Centre d'investissement de la FAO

Voyage d’étude d’une délégation nord-africaine sur les coopératives agricoles françaises

13/11/2017

Les coopératives agricoles prospèrent depuis des décennies en Bretagne, l’une des principales régions productrices de légumes et de produits laitiers en France.

Une délégation venant de l’Egypte, du Maroc et de la Tunisie a visité cette région pendant cinq jours en juillet dernier, afin de comprendre comment ces coopératives orientées vers le marché peuvent améliorer les perspectives des agriculteurs et créer des emplois.

Le groupe était composé de représentants d’organisations de producteurs, de coopératives agricoles, d’organisations interprofessionnelles et des autorités publiques.

Organisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), cette mission d’étude s’est inscrite dans le cadre des projets menés par la FAO et la BERD visant à soutenir le développement des coopératives agricoles dans les trois pays nord-africains.

« L’idée est que vous pouvez faire tellement plus, en tant qu’agriculteur, si vous êtes membre d’une coopérative, surtout si vous voulez influencer les prix, avoir un pouvoir de négociation avec les détaillants ou les transformateurs, ou entreprendre des projets qui exigent un grand investissement, comme l’achat de machines ou l’établissement d’une marque », a déclaré Emmanuel Hidier, économiste principal à la FAO.

La force réside dans les chiffres

Le groupe a visité Cerafel, un regroupement d’organisations de producteurs de légumes, de fruits et de produits horticoles qui compte environ 2.600 membres.

Les consommateurs qui achètent des produits frais sous la marque « Prince de Bretagne », créée par Cerafel en 1970, savent que les produits qu’ils achètent sont de grande qualité et font partie du riche patrimoine agricole de la Bretagne.

Selon Maïwenn Bullier, directrice de Cerafel, l’association a réussi à créer « 10.000 emplois directs et 15.000 emplois indirects en Bretagne ».

Maïwenn Bullier a ajouté qu’en plus de fournir toute une gamme de services à ses membres, y compris en matière de marketing et distribution, Cerafel investit massivement dans la recherche et le développement agricoles, testant de nouvelles variétés et améliorant la qualité des aliments, la sécurité alimentaire et les pratiques environnementales.

Une visite au marché aux enchères local, géré par les producteurs, a permis de constater que la force réside dans les chiffres : la délégation a vu comment les coopératives peuvent influencer les prix du marché pour leurs produits – ce que les agriculteurs indépendants auraient du mal à faire.

Maintenir l’esprit d’équipe

La délégation a également rencontré des représentants d’Even, un groupe coopératif agroalimentaire très important, fondé en Bretagne en 1930 dans le secteur de la transformation du lait.

Les marques d’Even, telles que « Paysan Breton » et « Régilait », sont aujourd’hui vendues dans plus de 110 pays.

Even, dont le chiffre d’affaires a atteint 2,1 milliards d’euros en 2016, est divisé en quatre centres de profits. Une unité est chargée de l’appui en amont, y compris en matière de gestion des exploitations. Une autre unité est en charge du lait et des produits laitiers. La distribution des produits alimentaires, ainsi que la livraison à domicile, les services de restauration, les plats cuisinés et la salaison sont la responsabilité des deux autres unités.

Even emploie plus de 6.000 personnes et compte 1.400 agriculteurs membres.

Guy Le Bars, président du groupe coopératif, a souligné l’importance de la bonne gouvernance et expliqué comment une coopérative aussi grande réussit à maintenir un esprit d’équipe avec ses nombreux adhérents : « Nos membres sont à la fois actionnaires et fournisseurs de lait ; avoir de bonnes relations de travail fondées sur la confiance est vital pour la santé et l’efficacité de la coopérative. Nous cherchons toujours les meilleurs moyens de répondre à tous nos membres, en organisant des réunions régulières pour recueillir leurs commentaires et assurer un bon flux d’information. »

Enfin, la délégation a également visité une station de tri et d’emballage, visite très instructive en matière de contrôle de la qualité. Elle a aussi visité un centre de recherche et rencontré divers responsables agricoles régionaux.

Perspectives après ce voyage d’étude

Ines Kaabachi, Chef de Service de la Direction Générale du financement, des investissements et des organismes professionnels (DGFIOP) en Tunisie, a résumé : « La mission nous a permis de voir comment des incitations adéquates peuvent permettre aux producteurs individuels de s’organiser au profit de leurs propres exploitations. C’est particulièrement opportun pour nous, puisque nos pays sont sur le point d’élaborer de nouvelles politiques pour favoriser le développement du mouvement coopératif agricole. »

En général, la mission d’étude a fourni beaucoup de matière à réflexion sur la façon de développer des coopératives agricoles efficaces et commercialement viables.

« L’une des principales leçons tirées de cette mission est que les coopératives bretonnes sont le résultat direct des initiatives personnelles des agriculteurs. Les agriculteurs qui ont enduré des crises de prix ou de distribution ont créé leur propre coopérative pour résoudre leurs problèmes. Le changement a été provoqué par les agriculteurs eux-mêmes», a déclaré Denis Herbel, Conseiller principal de la FAO pour les organisations et coopératives de producteurs. Il a également suggéré d’organiser un projet de jumelage dans lequel des coopératives en Bretagne coacheront des organisations de producteurs sélectionnées en Egypte, au Maroc et en Tunisie.

Victoria Zinchuk, directrice de la commission consultative de l’agro-industrie à la BERD, a ajouté que la FAO et la BERD continueront à « soutenir le dialogue avec tous les acteurs des deux secteurs, public et privé, pour accompagner les trois pays dans le renforcement de leur secteur coopératif agricole, qui représente la base des systèmes agroalimentaires durables. »