs du Zimbabwe veulent planter. «Dans ce pays, elle est si populaire qu’elle est semée même dans des régions où les conditions ne sont pas propices», a-t-elle expliqué, notamment dans des zones où la pluviométrie est inférieure à 600 mm par an.

Cette culture est fortement encouragée – notamment par la politique gouvernementale et les services de vulgarisation agricole ciblés sur la production de maïs, des campagnes de commercialisation agressives de la part des maisons de semences et des industriels, les politiques de prix favorables et la demande soutenue. Des technologies et des variétés de maïs à haut rendement sont également facilement accessibles.

En revanche, la culture des petites céréales a posé plus de problèmes aux agriculteurs des zones les plus arides du Zimbabwe, bien que ces cultures soient plus adaptées à l’environnement et qu’elles soient d’excellentes sources de protéines, d’énergie, de vitamines et de minéraux.

Premièrement, les coûts de production sont élevés et les semences de bonne qualité sont rares. Durant les périodes de sécheresse, les agriculteurs doivent souvent recycler les mêmes graines la campagne suivante, de sorte que les rendements sont plus faibles. Les techniques traditionnelles de transformation des céréales requièrent une main-d’œuvre importante et l’appui technique et la recherche sont insuffisants.

Lever les obstacles
Mais c’est précisément pour surmonter ces problèmes que le projet a été mis en œuvre. Il devait notamment faire en sorte que les agriculteurs disposent d’une source sûre de variétés de semences améliorées à haut rendement de sorgho et de mil. Le projet a formé plusieurs agriculteurs, ainsi que des fonctionnaires du Département des services techniques et de vulgarisation agricole (AGRITEX), partenaire d’exécution du projet, aux techniques de multiplication des semences. Il a facilité l’accès des agriculteurs aux semences, en établissant des systèmes communautaires de production et de distribution dans chacun des 9 districts participants.

Le projet a contribué à former les agents d’AGRITEX pour qu’ils soient mieux à même de fournir un appui technique aux producteurs de semences, et fait en sorte que le savoir acquis en matière de multiplication des semences profite à d’autres agriculteurs et agents de vulgarisation, grâce à la publication de manuels de formation et de production. Les connaissances des agriculteurs ont aussi été transmises aux chercheurs du Crop Breeding Institute, chargé de contrôler les producteurs de semences et de céréales.

Effet d’entraînement
Grâce à des parcelles de démonstration, à des visites d’échange et à des journées de démonstration, les agriculteurs ont pu constater par eux-mêmes les avantages de l’utilisation des variétés et des technologies améliorées introduites par le projet, et examiner et comparer différentes pratiques de gestion des cultures.

Une des journées de démonstration a attiré plus de 250 personnes, dont des conseillers et des responsables communautaires. Une femme a expliqué qu’elle incitait plus d’agriculteurs de son district à se lancer dans la production de petites céréales, d’autant que les variétés améliorées murissent tôt. «J’ai déjà récolté suffisamment de sorgho et de mil chandelle pour nourrir ma famille jusqu’à la prochaine saison, et j’ai même un surplus à vendre», a-t-elle déclaré.

Garantir l’accès aux marchés
La production de semences et de céréales ne peut être durable que si les agriculteurs sont assurés d’avoir accès aux marchés. À défaut, ils n’auraient guère intérêt à produire.

Les visites d’échanges et les journées de démonstration ont fourni un cadre idéal pour favoriser les échanges de semences entre agriculteurs et avec d’autres acteurs.

Le projet a aussi mis les agriculteurs en liaison avec des marchés de niche, notamment avec des brasseries – grandes consommatrices de sorgho – et avec des organisations non gouvernementales participant à des programmes de distribution de semences au Zimbabwe.

Cadre de politique
Les petites céréales offrent un potentiel énorme, non seulement pour améliorer les régimes alimentaires et les revenus des agriculteurs dans les zones marginales du Zimbabwe, mais aussi pour renforcer la sécurité alimentaire à l’échelle nationale.

Le projet de la FAO a contribué à jeter les bases d’une production durable de petites céréales et à inciter davantage d’agriculteurs à se lancer dans ce type de culture, y compris ailleurs que dans les zones du projet. Mais il reste encore beaucoup à faire, et tout d’abord mettre en place un cadre de politique porteur, explique Mme Mulila-Mitti.

Compte tenu de la fréquence des sécheresses, il convient de développer la production de petites céréales à plus grande échelle dans les régions marginales du pays, sous la direction d’AGRITEX, et il faudrait aussi que les agriculteurs des régions productrices de maïs consacrent une partie de leurs terres à la culture de petites céréales pour atténuer les risques de catastrophe.

La politique de l’offre, pratiquée par le gouvernement, devrait avoir pour objet d’inclure le sorgho et le mil dans les programmes de fourniture d'intrants, comme le fait déjà le pays dans les régions les plus arides. Elle devrait aussi appuyer davantage la recherche et les services de vulgarisation ciblés sur la production de petites céréales.

L’utilisation de petites batteuses à céréales motorisées, fournies par le projet, a eu le double avantage de faire gagner du temps aux agriculteurs durant les récoltes, et de réduire la quantité d’impuretés présentes dans les céréales, ce qui a permis aux agriculteurs de vendre à de meilleurs prix. Au fur et à mesure que la production augmentera, il faudra mettre à la disposition des agriculteurs plus de batteuses.

De nouveaux marchés devraient être exploités, notamment dans les pays voisins comme le Botswana, où le sorgho est l’aliment de base des populations, tout comme le maïs l’est dans d’autres parties de l’Afrique australe, a ajouté Mme Mulila-Mitti.

En définitive, il est important de faire connaître au public la valeur nutritionnelle du sorgho et du mil, et d’assurer leur large distribution – dans des boutiques vendant de la farine de sorgho et de mil, dans des établissements de restauration rapide et des restaurants servant des repas à base de petites céréales.

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