Les femmes du Kanem ouvrent la voie du développement agricole

Le projet a permis à des groupes de femmes d’accéder à des terres irrigables et fertiles et de les exploiter en leur nom.

Points clés

Dans la région du Kanem, dans l’ouest du Tchad, la majorité des hommes des familles rurales pauvres ont émigré vers des régions offrant de meilleures perspectives économiques pour assurer la survie de leurs familles. Les femmes sont ainsi souvent devenues chefs de ménage et assument des tâches particulièrement lourdes, notamment la culture des terres. Avec une production agricole en baisse et une insécurité alimentaire plus aiguë, les taux de malnutrition chronique chez les femmes et les enfants y sont plus élevés que dans le reste du pays. La FAO travaille avec les populations vulnérables de la région depuis 2010 en vue de contribuer à la lutte contre la malnutrition. Les familles rurales les plus pauvres n’ayant qu’un accès limité aux terres irriguées et fertiles de l’oued, elles ne peuvent pas cultiver les légumes essentiels dans le cadre d’un régime alimentaire nutritif. Afin de mettre en place un soutien des activités de jardinage, de petits projets d’irrigation et de l’éducation à la nutrition, la FAO a réuni les propriétaires terriens et les agriculteurs n’ayant pas accès aux terres irrigables de l’oued. Ces efforts ont conduit à l’accroissement de la production agricole, à l’amélioration des revenus et à un net recul des taux de malnutrition.

La région du Kanem a longtemps connu des taux extrêmement élevés de malnutrition infantile. Les enquêtes de nutrition menées depuis la fin des années 1990 ont révélé des taux de malnutrition aiguë globale dépassant les 20 pour cent chez les enfants de moins de 5 ans, bien au-delà du seuil d’alerte de 15 pour cent reconnu au niveau international. Parallèlement, plusieurs etudes ont mis en avant le potentiel du Kanem s’agissant de l’accroissement de la production agricole au moyen de l’exploitation des terres fertiles inutilisées des oueds peu profonds, ce qui améliorerait la disponibilité alimentaire et augmenterait le pouvoir d’achat des ménages vulnérables.

L’idée du projet était principalement de renforcer les ménages vulnérables du Kanem par quatre composantes en vue d’accroître la production alimentaire et le pouvoir d’achat: la production de légumes dans l’oued, l’élevage de chèvres, des activités rémunératrices et le recours à l’irrigation au goutte-à-goutte pour la production de légumes au niveau du ménage. Ces composantes ont été complétées par une brève campagne sur une nutrition de qualité.

Des prêts de terres arables et l’autonomisation des femmes offrent des solutions 
Des accords de prêt de terres, d’une durée de cinq ans, ont été signés entre des prêteurs et les groups d’utilisateurs les plus pauvres. Le projet a permis à des groupes de femmes de la région, où les femmes ont rarement l’occasion d’accéder à des terres agricoles, d’utiliser des terres irrigables et fertiles et de les exploiter en leur nom. Les femmes disposent de parcelles de terres arables et ont été formées aux bonnes pratiques agricoles garantissant un éveloppement agricole durable dans le Kanem. Les activités de jardinage mises en oeuvre dans l’oued ont conduit à une forte augmentation de la production alimentaire pour la consommation des ménages.

Les femmes sont aujourd’hui en mesure de mener des activités économiquement viables toute l’année. L’accès aux terres arables dans l’oued offre non seulement aux ménages un régime alimentaire plus varié et plus équilibré, mais permet également de mener des activités générant un revenu plus important et plus stable.

Le projet de la FAO a permis d’accroître la production alimentaire parmi les ménages bénéficiaires et, partant, de renforcer la sécurité alimentaire de la communauté et d’accroître le pouvoir d’achat de plus de 50 pour cent des ménages bénéficiaires. Ce revenue supplémentaire a servi à améliorer la nutrition dans les ménages, avec des résultats spectaculaires: le taux de malnutrition infantile est tombé à 12,6 pour cent dans les ménages bénéficiaires, contre 31,1 pour cent dans les ménages non bénéficiaires.

Un champ d’action élargi grâce à des parte nariat s avec le PAM et l’UNICEF
Le bureau de la FAO à Mao (capitale de la région du Kanem) a été ouvert dans les bureaux du PAM, illustrant la coordination et la coopération existant entre les organismes. En partenariat avec le PAM, la FAO met en oeuvre des programmes «vivres contre travail» en réponse à la crise alimentaire que connaît le Kanem. La FAO collabore également avec l’UNICEF dans le cadre de programmes de jardinage et d’éducation à la nutrition.

Début 2013, 211 groupes de femmes avaient déjà bénéficié de l’approche développée dans le projet initial de la FAO. Cette approche a été reproduite à de nombreuses reprises, non seulement par la FAO mais également par d’autres organisations au Tchad telles que Secours islamique France, OXFAM, Action contre la faim et l’Agence d’aide à la coopération technique et au développement, ainsi que par le Gouvernement tchadien dans le cadre de son Programme national de sécurité alimentaire. 

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