Projet de Développement Communautaire Intègre de la Pêche Traditionnelle sur la Côte Sud













Table des matières


MINISTERE DE LA PECHE ET DES RESSOURCES HALIEUTIQUES

PROGRAMME SECTORIEL PECHE

MAG/92/004-DT/9/97
Janvier 1997

par

Germain DASYLVA
Socio-économiste
Responsable
MAG/92/004

et

Marcel RAKOTONDRASOA
Ingénieur Halieute
Co-responsable
MAG/92/004

PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE

Les conclusions et recommandations figurant dans ce document sont celles qui ont été jugées appropriées lors de sa rédaction.

Les désignations utilisées et la présentation des données qui figurent dans le présent document n'impliquent, de la part des Nations Unies ou de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

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Table des matières


AVANT-PROPOS

PREPARATION DU DOCUMENT

PUBLICATIONS DU PROGRAMME SECTORIEL PECHE (MAG/92/004)

1. INTRODUCTION ET RAPPEL DES OBJECTIFS

1.1. Contexte
1.2. Objectifs et activités
1.3. Stratégie
1.4. Mise en place du Projet
1.5. Démarrage du Projet et réalisation des activités

1.5.1. Construction de la base opérationnelle à Beheloka
1.5.2. Réorganisation du milieu des pêcheurs et création d'Associations pour le Développement des villages des pêcheurs (ADP)

2. REALISATIONS ET RESULTATS LIES DIRECTEMENT A LA PECHE

2.1. Diagnostic
2.2 Misé en oeuvre et résultats des actions sur les améliorations des techniques de capture

2.2.1. Production et utilisation rationnelle des ressources
2.2.2. Approvisionnement régulier en matériels de pêche
2.2.3. Essai des nouvelles techniques de pêche et performance des engins
2.2.4. Formation/éducation des pêcheurs
2.2.5. Traitement du bois pour la pirogue

2.3. Mise en oeuvre et résultats des actions sur le traitement, la conservation et la valorisation des poissons

2.3.1. Amélioration du fumage: Four amélioré
2.3.2. Bacs isothermes
2.3.3. Case de stockage
2.3.4. Commercialisation et évacuation des produits halieutiques
2.3.5. Evacuation des produits frais

2.4. Mise en œuvre d'un système de crédit autogéré

3. REALISATIONS ET RESULTATS LIES DIRECTEMENT AUX MICRO-PROJETS A CARACTERE SOCIAL ET ECONOMIQUE

3.1. Diagnostic
3.2. Mise en oeuvre des micro-projets à caractère économique et social

3.2.1. Route Itampolo/Edjeda (FID)
3.2.2. Eau douce (PAM, FID, PNUD)
3.2.3 Santé et infrastructures sanitaires (FID/BM, OMS/BIT)
3.2.4. Education primaire et fonctionnelle (FID, AIDE et ACTION)
3.2.5. Cadre de vie et diverses plantations
3.2.6. Opération village propre (PAM)
3.2.7. Marché couvert

4. APPLICABILITE A D'AUTRES REGIONS

4.1. Approche et activités
4.2. Obsolescence planifiée


AVANT-PROPOS

Le Programme Sectoriel Pêche (MAG/92/004) a démarré en Avril 1993 pour la période initiale de quatre ans. Financé par le PNUD, ce programme est exécuté par la FAO en collaboration étroite avec la Direction des Ressources Halieutiques et plusieurs autres institutions nationales. La réalisation de ce programme s'inscrit dans le cadre d'une conception plus globale du développement telle que préconisée par le PNUD (approche programme).

Suite aux efforts de planification sectorielle réalisés en 1990 - 1992 avec l'appui du PNUD et de la FAO, un plan directeur et un programme d'action (Programme Cadre Global de Développement de la Pêche et de l'Aquaculture) ont été élaborés. Le programme se compose de trente - neuf (39) thèmes jugés prioritaires pour les cinq prochaines années et qui s'articulent autour d'objectifs précis. Plusieurs bailleurs de fonds apportent leur soutien à ce Programme Cadre, dont le PNUD en particulier par le biais du Programme Sectoriel Pêche MAG/92/004.

Les principaux thèmes du Programme Sectoriel Pêche sont les suivants:

- Intensification du mareyage des poissons de la pêche traditionnelle;

- Développement communautaire intégré de la pêche traditionnelle sur la côte Sud;

- Formation pratique de jeunes professionnels pour la pêche traditionnelle;

- Démonstration de faisabilité technico-économique du développement de la pêche artisanale sur le côte Est;

- Promotion de la commercialisation à l'extérieur des produits peu ou pas exportés;

- Soutien technnico-économique aux entrepreneurs artisanaux et industriels pour le développement de la pêche spécialisée;

- Promotion de l'aquaculture de crevettes;

- Plan d'aménagement pour la pêche crevettière;

- Maîtrise de la prolifération du fibata (Ophicephalus striatus);

- Intensification de la vulgarisation auprès des pisciculteurs privés et privatisation de la production d'alevins;

- Analyse et adaptation du régime fiscal et juridique aux besoins du secteur des pêches;

- Poursuite de la préparation et de la mise en place d'un système statistique complet et permanent;

- Appui à la formation professionnelle et aquacole.

Le Programme Sectoriel Pêche s'articule en fait autour de trois axes stratégiques: accroissement de l'approvisionnement du marché national, diversification et développement des produits d'exportation, et renforcement des capacités de gestion du secteur. Le programme MAG/92/004 apporte également un appui à la coordination de l'ensemble du Programme Cadre Global.

PREPARATION DU DOCUMENT

Le présent rapport fait état des réalisations du projet de "Développement communautaire intégré de la pêche traditionnelle sur la côte sud" et des résultats obtenus à date. Il s'inscrit dans le cadre du Programme Sectoriel Pêche.

L'approche développée dans le cadre du thème 2 s'est, en effet, avérée particulièrement adaptée à l'objectif de développement et de valorisation du potentiel halieutique au bénéfice des communautés côtières.

Cette approche intégrée tient compte à la fois des aspects techniques du développement de la pêche et des besoins socio-économiques des communautés de pêcheurs. La participation des pêcheurs et de leurs communautés a été un atout à la réalisation des différentes activités.

Ce document est édité pour satisfaire la forte demande des particuliers et des organisations qui souhaitent obtenir des informations sur les réalisations du projet. Il est à noter que le projet a élaboré différents documents et manuels techniques notamment sur: les ressources halieutiques à Toliara, les techniques de traitement et valorisation des produits.

Les auteurs tiennent à remercier vivement et à rendre hommage à toute l'équipe du projet à Toliara et du P.S.P dans son ensemble pour la mise en place et la réalisation des activités du projet.

Télex: FAO 225 16

Programme Sectoriel Pêche
B.P. 3971
Antananarivo (101)
MADAGASCAR
Fax: (261-22) 343.88

Tél. (261-22) 408.94

PUBLICATIONS DU PROGRAMME SECTORIEL PECHE (MAG/92/004)

Les publications du Programme Sectoriel Pêche sont regroupées en deux séries:

Une série de documents techniques (MAG/92/004-DT) présentant les résultats d'études ou d'analyses approfondis, des rapports d'expertise, manuels de formation et d'autres documents techniques d'importance.

Une série de documents occasionnels (MAG/92/004-DO) faisant rapport d'études ou de missions ponctuelles, de résultats préliminaires, et d'aide-mémoire.

Pour ces deux séries, il est également fait référence au numéro du document (9) et à l'année de publication (1997).

Le programme Sectoriel Pêche publie également un bulletin d'information bimestriel Info¨ Pêche Madagascar.

La référence bibliographique de ce document doit être donnée ainsi:

Dasylva, G. et M. Rakotondrasoa, Projet de développement communautaire intégré de la pêche traditionnelle sur la côte sud. Programme Sectoriel Pêche. PNUD/FAO. MAG/92/004-DT/9/97: 37 p.

1. INTRODUCTION ET RAPPEL DES OBJECTIFS


1.1. Contexte
1.2. Objectifs et activités
1.3. Stratégie
1.4. Mise en place du Projet
1.5. Démarrage du Projet et réalisation des activités


1.1. Contexte

La pêche maritime traditionnelle tient une place importante dans l'approvisionnement en produits halieutiques pour la population malgache et notamment celle de la région de Toliara; la quasi-totalité des poissons provient en effet de cette pêcherie. Or, les pêcheurs se retrouvent souvent seuls face à la détérioration de leurs conditions de vie, due en grande partie à la nature hostile du milieu (sécheresse, accès difficile) et aux problèmes de débouchés de leur production, ainsi que l'approvisionnement en engins et matériels de pêche. En outre, l'approvisionnement en eau douce et l'absence de structures adéquates de santé et d'éducation demeurent des problèmes cruciaux pour les pêcheurs et leurs communautés. Ces problèmes, aggravés par l'enclavement et le mauvais état des routes, ont ainsi des incidences majeures sur la productivité de ces pêcheurs.

