Dévouement à lutter contre la pauvreté


La persévérance d'une femme dans les milieux ruraux

16/07/2013 - 

Se réveiller à 4h00 et effectuer une marche de près de 5 kilomètres pour travailler à la ferme n'est pas une tâche facile pour des personnes cultivés, et encore moins pour une élève. Lydia Sasu a travaillé comme agricultrice depuis sa tendre enfance. Malgré un travail acharné de tous les membres de la famille, il y eu des moments où ils manquaient de quoi manger.

«Un de mes jours d'école, un samedi, moi et ma mère sommes allées au marché obtenir l'argent du manioc que nous avions vendu à crédit des jours aux paravents, mais le client ne disposait pas d'argent pour payer afin que nous puissions, à notre tour, acheter de la nourriture », se souvient Sasu. Comme petits agriculteurs, elles cultivaient les aliments, mais elle et sa famille se rendaient souvent au lit affamé.

« En dépit de longues heures de travail pourquoi les agriculteurs restent pauvres », s’interrogeait toujours la mère de Sasu. Sasu et sa famille cultivaient toute la journée, sous le soleil brûlant, dans le quartier Suhum Klraboa Coaltar situé à l'Est du Ghana et le soir, marchaient 5 kilomètres pour regagner la maison car ils n'avaient pas d'argent pour prendre le bus. Ce fut le moment où Sasu décidât d’intervenir pour changer la situation.

«J’étais déterminée à trouver un moyen d'aider ma mère ainsi que d'autres pauvres femmes agricultrices de mon village et de mettre un terme à la pauvreté et la faim», dit Sasu. Elle a étudié l'agriculture au collège et finit par obtenir son diplôme en économie de l'Université. Elle fonda l'Association d'Action de Développement (AAD) en 1997 dans le but de réduire la pauvreté par l'autonomisation des femmes.

L’apprentissage du calcul et les compétences en comptabilité sont devenus un centre important pour Sasu, qui a remarqué que les tensions entre les hommes et les femmes provenaient du fait que les femmes étaient incapables de faire un suivi des dettes enregistrés après l'achat de poissons par les hommes. Avec l'aide de Sasu, en 6 mois, 600 femmes ont été formées aux calculs et à la comptabilité. La formation s'est avérée être très utile de telle sorte que les femmes se sont adaptées aux compétences nouvellement acquises par la tenue de dossiers d'autres produits tels que les céréales, les légumes et le bétail.

L’AAD, qui collabore avec la FAO, a mis en œuvre plusieurs projets de développement, y compris le renforcement des capacités en matière de gestion financière et d'autonomisation des femmes rurales.

La créativité de Sasu brille dans plusieurs domaines dont les principaux sont l'alphabétisation, la comptabilité pour le développement des affaires des femmes rurales et la formation de coalitions entre les hommes, les groupes locaux de femmes et les organisations internationales afin de mettre en évidence la participation des femmes dans le secteur agricole.

Dans le cadre du programme de formation des femmes agricultrices de Sasu, en 2010, 60 femmes ont été formées à la communication. Maintenant, elles sont en mesure de communiquer efficacement avec les décideurs et discuter des domaines clés de leur préoccupation. Un exemple est lorsque le leadership de Sasu a contribué à motiver les femmes à mettre la pression à la Commission des pêches pour l'application des lois sur la pêche. Le soutien de Sasu a permis aux femmes de la communauté d’être considérées comme des atouts aux précieux conseils et de devenir une partie de la solution. Sasu, qui continue à travailler comme agricultrice à temps partiel car les activités de plaidoyer lui prenne beaucoup de son temps, aime travailler avec les femmes rurales. «Mon expérience de travail avec les femmes rurales et analphabètes m'a appris que même si ces femmes sont analphabètes, elles peuvent énormément contribuer à la lutte contre la faim», dit-elle. "La majorité des membres de l’AAD sont analphabètes ou peuvent à peine lire et écrire, mais elles ont toujours de très bonnes idées sur la façon de conduire l'Association», ajoute Sasu.

Le Ghana a une population estimée à 20,5 millions d’habitants, dont 63% vivent en milieu rural et de travail dans l'agriculture. L’AAD est présente dans près de 50 communautés du Grand Accra, la région centrale et la région Est du Ghana et dont 98% de ces bénéficiaires sont des femmes rurales. Comme la plupart des dirigeants AAD sont des femmes, l'association souligne l'importance d'un leadership féminin ainsi que d'élargir l'accès des femmes à l'éducation, à la terre, au crédit, aux infrastructures et à la technologie.

Avec près de 870 millions de personnes souffrant de faim chronique dans le monde entier, le rôle des organisations de la société civile et les ONG sont d'une importance cruciale pour lutter efficacement contre la faim. Aucune institution n'est en mesure de lutter contre la faim seul et c'est pourquoi l'une des priorités de la FAO est de donner un nouvel élan aux partenariats stratégiques de la FAO avec la société civile, les mouvements sociaux et les organisations de producteurs qui donne plus de poids organisationnel, économique et social aux petits agriculteurs, éleveurs ainsi que ceux qui dépendent de la pêche et de la foresterie comme moyens de subsistance. Sasu est un succès à petite échelle pour l’agriculteur, une avocate experte pour les femmes dans l'agriculture, et une formatrice compétente et pédagogue. Elle a remporté des prix pour ses contributions au progrès de l'agriculture, y compris "Best Innovator" lors d'une conférence au Kenya. En 2011, elle a été parmi les 10 lauréats sélectionnés par le jury de la Fondation Sommet Mondial des Femmes et a remporté le prix de la créativité des femmes en milieu rural.

En 3 ans, la formation de Sasu a aidé une femme à faire croître son entreprise d'élevage de 5 à 400 porcs. Si une seule ONG, avec un leader fort et innovant comme Sasu, peut obtenir des résultats aussi remarquables, imaginez quels résultats pourraient être accomplis si tous les acteurs, y compris les organisations de la société civile s'unissent et travaillent pour un monde libéré de la faim

 

Auteur: Homayon Khoram