Fidji: la FAO contribue à renforcer la résilience face aux catastrophes


Par Xiangjun Yao, Coordonnatrice sous-régionale et Représentante de la FAO aux Fidji

Financé par l’Union européenne, le Projet FAO pour des Fidji résilientes a permis au gouvernement fidjien de renforcer ses capacités en matière de gestion de l’information et d’adopter des normes relatives à la gestion des catastrophes et à la préparation aux situations d’urgence. ©FAO

18/03/2021

Le partage de compétences et d’enseignements tirés des expériences vécues, que celles-ci soient bonnes ou mauvaises, contribue à soutenir et à renforcer les capacités des institutions nationales en vue d’améliorer la résilience face aux catastrophes. On a pu le constater très clairement lorsque des membres du Ministère fidjien de l’agriculture, qui avaient été formés à la collecte et à l’analyse de données sur les catastrophes dans le cadre d’un projet de la FAO, sont devenus maîtres-formateurs pour d’autres institutions nationales au lendemain des cyclones tropicaux Yasa et Ana.

 État des lieux

Les Fidji, comme les autres états insulaires du Pacifique, sont exposées à des catastrophes climatiques fréquentes. À elle seule, la République des Fidji a été frappée par trois cyclones tropicaux en l’espace de douze mois (2020-2021). En raison de la fréquence accrue de ces catastrophes naturelles, les conséquences sur les économies locales, les moyens d’existence et la vie des populations augmentent de façon exponentielle.

Par le passé, le Ministère de l’agriculture ne disposait que de moyens limités pour évaluer les dommages, l’impact et les besoins après une catastrophe, ce qui est pourtant essentiel pour pouvoir fournir une assistance humanitaire adaptée. Non seulement les analyses post-catastrophes réalisées par le Ministère et les autorités nationales chargées de la gestion des catastrophes n’étaient pas toujours publiées en temps voulu, mais la méthodologie employée n’était pas assez fiable pour convaincre les donateurs et les partenaires internationaux d’apporter leur contribution.

Le partage de compétences et d’enseignements tirés des expériences vécues contribue à soutenir et à renforcer les capacités des institutions nationales en vue d’améliorer la résilience face aux catastrophes. ©FAO

Mise en place du projet

Depuis 2018, le Projet pour des Fidji résilientes mené par la FAO et financé par l’Union européenne, a permis au gouvernement fidjien de renforcer ses capacités en matière de gestion de l’information et d’adopter des normes relatives à la gestion des catastrophes et à la préparation aux situations d’urgence, notamment aux sécheresses causées par le phénomène El Niño.

L’équipe de projet de la FAO a mis en place un programme de formation axé sur la collecte, l’analyse et la cartographie des données aux fins de l’évaluation des risques et des catastrophes. Il s’agissait de limiter les lacunes et les doublons, et de favoriser une bonne cohérence entre tous les plans des différentes parties prenantes pour la mise en œuvre des activités liées à la sécurité alimentaire. Ainsi, des aides rapides, précises et complètes pourraient être acheminées vers les agriculteurs et les populations touchés, en particulier les personnes les plus vulnérables.

Couvrant diverses technologies, le programme abordait, entre autres, les outils cartographiques, la collecte et l’analyse de données, l’utilisation du Système d’information géographique (SIG) et la cartographie 4/5W (qui permet de déterminer qui fait quoi, où, quand et pour qui) et visait à renforcer les connaissances sur les protocoles de gestion de l’information pour accéder aux bases de données et informations du SIG et les diffuser efficacement. Le programme comprenait aussi une formation à l’utilisation de logiciels tels que l’outil KoBo, un logiciel de collecte de données gratuit et personnalisable qui peut servir à évaluer les effets des catastrophes, notamment sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. Au bout du compte, la formation a permis d’élaborer une méthodologie d’évaluation des besoins après une catastrophe, laquelle peut être appliquée aux situations de sécheresse, mais aussi à d’autres types de catastrophes.

L’équipe de projet de la FAO a mis en place un programme de formation axé sur la collecte, l’analyse et la cartographie des données aux fins de l’évaluation des risques et des catastrophes. ©FAO

Une grande avancée

Alors que l’année 2020 touchait à sa fin, pour la toute première fois après le cyclone Yasa, l’unité des statistiques et l’unité des politiques du Ministère de l’agriculture ont été en mesure de réaliser une évaluation initiale des dégâts en 72 heures seulement, ainsi qu’une évaluation détaillée des dommages causés dans le domaine de la sécurité alimentaire et dans le secteur de l’agriculture, conformément aux normes internationales et à la méthodologie de la FAO. Il s’agit là d’une grande avancée, tant sur le plan de la rapidité que sur celui de la méthodologie, par rapport aux évaluations post-catastrophe qui avaient été menées ces dernières années par les autorités nationales après les cyclones précédents.

