FAO en République démocratique du Congo

Préservation de la biodiversité et sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations : des objectifs liés

@FAO
03/03/2021

 

03 mars 2021, Kinshasa – La journée internationale de la vie sauvage célébrée le 03 mars met en avant cette année le thème « Forêts et moyens d’existence : préserver la planète et ses habitants ». A cet effet, la FAO et ses partenaires rappellent le lien particulièrement étroit existant entre la préservation des forêts, la sécurité alimentaire et nutritionnelle et plus largement les moyens d’existence des populations en République démocratique du Congo, ainsi que les défis et opportunités pour concilier ces enjeux. 

La forêt au service des besoins des populations congolaises 

La RD Congo est recouverte à 67% de forêts qui représentent les deux tiers des forêts du Bassin du Congo. Cependant, la pression exercée par la population croissante ainsi que des activités extractives et agricoles qui se développent sans planification, dégrade ces écosystèmes à un rythme qui reste historiquement élevé. Entre 2000 et 2014, on estime que de plus de 18 millions d’ha de forêts ont été perdus. Et pourtant, 70% de la population congolaise, soit plus de 56 millions de personnes, dépendent quasi-exclusivement des ressources forestières pour leurs moyens d’existence.  

En effet, les populations recourent notamment aux forêts pour s’approvisionner en nourriture, notamment en viande d’espèces sauvages (« viande de brousse ») et poissons d’eaux douces, en racines, en feuilles et autres produits forestiers non ligneux. Les ressources forestières constituent de véritables « filets » pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle mais aussi pour les moyens d’existence. On estime ainsi qu’un chasseur va consommer environ 10% des produits de sa chasse et vendre les 90% restant pour couvrir ses autres besoins de base que sont l’éducation, la santé et l’hygiène. L’absence de contrôle efficace pour réguler l’accès aux ressources forestières et leur utilisation compromet aujourd’hui la durabilité des ressources fauniques. 

Le Programme de Gestion durable de la faune sauvage (SWM Programme) 

En vue de contribuer à la conservation de la faune sauvage, des écosystèmes et des services qu’elle rend, ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie et de sécurité alimentaire des populations qui dépendent de ces ressources, la FAO et ses partenaires la Wildlife Conservation Society (WCS), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), et le Centre International en Recherches Forestières (CIFOR), mettent en œuvre le Programme de Gestion durable de la faune sauvage, une initiative de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) financée par l’Union Européenne.  

Lancé en 2018, le SWM Programme travaille dans et autour de la Réserve de faune à Okapis en Ituri, à renforcer les droits et les capacités de gestion de la chasse des communautés autochtones et locales et les cadres de gouvernance communautaire des ressources naturelles, à réduire la demande en viande de brousse dans les villes à travers des stratégies de changements de comportements et en accroissant l’offre en viandes et poissons d’élevage produits de manière durable, et à diversifier les opportunités de générer des revenus, alternatives à la chasse et au commerce de viande d’espèces sauvages pour les communautés locales et les autres acteurs des chaînes de valeur concernées.  

« Nous savons que la production alimentaire doit coexister avec la conservation de la biodiversité si l'on veut avoir un réel espoir de mettre fin à la pauvreté et à la faim. Pour atteindre ces objectifs de développement durable, nous préconisons des systèmes alimentaires respectueux de la biodiversité qui nourrissent l'humanité, tout en équilibrant la conservation et l'utilisation durable des ressources », explique le Représentant de la FAO en RDC, Aristide Ongone Obame. 

Selon la Coordonnatrice régionale du SWM Programme à la FAO, Sandra Ratiarison, « l’approche multi-sectorielle du SWM Programme est ambitieuse mais elle vise à s’attaquer aux causes profondes de la perte de biodiversité et de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. Nous espérons que la collaboration fructueuse que nous avons avec le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable et l’Institut Congolais de la Conservation de la Nature nous permettra de mettre à l’échelle nos résultats, notamment à travers une amélioration du cadre juridique et un renforcement des capacités à bien l’appliquer ». 

Les approches utilisées en Ituri se veulent novatrices et résolument tournées vers une prise en compte des droits des communautés. François Sandrin, Coordonnateur du site SWM pour WCS, précise notamment que « la participation des communautés est considérée comme un élément essentiel dans l’atteinte des objectifs de conservation et de bien être humain du SWM Programme. Pour cela, nous appliquons les principes du Consentement libre, informé et préalable dans notre travail avec toutes les communautés, qu’elles soient ou non autochtones ».  

La FAO encourage une transition de niveaux non durables à des niveaux durables de chasse pour la viande d’espèces sauvages par le biais de politiques, de pratiques et de nouvelles possibilités inclusives de génération de revenus qui tirent le meilleur parti, à la fois, des connaissances traditionnelles et des technologies les plus récentes.