FAO au Sénégal

Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments au Sénégal : Sensibilisation des acteurs à la problématique de l’aflatoxine dans l’arachide et aux stratégies de gestion

(c) FAO
14/06/2019

Prévenir, détecter et gérer les risques d’origine alimentaire pour protéger la santé des consommateurs

La première Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments (JISSA) a été célébrée, le vendredi, 7 juin 2019, sur le thème «La sécurité sanitaire des aliments c’est l’affaire de tous». Pour coller à ce thème, le Comité National du Codex Alimentarius (CNCA) au Sénégal avait convié toutes les entités nationales, régionales et départementales impliquées ou jouant un rôle dans le CNCA pour célébrer la JISSA. La région de Kaolack (centre) a accueilli cette première édition qui a vu la participation de la population locale notamment des femmes transformatrices.

Les départements ministériels en charge de la Sécurité Sanitaire des Aliments (SSA), le secteur privé, les organisations professionnelles, les associations de consommateurs, les Organisations non gouvernementales (ONG), les Partenaires techniques et financiers dont l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), etc. ont tout pris part à la manifestation pour échanger sur «La responsabilité partagée en matière de sécurité sanitaire des aliments : Cas de la lutte contre les aflatoxines dans l’arachide».

«Au Sénégal le choix est porté sur l’aflatoxine et nous avons choisi Kaolack qui est la capitale du Bassin arachidier où on pense que la fréquence élevée des cancers du foie est due aux aflatoxines. Il y a beaucoup d’études qui tentent de faire la corrélation entre l’aflatoxine et l’augmentation des cas de cancers dans le Bassin arachidier», a expliqué le point focal Codex au Sénégal, Mame Diarra Faye.

Les aflatoxines sont de biotoxines produites par une moisissure (Aspergilus sp.) relativement ubiquiste et très cosmopolite présente sur les sols, dans les poussières, les matières organiques en décomposition, les graines d'oléagineux et les céréales. Cette moisissure se développe et produit ces aflatoxines quand les conditions environnementales sont humides et chaudes (température moyenne ambiante de 33 °C) : ce qui est souvent le cas lors du séchage post récolte, du transport et du stockage des graines. L’aliment colonisé présente alors en surface une pellicule poudreuse ou duveteuse de couleur blanche, verte, brune ou noire.

En plus de causer d’importants problèmes de santé les aflatoxines peuvent avoir un impact économique négatif notamment sur la commercialisation des produits.

Des initiatives de lutte contre les aflatoxines ont été discutées lors de la rencontre et les acteurs ont été sensibilisés aux conséquences afin de les aider à adopter davantage des mesures pour la réduction des taux d’aflatoxines dans les produits incriminés tels que les arachides, le mil, le maïs et le riz.

«Nos produits ont des niveaux d’aflatoxine qui vont jusqu’à 20 ppb alors qu’au niveau international, la limite maximale actuelle est de 15 ppb. On vise même le niveau de 10 voire moins. Nous devons donc adopter des mesures et mener des actions concrètes pour arriver à la réduction de la limite actuelle afin de permettre une meilleure commercialisation de nos produits» a plaidé le point focal Codex au Sénégal.

Sensibiliser davantage et promouvoir les bonnes pratiques

Organisée avec l’appui de la FAO et de l’Organisation mondiale de la Santé, la célébration de la JISSA au Sénégal a débouché sur plusieurs recommandations dont :

-      l’élaboration d’un plan de surveillance de la contamination des aliments par les aflatoxines;

-      la mise en place d’un comité ad hoc d’experts pour l’adoption et la mise en œuvre du code d’usage Codex;

-      l’élaboration d’un guide sur la base des recommandations de ce code.

Les participants ont aussi souligné la nécessité de sensibiliser toutes les parties prenantes notamment les consommateurs et de générer des données de consommation et d’épidémiologie.

L’experte en sécurité sanitaire des aliments à la Représentation de la FAO, Fatou Sock, a rappelé qu’«il n’y a pas de sécurité alimentaire sans sécurité sanitaire des aliments car une nourriture malsaine n’est pas une nourriture». Cela suppose, selon elle, que «de la fourche à la fourchette, chaque acteur, pleinement conscient de ses obligations et responsabilités, parce qu’étant formé et sensibilisé, respecte les exigences de bonnes pratiques d’hygiène, de fabrication et de contrôle qui concourent à assurer des aliments sains».

Renforcer le dispositif de surveillance et de réponse aux urgences de sécurité sanitaire des aliments

Les toxi-infections d’origine alimentaire peuvent conduire à des situations d’urgence si le pays n´est pas préparé à y répondre. Elles peuvent entrainer de graves conséquences sur la santé publique, sur la sécurité alimentaire mais également sur le plan économique, avec de possibles répercutions à l’échelle régionale et internationale.

Pour limiter les risques de propagation des maladies d’origine alimentaire et protéger la santé des consommateurs, le Sénégal dispose désormais d’un Plan National de Réponse aux Urgences de Sécurité Sanitaire des Aliments (PNRUSSA). Ce Plan a été élaboré dans le cadre du projet «Renforcement de la capacité de surveillance, d’alerte rapide et de préparation à la gestion des urgences de sécurité sanitaire des aliments dans la région de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et mise en œuvre au Sénégal» par la FAO et financé par la Direction de la Coopération au Développement et de l’Action Humanitaire du Ministère des Affaires Etrangères et Européennes du Grand-Duché de Luxembourg entre 2015 et 2017.

Ce plan de réponse aux urgences, le premier élaboré dans ce domaine en Afrique, a été validé, en février 2019, par le Haut Conseil National de la Sécurité Sanitaire Mondiale «One Health» comme document national de référence pour la gestion des urgences en matière de sécurité sanitaire des aliments. 

Pour consolider les acquis et les leçons apprises du premier projet, la FAO met en œuvre un second projet «Amélioration des capacités de surveillance intégrée et de réponse aux urgences de sécurité sanitaire des aliments au Sénégal et au Burkina Faso» (2018-2020), toujours financé par le Grand-Duché de Luxembourg. L’objectif est de permettre au Sénégal de renforcer son dispositif et de partager ses expériences avec d’autres pays de la région de l’UEMOA plus particulièrement le Burkina Faso. 

 

Plus d’informations :

Travail de la FAO en matière de Sécurité Sanitaire des Aliments

Journée national sur le Codex : Réflexions sur l’utilisation des aflatoxines et de l’histamine