C'est dans ce contexte que le Gouvernement Malgache a sollicité le PNUD et la FAO pour apporter assistance à ces pêcheurs à travers le projet de "Développement communautaire intégré de la pêche traditionnelle sur la côte sud". Mis en œuvre depuis Juin 1994 et financé par le PNUD, ce projet est l'un des thèmes du Programme Sectoriel Pêche. Le projet intervient dans le Sud de Toliara et s'étend sur 250 km depuis Soalara jusqu'à Androka. Dans sa phase actuelle, les actions entreprises par le projet touchent 2.000 pêcheurs et 15.000 personnes au moins pour les micro-réalisations.

1.2. Objectifs et activités

L'objectif principal du projet est d'apporter un appui aux pêcheurs traditionnels, en leur permettant d'augmenter leurs revenus et leur production, puis d'améliorer leurs conditions de vie d'une manière autonome et durable.

Dans le domaine de la pêche, les interventions visent particulièrement à:

· une meilleure exploitation des ressources;
· une meilleure organisation de la profession;
· une amélioration des techniques de pêche;
· un approvisionnement régulier en matériels appropriés;
· un meilleur traitement et une meilleure valorisation des produits;
· un élargissement des zones de pêche;
· une mise en place d'un système d'appui financier (petits crédits);
· la recherche de débouchés.

Pour ce qui est des difficultés qui concernent les pêcheurs et leurs communautés, les actions consistent notamment en:

· l'identification et la sélection de micro-projets;

· la recherche des financements;

· la mise en œuvre de micro-projets relatifs aux infrastructures sociales (piste, adduction d'eau, écoles, marchés, dispensaires, etc.).

Aussi, pour les actions à caractères socio-communautaires, le projet fait-il appel à la contribution de divers intervenants en fonction de leurs domaines de compétence et de leurs possibilités financières. C'est ainsi que le projet a pu bénéficier de la contribution d'autres organismes tels que, FID/BM, OMS, BIT, PAM, SECALINE, UNICEF, ou d'autres administrations (Mines, Elevage, Agriculture, Forêts) et/ou ONG (Aide et Action, Mission Catholique), devenant ainsi un catalyseur de développement dans cette zone.:

1.3. Stratégie

Le projet est conçu dans l'optique d'une approche intégrée qui tient compte à la fois des aspects techniques du développement de la pêche et des besoins socio-économiques des communautés de pêcheurs. Cette approche nous permet d'envisager le développement comme un phénomène qui vise non seulement à atteindre des objectifs de croissance et de production, mais aussi et surtout à mieux exploiter les ressources disponibles, et à améliorer la qualité de la vie des pêcheurs et leurs familles. La participation des pêcheurs et de leurs communautés est une condition nécessaire à la réalisation de toutes les activités.

En deux ans et demi, chaque village touché par le projet a pu disposer désormais, par le biais des associations mises en place par le projet, d'une structure de développement. En outre, plusieurs groupements professionnels (mareyeuses, pêcheurs, unités de pêche) se sont constitués avec l'appui du projet. Ceci marque le point de départ d'un changement d'attitude et de comportement d'une population considérée jusqu'alors comme travaillant individuellement; et n'acceptant de se grouper que pour bénéficier des dons.

1.4. Mise en place du Projet

La zone du projet se trouve dans la région sud-ouest de Toliara, région à grand potentiel, et où la pêche traditionnelle piroguière est très active, mais où les pêcheurs travaillent et vivent dans des conditions difficiles; d'où le choix de cette zone qui s'étend sur 250 km depuis Soalara, au nord, jusqu'à Androka, au sud (cf. carte p. 5). Cette partie du littoral est caractérisée par un climat sub-aride et chaud, avec une pluviométrie annuelle relativement faible (inférieure à 400 mm/an). L'accès par la route vers cette zone est difficile, même si les axes routiers sont en principe praticables toute l'année avec un véhicule 4 x 4 (il faut 7 à 8 heures pour atteindre Beheloka depuis Toliara) L'accès par mer est plus facile: 10 à 20 heures de pirogue à voile de Beheloka à Toliara selon le mouvement du vent ou 3 heures environ avec une embarcation motorisée.

Une enquête socio-économique effectuée en 1993, destinée à collecter des informations sur les villages, les pêcheurs, les activités de pêche, la transformation et la commercialisation des produits, les sources de revenu et de financement, a permis de retenir pour le projet des villages d'assez grande taille où les pêcheurs s'attachent à la pêche et n'envisagent pas de changer de métier (157 pêcheurs à Maromena, 499 à Soalara, 452 à Anakao, 213 à Itampolo, 193 à Ambohibola, 140 à Androka et 85 à Beheloka).

La plupart des pêcheurs dans ces villages sont des pêcheurs à plein temps et exercent à leur compte, seuls ou avec l'aide des membres de leur famille. Ils appartiennent essentiellement à l'ethnie Vezo (74%), mais, de plus en plus, avec la situation de sécheresse sévissant dans le sud du pays, d'autres ethnies de tradition pastorale ou agricole viennent à la pêche (c'est le cas des Mahafaly et des Tanalana). Plus de la moitié des pêcheurs ont entre 21 et 40 ans. Un nombre élevé de ces pêcheurs n'a reçu aucune éducation scolaire (40%) et la scolarisation des enfants reste déficiente.

Les femmes jouent un rôle très important dans toutes les activités de la pêche: de la production à la commercialisation, en passant par la transformation. Elles ont des responsabilités et des fonctions à la fois sociales et économiques au sein de leur famille et dans le village. Elles constituent une partie importante de la main-d'oeuvre dans le domaine de la pêche. Elles pratiquent la pêche, le mareyage et le traitement des poissons sans oublier leurs tâches traditionnelles (préparation des repas, soins des enfants, recherche du bois de chauffage et de l'eau...).

Malgré les différentes contraintes et les problèmes auxquels les pêcheurs sont confrontés, la pêche traditionnelle dans la région est une activité lucrative. Cependant, la rentabilité de cette pêcherie est difficile à quantifier en l'absence de chiffres et de toute comptabilité. Une étude sur l'état des campagnes malgaches est en cours de réalisation. Elle est effectuée par le projet MADIO de l'ORSTOM sur les villages de Beheloka et d'Itampolo. Cette étude permettra, non seulement de disposer des monographies précises, mais aussi de mesurer les revenus réels des pêcheurs et leurs utilisations.

En raison de la forte demande en poissons des centres urbains, et compte tenu de l'existence d'abondantes ressources halieutiques dans les zones enclavées (zones choisies par le projet), la pêche traditionnelle dans cette région peut encore se développer, pour peu qu'on donne aux pêcheurs les moyens nécessaires de ce développement (meilleures conditions de travail et de collecte des produits, approvisionnement régulier en matériels de pêche, etc.). Il ne s'agit pas de dons mais d'un soutien aux pêcheurs grâce à la formation et à une meilleure organisation des activités de production et de commercialisation des produits, qui leur permettrait d'acheter eux-mêmes le matériel de pêche ainsi que les produits de consommation dont ils ont besoin.

ZONES D'INTERVENTION DU PROJET FAO PECHE ET LOCALISATION DES VILLAGES

1.5. Démarrage du Projet et réalisation des activités


1.5.1. Construction de la base opérationnelle à Beheloka
1.5.2. Réorganisation du milieu des pêcheurs et création d'Associations pour le Développement des villages des pêcheurs (ADP)


Après avoir lancé la construction de la base opérationnelle à Beheloka, le projet s'est attelé à la mise en place d'associations regroupant les pêcheurs et les représentants des autres catégories socio-professionnelles des villages.

Ensuite ont démarré certaines études complémentaires sur la situation actuelle de la pêche et sur les débouchés pour l'écoulement de ces produits, dans la zone concernée par le projet. La commande de premiers matériels et engins de pêche a été effectuée.

Compte tenu des conditions de vie difficiles dans cette zone où ils limitent parfois volontairement leur effort de pêche, les pêcheurs ont souhaité que le projet identifie rapidement avec eux des micro-réalisations prioritaires qui leur permettent de vivre et de travailler dans un cadre favorable. Aussi, beaucoup d'efforts ont-ils été consacrés à la recherche de financements et de partenaires pour en permettre la réalisation.

La participation des pêcheurs et des autres habitants, notamment ceux de la base opérationnelle de Beheloka, est révélatrice de l'intérêt que les pêcheurs portent au projet,

1.5.1. Construction de la base opérationnelle à Beheloka

La construction et l'installation de la base du projet a duré 6 mois. Le terrain offert par le village mesure 80 m sur 70 m, et la population locale a participé sous différentes formes à la réalisation de cette base. Outre la mise à disposition du terrain, elle a participé au nettoyage du terrain, à la coupe des bois ronds et des gaulettes et a fourni une partie de la main-d'œuvre. La clôture a été effectuée par les jeunes du village. La construction faite avec essentiellement des matériaux locaux a pris plus de temps que prévu en raison des difficultés d'acheminement du matériel et du démarrage des autres activités. La base est actuellement composée de 8 bungalows sur pilotis (7,10 m sur 5,40 m) pour l'hébergement, d'un magasin de stockage (8 m sur 5,4 m), d'un hall de formation (12 m sur 7 m), d'un hangar réservé à la fabrication d'engins de pêche et enfin d'un espace réservé au traitement des produits.

