La FAO au Tchad

"Mon jardin, ma force et ma raison de vivre "

@FAOTchad
13/05/2020

« Je veux pouvoir m’occuper de mes enfants, c’est pourquoi, je ne peux pas me permettre de rester à la maison à ne rien faire »

D’un air assuré et le sourire toujours au rendez-vous, cette jeune agricultrice de 22 ans, mère de 3 enfants est une productrice maraîchère dans une exploitation agricole située dans la ville de Doba au Tchad. Avec ses 2 hectares de superficie, cette exploitation agricole de plus de 30 casiers baptisée le jardin, permet à plus d’une quinzaine de personnes de renforcer leurs moyens de subsistance à travers la production et la vente de légumes frais.

Depuis l’âge de 16 ans, Victoria LADOUM partage ses journées entre son champ et ses tâches quotidiennes.  Son histoire avec l’agriculture, elle l’a débutée plus jeune durant son enfance. « C’est en regardant ma mère travailler que j’ai moi aussi appris les techniques de nos ancêtres » nous dit - elle.  Les conseils transmis par ses parents sont un héritage qu’elle souhaite perpétuer. Une fois adolescente, elle a appris à aimer la terre pour ses bienfaits. Ses connaissances ont été enrichies avec l’appui des experts de la FAO dans le cadre des diverses formations offertes en techniques agricoles au groupement « Mirassè-djim ba - moussa » qui signifie en dialecte gambaï « la main qui nourrit ».  C’est en cela qu’elle peut aujourd’hui s’occuper de la parcelle qui lui a été confiée. « La FAO nous a énormément aidé, les animateurs nous ont distribué gratuitement les semences par paire, entre autres des sachets de carottes, salade, choux, oignons, piments… ». Avec l’appui financier de la Banque Mondiale, dans le cadre de la deuxième phase du projet d’appui d’urgence à la production agricole et animale au profit des réfugiés/retournés et populations hôtes des zones touchées par la crise centrafricaine (PURCAE)., l’année dernière, elle a appris à fabriquer de l’engrais biologique et son utilisation sur les cultures.   Les semences améliorées ont été utilisées dans « le jardin », ce qui lui a permis de réaliser des économies non négligeables.

« Avant nous étions obligés de dépenser 2500 Fcfa et parfois  3000 Fcfa  pour acheter un sachet de semence, maintenant ce n’est plus le cas . J’utilise cet argent pour faire autre chose et parfois pour la maison »

Levée dès 5h du matin, l’approvisionnement en eau et la préparation du repas familial font partie des diverses tâches quotidiennes qu’elle est tenue d’effectuer avant de sortir.  Deux fois par jour, pendant que sa mère garde ses enfants, elle se rend dans son champ pour s’occuper de 9 « casiers ». Ces derniers lui permettent de récolter trois fois par an de la laitue, des oignons, de la tomate et des carottes. Suivant les saisons et le cycle des plants, elle veille à la croissance harmonieuse de ses plantes. « Ce n’est pas du tout facile de travailler, durant le mois d’avril et mai, il fait tellement chaud que le soleil brûle sur la peau. On se repose un peu si on est trop fatigué, mais il faut bien nettoyer et arroser les plantes parce que c’est avec ça qu’on vit ». L’accès à l’eau pour leurs cultures reste un défi majeur. Elle en est convaincue : « Si notre groupement avait des motopompes et plus de semences, nous pourrions agrandir l’exploitation et pouvoir gagner plus d’argent en une année ». Une fois, les activités champêtres achevées, elle se rend au marché pour s’installer et vendre sa récolte jusqu’à 16h.  Avec toutes ces activités, les journées de Victoria sont longues et ne se terminent pas avant 18h. C’est un sacrifice qu’il lui faut consentir pour gagner un peu d’argent et faire vivre dignement sa famille.

« Au marché, je vends 4 pieds de salade à 100 Fcfa. Le tas de 5 carottes est vendu entre 250 et 500 Fcfa suivant la taille des légumes. Ici, chacun fixe ses prix et met la quantité qui lui sied. Après la vente, un casier de carottes me permet de gagner 5000 Fcfa minimum, les laitues se situent autour de 6500 Fcfa. Les oignons coûtent plus chers, je peux avoir 10 000 Fcfa minimum ».

Avec l’aide des animateurs de la FAO, le groupement a mis sur pied une cotisation. Victoria a souscrit à l’épargne mise en place. « Chaque membre contribue entre 2000 et 2500 Fcfa maximum par semaine, chaque membre peut épargner jusqu’à 110 000 Fcfa minimum ou 150 000 Fcfa l’année , cela dépend de la production » C’est grâce à la terre qu’elle parvient à subvenir à ses besoins de femme. Une partie de cet argent lui permet de s’occuper de Cyril, Glorieuse et Dieudonné, ses trois enfants dont elle assume la charge. Depuis qu’elle s’est séparée de leur père à cause de son penchant pour l’alcool, il a décidé de ne plus s’occuper de sa famille. Victoria est retournée vivre chez ses parents qui l’épaulent du mieux qu’ils peuvent. Elle se consacre pleinement à l’agriculture.   A la regarder faire, rien ne laisse transparaître des vicissitudes de sa vie. Elle a su trouver du courage pour se prendre en main et à travers son métier d’agricultrice gagner un revenu lui permettant de subvenir à ses besoins de base et à ceux de ses enfants qui constituent aujourd’hui sa principale raison de vivre.