Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture

Publication du deuxième Rapport sur l’état des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture

26/10/2010

Rome - La diversité génétique des plantes que nous cultivons et consommons -- et des espèces sauvages apparentées -- pourrait disparaître à jamais, compromettant ainsi la sécurité alimentaire future, à moins que des efforts extraordinaires soient déployés non seulement pour préserver la biodiversité mais aussi pour l'utiliser, plus particulièrement dans les pays en développement.

Tel est l'un des principaux messages du deuxième rapport de la FAO: L'Etat des ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture dans le monde, le premier rapport ayant été publié en 1998.

Présenté aujourd'hui au cours d'une conférence de presse au siège de la FAO, à Rome, ce rapport exhaustif de 350 pages couvre un vaste éventail de questions, notamment les collections des banques de gènes et les effets du changement climatique sur la diversité végétale. Il fait le point sur les tendances actuelles pour protéger la biodiversité des plantes utilisées pour l'alimentation et l'agriculture.

La perte de biodiversité aura un impact majeur sur l'habileté du genre humain à se nourrir demain, lorsque l'humanité comptera 9 milliards en 2050 et que les plus pauvres du monde seront les plus touchés.

Le changement climatique et l'insécurité alimentaire croissante sont des défis de taille pour les systèmes agricoles du monde, des défis qu'on ne saurait relever sans la collection, la préservation et l'utilisation durable des ressources phylogénétiques.

Changement climatique

Les informations génétiques que renferment certaines variétés de cultures sont cruciales pour le développement de nouvelles variétés à croissance rapide, à haut rendement et résistantes à la chaleur, à la salinité, aux maladies et aux ravageurs. Ces nouvelles variétés seront nécessaires pour lutter contre l'insécurité alimentaire dans un monde confronté au changement climatique.

"Accroître l'utilisation durable de la diversité végétale pourrait être la clé principale pour affronter les risques qui pèsent sur les ressources génétiques pour l‘agriculture", déclare M. Jacques Diouf, Directeur général de la FAO. "Il existe des milliers d'espèces sauvages apparentées aux plantes cultivées qui doivent encore être collectées, étudiées et documentées, car elles recèlent des secrets génétiques qui leur permettent de résister à la chaleur, aux sécheresses, à la salinité, aux inondations et aux ravageurs".

Cinquante pour cent de l'accroissement des rendements des cultures au cours des dernières années résulte de l'introduction de nouvelles variétés de semences. L'irrigation et les engrais comptent pour l'autre moitié. Un exemple récent est le riz NERICA ou nouveau riz pour l'Afrique dont la maturation rapide a transformé l'économie locale dans plusieurs parties du continent.

Il reste beaucoup à faire

Il reste beaucoup à faire notamment sur le terrain pour susciter l'intérêt des agriculteurs au plan local et renforcer les capacités en matière de conservation et d'utilisation de la biodiversité génétique qui existe encore.

Le premier Rapport sur l'état des ressources phytogénétiques mondiales pour l'alimentation et l'agriculture remonte à douze ans. Depuis, le paysage alimentaire mondial a radicalement changé.

La faim a reculé dans certains pays, mais elle a gagné du terrain dans d'autres. Les prix des carburants et des denrées alimentaires ont considérablement augmenté. La mondialisation a creusé son lit et, dans certains pays, les importations alimentaires à bas coût ont menacé la richesse de la diversité locale.

Bien que le rapport de la FAO ne tente pas de quantifier la perte de biodiversité, l'observation empirique montre l'extinction continue de la biodiversité des cultures et le grignotage des cultures vivrières traditionnelles qui ont survécu au siècle dernier. La FAO estime que 75 pour cent de la diversité des cultures a été perdue entre 1900 et 2000.

Développement des banques de gènes

Sur une note plus positive, le rapport indique qu'au cours des douze dernières années, on a noté une prise de conscience accrue de l'importance de protéger et d'utiliser la diversité génétique des cultures vivrières.

Le nombre comme la taille des banques de gènes ont augmenté. On en compte actuellement quelque 1 750 à travers le monde, dont environ 130 détiennent chacune plus de 10 000 entrées. La Svalbald Global Seed Vault, établie en 2008 en Norvège, fournit la collection de sauvegarde de sécurité ultime de la diversité végétale mondiale.

Sur les 7,4 millions d'échantillons conservés dans le monde, les banques de gènes nationales conservent environ 6,6 millions, dont 45 pour cent dans seulement sept pays, contre douze en 1996.

Cette concentration croissante de diversité génétique collectée et préservée dans un nombre décroissant de pays et de centres de recherche met en évidence l'importance des mécanismes visant à assurer un accès facilité, notamment le mécanisme du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture. Ce traité, ratifié par 125 pays, établit un cadre pour compenser les agriculteurs pauvres qui ont préservé différentes variétés génétiques de cultures.

La faiblesse des investissements

La faiblesse des investissements dans l'agriculture depuis 1980 a inévitablement débouché sur une pénurie d'experts agronomes qualifiés, notamment de sélectionneurs tout particulièrement dans les pays en développement où les jeunes, faute d'incitations, se tournent vers des activités plus lucratives à court terme, selon le rapport.

De grands progrès ont été accomplis en biologie et en technique de l'information au cours des douze dernières années. Les avantages qui en découlent devraient être étendus à l'amélioration de l'utilisation de la biodiversité agricole dans le but ultime de renforcer la sécurité alimentaire.

De nombreux systèmes de semences, le marché ou le mécanisme par lequel les semences de qualité sont reproduites, testées et diffusées, ont connu des fortunes diverses. Dans le monde développé, le secteur des semences est suffisamment rentable pour en tirer un intérêt commercial viable. Malheureusement, ce n'est pas le cas dans les pays pauvres où le secteur public a du mal à assurer de bonnes graines pour tous les agriculteurs et l'accès aux nouvelles variétés.

Une utilisation plus large et meilleure des ressources génétiques et de la biodiversité des cultures vivrières stimulera la conservation. Des systèmes adéquats doivent être mis en place pour rendre de nouvelles variétés accessibles aux agriculteurs par le truchement du secteur public et d'autres acteurs, indique le rapport.

Les Nations Unies ont déclaré 2010 Année internationale de la biodiversité.

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