La base sert à l'hébergement du personnel du projet ainsi qu'à accueillir, les représentants des pêcheurs d'autres villages, les agents de l'administration et des autres organismes qui passent dans la zone du projet. Elle sert de centre de formation et de démonstration pour les différentes techniques et technologies de pêche et, de traitement.

1.5.2. Réorganisation du milieu des pêcheurs et création d'Associations pour le Développement des villages des pêcheurs (ADP)

Les pêcheurs de cette région sont habitués à travailler individuellement, et l'expérience menée dans le passé par l'administration visant à imposer la coopérativisation, a été non seulement un échec mais, en outre, a rendu les pêcheurs méfiants vis-à-vis de toutes sortes de groupement, sauf s'il s'agissait de se constituer (temporairement) en coopérative afin de recevoir gratuitement des matériels de pêche.

C'est pourquoi la constitution des associations a été d'abord privilégiée (actuellement 1 ADP/village de 20 à 50 membres), répondant à la stratégie du projet qui s'appuie sur la participation active des communautés de pêcheurs et des autres habitants (éleveurs et agriculteurs et autres catégories socio-profesionnelles). C'est ainsi qu'ont pu être réalisées les différentes activités contribuant à améliorer les conditions de vie du village, et favoriser progressivement la constitution de groupements d'intérêt professionnel et/ou des petites unités de pêche (4 à 20 membres selon les cas). Les ADP offrent un cadre pour les discussions relatives à l'exploitation des ressources comme à la vie quotidienne du village, et mobilisent la population dans la réalisation d'activités qui contribuent à améliorer les conditions de vie du village.

Une étude est en cours pour mesurer l'impact des ADP et pour fournir les modalités permettant la consolidation de ces associations ainsi que la constitution de véritables unités de développement des pêches.

Les étapes de mise en place des ADP

 

2. REALISATIONS ET RESULTATS LIES DIRECTEMENT A LA PECHE


2.1. Diagnostic
2.2 Misé en oeuvre et résultats des actions sur les améliorations des techniques de capture
2.3. Mise en oeuvre et résultats des actions sur le traitement, la conservation et la valorisation des poissons
2.4. Mise en œuvre d'un système de crédit autogéré


2.1. Diagnostic

La pêche constitue l'activité économique principale de la zone du projet. Toutefois, malgré les conditions climatiques défavorables, une partie de la population (Tanalana et Mahafaly) consacre l'essentiel de leur temps à la culture sèche, à savoir: le manioc, le maïs et divers haricots, qui servent principalement à l'autoconsommation, mais qui peuvent être une source de revenus supplémentaires. Cependant, avec la sécheresse prolongée dans cette zone, les agriculteurs se tournent de plus en plus vers la pêche et plus particulièrement la pêche à pied.

La pêche occupe donc une place prépondérante au niveau des activités aussi bien chez les hommes que chez les femmes. La pêche piroguière est essentiellement pratiquée par les hommes, alors que la pêche à pied est; surtout réservée aux femmes et à ceux qui ne possèdent pas de pirogue.

En considérant les caractéristiques des ressources halieutiques, puis les conditions actuelles et celles prévisibles des coûts de production et des prix appliqués sur le marché, la pêche traditionnelle offre un potentiel de développement et de lutte contre la pauvreté, car les coûts d'investissements et d'exploitation sont assez bas (1 à 3 millions), et elle peut ainsi concurrencer efficacement la pêche artisanale motorisée (10 millions minimum). Les pêcheurs traditionnels apportent ainsi, avec le produit de leur pêche, des protéines de haute qualité pour leurs familles et sur le marché.

A travers la professionnalisation et l'organisation de la pêche traditionnelle avec l'approvisionnement régulier en matériels de pêche, l'amélioration de ces engins, les conditions de travail plus viables, l'utilisation des nouvelles méthodes de traitement et de valorisation des produits, la formation ainsi qu'un investissement plus important dans la pêche, on peut envisager lé passage vers la pêche artisanale à long terme.

Ainsi, le potentiel de développement de la pêche traditionnelle dans cette zone existe réellement et peut se résumer comme suit:

- une population relativement importante de pêcheurs traditionnels qui, par ailleurs, possèdent généralement de bonnes connaissances d'exploitation, mais pêchent plus par habitude que par nécessité économique;

- une disponibilité des produits qui pourrait même doubler si la pêche se fait rationnellement et si les pertes après capture sont réduites;

- des technologies de pêche relativement simples qui pourraient être améliorées et une capacité d'assimilation de nouvelles technologies;

- une capacité de production générée par des coûts d'acquisition et d'exploitation assez bas, et facilement soutenables malgré les prix bon marché des poissons sur le marché interne;

- une demande interne (poissons) et externe (céphalopodes et crustacés), en croissance constante durant la dernière décennie, demande qui, durant la même période, a provoqué une augmentation de l'effort de pêche. Les collecteurs et commerçants s'intéressent de plus en plus à cette zone depuis le démarrage du projet. Leurs dossiers sont à l'étude et une expérience pilote de collecte est en cours dans l'un des villages le plus reculé: Itampolo.

Cependant quelques obstacles au développement de la pêche dans cette zone sont à relever:

- la faiblesse du capital propre des pêcheurs et des mareyeurs engagés dans la collecte des produits, l'inexistence d'accès aux sources de financement formel, ce qui freine le développement de leurs activités;

- le mauvais état des routes pour atteindre les villages concernés par le projet. Atteindre le premier village Soalara, situé à 40 km seulement de Toliara, oblige à passer par Betioky-Sud, seule voie d'accès terrestre (300 km et 7 -8 heures de trajet); il faut compter 6 heures par vent favorable pour atteindre Anakao par voie maritime à l'aide d'une pirogue à voile (8 km de Soalara). Il faudrait par contre au moins 10 heures pour arriver à Beheloka, base opérationnelle du projet située plus ou moins au milieu de la zone du projet;

- l'insuffisance de matériels et équipement de pêche et d'accueil des produits et de transformation;

- les techniques de traitement pratiquées (salage/séchage, fumage, séchage...) par les pêcheurs et mareyeurs(ses) ne valorisent guère les produits: ce sont plutôt des méthodes de conservation mal maîtrisées.

Pour atteindre les objectifs du projet, et contribuer au développement de cette pêcherie, plusieurs actions ont été initiées et qui tiennent compte des éléments suivants:

- la disponibilité en ressources halieutiques de cette zone (une estimation de la production est en cours);

- la nature des ressources et les coûts élevés d'activités de pêche artisanale laissent à la pêche traditionnelle une place pour un développement progressif. Ceci est également lié aux conditions du marché local dominé par le faible pouvoir d'achat des consommateurs qui recherchent les produits à bon marché;

- la pêche traditionnelle est pratiquement la principale source des poissons consommés par la population locale (Toliara, Fianarantsoa, Antsirabe et Antananarivo). Elle n'a cessé de créer des emplois et peut encore en fournir;

- les contraintes relatives au manque de capitaux propres, à l'insuffisance des moyens de collecte et de transport, ainsi que de commercialisation.

Compte tenu de ces éléments, la mise en œuvre des activités liées directement à la pêche démarrée par le projet a été répartie en 4 grands volets: ressources et techniques de pêches, transformation/valorisation des produits, système d'appui financier aux pêcheurs/mareyeurs (petits crédits) et micro-réalisations.

2.2 Misé en oeuvre et résultats des actions sur les améliorations des techniques de capture


2.2.1. Production et utilisation rationnelle des ressources
2.2.2. Approvisionnement régulier en matériels de pêche
2.2.3. Essai des nouvelles techniques de pêche et performance des engins
2.2.4. Formation/éducation des pêcheurs
2.2.5. Traitement du bois pour la pirogue


Les innovations techniques, qui sont réalisées, visent à augmenter la production en tenant compte de la disponibilité des ressources tout en offrant des meilleures conditions de travail. Ces innovations tiennent compte de l'environnement des pêcheurs, de leurs traditions, de leur niveau d'instruction et de leurs capacités à assimiler les techniques nouvelles. Dans certaines zones, il s'agit d'améliorer les techniques existantes alors que, dans d'autres zones, il faudrait plutôt envisager de nouvelles techniques plus performantes et l'utilisation d'engins plus efficaces.

2.2.1. Production et utilisation rationnelle des ressources

Deux saisons déterminent l'intensité de la pêche dans la région: la saison chaude qui, normalement, dure 7 à 8 mois et la saison froide. Globalement, la production varie du simple au double.

