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©FAO/Luis Tato

Réduction des risques de catastrophe dans l’agriculture

On observe dernièrement une fréquence accrue des catastrophes, qui touchent 4,03 milliards de personnes (124 pour cent de plus par rapport aux deux décennies précédentes) et entraînent des pertes économiques directes de l’ordre d’environ 3 000 milliards d’USD (182 pour cent de plus par rapport à 1980-1999). Quatre-vingt-onze pour cent des pertes économiques directes ont été imputables aux catastrophes liées au climat qui ont touché 3,6 milliards de personnes dans le monde.

Entre 2008 et 2018, le secteur agricole a absorbé 26 pour cent de l’impact général des catastrophes d’ampleur moyenne et grande dans les pays les moins avancés (PMA) et dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. On compte 2,5 milliards de personnes tributaires de l’agriculture pour leurs moyens de subsistance, alors que ce même secteur est en mesure de fournir des solutions de résilience face aux catastrophes et au changement climatique.

Réduire les risques, renforcer la resilience.

La FAO soutient la mise en œuvre cohérente du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (CASRRC), de l’Accord de Paris et des Objectifs de développement durable (ODD). Ses efforts en matière de gouvernance et d’élaboration de stratégies au service de la réduction des risques de catastrophe (RRC) comprennent l’intégration de la RRC dans la planification du développement agricole, le renforcement des capacités en termes de suivi de l’impact des catastrophes sur l’agriculture, et la promotion de la cohérence entre les mesures de RRC et les processus d’adaptation au changement climatique.

Messages clés

  • Le nombre et l’impact des catastrophes, notamment celles liées au climat, enregistrent une augmentation significative. Face à cette situation, il est crucial que tous les pays substituent aux approches de réponse réactives des actions et des investissements préventifs plus proactifs, mieux préparés et réalisés en connaissance des risques comme convenu dans le CASRRC. La mise en place de mesures efficaces de réduction des risques pourrait éviter de nombreuses catastrophes d’ampleur faible ou moyenne ou en limiter l’impact.
  • Les agriculteurs, les pasteurs, les pêcheurs et les communautés tributaires de la forêt sont les gardiens directs de l’environnement. Leurs choix de gestion des ressources naturelles peuvent éviter de transformer les risques naturels en catastrophes ou en situations de crise. Les services écosystémiques dispensés par les agriculteurs doivent être reconnus, chiffrés et transposés en retours tangibles pour eux. Les politiques doivent prendre en considération le rôle de «tampon» joué par l’agriculture en périodes de crise, car celle-ci possède la capacité d’absorber les chocs macro ou micro économiques et environnementaux, ainsi que les situations de stress qui en découlent. Le maintien de l’accès à la nourriture et aux moyens d’existence pendant et après les catastrophes et le renforcement progressif de la résilience des populations touchées dépendent de façon cruciale de l’agriculture. Les responsabilités sectorielles et les dotations budgétaires doivent tenir compte de ces fonctions du secteur agricole.
  • Il est extrêmement important d’intégrer la réduction des risques de catastrophe dans les plans de développement sectoriel et agricole et dans les stratégies de développement socio-économique. Parallèlement à cela, il convient de renforcer et garantir une plus grande cohérence entre la RRC et l’adaptation au changement climatique dans le secteur de l’agriculture. Pour ne laisser personne de côté, il importe d’accélérer et de généraliser l’adoption de politiques conjointes transversales à tous les niveaux des systèmes (local, national, régional et mondial). Cela passe par l’harmonisation des stratégies et des plans nationaux et locaux de réduction des risques de catastrophe avec les plans d’action nationaux relatifs au climat (les contributions déterminées au niveau national et les plans nationaux d’adaptation) et les cibles et engagements des ODD.
  • La réalisation de progrès sur l’ensemble du nexus action humanitaire-développement-paix dépend grandement de l’existence d’une agriculture et de systèmes alimentaires qui tiennent compte des risques. En l’absence d’une meilleure compréhension, d’une réduction et d’une gestion efficaces des risques multiples liés aux systèmes agroalimentaires, le nombre de personnes et de communautés ayant besoin d’une assistance humanitaire continuera d’augmenter, surtout dans les situations de conflits et de crises prolongées. Dans ce contexte, il est essentiel de renforcer les mécanismes de réduction des risques de catastrophe dans le domaine de l'action humanitaire et de veiller à ce que les interventions tiennent compte des questions de parité hommes-femmes et des conflits.
  • Au cours des dix dernières années, la part de l’aide publique au développement (APD) consacrée à la prévention et à la préparation aux catastrophes dans le secteur agricole est restée modeste et n’a représenté que 3 pour cent du montant total de l’APD consentie à l’agriculture au titre de la réduction et de la gestion des risques de catastrophe. Pourtant, les investissements dans la prévention et la préparation axés sur l’agriculture présentent un intérêt incontestable. Les bonnes pratiques de réduction des risques de catastrophe au niveau des exploitations génèrent des avantages en moyenne 2,2 fois plus élevés que les pratiques agricoles antérieures. En outre, le retour sur investissement des actions rapides prises en connaissance des risques dans le secteur agricole est de 7:1, ce qui signifie que chaque USD investi a généré un retour allant jusqu’à 7 USD de pertes évitées en cas de catastrophe et de bénéfices ajoutés. Pour accroître l’investissement dans la prévention et la préparation face aux catastrophes et généraliser les bonnes pratiques de RRC fondées sur des données factuelles, il est nécessaire de recourir à des politiques et à des mesures incitatives proactives.

  • La pandémie de COVID-19 a démontré que les risques sont de caractère systémique. L’élaboration des politiques et leur mise en œuvre, le renforcement des capacités de résilience, ainsi que les interventions de redressement des systèmes agroalimentaires, doivent être exécutés en connaissance des risques sur la base de données factuelles et orientés vers des solutions portant sur l’ensemble du système, qui soient applicables entre les secteurs et à l’intérieur de chacun d’eux et impliquent tous les acteurs. Cela requiert des approches multisectorielles, multirisques, préventives et prospectives qui intègrent systématiquement la gestion des catastrophes, du climat et des risques de crise, dans le but de renforcer de manière durable la résilience des populations, leurs moyens d’existence agricoles et les écosystèmes dont elles dépendent.

Ressources mises en avant

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