Amélioration des revenus des producteurs

Exportations bio-équitables d’Afrique

 

Sierra Leone

La Sierra Leone est le pays qui présentait le plus grand défi pour le projet. Le pays ne s’est pas encore rétabli de la guerre civile qui s’est terminée en 2002. Au moment du commencement du projet, les agriculteurs avaient à peine commencé à remettre en état leur plantations de cacao. Les travaux de reconstruction de la route de Freetown à Bo venaient de commencer, et les routes dans les principales régions de cultivation de cacao se trouvaient dans un état déplorable; les camions transportant le cacao s’embourbaient fréquemment. En plus, beaucoup de jeunes qui avaient grandi durant la guerre n’avaient reçu qu’une éducation minimale, et la concurrence pour la main d’œuvre qualifiée était acerbe.

C’est dans ces conditions que Kpeya Agricultural Enterprise (KAE) tentait de renforcer sa capacité d’exportation et obtenir la certification Fairtrade afin d’entrer sur le marché du commerce équitable, et ainsi augmenter les revenus de ses agriculteurs membres. Le projet a décidé de fournir un appui à KAE. En mai 2008, le projet a organisé un atelier national sur le potentiel des exportations biologiques et du commerce équitable pour la Sierra Leone. Cet atelier a attiré de nombreux responsables gouvernementaux, des représentants d'organisations paysannes et d'autres programmes d'appui. 

Un groupe de producteurs inspecte le cacao mis sur une plateforme de bamboo pour le séchage.
Le programme CEP a introduit le séchage sur des nattes afin d’ améliorer la qualité du cacao. Photo: C.E. Dankers, 2006.
Exportations de cacao

Kpeya Agriculture Entreprise (KAE) est une association productrice de cacao, fondée en 1996 par quatre producteurs de cacao et des chefs de village des chefferies de Peje West et Yawei, dans le district de Kailahun. L’association a survécu la guerre civile, et a aidé à obtenir du travail pour des programmes alimentaires pour ses membres. KAE vendait parfois du cacao pour ses membres à des commerçants à Kenema, mais elle n'avait jamais exporté. KAE a élargi ses activités à d'autres chefferies dans les districts de Kailahun et Kenema.

Lorsque le projet a commencé, il n'y avait pas de structure d'organisation formelle, et le projet a aidé KAE à élaborer des statuts et enregistrer ses membres. Avec l'aide du Ministère de l'Agriculture, KAE a mis en place un programme de Champs-Ecoles-Paysans (CEP) pour aider ses membres à remettre en état leurs plantations et ré-introduire des méthodes de fermentation et de séchage permettant d’obtenir du cacao de haute qualité. Améliorer la qualité du cacao est très important mais aussi très difficile, étant donné que les commerçants locaux paient un prix par poids, indépendamment de la qualité, ce qui incite les agriculteurs à vendre du cacao humide. En conséquence, le cacao de Sierra Leone est vendu sur le marché international avec un différentiel de prix négatif considérable. En 2007, le CEP a été étendu de 30 à 50 groupes, auxquels participent plus de 1000 agriculteurs.

En février 2007, KAE a expédié son premier conteneur. En janvier 2008, l’entreprise a obtenu la certification Fairtrade. Toutefois, l'un de ses principaux problèmes est que beaucoup d’agriculteurs ont des dettes auprès des commerçants. Ils sont donc obligés à vendre leur cacao à ces commerçants, plutôt qu’à KAE, même si KAE offre un prix plus élevé pour le cacao de bonne qualité. Afin de résoudre ce problème, KAE a introduit des règles d’adhésion plus strictes: ses membres sont maintenant obligé à fournir au moins 50 livres de cacao à crédit, pour lesquels ils sont payés à la fin de la saison. Ce cacao devrait alors générer suffisamment de fonds pour acheter et expédier plus de cacao. En 2008, les nouvelles règles avaient abouti à une réduction du nombre de membres à près de 300 agriculteurs, mais elles ont permis à KAE de recueillir suffisamment de cacao pour obtenir des fonds de pré-financement pour un autre projet.