FAO au Sénégal

Une Grande Muraille Verte au Sénégal pour faire face au changement climatique

Mbar Toubab, Louga, Sénégal : Des éleveurs et agriculteurs des comités de gestion des parcelles et de lutte contre les feux de brousse produisent des plants pour les sites de reboisement ©FAO/Yacine Cissé
09/09/2016

Sites de plantations, jardin scolaire, jardin maraîcher, pépinière, etc. Autant de réalisations effectuées par l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte (ANGMV), avec l’appui technique de la FAO, et dont les populations de la région de Louga commencent à tirer les bénéfices. En avril 2016, la FAO a renforcé son accompagnement de l’initiative de la Grande muraille verte au Sénégal, avec la mise en œuvre de la composante Sénégal du projet Action contre la Désertification. L’objectif : encourager la gestion communautaire durable des terres et de la biodiversité végétale et animale, pour améliorer les conditions de vie des populations et leur résilience au changement climatique.

« Avant que nous ne commencions à travailler au sein des villages, il n’y avait ni arbre ni fourrage à cause des feux de brousse qui ravageaient tout sur leur passage. Maintenant, des pare-feu ont été installés et un camion-citerne est disponible pour éteindre les feux de brousse », raconte Moctar Sow.

Moctar Sow est le président du Comité de Gestion d’un site de plantation de 200 hectares installé dans le village de Mbar Toubab, dans le département de Louga, en 2010. Sur place, l’ANGMV, avec les populations, fait de la régénération, ce qui consiste à produire des plants, les reboiser et les entretenir.

Eleveur de son état, Moctar travaille avec d’autres habitants, éleveurs et agriculteurs, à la pépinière de Mbar Toubab, dans laquelle les femmes sont majoritairement représentées. « Avant, on vendait une partie du bétail pour subvenir à nos besoins. Depuis que nous travaillons à la pépinière, nous arrivons à faire des économies qui couvrent certaines de nos dépenses », se réjouit Aliou Sow, un autre membre de la pépinière.

En trois ans, 50 000 plants ont été produits dans la pépinière de Mbar Toubab et reboisés dans le site de plantation, où 157 ménages s’approvisionnent en fourrage pour nourrir le bétail en période de soudure. La disponibilité de nourriture pour le troupeau à cette période de l’année a fait reculer la transhumance, en facilitant la sédentarisation des éleveurs, comme l’explique l’agent technique des Eaux et Forêts, El Hadji Goudiaby, responsable de la base de Mbar Toubab.

Les enfants du village de Mbar Toubab profitent, eux-aussi, de l’initiative. L’école élémentaire dispose d’un jardin scolaire depuis décembre 2014. La base fournit du matériel, des semences et de l’encadrement aux élèves. La patate, l’oseille, le maïs et l’oignon sont cultivés dans ce jardin, qui est à la fois un outil pédagogique et une source de revenus pour les apprenants, comme l’explique le Directeur de l’école, Ibrahima Diawara. Une partie de la production est consommée par les 120 élèves qui fréquentent l’établissement, renforçant ainsi les apports nutritionnels dans leur alimentation.

Mbar Toubab n’est pas le seul village qui profite de ce programme. Les villages de Koyli Alpha et de Widou Thiengoly, dans le département de Linguère, ont également leurs sites de plantations qui s’étendent respectivement sur 700 hectares et 675 hectares, avec un tapis herbacé plus abondant.

Dans le site de plantation de Koyli Alpha, le Gouvernement du Sénégal a déjà construit un forage d’une profondeur de 157 mètres et quatre miradors. Un jardin maraîcher a également été installé. Il est tenu par 200 femmes constituées en 10 groupes. Elles pratiquent aussi l’apiculture. « Toute la communauté rurale profite des retombées de ce jardin qui permet de fixer les femmes avec les bénéfices tirés de leurs activités », se réjouit la présidente Maïmouna Sène.

Pour une gestion durable des terres

En avril 2016, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’ANGMV ont démarré la composante Sénégal du projet « Action contre la désertification » (ACD), en vue de renforcer les acquis déjà obtenus dans la première phase du déploiement de la Grande muraille verte. Ce programme est initié par le Groupe des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique pour appuyer à l’Initiative de la Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel. Mis en œuvre par la FAO et ses partenaires, avec le financement de l’Union européenne (UE) dans le cadre du 10e Fonds européen de développement, il vise à améliorer l’état des paysages productifs touchés par la désertification et la dégradation des terres.

Au Sénégal, le projet interviendra dans les sites de Khoily-Alpha (commune de Mboula), de Widou (Commune de Tessékré) et de Mbar Toubab (commune de Syer). Plusieurs activités sont prévues, dont la restauration de 2 400 hectares de terres dégradées avec un ensemencement à sec d’herbacées pour l’amélioration du fourrage pour le bétail et la mise en place d’une réserve naturelle communautaire, avec la réintroduction de quatre espèces de faune sauvage, la mise en défens[1] de 1 000 ha et la réalisation d’un campement touristique.

En encourageant la gestion communautaire durable des terres et de la biodiversité végétale et animale, le projet permettra à la fois de réhabiliter des terres dégradées et de développer l’écotourisme dans la zone, ainsi que des emplois verts au profit des jeunes et des femmes à travers la valorisation des produits forestiers non ligneux.

 

Plus d’informations :



[1] Le terme « mis en défens » est un terme forestier qui désigne un mode de restauration pour améliorer la végétation et la fertilité des sols. Pour la Réserve Naturelle Communautaire de Koyli-Alpha, 600ha sont entièrement clôturés, mais la réserve à une superficie de 1000ha obtenue par délibération de la commune de Mboula. Des extensions sont prévues au fur et mesure que les animaux seront réintoduits, en tenant compte de la capacité de charge du milieu.