Une barrière de corail s'étend de façon presque continue sur l'ensemble de la zone. La pêche est pratiquée à l'intérieur du lagon et légèrement à l'extérieur du récif, sur le tombant. Elle demeure donc une pêche de proximité, pratiquée à pied ou en pirogue. Les ressources halieutiques exploitées actuellement par les pêcheurs traditionnels sont donc limitées et fragiles dans l'espace, puis par rapport à leurs moyens de production. Deux catégories dominent: les poissons de roche et de récif et, saisonnièrement, les petits pélagiques côtiers, mais aussi quelques gros pélagiques comme les requins. On note aussi la présence des langoustes, des holothuries, des algues, des tortues marines, des céphalopodes tels les calmars et les poulpes ou encore divers coquillages. Globalement, les captures diminuent durant l'hiver austral (mai - septembre).

Plusieurs actions ont démarré pour une meilleure exploitation des ressources dans cette zone. Il s'agit d'abord d'identifier les produits halieutiques soumis à un effort de pêche important afin d'envisager leur protection, d'établir une carte précise des différentes zones de pêche connues ou supposées, puis de classifier les ressources en fonction de leur disponibilité et de l'intérêt économique reconnu ou potentiel, et enfin de réaliser un guide pour l'exploitation des ressources. Ces différents documents et guides devraient pouvoir aider les pêcheurs et les éducateurs, qui n'ont pas toujours une connaissance biologique des espèces, ce fait pouvant handicaper leur bonne exploitation (état du stock, tailles exploitables). La publication de ces documents est prévue pour le premier trimestre 1997.

Une enquête de production est en cours de réalisation en collaboration avec un chercheur de l'IH.SM, et elle permettra à la fin du mois de mai 97 d'avoir une idée des captures obtenues et l'effort de pêche dans cette zone.

Depuis le mois d'octobre, une société de pêche ayant signé une convention avec le projet, collecte les poissons dans le village d'Itampolo situé à 200 km de Toliara. Après 3 mois d'essai, les captures sont passées de 1 tonne en moyenne par semaine à 4 tonnes. Ce qui démontre la capacité des pêcheurs à augmenter leur effort de pêche si l'évacuation est assurée dans les meilleures conditions.

2.2.2. Approvisionnement régulier en matériels de pêche

Un système d'approvisionnement régulier en matériels et équipements de pêche a été mis en place dans chaque village. La vente est sous la responsabilité des commerçants/épiciers des villages.

L'un des problèmes majeurs qui limite la productivité des pêcheurs et qui a comme conséquence une mauvaise exploitation des ressources est l'utilisation de matériels et engins peu performants, parfois non adaptés aux ressources ciblées. C'est ainsi que depuis 2 ans, le projet a mis en place un système d'approvisionnement régulier en matériels de pêche.

Dans un premier temps, les matériels étaient confiés aux Associations pour le Développement des villages des Pêcheurs pour une vente directe aux pêcheurs. Le système de vente qui a été proposé est la vente au comptant ou bien le système de location-vente. La location-vente permettait aux pêcheurs d'acquérir directement leur matériel: sans faire d'emprunt et sans passer par d'autres intermédiaires. Un taux d'intérêt préférentiel annuel de 12% puis de 20 % a été fixé avec l'accord des pêcheurs.

Les résultats de cette opération ont démontré le niveau de responsabilités des pêcheurs lorsqu'ils sont encadrés.

Ceci n'a pas empêché quelques pertes, notamment dans les villages où cet encadrement n'est pas fait de manière rigoureuse et permanente. Les responsables de vente ont été désignés directement par les membres des associations.

Périodiquement, une liste des commerçants indiquant les prix des matériels est établie pour faire jouer la concurrence et faciliter le choix des pêcheurs.

L'expérience de vente de matériels réalisée par le projet par le biais des ADP depuis deux ans a montré certaines limites. L'avantage principal était de responsabiliser les pêcheurs eux-mêmes ainsi que les responsables des ADP chargés de la vente de ces matériels. Mais la faible disponibilité de ces derniers pour la vente au moment où les pêcheurs ont en besoin montre l'inconvénient d'un système qui s'appuie sur le bénévolat ou la simple présence du projet.

C'est pourquoi, dans le souci de pérenniser un système d'approvisionnement régulier en matériels de pêche, les pêcheurs et les responsables du village ont identifié, parmi ceux déjà en place dans chaque village, des commerçants/épiciers, formés par le projet en petite gestion de stocks et en comptabilité élémentaire. Les techniciens de l'Administration des pêches et du projet assureront l'encadrement et le suivi de cette opération sous la tutelle directe du Chef de Service de l'Administration des pêches comme du responsable du projet.

2.2.3. Essai des nouvelles techniques de pêche et performance des engins

L'utilisation d'engins adaptés est l'un des meilleurs moyens d'exploitation rationnelle des ressources. La plupart des pêcheurs qui utilisent par exemple une ligne, l'utilisent avec un ou deux hameçons qui sont d'ailleurs facilement oxydables et des mono-filaments de basse qualité.

L'utilisation du filet maillant est très répandue et constitue l'un des modes de pêche le plus utilisé avec la ligne à main armée de un ou deux hameçons. Les techniques à filets maillants sont pratiquées essentiellement dans le lagon et au niveau du récif. Elles sont souvent utilisées avec des mailles de petites dimensions.

Les filets à requin (Jarifa) introduits, il y a à peine une dizaine d'année, sont d'une utilisation laborieuse et coûteuse (appâtage du filet et relevage manuel), rendant cette technique d'une rentabilité modeste par rapport à la palangre, avec en plus le risque de capture accidentelle des tortues. C'est pourquoi le projet a introduit et vulgarisé la palangre.

Les essais de palangre qui sont réalisés prouvent la rentabilité économique de l'engin qui ne représente pas, comme le filet à requin, un danger pour les autres espèces. Cependant, l'absence de matériel adéquat, tel le câble d'acier inoxydable, qui est plus performant que les câbles de frein de moto actuellement utilisés limitent la vulgarisation à grande échelle de cette technique. Déjà 20 palangres sont utilisées et remplacent les filets à requin. Une vingtaine de commandes est enregistrée.

Le coût d'une palangre est de 300.000 Fmg alors que celui du filet se situe autour de 800.000 Fmg.

La présence dans la zone du projet de grands pélagiques offre une possibilité de pose de Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP). L'intérêt qu'a le projet pour ces dispositifs vient d'une expérience antérieure réalisée dans la région par l'ATCOI/FED.

L'encadrement que peut offrir le projet aux pêcheurs permet de favoriser la pêche commerciale autour de ces dispositifs. Cette opération entre dans les objectifs du projet, qui sont, entre autres, d'alléger la pression de pêche sur les ressources recifales et d'augmenter les revenus des pêcheurs Deux sites de pose sont identifiés actuellement et se trouvent, pour le premier non loin d'Anakao, et pour le second, entre les villages de Maromena et Beheloka. Ces deux sites sont peu éloignés du rivage (3-4 miles), ce qui est un avantage et facilite l'accès des pêcheurs aux différents dispositifs. Lors de la dernière mission du consultant technologiste de pêche, un DCP seulement a été posé faute de matériel nécessaire. En mars/avril, 2 ou 3 autres DCP seront ancrés, avec la collaboration et la participation en matériels et équipements du SPPRH et du FED.

2.2.4. Formation/éducation des pêcheurs

Les pêcheurs situés sur cette zone n'ont pas reçu de formation professionnelle appropriée, mais pêchent par habitude et exploitent une aire de production très réduite du fait des raisons avancées plus haut sur les ressources, et aussi de la faible autonomie en mer de leurs embarcations. Leurs sorties de pêche sont de courte durée, ne dépassant que rarement six heures dans la journée.

Les techniciens du projet sensibilisent les pêcheurs et les autres habitants des villages aux problèmes relatifs à l'écosystème (ressources et milieu). Des boîtes à images et des posters sont en cours d'élaboration pour servir de support à cette sensibilisation. Au niveau des écoles, une convention sera établie avec l'ONG "AIDE ET ACTION" pour donner aux enfants des connaissances de base sur l'écosystème marin, les règles d'hygiène et de traitement des produits et les critères d'une bonne gestion des ressources Ces enfants se tourneront pour la plupart vers les métiers de la mer.

Pour assurer une formation plus formelle et plus organisée et pour effectuer des essais d'autres méthodes de pêche, un consultant international; maître-pêcheur, effectue des missions d'un mois/trimestre.

2.2.5. Traitement du bois pour la pirogue

L'embarcation utilisée par les pêcheurs est la pirogue Vezo à balancier, mue à la voile ou à la pagaie, mais qui ne permet pas toujours de "remonter le vent". Sa durée de vie moyenne est de 4 ans. L'arbre utilisé pour la fabrication du monoxyle, et qui est en voie de disparition, est le "farafatse" (Givotia madagascariensis). Les pirogues en deviennent ainsi de plus en plus onéreuses, à cause de la rareté du farafatse. Le coût d'une pirogue de 6-7 m avec finition varie entre 600.000 et 800.000 Fmg.

