FAO au Sénégal

Eradiquer la peste des petits ruminants en Afrique de l’Ouest pour une production animale plus efficace

(c) FAO/ Sylvain Cherkaoui
10/05/2016

Pour une approche régionale coordonnée et alignée sur la stratégie mondiale

Le Sénégal accueille cette semaine un atelier de formulation de la feuille de route pour le contrôle et l’éradication de la peste des petits ruminants (PPR) en Afrique de l’Ouest, pour une approche régionale coordonnée, organisé conjointement par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le Bureau Interafricain des Ressources Animales de l’Union Africaine (UA-BIRA) et la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avec l’appui du Service de l'Inspection de la Santé des Animaux et des Plantes du Département américain de l’agriculture (USDA/APHIS) et du Gouvernement sénégalais. 

En Afrique de l’Ouest, les petits ruminants (ovins et caprins), estimés à environ 160  millions de têtes, sont d’une importance capitale pour le secteur de l’élevage : ils contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi qu’à l’amélioration des moyens d’existence des familles vulnérables. Plus largement, ils jouent un rôle majeur pour le développement économique des pays et le bien-être global des populations.

« La peste des petits ruminants est une maladie virale, hautement contagieuse, caractérisée par des taux élevés de morbidité et de mortalité, qui affecte bon nombre d’élevage, particulièrement au niveau de la région d’Afrique de l’Ouest. Au Sénégal, la maladie est endémique et constitue une contrainte majeure au développement de l’élevage des ovins et des caprins estimés à près de 11,3 millions de têtes », a déclaré Aminata Mbengue Ndiaye, Ministre sénégalaise de l’Elevage et des Productions animales, lors de la cérémonie d’ouverture, tout en rappelant les efforts de son pays pour endiguer la maladie. 

La peste des petits ruminants cause en effet de lourdes pertes économiques, estimées entre 1,45 milliard et 2,1 milliards de dollars chaque année, pour plus de 70 pays infectés. Elle frappe durement les producteurs les plus pauvres, qui ne disposent que de quelques têtes qu’ils entretiennent pour faire face aux aléas de leur vie quotidienne.

« Dans un pays comme le Sénégal, l’élevage de petits ruminants s’inscrit dans une réalité socio-économique et culturelle forte, dans son rôle en tant que capital social et financier des familles les plus vulnérables, mais aussi dans le cadre de la célébration de fêtes religieuses comme la Tabaski. La lutte contre la peste des petits ruminants appelle donc une stratégie intégrée qui prenne en compte ces réalités, y compris le rôle important joué par les femmes et les jeunes », a quant à lui, souligné le Représentant de la FAO au Sénégal, Vincent Martin.

Une analyse coût-bénéfice, financée par la Fondation Bill & Melinda Gates et publiée par l’Institut Indien des Sciences en Février 2016, montre que les retombées économiques d’un programme de 15 ans pour l’éradication de la peste des petits ruminants seraient élevées. Pour Cynthia Duerr, représentante régionale de l’USDA/APHIS, « c’est une excellente motivation pour tous les acteurs de supporter un programme d’éradication ». 

Décliner la stratégie mondiale de contrôle et d’éradication en Afrique de l’Ouest

Pour ce faire, une soixantaine de participants venant de 15 pays d’Afrique de l’Ouest sont réunis pendant trois jours à Dakar, afin de dresser un état des lieux des risques liés à la peste des petits ruminants et des capacités des services vétérinaires pour son contrôle dans la région. L’objectif est aussi de présenter la stratégie mondiale de contrôle et d’éradication de la PPR, adoptée lors de la Conférence internationale d’Abidjan, qui s’est tenue du 31 mars au 2 avril 2015, au cours de laquelle la communauté internationale s’est engagée à éradiquer la maladie d'ici 2030. 

« La stratégie mondiale pour le contrôle et l’éradication de la PPR ne peut être considérée comme une activité isolée », a indiqué Karim Tounkara, représentant régional de l’OIE pour l’Afrique. « Des services vétérinaires efficaces représentent la pierre angulaire d’un environnement favorable à la lutte contre la peste des petits ruminants, en plus de ses autres mandats comme la sécurité sanitaire des aliments, la prévention de la résistance antimicrobienne, le bien-être animal, etc. » 

La réunion de Dakar est donc la traduction concrète des résolutions prises à Abidjan, pour une mise en œuvre en Afrique de l’Ouest, une « étape historique pour le contrôle et l’éradication de la peste des petits ruminants », comme l’a qualifiée Boubacarr Jaw du Bureau Interafricain des Ressources Animales de l'Union Africaine, qui a également informé les participants que la stratégie pan-africaine PPR a été révisée et alignée à la stratégie globale en 2015.

Pour la CEDEAO, Vivian Iwar, Chef de la Division Développement de l’Elevage, a également fait état d’une Stratégie Progressive de Prévention et de contrôle de la PPR. « La Commission de la CEDEAO se fera le devoir d’aligner son plan stratégique à la stratégie mondiale et, au-delà, de travailler à la préparation de la feuille de route pour sa mise en œuvre effective dans la sous-région. »

Le Programme mondial pour le contrôle et l’éradication de la PPR, découlant de la stratégie, sera coordonné par un Secrétariat conjoint FAO/OIE, basé à Rome. Dernièrement, en avril 2016, les deux institutions ont réuni des experts pour discuter de la formulation d’une première phase de cinq ans du programme mondial. La version finale de ce programme est attendue en septembre 2016 et sera présentée à une conférence des donateurs d’ici la fin de l’année.

 

Plus d’informations :

-  FAO – Département de l’agriculture et de la protection des consommateurs – Production et santé animales