Fonctionnaire principale par intérim chargée de la planification économique (statistiques) au sein du Ministère de l’agriculture, Mme Sainiana Kirisitiana, ne saurait trop souligner à quel point l’appui de la FAO a permis d’améliorer les capacités du Ministère de l’agriculture et de renforcer son rôle en matière d’analyse des catastrophes et de planification. «Il s’agit là d’un changement radical dans la façon dont le Ministère analyse les catastrophes et intervient dans ces situations. L’aide de la FAO a été particulièrement bénéfique dans le secteur agricole. Dans le cas du cyclone tropical Yasa, la collecte efficace et rapide de données agricoles de qualité a abouti à une planification, une prise de décisions et une mise en œuvre efficaces ayant permis d’organiser les secours et d’acheminer l’aide humanitaire aux agriculteurs sinistrés.»

L’avantage comparatif de la FAO aux Fidji réside dans le fait qu’elle collabore de manière quotidienne au sein même du Ministère de l’agriculture et qu’elle élabore le programme et l’adapte au contexte et aux capacités et besoins du Ministère, conjointement avec les unités concernées.

Valeur ajoutée

Cette aide apporte une valeur ajoutée dans la mesure où les outils et les capacités sont désormais pleinement intégrés au Ministère, sans toutefois que la FAO ne se substitue aux autorités nationales. Au sein du Ministère de l’agriculture, le module d’action groupée pour la sécurité alimentaire et les moyens d’existence, qui regroupe toutes les institutions nationales, ainsi que les principaux acteurs de la sécurité alimentaire et les bailleurs de fonds internationaux, a tout de suite tiré parti du renforcement de l’analyse des catastrophes pour mieux coordonner ses interventions et éviter qu’il n’y ait des doublons ou des chevauchements dans l’aide apportée aux communautés touchées par des catastrophes. L’étroit partenariat conclu entre la FAO aux Fidji et les hauts responsables du Ministère de l’agriculture a favorisé la coordination des activités de formation et concouru au succès du programme.

M. Mahendra Reddy, Ministre de l’agriculture, des cours d’eau et de l’environnement, a remercié la FAO d’avoir apporté son appui en collaborant avec le Ministère ces six derniers mois et en l’aidant à examiner ses plans de préparation, d’intervention et de relèvement ainsi que ses procédures opérationnelles standard. «L’appui technique a permis de fournir une assistance rapide tout au long des opérations d’intervention du Ministère face au cyclone tropical Yasa, ce qui nous a permis de mettre en œuvre notre plan d’intervention de façon plus rapide et plus coordonnée et ainsi de distribuer les produits nécessaires au relèvement du secteur agricole quelques jours à peine après le cyclone», a déclaré M. Reddy.

M. Ritesh Dass, Secrétaire permanent chargé de l’agriculture, a pu constater par lui-même à quel point une analyse solide pouvait aider les dirigeants à planifier et mettre en œuvre les opérations de secours. «Grâce à cette base de données factuelles fiables, le Ministère de l’agriculture pour prendre des décisions difficiles en toute confiance, même dans le feu de l’action.» 

La qualité de l’analyse et des travaux réalisés par le Ministère a été clairement reconnue et saluée par le Bureau national de gestion des catastrophes, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et d’autres partenaires internationaux. M. Dass se réjouit de voir comment la FAO pourra aider le Ministère de l’agriculture à tirer parti de ce succès et à renforcer encore davantage ses capacités. «Nous aurons besoin d’un appui supplémentaire pour pouvoir disposer d’équipements et d’un logiciel SIG afin de renforcer la précision et l’efficacité de la collecte de données. Parallèlement, alors que nous prévoyons de réaliser une évaluation pour tirer des enseignements des succès obtenus et des difficultés rencontrées lors des interventions menées pendant la saison cyclonique 2020-2021, le Ministère souhaiterait que la FAO lui prête main-forte pour qu’ils examinent ensemble les moyens de garantir que l’analyse des données collectées puisse mieux étayer la prise de décisions et la planification. Enfin, l’un des grands enjeux consiste à généraliser le déploiement de l’outil par l’intermédiaire du Bureau national de gestion des catastrophes, de manière à inclure d’autres ministères et modules d’action groupée et ainsi garantir une plus grande inclusivité et une meilleure préparation en matière de sécurité alimentaire aux Fidji.»

Contexte du projet

Le Projet pour des Fidji résilientes visait à réduire l’insécurité alimentaire et nutritionnelle due aux répercussions négatives des sécheresses dans le pays, provoquées par le changement climatique. Il a principalement contribué à améliorer la détection des risques climatiques et les capacités de gestion à l’échelle du pays, des provinces et des villages grâce au renforcement des capacités en matière de gestion de l’information, à la création d’un système d’alerte précoce et d’intervention rapide en cas de sécheresse, à l’instauration d’un système de planification à assise communautaire pour la gestion des risques de catastrophe, ainsi qu’à l’adoption, par les petits producteurs, d’une agriculture, de technologies de conservation et de transformation des aliments et de techniques d’irrigation intelligentes face au climat et adaptées aux enjeux nutritionnels.

Le projet a été financé par l’Union européenne et mis en œuvre par la FAO en étroite collaboration avec le Ministère de l’agriculture et d’autres institutions nationales. Il devrait s’achever avec succès en mars 2021, après trois années de mise en œuvre.

Note: Le projet n’a pas fait l’objet d’une évaluation externe.


2. Zero hunger, 10. Reduced inequalities