Ainsi, pour des améliorations techniques simples, on peut penser à une augmentation de la durée de vie des pirogues, par le biais de leur entretien périodique et de leur protection. Parmi les facteurs qui raccourcissent la durée de vie des pirogues, on peut citer la pourriture, les tarets, et l'éclatement du bois sous l'action du soleil. Certains pêcheurs enduisent leurs pirogues de goudron Ou les imprègnent d'huile de requin ou d'huile de vidange ou encore de latex d'euphorbe.

Des actions aussi simples peuvent donc sensiblement réduire les pertes. C'est ainsi qu'en plus du traitement traditionnel, avec l'aide d'un assistant technique du FED, 6 pirogues ont été traitées par imprégnation d'EPOXY (contre le pourrissement) pour essayer d'en doubler la durée de vie. Si cette expérience s'avère concluante, l'administration des pêches pourrait vulgariser avec l'aide des projets cette technique. Par ailleurs, le projet cherche d'autres moyens de multiplier le nombre de pirogues tout en réduisant les besoins en arbres.

L'idéal serait de vulgariser la pirogue en fibre de verre fabriquée localement par la société COMACAT. Mais son coût est au moins 5 fois supérieur au coût de la pirogue en bois et l'idée de payer plus chère la pirogue en fibres de verre pour protéger l'environnement n'est pas facile à faire passer au niveau des pêcheurs. Le projet, en accord avec le FED et d'autres partenaires, pourrait mettre en place un système de location-vente pour ces pirogues.

Récapitulatif des réalisations liées directement aux techniques de capture

INTITULE

OBJECTIFS

TYPE D'ACTIONS OU ACTIVITES REALISEES

ESSAIS DE PECHE ET GESTION DES RESSOURCES

 

· Réalisation des essais de pêche

· Plusieurs pêches expérimentales

· Exploitation rationnelle des ressources

· Formation et montage de nouveaux engins: palangre à gros pélagiques, palangrotte, ligne de traîne avec des leurres

· Vulgarisation de nouveaux engins et méthodes de pêche

· Elaboration de 4 manuels de formation sur les ressources

· Diversification des zones de pêche

 

· Sensibilisation des pêcheurs à l'utilisation rationnelle des ressources

· Confection des turluttes pour la pêche aux calmars

· Formation théorique et pratique sur les DCP

· Essai de pêche à la lumière

· Soutien aux groupements de pêcheurs

MATERIELS DE PECHE

 

· Amélioration de la performances des engins

· Enquête sur les engins utilisés actuellement

· Amélioration des conditions de travail

· Contact des fournisseurs à Antananarivo pour les commandes à l'extérieur

· Augmentation de la production

· Formation sur les techniques de pêche plus performantes

· Ciblage des espèces à pêcher

· Enquête sur les prix pratiqués par les commerçants locaux (Toliara et Antananarivo)

· Approvisionnement permanent en matériels de pêche

· Vente sur place par les commerçants du village assistés par le projet (2ème étape)

ENQUETE DE PRODUCTION

 

· Etablissement d'une liste des différentes ressources exploitées dans la zone

· Récolte des données relatives à la pêche: capture, effort,...

· Evaluation des captures et estimation de l'effort de pêche

· Réalisation d'une enquête-cadre

· Estimation du potentiel

· Traitement des données récoltées au niveau de chaque village sur Artfish/Artser

· Récolte d'informations sur les ressources pour les opérateurs et l'administration

2.3. Mise en oeuvre et résultats des actions sur le traitement, la conservation et la valorisation des poissons


2.3.1. Amélioration du fumage: Four amélioré
2.3.2. Bacs isothermes
2.3.3. Case de stockage
2.3.4. Commercialisation et évacuation des produits halieutiques
2.3.5. Evacuation des produits frais


L'absence de chaîne de froid, les mauvaises conditions de manutention et d'hygiène, les difficultés de transport depuis le village de production vers les centres de consommation (Toliara, Fianarantsoa, Antsirabe, Antananarivo), poussent les pêcheurs à transformer la majeure partie de leur capture. Cependant, les techniques de transformation utilisées (fumage, salage et/ou séchage) ont peu évolué. Il en résulte que le produit fini est de qualité peu satisfaisante et se conserve mal dans le temps.

Les actions entreprises sont les suivantes:

- l'amélioration de l'hygiène générale et la vulgarisation de tablettes de préparation du poisson;

- l'amélioration de la technique de fumage, et la vulgarisation d'un fumoir simple amélioré,;

- l'amélioration des techniques de salage et de séchage, et la vulgarisation des claies de séchage;

- la valorisation du requin: récupération de la chair, essai de traitement de la peau;

- la construction et la vulgarisation de cases de stockage;

- la formation des mareyeuses sur les techniques de traitement du poisson;

- l'assistance aux mareyeurs et mareyeuses sur la conservation des produits frais: utilisation de la glace et de caisses isothermes.

Le but est d'offrir sur le marché local des produits variés de bonne présentation, et de qualité hygiénique et organoleptique acceptable. Il s'agit de réviser les techniques traditionnelles de transformation en usage chez les pêcheurs et mareyeurs/mareyeuses, en apportant des techniques d'amélioration au niveau des points faibles (durée de conservation, conditions de stockage des produits, aspect physique). Ce qui permet aux pêcheurs/mareyeurs(ses) de mieux valoriser leurs produits et d'accroître ainsi leurs revenus.

Des séances de formation sont organisées au niveau des villages encadrés par le projet. La formation est axée surtout sur l'hygiène et le traitement des produits. Par ailleurs, un manuel sur le traitement des produits est en cours de réalisation et peut être utilisé par tout exploitant de produits de la mer (et peut servir éventuellement de document de travail pour les instituteurs du littoral).

L'utilisation de l'audiovisuel et de boîtes à images dans la vulgarisation des techniques nouvelles facilitera beaucoup la tâche des techniciens au niveau des villages. C'est pourquoi une demande de financement au FDHA concernant le matériel audiovisuel qui manque au projet a été faite.

2.3.1. Amélioration du fumage: Four amélioré

La technique traditionnelle de fumage des poissons nécessite trop de manipulations et le fumage se fait en plein air, augmentant le risque de contamination. Par ailleurs, les produits finis sont très hétérogènes, ce qui est dû à la non-maîtrise du feu (avec une quantité importante de bois), avec l'inconvénient d'une teneur en eau relativement élevée ne permettant pas une longue conservation (quelques jours à une semaine) les produits sont plutôt grillés et non fumés. Afin d'améliorer les techniques de traitement traditionnelles, différentes actions ont été menées.

Pour améliorer la qualité organoleptique, la salubrité et la durée de conservation du poisson fumé, le projet a conçu un modèle de fumoir simple inspiré du four chorkor (a un feu), en tenant compte dé l'importance des captures, des habitudes des mareyeurs(euses) et des pêcheurs dans l'opération de fumage, des habitudes des consommateurs et des moyens de transport existants.

Il s'agit d'un four en briques de terre cuite de 1,00 x 0,80 x 0,80 m avec une ouverture de 0.30 x 0.30 m pour recevoir les combustibles. Les poissons à fumer sont mis sur des claies et le four peut recevoir plusieurs claies superposées pouvant traiter plus de 50 kg de produits à la fois. Le coût d'un four avec 2 claies est de 150.000 FMG.

Dans les villages, 14 fours sont actuellement opérationnels 5 à Beheloka, 2 à Maromena, 2 à Itampolo, 2 à Anakao, 3 à Soalara et une trentaine de demandes ne sont pas encore honorées.

2.3.2. Bacs isothermes

La vente des produits à l'état frais est la meilleure méthode de valorisation des produits. Cependant, elle n'est pas tout le temps possible, compte tenu de l'éloignement des villages par rapport aux centres de consommation. Une opération "caisses isothermes" a été lancée par le projet pour les villages les plus proches de Toliara. La caisse, d'une capacité de 216 litres, vaut entre 200.000 et 250.000 Fmg. Une dizaine de caisses ont été vendues en location-vente et une dizaine des bacs de 180 litres ont été mis à la disposition de la société SICOCEAN pour la collecte des poissons frais du village d'Itampolo. Une dizaine d'autres bacs sont en cours de confection. Un prototype de bac dans les pirogues est en essai. Les glacières en fibres de verres fabriquées à Madagascar sont de meilleure qualité mais coûtent excessivement chères.

