Programme de lutte contre la trypanosomose africaine (PLTA)

Stade 1 : Poser les bases

L'objectif du stade 1 est de développer les capacités techniques et d'acquérir une compréhension suffisante de la répartition du risque et de l'impact de la TAA pour une planification des activités de terrain fondée sur des données probantes. Ces dernières seront mises en oeuvre au stade 2 et au-delà.

Développement des capacités

Les capacités essentielles comprennent la gestion de projet, les compétences vétérinaires et entomologiques dans la surveillance parasitologique et sérologique, le piégeage et l'identification des espèces de vecteurs, ainsi que la lutte antivectorielle et contre la TAA. Les compétences dans la gestion des données et les systèmes d'information géographique (SIG) pour permettre la cartographie, l'évaluation des risques et le suivi, sont également nécessaires [1, 2].

Les capacités essentielles doivent être développées dans la SNS, mais d'autres plus avancées (par exemple, le diagnostic moléculaire [3], l’analyse géo-spatiale [4]) peuvent être disponibles au sein des centres et laboratoires nationaux ou régionaux, ainsi que dans les institutions internationales.

Comprendre le risque et l'impact de la TAA

La mise en place d'un système d'information au niveau national est un autre pilier du stade 1. Toutes les données épidémiologiques et entomologiques récentes devraient être rassemblées, harmonisées, géo-référencées et centralisées. Des atlas nationaux peuvent être développés [1], en utilisant également des méthodologies de l'Atlas continental de la FAO de tsé-tsé et TAA [5, 6]. Des enquêtes ciblées sur le terrain devraient être menées lorsque des lacunes existent ou lorsque l'information disponible est trop ancienne pour éclairer la prise de décision. De manière plus générale, toutes les données nécessaires pour un choix rationnel des zones d'intervention et des stratégies doivent être collectées au stade 1. En particulier, si un raccourci conduisant directement à l’option d'élimination est envisagé (stades 3 et au-delà), des études génétiques pourraient s’avérer nécessaires pour établir le degré d'isolement des populations tsé-tsé cibles [7, 8] et le risque de réinvasion y afférant.

L'information socio-économique sur le fardeau de la TAA est essentielle pour justifier l'investissement et prioriser les zones d'intervention. Les analyses coûts-bénéfices [9-11], les cartes de distribution des tsé-tsé et de la TAA [1, 5, 6] et les modèles de distribution et d'isolement de la mouche tsé-tsé [4, 12] sont des outils qui devraient favoriser une sélection rationnelle des zones d'intervention et des stratégies. La présence et le risque de THA [13-15] devraient être pris en compte, car les interventions dans un cadre « One Health » apportent des avantages plus larges et sont plus susceptibles d'attirer des ressources [16-18]. Les contraintes de sécurité (conflits civils, conflits armés, etc.) ne doivent pas être négligées.

Activités pilotes sur le terrain

Bien que les interventions sur le terrain fassent principalement partie des stades ultérieures, des activités pilotes sur le terrain contre la tsé-tsé et la TAA devraient être réalisées au stade 1. Leur objectif est de développer les capacités nationales, d'affiner et d'optimiser les outils d'intervention et de motiver les bailleurs. En outre, tout au long du PCP, des interventions sur le terrain peuvent être nécessaires pour lutter contre les éventuelles épizooties de TAA [19], y compris au stade1.

Comité de pilotage

Le stade 1 devrait également se pencher sur les aspects de coordination. Un comité de pilotage devrait être mis en place pour l'orientation et la supervision de la SNS et de ses activités. Il devrait inclure, dans sa composition, les parties prenantes nationales (par exemple, tous les ministères concernés, tels que ceux en charge de l’élevage, de l'agriculture, de la santé, de l'environnement, etc.), ainsi que des acteurs régionaux et internationaux, notamment les communautés économiques régionales (CER), les organisations internationales et les institutions de recherche.

