FAO au Sénégal

Développer des stratégies de détection et de surveillance pour le contrôle de la résistance aux antimicrobiens

04/03/2020

La FAO appuie le renforcement des capacités des acteurs de la santé humaine et animale et de l’agroalimentaire

Ils sont médecins, pharmaciens, vétérinaires, ingénieurs agro-alimentaires, internes et doctorants. Ils sont trente-huit au total à avoir suivi la formation sur l’antibiorésistance et les stratégies de lutte en mars 2020. L’objectif est de permettre à ces praticiens de développer et d’harmoniser des stratégies de lutte et de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (RAM) ainsi que les méthodes d’études. Ce, pour mieux élaborer des stratégies de détection, de surveillance et de gouvernance pour le contrôle de la RAM.

Vétérinaire, Ousmane Ndiaye exerce au Centre national d’amélioration génétique (CNAG) de Dahra-Djoloff. Membre du Conseil de l’ordre des docteurs vétérinaires, il est souvent appelé à mettre en place des programmes de suivi conseil dans les exploitations des animaux de rente. Il s’est inscrit à la formation «pour avoir la capacité de prévenir, de détecter et de sensibiliser sur la RAM afin de veiller sur les politiques de santé et de production animales du pays». Selon Ousmane, cette formation permet de mieux comprendre «le phénomène de survenue de la RAM mais aussi l’épidémiologie des agents microbiens résistants».

Bakary Thior, lui est médecin. Il a suivi la même formation et explique les raisons qui l’ont poussé à s’inscrire: «à la faculté de médecine, on n’aborde pas cet aspect de la résistance aux antibiotiques et rares sont les jeunes médecins à connaître les bonnes pratiques de l’antibiothérapie». Il considère cette formation comme une opportunité pour améliorer ses connaissances dans ce domaine. «La réanimation est une discipline qui utilise beaucoup l’antibiothérapie et souvent nous sommes confrontés à des résistances bactériennes. J’étais persuadé qu’en suivant ce programme, j’améliorerai mes compétences grâce aussi au partage de connaissances avec les autres acteurs de la santé», ajoute-t-il.

Bacary se réjouit de la composante One Health (une seule santé) abordée et qui permet de voir «l’étroite relation entre les santé humaine et animale et leur relation avec l’environnement». «À la sortie de cette formation, j’ai surtout retenu que la mauvaise prescription des antibiotiques chez l’homme ou l’animal entraine des conséquences néfastes pour toute la société», souligne-t-il.

La résistance aux antibiotiques, considérée comme un risque de santé publique majeur, est une priorité des agences internationales en charge de la santé humaine, animale et environnementale, dans le cadre du règlement sanitaire international (RSI, 2005). L’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation internationale de la santé animale (OIE), et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, réunies sous l’égide de l’Assemblée mondiale de la santé, ont mis en place un groupe de travail tripartite ad hoc, dirigé par l’OMS, pour un traitement global de la question RAM. L’OMS a ainsi mis en place un plan global.

C’est dans ce cadre, que la FAO a élaboré un plan d’action contre la résistance aux antimicrobiens pour la période 2016-2020 pour aider le secteur de l’alimentation et de l’agriculture à mettre en oeuvre le plan d’action mondial produit par l’OMS. Le plan de la FAO est axé sur quatre domaines prioritaires visant à mieux sensibiliser, renforcer les capacités en matière de surveillance et de suivi, renforcer la gouvernance et promouvoir de bonnes pratiques au sein des systèmes alimentaires et agricoles.

Au Sénégal, la FAO, à travers le Centre d’urgence pour les maladies animales transfrontières (ECTAD), en collaboration avec la chaire d’antibiologie de la faculté de médecine, pharmacie et de chirurgie-odontologie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), appuie le gouvernement du Sénégal pour la formation des ressources humaines. Cette formation sur l’antibiorésistance était organisée dans le cadre du projet «Soutien au Programme de sécurité sanitaire mondiale (GHSA) dans la lutte contre les zoonoses et le renforcement de la santé animale en Afrique» mis en œuvre par la FAO et financé par l’Agence États-Unis d’Amérique pour le développement international (USAID).

Ces professionnels constituent la deuxième cohorte dans cette formation qui comporte quatre sessions d’une durée de trois jours chacune par an. Cette année, la FAO soutient la prise en charge de 35 professionnels composés de 12 médecins, 12 vétérinaires et 11 pharmaciens. Trois auditeurs libres se sont joint à cette promotion 2020. Les cours sont dispensés par un panel de 12 intervenants venant de la Faculté de médecine, de l’École inter-états des sciences et médecine vétérinaires (EISMV) et de différents centres hospitaliers universitaires. Destinée aux professionnels de la santé animale et de la santé humaine y compris le secteur agro-alimentaire, la formation est sanctionnée d’un diplôme interuniversitaire international en antibiologie (DIUI).