Approvisionnement en juvéniles
Ponte sur niche, algues aquatiques et prairies inondées dans des bassins et étangs
Les carpes peuvent pondre au cours de toute l’année dans les zones tropicales d’Inde, avec des pics en janvier-mars et juin-août. La reproduction est réalisée dans les hapas, les bassins en béton ou petits étangs. Les plantes aquatiques submergées sont utilisées comme des substrats pour l’étalement des œufs. Quand les juvéniles sont de 4 à 5 jours, ils sont stockés dans les étangs de nurserie.
La ‘méthode soudanaise’ est utilisée pour la ponte des carpes en Indonésie. Les géniteurs sont maintenus dans des étangs pour géniteurs, séparés par sexe. Les géniteurs matures sont transférés à des étangs de ponte de 25-30 m². Les ‘Kakabans’ (nichets fabriqués à partir de fibre des espèces de
Arenga) sont installés dans les étangs. Le poisson étale ses œufs sur les deux côtés de kakabans. Quand la ponte est terminée, les nichets sont transférés aux étangs d’éclosion/nurserie.
Les petits étangs sont utilisés pour la ponte de carpes en Chine. L’algue aquatique (
Ceratophyllum, Myrophyllum) où les feuilles de palmiers flottantes sont utilisées comme un substrat pour la ponte.
En Europe, les petits étangs 'Dubits ponds' (120-300 m² superficie) étaient, dans le passé, utilisés pour la ponte, ainsi que pour une période courte dans la nurserie pour des juvéniles de carpes. Récemment, des étangs avec une aire allant de quelques centaines de m² jusqu’à 10-30 ha sont aussi utilisés. Deux à quatre semaines après la ponte, les juvéniles peuvent soit être récoltés de ce grand étang, ou peuvent y rester jusqu’à atteindre la taille fingerling.
Production de juvéniles en écloserie
C’est la méthode la plus efficace et faible de la production de juvéniles. Les géniteurs sont gardés dans de l’eau saturée avec de l’oxygène, dans une température variant entre 20 et 24 °C. Ils sont traités par deux doses d’injections de la glande pituitaires, ou par un mélange antagoniste de GnRH/dopamine, pour induire l’ovulation et la spérmiation. Les ovules sont fécondés (en appliquant la ‘méthode à sec’) et l’adhésivité de l’œuf est éliminée par un traitement sel/urée, suivi par un bain d’acide tannique (la ‘méthode de Woynarovich’). L’incubation est réalisée dans des récipients nommés ‘Zoug jars’. Les juvéniles obtenus sont gardés dans des bacs coniques pour 1 à 3 jours, quand ils arrivent au stade de nage ou quand ils commencent à s’alimenter ils sont normalement mis dans des étangs spécialement, préparés. Environ, 300 000 à 800 000 de juvéniles qui viennent d’éclore peuvent provenir d’une seule femelle.
Nurserie
Grossissement de la carpe commune dans des étangs et bassins
Les étangs vidangeable peu profonds sans algues aquatiques de 0,5 à 1,0 sont les plus convenables pour le grossissement de carpes. Les étangs de nurserie doivent être préparés avant le stockage pour encourager le développement des populations rotifères, puisque ils constituent la première nourriture pour les juvéniles. La densité de stockage est de 100-400 juvéniles/m². Les étangs doivent être ensemencés avec
Moina ou
Daphnia après avoir stockés les étangs. Des aliments supplémentaires comme du soja, céréales, viande, ou un mélange de ces matières, doit être apporté. Des fibres de riz ou des éclats de riz peuvent aussi être utilisés comme nourriture pour les juvéniles. La durée de la période de nurserie est de 3 à 4 semaines. Le poids final du poisson est de 0,2-0,5 g et le taux de survie est de 40-70 pour cent.
Si il y a plusieurs prédateurs dans la zone où l’étang sera installé (insectes, serpents, grenouilles, oiseaux, poissons sauvages), le bassin de nurserie de carpes peut être utilisé. Les bassins d’une superficie de 5-100 m², construits en béton, briques ou plastique, peuvent être utilisés comme nurserie pour des juvéniles jusqu’à 1-2 cm. En mettant du foin et du fumier, des populations denses de
Paramecium et rotifères peuvent se développer dans ces bassins contenant quelques centaines de juvéniles par m². Les systèmes de type industriel, tels que les raceway, ou les systèmes de re-circulation sont aussi convenables pour la nurserie.