Choix des zones d'intervention prioritaires et des stratégies les plus appropriées

Le stade 1 aboutit au choix des zones d'intervention prioritaires [20] et aux stratégies les plus appropriées pour les zones sélectionnées (réduction ou élimination durable de la TAA). La stratégie la plus probable pour les stades ultérieurs peut, dans une certaine mesure, influencer les activités du stade 1. Par exemple, les exigences en termes de données et de capacités diffèrent selon que le scénario choisi est la réduction durable ou l'élimination, ce qui peut aussi affecter les activités et la durée du stade 1.

Références

  1. Ahmed, S.K. et al., An atlas of tsetse and bovine trypanosomosis in Sudan. Parasit. Vectors. 2016; 9: 194
  2. Cecchi, G. and Mattioli, R., Geospatial Datasets and Analyses for an Environmental Approach to African Trypanosomiasis.
  3. Seck, M. et al., The prevalence of African animal trypanosomoses and tsetse presence in Western Senegal. Parasite. 2010; 17: 257–265
  4. Dicko, A.H. et al., Using species distribution models to optimize vector control in the framework of the tsetse eradication campaign in Senegal. Proc. Natl. Acad. Sci. U.S.A. 2014; 111: 10149–10154
  5. Cecchi, G. et al., Developing a continental atlas of the distribution and trypanosomal infection of tsetse flies (Glossina species). Parasit. Vectors. 2015; 8: 284
  6. Cecchi, G. et al., Assembling a geospatial database of tsetse-transmitted animal trypanosomosis for Africa. Parasit. Vectors. 2014; 7: 39
  7. Solano, P. et al., Population genetics as a tool to select tsetse control strategies: suppression or eradication of Glossina palpalis gambiensis in the Niayes of Senegal. PLoS Negl. Trop. Dis. 2010; 4: e692
  8. Adam, Y. et al., Genetic comparison of Glossina tachinoides populations in three river basins of the Upper West Region of Ghana and implications for tsetse control. Infect. Genet. Evol. 2014; 28: 588–595
  9. Shaw, A. et al., Mapping the economic benefits to livestock keepers of intervening against bovine trypanosomosis in Eastern Africa. Prev. Vet. Med. 2014; 113: 197–210
  10. Shaw, A. et al., Mapping the benefit–cost ratios of interventions against bovine trypanosomosis in Eastern Africa. Prev. Vet. Med. 2015; 122: 406–416
  11. Shaw, A.P. et al., Estimating the costs of tsetse control options: an example for Uganda. Prev. Vet. Med. 2013; 110: 290–303
  12. Bouyer, J. et al., Mapping landscape friction to locate isolated tsetse populations that are candidates for elimination. Proc. Natl. Acad. Sci. U.S.A. 2015; 112: 14575–14580
  13. Simarro, P.P. et al., The Atlas of human African trypanosomiasis: a contribution to global mapping of neglected tropical diseases. Int. J. Health Geogr. 2010; 9: 57
  14. Simarro, P.P. et al., Estimating and mapping the population at risk of sleeping sickness. PLoS Negl. Trop. Dis. 2012; 6: e1859
  15. Simarro, P.P. et al., Monitoring the progress towards the elimination of gambiense human African trypanosomiasis. PLoS Negl. Trop. Dis. 2015; 9: e0003785
  16. WHO. Control and Surveillance of Human African Trypanosomiasis. 2013
  17. Simarro, P.P. et al., Monitoring the progress towards the elimination of gambiense human African trypanosomiasis. PLoS Negl. Trop. Dis. 2015; 9: e0003785
  18. Grant, C. et al., Stakeholder narratives on trypanosomiasis, their effect on policy and the scope for One Health. PLoS Negl. Trop. Dis. 2015; 9: e0004241
  19. Van den Bossche, P. and Delespaux, V., Options for the control of tsetse-transmitted livestock trypanosomosis. An epidemiological perspective. Vet. Parasitol., 181 (2011), pp. 37-42
  20. Mattioli, R. et al., Tsetse and trypanosomiasis intervention policies supporting sustainable animal-agricultural development. J. Food Agr. Environ., 2 (2004), pp. 310-314.