La FAO au Tchad

Travailler ensemble pour favoriser la paix

©Fao/Fallon
20/06/2018

Il y a quelques mois, il aurait été impossible d’imaginer une femme, issue de la communauté twa, parcourir des villages majoritairement bantus afin de leur parler de paix. Selon des traditions bien ancrées à l’est de la République démocratique du Congo, les femmes twas n’avaient pas le droit de prendre la parole au sein des communautés. Mais au village de Monde, dans le territoire de Kabalo, quelques femmes ont prouvé qu’elles pouvaient participer activement au renforcement de la cohésion sociale au sein de leurs villages. L’une d’elles est Edwina Mukalay, mariée, mère de quatre enfants et twa. Elle est une des conseillères du Comité villageois de paix Uwezo, qui signifie «capacité». Avant son adhésion aux activités du comité, elle n’avait jamais cultivé un champ et elle ne savait ni lire ni écrire.

En 2017, la FAO et le PAM lancent un programme conjoint «Achat pour le progrès (Purchase for Progress [P4P])» pour relancer la production agricole, renforcer les moyens d’existence, favoriser l’accès aux marchés de base et consolider la paix.
Grâce à la contribution de 10 millions d’USD du Gouvernement du Royaume de Suède, la FAO et le PAM travaillent ensemble pour soutenir 18 000 ménages (108 000 personnes). La FAO met en œuvre un projet de deux ans pour aider les bénéficiaires à travers diverses activités, notamment la fourniture de différents kits agricoles (semences de qualité et outils) selon la zone agro-écologique et d’intrants pour la production de légumes riches en nutriments, l’installation d’unités de transformation et formation à travers les écoles paysannes Dimitra clubs d’écoute pour renforcer les capacités techniques et la cohésion sociale.

Un comité mixte pour renforcer la cohésion sociale

La région de Kabalo a connu un nombre important de mouvements de personnes lié aux affrontements entre les communautés twa et bantu. Depuis, quelques le calme semble être revenu. Le contexte social n’y était longtemps pas favorable aux femmes twas. La plupart d’entre elles sont analphabètes et travaillent dans de mauvaises conditions. Dans ce contexte, Edwina fait figure de pionnière du changement dans sa communauté grâce au soutien de la FAO à travers le financement suédois.

«Les mois de conflits entre nos deux communautés ont beaucoup affaibli nos villages», dit Edwina. «Après avoir participé aux séances d’animation sur la cohabitation pacifique, j’ai eu un grand désir de m’engager pour travailler pour la paix et le développement de mon village.»

Edwina a parcouru, avec les autres membres de son comité de paix, quatre villages de la région afin de sensibiliser les familles des communautés twa et bantu autour de la paix et du développement de leur milieu. Progressivement, les deux communautés jadis en conflit ont amorcé un dialogue,  longtemps entravé par les conflits intercommunautaires. Grâce aux sensibilisations et animations, les twas du village Monde travaillent désormais avec les bantus. Ce sont là les prémisses d’une paix durable entre eux.

«Avant, il était difficile de quitter mon village pour me rendre dans un village bantu», explique Edwina. «Maintenant, je suis heureuse d’appartenir à un comité de paix mixte où les twas et les bantus travaillent ensemble pour les mêmes objectifs.»

Produire sa propre nourriture

Après avoir reçu une formation sur les bonnes pratiques agricoles, Edwina a décidé de cultiver du  manioc et de la patate douce sur son champ d’un hectare. Cette activité lui permis de subvenir aux besoins de sa famille. Elle produit désormais sa propre nourriture qu’elle mange avec sa famille et vend le surplus pour subvenir aux besoins de son ménage.

«Je suis heureuse de pouvoir payer grâce aux revenus de mes premières récoltes la scolarité et les soins de santé de mes enfants», indique Edwina. «Je peux maintenant aider mon mari dans l’achat des biens de notre ménage. Petit à petit j’arriverai à améliorer notre maison», se réjouit Edwina.

A la formation de cohabitation pacifique, qu’Edwina et d’autres membres de la communauté ont déjà suivie, s’est ajoutée une formation sur l’alphabétisation des femmes. Bientôt, Edwina pourra réaliser son souhait de communiquer avec ses frères qui vivent dans d’autres villages.

«Grâce aux activités d’alphabétisation, je reconnais l’importance de scolariser mes enfants. Je suis déterminée à finaliser mon apprentissage pour avoir le bagage nécessaire pour mieux m’occuper de mon mari, mes enfants et aider ma communauté à aller de l’avant», dit Edwina.

Apprendre à vivre ensemble

La mise en œuvre des activités du projet comme le Comité de paix, les séances d’alphabétisation et l’appui à la relance agricole ont permis aux ménages bénéficiaires de mieux travailler et vivre ensemble. Edwina constate qu’ils arrivent à résoudre les conflits autour des limites des champs plus facilement grâce aux leçons apprises lors des formations sur la cohabitions harmonieuse. Selon Edwina, sans la paix, le développement de son village n’est pas possible. Elle commence à voir ce rêve d’une paix sera retrouvée devenir réalité dans son village.