Droit à l'alimentation

CSA 39 Événement parallèle sur le droit à l'alimentation: Le pouvoir de transformation du droit à l’alimentation: les pays pionniers en matière de stratégies sur le droit à l’alimentation

Events - 19.10.2012

Que signifie mettre en œuvre le droit à l’alimentation à l’échelon national? Quelle est sa valeur ajoutée en vue d’atteindre la sécurité alimentaire et quels sont les exemples de bonnes pratiques?

En 2009, le CSA s’est engagé à « lutter pour un monde libéré de la faim dans lequel les pays mettent en œuvre les directives volontaires à l’appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale ».

L’évènement parallèle a abordé les pas concrets à suivre en vue de renforcer les législations, les politiques et les stratégies à l’échelon national afin de réaliser le droit à l’alimentation, ainsi que les enseignements tirés des expériences nationales.

 

 

Les experts partagent les enseignements tirés sur le droit à l’alimentation

Un évènement parallèle conjoint du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) organisé par le Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, le HCDH et la FAO s’est tenu le 19 octobre 2012 au siège de la FAO. Cet évènement, intitulé «Le pouvoir de transformation du droit à l’alimentation: les pays pionniers en matière de stratégies sur le droit à l’alimentation », a été consacré aux expériences à l’échelon national dans la mise en place de cadres juridiques et institutionnels pour la réalisation du droit à une nourriture adéquate.

En 2009, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale s’est engagé à « lutter pour un monde libéré de la faim dans lequel les pays mettent en œuvre les directives volontaires à l’appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale ». Sous la direction des deux modérateurs, à savoir M. Olivier De Schutter, Rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation, et M. Juan Carlos García y Cebolla, Coordinateur de l’Équipe du droit à l’alimentation de la FAO, un panel d’experts de premier niveau a débattu sur les pas concrets à suivre en vue de renforcer les législations, les politiques et les stratégies à l’échelon national afin de réaliser le droit à l’alimentation. Les membres du panel ont également abordé les difficultés rencontrées dans le cadre des efforts consentis en vue de renforcer les législations, les politiques et les institutions afin de réaliser le droit à l’alimentation, ainsi que la valeur ajoutée de ces dernières, ayant été adoptées ou établies.

Le droit à l’alimentation: une question de droit, et non pas de charité

Cet évènement a également été l’occasion pour les membres du panel d’échanger sur des histoires et des leçons apprises à l’échelon national au Brésil, au Guatemala, en Inde et au Mozambique. Tous ces pays ont en commun l’importance accordée à une approche du droit à l’alimentation basée sur les droits humains ainsi que le travail considérable mené à l’échelon national pour mettre en œuvre ce droit pour tous. L’importance de faire participer l’ensemble des parties prenantes afin d’intégrer le droit à l’alimentation aux politiques sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle a été soulignée par plusieurs membres du panel.

Mme Maya Takagi, Secrétaire national pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle du Ministère du développement social et de la lutte contre la faim du Brésil, a évoqué les défis qui doivent être relevés en vue de réduire la faim et la pauvreté au Brésil, et présenté une synthèse claire des progrès accomplis. Elle a également abordé de manière plus détaillée le SISAN, un système public qui réunit, selon une approche intersectorielle, gouvernement, états, municipalités et société civile, afin de coordonner des politiques ayant en commun l’objectif de promouvoir la sécurité alimentaire et nutritionnelle et un accès décent à l’alimentation pour toute la population du point de vue de l’approche des droits humains, notamment le droit humain à une nourriture adéquate. Toutefois, en dépit de la mise au point du SISAN, de la mise en œuvre du Programme « Faim Zéro » en 2003, de la création de 17 millions d’emplois formels entre 2003 et 2011, et du fait que le salaire minimum ait enregistré une revalorisation réelle de 66% depuis 2002, 16 millions de personnes continuent de vivre dans des conditions de pauvreté extrême au Brésil. Mme Maya Takagi a ainsi également souligné qu’un travail fondamental a été réalisé, mais que la lutte contre la faim continue, car, comme elle l’a signalé, le droit à l’alimentation est une question de droit, et non pas de charité.

Différents pays, différentes approches

M. Luis Enrique Monterroso, Secrétaire à la Sécurité alimentaire et nutritionnelle (SESAN), au Guatemala, a souligné qu’il est possible de mettre en œuvre le droit à l’alimentation, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’un thème complexe. Il a signalé que le cadre juridique solide qui existe au Guatemala a joué un rôle fondamental dans la situation de la sécurité alimentaire du pays, et a attiré l’attention sur le fait qu’à ce jour, la loi sur le droit à l’alimentation a survécu à trois différents gouvernements. Il a également précisé que les commissions du Parlement guatémaltèque peuvent être composées d’un maximum de 7 membres, et qu’actuellement trois commissions seulement sont intégrées par plus de 7 membres. La commission sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle a été autorisée à avoir 18 membres afin de souligner l’importance de cette question et sensibiliser sur la situation de celle-ci. M. Monterroso a aussi évoqué à titre d’exemple une initiative du Guatemala visant à sensibiliser sur la lutte contre la faim et la pauvreté. Le Président et le vice-président du Guatemala ainsi que 1500 fonctionnaires gouvernementaux ont passé deux nuits dans l’une des communautés les plus pauvres du pays afin de vivre personnellement l’expérience de la pauvreté et de la faim.

M. Biraj Patnaik, Conseiller principal du Bureau des commissaires de la Cour suprême de l’Inde pour le droit à l’alimentation, a déclaré que d’après son expérience en Inde, l’action juridique ne suffit pas en elle-même si elle ne s’accompagne pas de campagnes menées par les mouvements sociaux et la société civile. D’après M. Patnaik, le droit à l’alimentation est particulièrement pressant, l’Inde étant un producteur et un exportateur net de denrées alimentaires. L’Inde, qui possède l’un des stocks de vivres officiels les plus importants au monde, continue d’abriter une population affamée très nombreuse (43% des enfants indiens souffrent de malnutrition). Il existe actuellement en Inde un programme d’alimentation scolaire universel, mis en œuvre par la Cour suprême, dont bénéficient chaque jour 140 millions d’enfants. M. Patnaik a signalé que l’un des principaux enseignements tirés est que pour lutter en faveur du droit à l’alimentation, les actions isolées dans les medias, devant les tribunaux, dans les rues, par le biais du lobby et des politiques sont insuffisantes: toutes les actions doivent être menées de manière cohérente afin de susciter les effets recherchés.

L’engagement de la société civile

M. Edgar Cossa, Fonctionnaire supérieur chargé des politiques du Secrétariat technique à la sécurité alimentaire et à la nutrition (SETSAN), au Mozambique, a déclaré que bien qu’il reste encore des défis à relever dans la lutte contre la faim, le droit à l’alimentation est aujourd’hui inscrit à l’ordre du jour politique. Il a évoqué le processus de promotion du droit à l’alimentation au Mozambique et le travail mené en vue d’intégrer le droit à l’alimentation comme résultat principal au plan d’action visant à réduire la pauvreté au Mozambique pour la période 2006 - 2009. Aujourd’hui, le droit à l’alimentation est le principal objectif de développement social dans le plan d’action du gouvernement pour la période 2010 -2015. M. Cossa a également souligné que l’engagement et la participation de la société civile jouent un rôle important dans le processus de réalisation du droit à l’alimentation au Mozambique. Il a également signalé la nécessité de promouvoir l’éducation en matière de nutrition auprès des communautés et de renforcer la gestion et la coordination de la sécurité alimentaire avec la participation de la société civile.

 

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