2.3.3. Case de stockage

Les pêcheurs stockent la plupart du temps leurs produits finis dans un coin de leur case ou quelquefois sous leur lit, une pratique qui n'est pas du tout salubre, que ce soit pour les produits que pour les pêcheurs/mareyeurs et leur famille. Les produits sont généralement placés à même le sol, ce qui entraîne leur détérioration (contaminations diverses, infestation des insectes...) et, par la suite, leur dévalorisation. Pour parer à celles-ci, le projet a conçu un prototype de case de stockage construit avec des matériaux locaux, conçu pour être vulgarisé par la suite au niveau des pêcheurs et des mareyeurs. Ces derniers s'inspirent de ce modèle pour l'adapter en fonction de leurs moyens et des matériaux que l'on trouve sur place avec toutefois l'assistance technique et/ou financière du projet.

Au niveau de Beheloka où l'on a commencé l'opération, 3 cases ont été construites, 3 autres sont en cours de construction et plusieurs demandes enregistrées Dans les autres villages, une dizaine de commandes est déjà enregistrée et leur réalisation est programmée pour les mois de décembre, janvier et février.

2.3.4. Commercialisation et évacuation des produits halieutiques

Au niveau de chaque village, les mareyeuses résidentes s'occupent de la transformation du poisson. Le mode de transformation (fumage, salage, séchage) varie selon l'éloignement par rapport au marché de Toliara. Un recensement a été réalisé dans la zone d'intervention du projet pour mesurer l'importance de ces mareyeuses et pour pouvoir suivre la destination de leur produit. Le tableau ci-après résume quelques résultats de cette enquête.

Le prix des poissons frais dans tous les villages varie entre 1.000 et 1.500 Fmg le kg selon la saison et la taille (petits ou gros poissons).

Sur les marchés de Toliara où les conditions générales de conservation et de vente des -produits sont précaires et où la glace n'est pas utilisée, les poissons sont achetés en vrac dans des seaux entre 2.000 et 3.000 Fmg le kg. La marge brute des mareyeurs détaillants oscille autour de 50 % du prix d'achat. Ces mêmes poissons sont vendus sur le marché ente 4.000 et 6.000 Fmg le kg.

Le prix du poisson traité (fumé) est beaucoup plus stable, mais moins rémunérateur. Le poisson fumé se vend par exemple à 3 500 Fmg/kg, ce qui correspond à un prix en équivalent frais de 2.500 Fmg/kg. Ce poisson s'achetant au débarquement entre 1.000 et 2.000 Fmg, la marge brute correspond à environ 60 % du prix d'achat, comme l'a observé M. GREBOVAL dans son enquête sur la commercialisation, mais le fumage implique un coût relativement important qui réduit sensiblement la marge nette. Pour le salé/séché, le poisson s'achète au producteur, dans les villages, entre 3.500 et 4.000 Fmg/kg selon l'éloignement. Il est revendu au détail à Toliara à 7.000 Fmg/kg, soit 40 % plus cher.

Concernant le poisson séché, le prix du poisson séché (gros) est assez élevé: 3.000 Fmg au village; 3.500 Fmg à l'achat par le grossiste à Toliara; 4.000 Fmg à la vente aux acheteurs de l'intérieur.

VILLAGES (de Toliara vers le sud)

Nombre de mareyeurs

Principaux produits et quantité traitée et/ou commercialisée par mareyeurs (euses)

Destination du produit

SOALARA

13 dont

P. fumé (13 m*; 40 kg/semaine)

Marché Toliara

2 hommes

Poulpe séché et oursin (3m)

Mareyeurs Toliara

Vineta/Sakaraha

ANAKAO

 

30 dont

P. fumé (13 m; 50 kg/semaine)

Marché Toliara

4 hommes

 

Produits frais (4 m; 60 kg/j)

Mareyeurs Toliara

P. s/s (9 m; 50 kg/j)

Vineta/Sakaraha

Algue (2 m; 250 kg/mois)

2 m utilisent de la glace (pour calmar et langouste)

Poulpe, trépang, calmar, requin, langouste: 15 m

MAROMENA

 

16 dont

P. s/s (15 m; 5 à 15 kg/j)

Mareyeurs Toliara

2 hommes

 

Thon s/s (14 m; 10 kg/j)

Marché Toliara

Requin s/s (6 m; 20 à 30 kg/j)

Tomboina

Poulpe (11m)

Divers produits luxe (1m)

BEHELOKA

 

19 dont

P. fumé (9 m; 30 kg/semaine)

Mareyeur Toliara

3 hommes

 

P s/s (7 m; 50 kg/semaine)

Tomboina

Poulpe s. (6 m; 20 kg/semaine)

Betioky

Algue (3 m; 100 à 200 kg/semaine)

Marché Toliara

Trépang (3m)

ITAMPOLO

 

12 dont

P. fumé (9 m; 30 kg/j)

Edjeda

1 homme

P. s/s (11 m; 30 kg/j)

Mareyeurs Toliara

Poulpe (3 m; 10 kg/j)

Baroy, Beholitse

Aileron de requin, Trépang, Burgaus (2m)

Bekily, Betioky

* m: mareyeur

Dans le tableau, les quantités traitées ou commercialisées par personne ne constituent pas une moyenne générale. Elles reflètent le niveau d'activité des mareyeuses types du village. Les "gros" mareyeurs résidents, généralement des hommes, sont peu impliqués dans le traitement et ils commercialisent des quantités nettement supérieures (1 à 2 tonnes par mois).

Le poisson fumé domine là où il existe un marché à proximité (Toliara, Edjeda), sinon le poisson est surtout conservé sous forme salée/séchée.

Quatre (4) techniciens du projet assistent les mareyeurs(ses) pour un meilleur traitement et dans la recherche des débouchés fiables et réguliers Des ateliers de formation sont régulièrement organisés à leur intention, mais aussi pour les collecteurs

SCHEMA DU CIRCUIT COMMERCIAL TRADITIONNEL DES PRODUITS MARINS

2.3.5. Evacuation des produits frais

L'absence de chaîne de froid et les difficultés de transport depuis le village de production vers les centres de consommation poussent les pêcheurs et les mareyeurs à transformer la majeure partie de leur capture. Ceci réduit non seulement les revenus de ces derniers, mais aussi l'effort de pêche pour les pêcheurs situés dans la zone plus au sud, comme par exemple à Itampolo où l'on observe pourtant une abondance de poissons. Les collecteurs passent très irrégulièrement dans ces villages en s'intéressant davantage aux langoustes, et pas véritablement aux poissons.

C'est ainsi que le projet a négocié une convention avec une société privée, la SICOCEAN, pour la collecte des produits frais, essentiellement des poissons.

L'objectif principal de la convention était d'organiser un circuit régulier de la collecte et de l'expédition des produits halieutiques vers Toliara. Pour ce faire, à Itampolo village situé à 200 km environ de Toliara, une base principale de la collecte a été installée, en étroite collaboration avec des mareyeurs/collecteurs du village.

Dans le cadre de cette convention, le projet a:

- assuré la formation/encadrement des pêcheurs et des mareyeurs aux techniques de pêche conformes aux espèces ciblées, et dans le domaine de la technologie de traitement et de la conservation, en mer et à terre;

- mis à la disposition des mareyeurs/collecteurs sous forme de location-vente, des bacs isothermes, des engins de pêche et autres petits matériels de traitement;

- installé à Itampolo un technicien permanent pour orienter les collecteurs et le personnel de Société dans le traitement et la conservation des produits.

Les résultats de cette expérience après 3 mois de convention sont instructifs. La production est passée de 1 tonne/mois en moyenne à 8 tonnes/mois. Deux autres sociétés ont décidé d'intervenir dans cette zone. Il s'agit de la Société AQUAMEN et COPEFRITO. Ces sociétés négocient avec le projet des possibilités d'établissement des conventions pour la pêche et la collecte de produits.

Pour la société SICOCEAN, malheureusement, cette société a tardé à réaliser le programme de mise en œuvre prévu. Ceci a posé des problèmes vis-à-vis des pêcheurs et des collecteurs, ainsi que par rapport à notre programme de travail

Auparavant, l'équipe du projet a organisé des ateliers dans les villages afin de préparer les pêcheurs et mareyeurs à cette opération. Un collecteur du village a été choisi pour effectuer la collecte au niveau du village et de ses alentours,

Dès le démarrage de l'opération, les pêcheurs ont fait preuve d'un véritable professionnalisme, car l'effort de pêche a dépassé toutes les estimations. C'est plutôt l'équipe de la société qui a fait montre d'un certain nombre de carences, ne disposant d'aucun plan de collecte ni de registres pour le type de produits achetés et la quantité en stock. L'absence d'organisation véritable d'évacuation des produits stockés a surpris les pêcheurs et mareyeurs, qui ne pouvaient vendre des produits en raison de l'insuffisance en glace.

Après une première mise au point avec l'équipe du projet, la société s'est mieux organisée avec l'envoi d'un véhicule frigorifique, laissé sur place pour le stockage des produits; et un véhicule supplémentaire pour la collecte dans les villages environnants. Les pêcheurs ont continué à fournir une quantité importante de poissons et de langoustes La capacité actuelle de la société (infrastructure et techniciens) ne permet pas de dépasser 250 kg/jour de produits, représentant environ un revenu pour un montant de 600.000 Fmg/jour/pêcheur.