Production de fingerlings
La production des fingerlings de carpes prend place normalement dans des étangs semi intensifs, basés sur fumier/engrais qui génèrent de la nourriture naturelle et une alimentation supplémentaire. La production des fingerlings peut être réalisée dans un système à un seul stade (stockage de juvéniles et récolte de fingerlings), un système à double stades (stockage de juvéniles de nurserie et récolte de fingerlings), ou un système multicycle (quand les nouveaux juvéniles sont stockés, et les poissons sont rendus moins denses plusieurs fois).
Le stockage avec des juvéniles de nurserie est la méthode la plus efficace pour produire des fingerlings de taille grande et moyenne. Dépendant de la taille finale demandée de fingerlings, 50 000-200 000 juvéniles/ha peuvent être stockés dans des zones tempérées, préférablement dans des systèmes de polyculture où la proportion de carpe commune est de 20-50 pour cent, la densité de stockage de juvéniles de nurserie est 50 000-70 000/ha, du quel la proportion de la carpe commune est de 20 pour cent. Des taux de survie de 40-50 pour cent sont achevés. Des fingerlings de petite taille peuvent être produits dans des étangs stockés avec 40 000 petits (15 mm) juvéniles. Dans ce cas le taux de survie est de 25-30 pour cent. Des applications fréquentes de fumier sont nécessaires pour maintenir les populations de plancton. L’alimentation est basée principalement sur les produits agricoles dans les zones subtropicales, sur des céréales et/ou granulés dans des zones tempérées.
Techniques de grossissement
Production de carpes de deux étés
Dans les zones tempérées, un poisson d’un seul été (20-100 g) doit atteindre 250-400 g dans la deuxième année. La densité de stockage est de 4 000-6 000/ha, ou d’environ 3 000 carpes chinoises/hasi les poissons ne sont nourris qu’avec des céréales. La densité peut être plus élevée (jusqu’à 20 000/ha) si en plus des céréales on donne des granulés. La ration journalière est de 3-5 pour cent (du poids du corps) approximativement.
Production de poissons de taille commerciale
La carpe commune peut être cultivée dans des systèmes de production extensifs avec une nourriture naturelle ou en monoculture avec un apport supplémentaire de nourriture, dans des étangs d’eau stagnante. Les productions intensives en monoculture basées sur l’aliment artificiel peuvent être entreprises dans des cages, réservoirs d’irrigation, étangs d’eau courante et bassins, ou dans des systèmes de re-circulation. La carpe commune est alors en culture avec la carpe chinoise, et/ou la carpe indienne, la tilapia, le mulet, etc., dans un système de polyculture, avec une nourriture naturelle et un apport supplémentaire, de nourriture. Dans ce système, le poisson a des comportements alimentaires différents et occupe les différentes niches trophiques qui existent dans le même étang. Le nombre de poissons doit être en accordance avec la productivité naturelle des organismes servant de nourriture. L’utilisation fréquente de fumier ou d’engrais et la ration en espèces appropriée, permet la maintenance de la productivité des organismes d’alimentation, ainsi que l’utilisation maximale possible de la productivité de l’écosystème de l’étang. Les effets synergiques entre les espèces de poissons renforcent la production dans les étangs à polyculture. La culture de carpes peut être intégrée avec l’élevage d’animaux et/ou la production de plantes. L’intégration peut être directe (animaux au dessus des étangs de poissons), indirecte (déchets d’animaux sont utilisés dans les étangs comme le fumier), parallèle (riz avec poisson). Le cycle séquentiel de poisson/animal/légume/riz (dans 7 à 9 cycles par an) est convenable pour réduire les décharges environnementales de l’aquaculture/agriculture intensive. La carpe commune s’enfuie dans le fond de l’étang, et a une assez grande tolérance face aux conditions environnementale et des comportements alimentaires omnivores, c’est une espèce clé dans les systèmes de culture intégrés. La carpe commune peut aussi être élevée dans des eaux naturelles, réservoirs et zones temporairement inondées, pour utiliser la production de nourriture naturelle de ces eaux et pour améliorer les captures de pêches. Dans ce cas le poisson doit être au stade fingerlings d’une taille de 13-15 cm, produits dans des fermes aquacoles (pêche basée sur l’aquaculture) afin d’éviter les pertes qui peuvent survenir avec les petits poissons. La carpe commune est normalement mise avec d’autres espèces de cyprinidés, en accordance avec la productivité des eaux et l’intensité d’exploitation.
