Peuples Autochtones

La FAO lance la Plateforme mondiale sur les systèmes alimentaires des peuples autochtones


Les États membres ont approuvé la création de la Plateforme mondiale de la FAO sur les systèmes alimentaires des peuples autochtones lors de la 27e session du Comité de l’agriculture (COAG).

06/10/2020 - 

La Plateforme mondiale sur les systèmes alimentaires des peuples autochtones rassemble des experts et organisations autochtones, des universités, des centres de recherche, des agences des Nations Unies et des experts de la FAO pour recueillir des connaissances et éclairer le débat politique sur les systèmes alimentaires durables.

"Les données factuelles touchant aux systèmes alimentaires des peuples autochtones peuvent jouer un rôle important dans la transformation des systèmes alimentaires, en contribuant à les rendre plus durables et plus respectueux de la nature, souligne Jamie Morrison, Directeur de la Division des Systèmes alimentaires et sécurité sanitaire des aliments de la FAO.

Lors de la 27e session de son Comité technique de l'agriculture (COAG), la FAO a lancé avec les États membres, la Plateforme mondiale sur les systèmes alimentaires autochtones, une plateforme de connaissances entièrement dédiée à combler le fossé entre les connaissances scientifiques et ancestrales des universitaires et des peuples autochtones.

Le Comité de l'agriculture a souligné le rôle clef des peuples autochtones en tant que protecteurs de la biodiversité et détenteurs de connaissances sur la gestion des ressources naturelles, les innovations et les systèmes alimentaires, et la nécessité pour les scientifiques et les parties prenantes d’adopter une approche interculturelle dans leur compréhension des systèmes alimentaires autochtones.

Dans le cadre des discussions en plénière sur Mettre en application une approche axée sur les systèmes alimentaires pour accélérer la réalisation du Programme 2030, les représentants de l'Argentine, de l'Algérie au nom du Groupe régional Afrique, de l'Australie, du Canada, de l'Allemagne au nom de l'Union européenne-27, de la Guinée, de la République dominicaine, de la Nouvelle-Zélande, de la Malaisie et la Fédération de Russie, ont souligné l'importance des connaissances des peuples autochtones, salué la création de la Plateforme mondiale sur les systèmes alimentaires autochtones, et reconnu l'importance d'accroître la participation des peuples autochtones dans les processus politiques, les Comités et autres plateformes  des Nations Unies ; en particulier dans le cadre du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires 2021.

“La Plateforme mondiale créera des synergies encourageant davantage de recherches sur les systèmes alimentaires autochtones, ainsi qu’elle fournira des messages basés sur des données factuelles, et des conseils techniques aux débats politiques mondiaux et régionaux, a ajouté Edmond Dounias, Directeur de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).

En outre, le Comité de l'agriculture a reconnu les lacunes et les défis auxquels sont confrontés les peuples autochtones en matière de sécurité alimentaire, d'accès à la santé et à l'éducation, aggravés par la pandémie de COVID-19 ; et a souligné l'importance de la recommandation de l'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones à la FAO, que les peuples puissent participer directement aux dialogues en matière de politique.

La transformation des systèmes alimentaires devrait inclure différents types de connaissances pour élaborer de nouveaux cadres de recherche impliquant à la fois les chercheurs et les peuples autochtones, a souligné Myrna Cunningham, dirigeante autochtone du peuple Miskito et présidente du le Fonds pour le développement pour les peuples autochtones d'Amérique latine et des Caraïbes (FILAC – acronyme espagnol), au cours de la réunion de préparation de la Plateforme mondiale.

La Plateforme mondiale promouvra la préservation des pratiques de gestion territoriale et des systèmes alimentaires des peuples autochtones, qui les ont nourris pendant des siècles tout en préservant 80% de la biodiversité restante de la planète. Elle interagira avec des réseaux universitaires et de recherche non autochtones afin de développer un récit fondé sur des données factuelles, qui respecte et reconnaît les contributions que les peuples autochtones apportent à la durabilité et à la conservation de la planète depuis des centaines d'années.

La disparition des connaissances des peuples autochtones s’accélère à un rythme alarmant. Bien qu'ils aient prévalu pendant des siècles, les systèmes alimentaires des peuples autochtones sont de plus en plus affectés par le changement climatique, les industries extractives, les déplacements, l'élevage intensif et les changements d'utilisation des terres a souligné, Phrang Roy, Coordonnateur du Partenariat autochtone pour l'agrobiodiversité et la souveraineté alimentaire (TIP), et membre co-fondateur de la Plateforme mondiale.

La Plateforme mondiale rassemble la FAO et 17 institutions chargées de recherches et d'analyses pratiques avec les peuples autochtones sur leurs systèmes alimentaires. Cela va de l'analyse des micronutriments de la composition des aliments, à la recherche sur le terrain sur la transmission horizontale et verticale des connaissances. Des organisations comme INFOODS, Bioversity-International, FILAC, CIFOR-ICRAF, IRD, TIP, AIPP, CENESTA, Gaia Amazonas, le Parlement Sámi en Finlande, la CCNUCC, UNESCO, L’IPNUQA -UNDESA et les universités de Massey, Greenwich, Monash et McGill-CINE, partageront leurs agendas de recherche et leurs réseaux d'experts.

En particulier, la Plateforme mondiale fournira des contributions pour soutenir le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires 2021 et les Directives volontaires sur les systèmes alimentaires et la nutrition du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA). En outre, la Plateforme mondiale mettra son expertise à contribution de la Décennie des Nations Unies pour les langues autochtones et de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, entre autres.

Anna Lartey, Directrice de Division de la nutrition et des systèmes alimentaires de la FAO, a souligné le potentiel des connaissances des peuples autochtones pour soutenir la transformation des systèmes alimentaires, et offrir une alimentation saine. Marcela Villarreal, Directrice de la Division Partenariats et collaboration au sein du système des Nations Unies de la FAO, a remercié les membres du Comité de l'agriculture pour leur soutien à la Plateforme mondiale sur les systèmes alimentaires autochtones, comme “elle offrira l’opportunité d’échanges significatifs entre les systèmes de connaissances, en s'appuyant sur la contribution des systèmes alimentaires des peuples autochtones au débat mondial, du point de vue de leur durabilité, de la protection de la biodiversité, de l'intégration des aspects liés à la santé, et de la capacité à innover. Ce sera une formidable ressource pour le débat menant au Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires 2021”.

Les Peuples Autochtones: Alliés de la FAO dans l’éradication de la faim et de la malnutrition

“Les savoirs traditionnels, les modes de gouvernance et les systèmes coutumiers des peuples autochtones s’avèrent depuis toujours dynamiques, axés sur les résultats et spécifiques au lieu. Leurs connaissances sont essentielles pour faire progresser l'éradication de la faim et de la malnutrition, a fait savoir Yon Fernández-de-Larrinoa, chef de l'Unité Peuples autochtones de la FAO.

Les peuples autochtones sont les gardiens de la diversité culturelle, comprenant plus de 476 millions de personnes, parlant 4 000 langues et appartenant à 5 000 peuples différents répartis dans le monde. Leurs systèmes alimentaires les ont soutenus pendant des milliers d'années, générant des aliments en harmonie avec la nature tout en préservant l'environnement. Les peuples autochtones sont reconnus comme les gardiens de 80% de la biodiversité restante du monde, leurs territoires coïncidant souvent avec les zones les mieux préservées du monde.