PRODUCTION SICOCEAN OCT. -NOV. -DEC. 1996

(Unité: kg)

Mois

Octobre (démarrage)

Novembre

Décembre

Total

Produits

Langoustes entières

42,5

878,5

1.766,55

2.687,55

Poulpes

97,5

100,9

795,2

993,6

Poissons exportés

268,5

1.117,4

2374,5

3.760,5

Poissons locaux

96,5

1.409

3122,8

4.628,2

Total

505,9

3.505,8

8.059,05

12.069,85

Nombre d'expédition

01

09

12

22

REVENUS POUR LES PECHEURS SICOCEAN OCT.-NOV.-DEC. 1996

(Unité: kg)

Mois

Octobre Démarrage

Novembre

Décembre

Total

Prix au pêcheur du village (Fmg)

Produits

Langoustes entières

425.000

8.785.000

17.665.500

26.875.500

10.000 F/kg

Poulpes

146.250

151.350

1.192.800

1.490.400

1.500 F/kg

Poissons exportés

402:900

1.676.100

3.561.750

5.640.750

1.500 F/kg

Poissons locaux

120.500

1.671.250

3.903.500

5.785.250

1.250 F/kg

Total

1.094.650

12.373.700

26.325.550

39.791.900


Récapitulatif des réalisations liées directement aux techniques de transformation de produits

INTITULE

OBJECTIFS

TYPE D'ACTIONS OU ACTIVITES REALISEES

TRAITEMENT, VALORISATION ET QUALITE DES PRODUITS

 

· Amélioration des techniques de traitement et de conservation des produits

· Etude sur les techniques actuelles

· Test de nouvelles techniques

· Préparation de boîte à image

· Valorisation des produits

· Construction de 3 à 5 fours améliorés (type chorkor) par village

· Intérêt pour les collecteurs

· Construction de bacs isothermes

· Protection des consommateurs

· Conception et construction de cases de stockage

· Préparation d'un guide sur le traitement, la transformation et la valorisation des produits

· Formation sur le tas et assistance aux mareyeurs(ses)

DEBOUCHES POUR LES PRODUITS

 

· Augmentation des revenus

· Enquête sur le mareyage dans les villages

· Contribution pour une meilleure collecte des produits

· Contact et assistance technique aux collecteurs

· Aide et assistance aux mareyeurs(ses)

 

· Recherche de partenaires pour le financement des activités de certains mareyeurs

· Démarrage de formation sur l'investissement et le crédit

· Préparation de dossiers de financement

· Projet pilote avec une entreprise privée pour la collecte de différents produits à partir d'Itampolo

2.4. Mise en œuvre d'un système de crédit autogéré

Les pêcheurs traditionnels comme les mareyeurs(ses) ont en général un accès plus facile aux liquidités monétaires. Cependant, ils n'ont guère de souci d'épargne. Or, malgré ces rentrées d'argent, beaucoup de pêcheurs et de mareyeurs n'arrivent pas à subvenir aux dépenses importantes, relatives à l'achat de matériels de pêche ou de traitement des produits. C'est ainsi qu'un système de crédit a été progressivement mis en place, qui s'appuie dans un premier temps sur la vente à crédit de matériels de pêche, et celle des infrastructures de traitement des poissons. Ensuite le relais pourra être pris par un système; plus structuré et géré en collaboration avec des ONG spécialisées en matière d'épargne/crédit. C'est dans ce contexte que le FID, qui collabore déjà avec le projet dans la réalisation des infrastructures telles que la construction des écoles, dispensaires, puits ou réhabilitation des routes, a mis à la disposition du projet une ligne de crédit pour soutenir le système "petits crédits" mis en place par le projet à travers la location-vente de matériels de pêche et de transformation.

Les objectifs principaux de cette opération "petits crédits" sont les suivants:

- faciliter l'accès aux crédits pour les pêcheurs/mareyeurs;

- former les pêcheurs et mareyeurs sur le rôle de l'emprunt et du cautionnement associatif, ainsi que sur l'utilisation rationnelle des revenus;

- rechercher des solutions pour un système de crédit plus adapté et durable pour cette catégorie d'opérateurs.

Des crédits accordés par le projet (sous forme de location-vente) touche tous, les villages et chaque financement est compris entre 20.000 et 200.000 Fmg. Au total, plus de 200 pêcheurs et 40 mareyeurs environ, répartis dans tous les villages, ont: bénéficié de ces crédits, et le taux de recouvrement est en moyenne de 70 à 90% selon les villages. La durée de ces crédits est de 12 mois avec un taux d'intérêt de 12% en 1995 et de 20% pour les années suivantes: Le taux appliqué est celui proposé par le FID/BM. Ce taux a été à nouveau modifié a la hausse par la BM.

Pour des petits crédits remboursables en 12 mois, un taux supérieur à,12 % nous semble excessif et ne contribue pas à soutenir les investissements des pêcheurs/mareyeurs. Pour les crédits octroyés en 1996, il s'agit de crédits accordés en vue de l'obtention de matériels de pêche. Un protocole d'accord a été élaboré avec "Entreprendre à Madagascar", en vue de la préparation de dossiers de financement et de la formation des pêcheurs et mareyeurs à la gestion du crédit.

Une convention a été signée au mois de Mai 1996 entre le Projet et le bureau régional du FID, ce qui a permis au projet FAO de mettre à la disposition des pêcheurs et mareyeurs(ses) de la zone du projet un crédit supplémentaire de 7.104.750 Fmg.

Des séances de formation pour acquérir des notions d'investissement et de gestion élémentaire ont été organisées dans presque tous les villages.

Récapitulatif des réalisations liées aux petits crédits

INTITULE

OBJECTIFS

TYPE D'ACTIONS OU ACTIVITES REALISEES

MISE EN PLACE D'UN SYSTEME D'APPUI FINANCIER AUX PECHEURS/MAREYEURS(SES)

· Faciliter l'accès aux crédits pour les pêcheurs/mareyeurs

· Plus d'une centaine de personnes sensibilisées, 48 dossiers finalisés pour obtention de financement FID dont 30 ayant obtenus 7 millions de FMG

· Formation des pêcheurs sur le rôle de l'emprunt et du cautionnement associatif

· 31 demandes de crédits financés directement par le projet sous forme de vente-location (matériel de pêche, four, case de stockage...)

· Formation en comptabilité élémentaire et notion d'investissement

· Préparation de dossiers de financement avec "Entreprendre à Madagascar"

3. REALISATIONS ET RESULTATS LIES DIRECTEMENT AUX MICRO-PROJETS A CARACTERE SOCIAL ET ECONOMIQUE


3.1. Diagnostic
3.2. Mise en oeuvre des micro-projets à caractère économique et social


3.1. Diagnostic

La zone du projet est située dans le sud-ouest de Madagascar, zone de sécheresse en raison du climat, où les populations sont confrontées non seulement aux problèmes de débouché de leurs produits, de l'approvisionnement en engins et autres matériels de pêche, mais également à la détérioration de leurs conditions de vie. Il en résulte une grande pauvreté.

L'éducation pose un problème dans ces villages, dans la mesure où il n'y a pas une école dans chaque village. Si les enfants veulent poursuivre leurs études dans le secondaire, ils; doivent le faire à Betioky, Toliara ou Ampanihy. Cette contrainte ne pousse pas les jeunes à continuer au-delà du primaire, et de ce fait ils se tournent rapidement à la pêche ou à l'élevage sans aucune formation technique complémentaire.

L'existence des écoles primaires au village ne signifie cependant pas que l'enseignement se déroule normalement. En effet, il existe de nombreux problèmes, à savoir le mauvais état des bâtiments scolaires, l'insuffisance ou l'inexistence des matériels scolaires tels que tables, bancs, tableau noir, craie, l'impossibilité d'assurer le suivi des instituteurs en poste, faute de moyens de déplacement et en raison de l'enclavement de cette zone.

La situation sanitaire dans cette zone reste précaire et soulève un certain nombre de problèmes: peu de personnel médical et peu d'équipements par rapport à la population; inexistence d'un dépôt de médicaments et insuffisance d'infrastructures sanitaires dans les grands villages; croissance de la mortalité infantile en raison de nombreuses maladies telles que les gastro-entérites, la rougeole, les convulsions, la déshydratation, et le paludisme; insuffisance des médicaments de prévention (vaccins...) et manque d'éducation en matière d'hygiène, de nutrition et de planification familiale.

En cas de complications, les gens doivent se rendre, soit à Toliara, soit à Betioky Sud, soit à Ejeda ou Ampanihy. Vu l'éloignement de ces centres hospitaliers et le mauvais état des routes, il est très difficile et coûteux de transporter les malades.

