Centre d'investissement de la FAO

Encourager la mécanisation agricole durable en Afrique : une solution pour l’avenir

La réalisation des objectifs d’éradication de la faim et de prospérité fixés par le Programme de l'Union africaine à l'horizon 2063 imposent une transformation radicale de l’agriculture en Afrique.
©FAO/Luis Tato - Miriam Mbuki Koigu, agricultrice et bénéficiaire du Programme de mécanisation de la FAO pour les agriculteurs de l'agriculture de conservation
20/04/2020

Aujourd’hui plus que jamais, l’approche numérique de l’agriculture rationalise l’efficacité et la productivité. Mais de nombreux agriculteurs africains n'ont pas accès aux outils et aux équipements qui leur permettraient d’augmenter les rendements et de réduire la pénibilité. Il convient de faire en sorte que tous ces outils, numériques comme non numériques, soient mis à leur disposition.  

« La mécanisation agricole et l’innovation doivent faire partie de l’équation », affirme M. Josef Kienzle, ingénieur agronome et chef du groupe de travail Mécanisation de la FAO.

La FAO aide l’Union africaine à promouvoir la mécanisation agricole durable sur le continent dans le but d’augmenter la productivité et la production agricoles afin d’éradiquer la faim en Afrique d'ici 2025 et de nourrir une population de plus en plus nombreuse, de surcroît en voie d’urbanisation rapide.

Environ 60 % des Africains vivent de l’agriculture, mais le secteur est loin de réaliser tout son potentiel. Mécanisation durable - L’amélioration de la productivité de tous les maillons de la chaîne de valeur agroalimentaire et la réduction des pertes pendant et après récolte dépendent autant d’outils manuels simples que d’équipements sophistiqués et motorisés. Tous ces moyens sont en mesure de diminuer la pénibilité, de pallier la pénurie de main d’œuvre, d'améliorer la productivité et de mener les activités agricoles au moment opportun.  Ils peuvent également ouvrir l’accès aux marchés grâce à l’amélioration de la qualité et de la sécurité des aliments, de la valeur ajoutée des produits, de la logistique et du transport.

Les petits agriculteurs n'ont pas toujours les moyens d'acquérir des machines agricoles. De ce fait, la possibilité de louer des services de mécanisation pour préparer la terre à des semailles précoces ou récolter au bon moment est essentielle.

Le suivi des tracteurs par GPS sur téléphones portables est devenu un nouveau modèle économique. Ainsi, la puissante plateforme TROTRO Tractor Limited connecte les agriculteurs aux opérateurs de tracteurs, contribue à améliorer la redevabilité et réduit les pertes et le mauvais usage des équipements. Elle fonctionne déjà au Ghana et au Zimbabwe et sera bientôt accessible au Kenya.

À la demande de l’Union africaine et de pays membres de la FAO, l’Organisation a élaboré la feuille de route Mécanisation agricole durable : un cadre pour l'Afrique avec le Département de l'économie rurale et de l'agriculture de la Commission de l'Union africaine. Fruit d’un long processus de consultation dans l’ensemble de l’Afrique, ce cadre global fournit des orientations en matière de résolution des problèmes et de promotion d’une adoption plus large de la mécanisation durable.

Afin d’en appliquer les recommandations, le Centre d'investissement et la division Production végétale et protection des plantes de la FAO ont organisé conjointement des ateliers régionaux en Côte d'Ivoire avec une trentaine de représentants du Bénin, du Sénégal, du Maroc, du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire, ainsi qu’en Ouganda avec plus de 60 représentants de l’Éthiopie, du Kenya, de la République unie de Tanzanie, de Zambie, du Ghana et de l’Ouganda. À ces occasions, des praticiens, des fonctionnaires, des représentants d’organisations d’agriculteurs et des banquiers ont échangé leurs expériences et leurs connaissances. Ils se sont penchés sur la nécessité de lier les bonnes pratiques agronomiques telles que l’agriculture de conservation à des options de mécanisation durable.

Pour M. Kienzle, « La mécanisation ne consiste ni à déplacer la main d’œuvre, ni à industrialiser l’agriculture.  Elle vise à augmenter le pouvoir des exploitations grâce à des technologies durables sur les plans environnementaux, économiques et sociaux. » Pour ce faire, il convient de promouvoir des technologies intelligentes face au climat qui soient adaptées, facilement disponibles et d’un coût abordable. Ces technologies devront cibler les femmes, les jeunes agriculteurs et les entrepreneurs ruraux grâce à la création d’emplois agricoles attractifs.

M. Samuel Kouamé, participant ivoirien à l’atelier de la FAO, a décrit en ces termes la vision de son entreprise : « mettre les technologies agricoles au service des agriculteurs afin d’augmenter la productivité et la durabilité de leurs exploitations. »

La mécanisation agricole durable dépend pour une large part du secteur privé. Il est vital de trouver les bons modèles économiques. La concertation public-privé, y compris avec les organisations d’agriculteurs, joue également un rôle essentiel dans la création d’un environnement politique favorable et le renforcement de la confiance. 

« Nous avons besoin que le public et le secteur privé fournissent des données commerciales exactes sur la mécanisation agricole durable afin de mieux déterminer la nature  des besoins », souligne M. Kienzle. « Pour garantir la qualité et la sécurité de l’équipement agricole, nous devons également mettre en place des normes et des programmes de certification à l’échelle du continent africain, ce qui serait favorable au commerce de ces matériels. »

Mme Alberta Mascaretti, chef du service Afrique du Centre d’investissement de la FAO, a déclaré : « Le Centre est prêt à collaborer avec ses partenaires dans le but de faciliter le financement de la mécanisation agricole durable en Afrique et de promouvoir des modèles technologiques et économiques adaptés aux petits agriculteurs ainsi qu’aux petites et moyennes entreprises de tous les maillons de la chaîne de valeur. » Elle a ajouté : « Une attention particulière sera portée à la réduction de la pénibilité de nombreuses tâches agricoles et domestiques pour les femmes. » 

Le Cadre fournit aux pays africains une vision politique et stratégique commune à long terme. Il constitue également le socle de la coopération régionale, de la création de réseaux et de la mise en place de partenariats. Ainsi la nouvelle stratégie du Comité européen du machinisme agricole demande instamment à la Commission européenne de généraliser la mécanisation agricole durable en Afrique.   

La mécanisation durable contribuera à améliorer la sécurité alimentaire au niveau des exploitations et améliorera l’efficience de toute la chaîne de valeur alimentaire sur l’ensemble du continent africain.