FAO au Sénégal

En Afrique de l’Ouest, le Sénégal, futur champion de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens

(c) FAO/ Sylvain Cherkaoui
08/07/2016

Du 27 juin au 1er juillet 2016, deux experts de l’organisme de coopération technique France Vétérinaire International ont réalisé une mission pilote pour effectuer un état des lieux des capacités de surveillance de l’antibiorésistance dans le domaine de la santé publique vétérinaire au Sénégal. L’évaluation, commandée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), prévaut aussi bien sur le plan de la santé animale (animaux terrestres et aquatiques), que de l’hygiène alimentaire ou de l’environnement, conformément à l’approche ‘Une seule santé’ (‘One Health’).

La mission d’évaluation conduite au Sénégal par les Dr. Michaël Treilles et Nicolas Keck constitue une première étape de la mise en œuvre du plan d’action de la FAO pour contribuer à la lutte contre la résistance aux antimicrobiens au niveau mondial. Elle s’appuie sur un outil d’évaluation de la surveillance nationale de l’antibiorésistance et des compétences des laboratoires, développé par la FAO. Cinq pays pilotes ont été proposés pour une phase test de cet outil standardisé : le Sénégal, le Ghana, le Kenya, le Zimbabwe et le Cambodge.

Au cours de cette semaine, la mission a notamment visité les structures intervenant dans la problématique de l’antibiorésistance, incluant la Direction des Services Vétérinaires, la Direction des Laboratoires du Ministère de la Santé , le Laboratoire National d’Elevage et de Recherche Vétérinaires, l’Ecole inter-états des sciences et médecine vétérinaires (EISMV), les laboratoires de l’Ecole Supérieure Polytechnique, du Commerce Intérieur, de l’EISMV et d’hygiène alimentaire de l’Institut Pasteur. Les deux experts ont également rencontré des représentants de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), du Centre pour le Contrôle et la Prévention des Maladies (CDC) et de l’ordre des docteurs vétérinaires et visité le centre national avicole de M’bao.

Parmi les points forts recensés au cours de cette mission, les experts ont relevé la présence des principaux acteurs nécessaires pour la mise en place d’un réseau d’épidémiosurveillance (acteurs de terrain, laboratoires, structures d’expertise et d’enseignement), ainsi que la prise en compte déjà effective de l’approche ‘Une seule santé’ au sein d’une task force nationale basée à la Primature.

Entre autres recommandations, ils ont identifié un besoin de renforcer le volume d’activité et les compétences des laboratoires et de standardiser les données produites. Ces données devraient en outre être centralisées et analysées par une structure d’expertise, afin de produire des indicateurs de surveillance exploitables par les autorités sanitaires et les acteurs de terrain. Le rôle de chacun des acteurs dans le cadre du réseau d’épidémiosurveillance à construire sera alors à formaliser, en prenant en compte le concept ‘Une seule santé’.

Ces premiers résultats pourront servir de base pour lancer le processus d’élaboration du plan national du Sénégal. Cette phase pilote constitue ainsi pour le Sénégal une véritable opportunité de se positionner en champion, en constituant un modèle de surveillance, et, ainsi, d’étendre la démarche à la sous-région Afrique de l’Ouest.

Un plan mondial pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens

L’antibiorésistance est un phénomène qui apparait lorsqu’une bactérie évolue et devient résistante aux antibiotiques utilisés pour traiter les infections dont elle est responsable. Ce phénomène est un problème mondial majeur de santé publique et animale de plus en plus préoccupant. Le risque semble plus particulièrement élevé dans les pays dotés de systèmes inadéquats pour surveiller et contrôler la législation et la règlementation concernant l’utilisation de ces médicaments. Pour y répondre, la FAO travaille de concert avec ses partenaires internationaux de la collaboration tripartite, à savoir l’OMS et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).

Dans ce cadre, le Comité de l’agriculture de la FAO recommandait, déjà en 2014, que la FAO renforce son appui pays pour juguler la menace croissante de la résistance aux antimicrobiens (RAM) et de ses potentiels effets négatifs sur l’alimentation et l’agriculture, ceci en collaboration avec tous les partenaires pertinents. En mai 2015, un plan d’action mondial sur la lutte contre la résistance aux antimicrobiens a été développé par l’OMS et adopté par son organe décisionnel, l’Assemblée mondiale de la santé. Dans ce plan, les pays membres s’engagent à développer des stratégies nationales et un plan d’action avant mai 2017. A la suite d’une résolution de la FAO concernant la RAM, la FAO a établi un groupe de travail interdépartemental au sein de la FAO et des bureaux régionaux, pour mettre en place sa contribution à ce plan d’action mondial.

L’un des principaux objectifs du plan d’action de la FAO est de soutenir les pays au renforcement de la surveillance de la résistance aux antimicrobiens, avec l’engagement des acteurs clés (professionnels, recherche, industriels et décideurs politiques). Il repose pour cela sur quatre piliers : la sensibilisation pour une meilleure prise de conscience des risques encourus ; le développement des capacités de surveillance et de suivi de l’usage et de la résistance aux antimicrobiens dans l’agriculture et l’alimentation ; le renforcement de la gouvernance concernant leur usage dans l’agriculture et l’alimentation ; et la promotion des bonnes pratiques dans les systèmes agricoles et alimentaires et l’usage prudent des antimicrobiens.

 

Plus d'informations: 

- Page d'information de la FAO sur la résistance aux antimicrobiens