Apport de nourriture
L’utilisation de nourriture naturelle a été mentionnée dans d’autres sections de cette fiche technique. Elle est parfois supplémentée avec de l’aliment formulé dans la ferme ou un aliment commercial.
Techniques de récolte
Les étangs non vidangeables, ou vidangeables avec un long canal de récolte, ou étangs avec une fosse interne ou externe sont utilisés pour l’élevage de carpes. Les poissons sont normalement récoltés par une seine. La longueur du filet doit être 1,5 fois la largeur de l’étang, sans dépasser 120-150 m de long.
Dans les étangs non vidangeables, la récolte sélective peut être faite. Le poids maximum de carpe qui peut passer à travers les différentes mailles du filet sont: taille de maille 20 mm = 40 g; 30 mm =100 g; 35 mm =170 g; 40 mm = 270 g; 50 mm = 400 g.
Comme, la carpe garde la zone d’élevage sans vases où elle cherche normalement sa nourritures, l’alimentation doit alors être fait pendant toute la période d’élevage dans la zone de récolte. Au moment de la récolte l’eau doit être vidée doucement (entre 1-3 jours pour un étang de 1 ha, et entre 8-14 jours pour un étang de 30-60 ha).
Les poissons se groupent dans la partie la plus profonde de l’étang, sauf si ils sont effrayés par une diminution brusque du niveau d’eau, ou par des bruits. Comme les carpes ont tendance à nager vers l’arrivée de l’eau, une petite quantité d’eau est coulée dans l’étang à côté du point de drainage pour concentrer les poissons, spécialement si la température de l’eau est élevée. Quand un grand nombre de poissons est concentré dans la fosse de récolte l’aération doit être fournie. L’aspersion de l’eau à la surface est normalement insuffisante. La récole partielle (sans tenir en compte si l’étang est vidangeable ou pas) augmente la production totale des étangs en améliorant les conditions de la population restante.
Manipulation et traitement
Si la récolte est faite dans l’eau chaude, les poissons sont pré-conditionnés par un stress répétitif avant la pêche au filet. Les poissons récoltés peuvent être transférés vivants dans des bacs aérés pour 3-5 heures, si le rapport poisson/eau ne dépasse pas 1:2. La densité des poissons dans les bacs de transport et la durée de transport dépend de la taille du poisson, de la température et de l’aération.
Si, durant la récolte, le poisson a été séduit par l’aliment, le temps du transport doit être très court, puisque la demande en oxygène de poissons rassasiés est élevée.
La majorité des carpes est transférée vivante aux marchés, et elles sont vendues soit vivantes soit fraîchement emballées. Des essais, à grande échelle, de désossement de carpes en France ont été réalisés avec succès, sans compter 15 nouveaux produits préparés de la carpe, représentant différents niveaux de transformation.
Coûts de production
Le profit moyen de la production de carpes dans certaines fermes aquacoles Hongroises était de 326 EUR/ha (des ventes de 1 652 EUR/ha) entre 1999-2001, selon une enquête réalisée par l’institut de Recherche des Pêches, d’Aquaculture et d’Irrigation. En Inde le gain net provenant de la polyculture, dans laquelle la carpe commune représente 25 pour cent du total des poissons élevés, était de 710 USD/ha (à partir des ventes 1 229 USD) en 1990 (Sinha, 1990). Le gain dans les petites fermes à Bangladesh était de 510-1 580 USD/ha (à partir des ventes de 1 540-2 610 USD/ha) à partir des étangs de polyculture non vidangeables, dans lesquels les carpes représentaient le 20 pour cent (Gupta
et al., 1999).