FAO au Sénégal

Intégrer la nutrition dans les champs écoles de producteurs : l’expérience réussie du Sénégal

L'approche Champ Ecole de Producteurs au Sénégal : un exemple de formation, à Thiaye. ©FAO/Olivier Asselin
24/03/2016

L’équipe nutrition de la FAO Sénégal a introduit un module de formation sur la nutrition dans les champs écoles de producteurs des communes de Diender et Kayar, en partenariat avec la Fédération des Agropasteurs de Diender (FAPD), afin de sensibiliser les producteurs de ces deux communes sur les bonnes pratiques en matière de nutrition. Une journée de restitution avec les formateurs, organisée à Bayakh le 17 février 2016, a permis de recueillir l’appréciation des principaux acteurs de cette expérimentation en matière de renforcement de capacités  pour une meilleure intégration de la nutrition dans les pratiques agricoles.

Dans les communes de Djender et de Kayar, la FAO met en œuvre l’approche Gestion Intégrée des Déprédateurs et des Pesticides (GIPD) basée sur les champs écoles de producteurs (CEP) depuis 2002. Dans ces deux communes, dix champs écoles ont été mis en place. Entre août et décembre 2015, la FAO a introduit  des modules d’éducation nutritionnelle dans ces CEP afin de doter les agriculteurs et agricultrices de connaissances sur un régime alimentaire sain et équilibré, l’alimentation de la femme enceinte et allaitante, l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, l’hygiène, etc. 20 animateurs et maîtres formateurs ont ainsi été formés et ont à leur tour formé 154 producteurs, dont 65 hommes (45 %) et 89 femmes (55 %). Cette initiative a été mise en œuvre dans le cadre d’un projet de promotion de l’agriculture saine et durable, fruit d’une collaboration entre la FAO, le Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural et l’ONG Enda Pro-nat, depuis 2013.

L’approche Champs écoles de producteurs (CEP) est une approche participative qui vise le renforcement des capacités des communautés en vue d’augmenter leur production agricole et leurs moyens d’existence de manière adaptée au contexte local. La formation offre aux agriculteurs l’opportunité d’apprendre en pratiquant, en étant impliqués dans l’expérimentation, les discussions et la prise de décision.

Une expérimentation aux résultats positifs

Une enquête de base sur les connaissances en nutrition et les pratiques d’alimentation complémentaire chez les enfants de 6-23 mois dans cette commune avait montré que la grande majorité des producteurs agricoles ignoraient les notions de bases en nutrition et les associations alimentaires adéquates pour avoir un bon régime alimentaire.

Après 5 mois de formation sur la nutrition à travers les CEP, une amélioration significative des connaissances des producteurs formés sur certaines notions de base en nutrition (nutriment, régime alimentaire, diversité, variété, etc.) a été notée. Une amélioration des pratiques d’alimentation complémentaire a notamment été constatée chez les bénéficiaires et la proportion d’enfants de 6-23 mois ayant un score de diversité alimentaire acceptable a ainsi augmenté de 73% au début des CEP à 94%, au bout des 5 mois de formation.

«Grâce à cette formation, certains producteurs commencent à diversifier leurs cultures et leur alimentation : l’introduction de la nutrition nous a permis de connaître la composition des aliments et certaines sources de vitamines et minéraux dont le fer. » témoigne Gorgui Ndir, maître-formateur à la FAPD.

« L’engagement des femmes a été remarquable », se réjouit-il également. « C’est quelque chose à encourager, d’autant qu’elles s’occupent des quatre couches les plus ciblées par cette approche nutritionnelle à savoir : les femmes elles-mêmes, les enfants, les femmes enceintes et allaitantes, et les personnes âgées ».

Les bénéficiaires – hommes et femmes confondus – retiennent aussi que la femme enceinte doit éviter d’effectuer des travaux pénibles et qu’elle doit manger plus que d’habitude, consommer des aliments riches en fer, en protéines.

« A l’issue des formations, certains maris commencent à soulager leurs épouses des travaux pénibles et nous accordons plus d’importance à la consommation des légumes et fruits que nous produisons», raconte Maimouna Ka, participante au CEP de Keur Abdou Ndoye.

Les CEP : une plateforme idéale pour promouvoir une bonne nutrition

Pour répondre aux problèmes de malnutrition, la position de la FAO consiste à développer une agriculture qui favorise une bonne nutrition, à travers une diversification alimentaire.

« Toute stratégie de développement agricole doit être accompagnée d’une approche nutritionnelle, encourageant la consommation d’éléments variés sains et de bonne qualité », rappelle Komlan Kwadjode, expert nutrition à la FAO Sénégal.

Les résultats de cette expérience pilote permettent de confirmer que les CEP constituent une plateforme idéale pour promouvoir une bonne nutrition. Elle permet de toucher directement les couches vulnérables à la malnutrition et saisir ainsi de manière plus efficace et durable la fenêtre des 1000 premiers jours pour réduire la prévalence du faible poids de naissance et la malnutrition chronique chez les enfants de moins de 2 ans.

La FAO Sénégal souhaite donc désormais passer à l’échelle et intégrer ces modules de nutrition dans toutes autres plateformes d’échanges (Organisations de Producteurs, caisses autogérées, etc.) tout en mettant l’accent sur les liens entre la nutrition et l’agriculture pour maximiser les impacts et rompre le cycle intergénérationnel de la malnutrition et de la pauvreté rurale car, une bonne nutrition est gage d’une bonne santé et moteur d’une croissance économique durable.

 

Plus d'informations:

Les Champs écoles de producteurs, une approche participative de renforcement des capacités pour des systèmes de production alimentaires performants, durables et inclusifs