L'eau douce est enfin l'un des problèmes cruciaux ressentis par la population surtout dans les villages d'Anakao et de Beheloka. L'approvisionnement en eau douce est un besoin réel et prioritaire pour ces villages. En saison sèche (Avril-Octobre), les puits villageois ne fournissent pas le minimum de 5 litres par personne et par jour; d'autant plus que l'eau est salée, ce qui entraîne des maladies infantiles diverses. En général, dans cette zone, il faut aller au moins à 4 km, voire 7 km du village pour trouver de l'eau douce. La majeure partie du temps des villageois est consacrée à la recherche d'eau, surtout pour les femmes, qui, au lieu de s'occuper d'activités productives ou génératrices de revenus, doivent aller chercher de l'eau.

Les actions techniques ne peuvent alors avoir de véritable impact que si l'on arrive à apporter des solutions à certaines préoccupations majeures de ces pêcheurs.

3.2. Mise en oeuvre des micro-projets à caractère économique et social


3.2.1. Route Itampolo/Edjeda (FID)
3.2.2. Eau douce (PAM, FID, PNUD)
3.2.3 Santé et infrastructures sanitaires (FID/BM, OMS/BIT)
3.2.4. Education primaire et fonctionnelle (FID, AIDE et ACTION)
3.2.5. Cadre de vie et diverses plantations
3.2.6. Opération village propre (PAM)
3.2.7. Marché couvert


Les conditions de vie difficiles dans cette zone obligent parfois les pêcheurs à limiter volontairement leur effort de pêche, et ils ont souhaité que le projet identifie rapidement avec eux des micro-réalisations prioritaires qui leur permettraient de vivre et de travailler dans un cadre favorable. Aussi, beaucoup d'efforts ont-ils-été consacrés à la recherche de partenaires et de financements pour permettre les réalisations. De ces objectifs prioritaires, les organismes contactés ont manifesté un réel intérêt pour l'approche adoptée par le projet et ont répondu favorablement à la collaboration demandée. C'est ainsi que des organismes tels que FID/BM, AIDE et ACTION, OMS, BIT, PAM, SECALINE, UNICEF et La Mission Catholique interviennent pour la mise en place des infrastructures. Certaines infrastructures sont réalisées directement par les bailleurs de fonds, alors que d'autres le sont par des entreprises sélectionnées par le projet.

La participation des pêcheurs et des autres habitants, notamment ceux de la base opérationnelle de Beheloka, est révélatrice de l'intérêt que les pêcheurs portent aux actions réalisées par le projet. Cette participation à toutes les étapes de la réalisation est une condition essentielle pour qu'ils se sentent véritablement propriétaires responsables des infrastructures et de leur entretien.

La présence du projet dans cette zone et les différents contacts établis avec d'autres organismes confèrent désormais au projet un rôle de catalyseur pour les différentes activités de développement à entreprendre dans cette région En 2 ans et demi, le projet a drainé près de 400.000 US$ de fonds venant de différents bailleurs pour la réalisation des infrastructures.

Les micro-projets suivants ont été mis en œuvre:

3.2.1. Route Itampolo/Edjeda (FID)

Suite à la sollicitation des habitants d'Itampolo, le projet a pris contact avec le FID (Fonds d'Intervention pour le Développement) pour réhabiliter la route qui relie EDJEDA à ITAMPOLO (75 km). Des missions de prospection ont été organisées avec les spécialistes du FID. La réhabilitation de cette route constitue un facteur important contribuant au désenclavement des villages et au développement de cette zone. Le village d'Itampolo compte 3.000 personnes, mais l'ensemble du Firaisana comprend environ 20.000 habitants.

Ainsi l'évacuation des produits vers l'intérieur peut se faire correctement et ou favorise l'échange entre les produits agricoles à destination de la côte et les poissons vers les villages intérieurs, dans les zones soumises à des carences en protéines d'origine animale. La réfection de cette route a coûté au FID 412 Millions de Fmg.

3.2.2. Eau douce (PAM, FID, PNUD)

L'absence d'eau douce dans certains villages décourage les pêcheurs. Dans ces villages, aucune action liée à la pêche ne pouvait être efficace, si l'on ne contribuait pas à la recherche de solutions pour résoudre ce problème crucial.

A Beheloka par exemple, base opérationnelle du projet, la moyenne pluviométrique de ces 3 dernières années se situe autour de 300 mm, et l'eau ramenée au village est réservée aux besoins alimentaires. Cette eau coûte 400 Fmg le seau de 10 litres et la consommation d'eau par jour et par personne est limitée à 2,5 litres. Les différents puits de 2 à 3 mètres creusés par chaque famille procurent de l'eau à peine moins salée que celle de la mer. Pour pallier cette situation, les habitants (notamment les femmes et les enfants d'âge scolaire) vont jusqu'à Ampasinabo, 8 km du village pour chercher l'eau douce qui contient un taux de salinité moins élevé.

Cependant, aucun aménagement n'était effectué autour des 2 puits d'Ampasinabo: les personnes et les bêtes puisaient et buvaient au même endroit sans qu'il y ait des aménagements pour évacuer les déjections des animaux.

En collaboration avec le Service Provincial des Mines, des prospections ont été effectuées. Après plusieurs essais, un point d'eau douce a été découvert à 5 km environ du village. Des essais de débit ont permis de tirer jusqu'à 5.000 litres par heure; Ceci donne une estimation actuelle de 3 à 4m3 d'eau par heure; le projet a sollicité auprès du PAM un financement du FDA (Fonds de Développement Agricole), qui a permis l'installation d'un système hydraulique et l'acheminement de l'eau jusqu'au village de Beheloka. Coût du projet: 30 millions de Fmg.

Le projet a également contribué à l'achat, le transport et l'installation de buses autour de la source. La population a fourni la main d'œuvre et a amené les pierres nécessaires à l'aménagement du puits.

Après la découverte de ce puits d'eau à proximité du village, la population a manifesté un grand enthousiasme pour participer à d'autres réalisations initiées par le projet, aussi bien dans les domaines directement liés à la pêche que dans d'autres micro-réalisations permettant d'améliorer les conditions de vie de ces pêcheurs.

Dans les villages de Maromena et d'Itampolo où l'eau est relativement douce, le projet a trouvé un financement auprès du FID pour réaliser plusieurs puits. Coût de ces réalisations: 30 millions de Fmg.

Pour le village d'Anakao, l'équipe du Service des Mines a effectué plusieurs recherches et prospections qui n'ont rien donné jusqu'à présent. Le projet a pris contact avec l'Ambassade du Japon et l'UNICEF pour rationaliser tous les moyens disponibles, afin de mettre à la disposition de ce village d'environ 3.300 habitants, l'eau nécessaire à sa survie (20.000 habitants seraient concernés si on prend en compte tous les autres villages environnants qui pourraient bénéficier également de cette eau). Dans le cadre des Fonds SAT.1 (100.000 US$) du PNUD, une mission du Siège de New York est venue faire une première évaluation de la situation avant d'envisager des solutions durables, pas uniquement pour ce village mais; pour toute la zone.

3.2.3 Santé et infrastructures sanitaires (FID/BM, OMS/BIT)

Les conditions de santé et d'hygiène actuelles des pêcheurs et des autres habitants situés dans la zone du projet sont assez précaires; leur état sanitaire est aggravé par la malnutrition, malgré l'abondance des poissons (destinés surtout à la vente). Cette situation limite l'épanouissement normal et constitue un facteur limitant pour la productivité des pêcheurs.

Parmi les solutions à apporter aux préoccupations majeures des pêcheurs et pour contribuer à la productivité de ces derniers, il s'est avéré primordial de trouver des solutions aux problèmes de santé qui se posaient à Beheloka, base opérationnelle du projet. Le centre de soins le plus proche, tenu par un infirmier, se trouvait à 25 km du village et en cas de complications, les malades devaient aller à Anakao (40 km du village), là où travaille un médecin de la Mission Catholique ou bien encore directement à Toliara. C'est ainsi que l'OMS a financé la construction d'un dispensaire à Beheloka et le projet a mis à la disposition des autres villages situés dans la zone du projet (Anakao et Itampolo), des petits matériels pour l'installation de jeunes médecins. En collaboration avec la Mission Catholique, 2 médecins indépendants ont été installés à Itampolo et à Beheloka. Les gens payent leurs soins, ce qui garantit la pérennisation de cette structure et permet également d'éduquer les pêcheurs sur la prévention de certaines maladies: A partir de 1996, l'OMS a élargi son intervention sur toute la zone du projet et a contribué à la mise en place des "pharmacies communautaires" L'UNICEF a déjà intégré dans son plan d'action la zone du projet, pour toutes les actions relatives à la santé infantile et à l'eau douce.

Compte tenu de l'état de santé des enfants de Beheloka, et à la demande des habitants du village de compléter l'alimentation des enfants, le projet a sollicité et obtenu de SECALINE (financement BM/PAM) d'intervenir dans certains villages, et ce, malgré le fait que, jusqu'en 1996, tout élargissement des zones d'intervention de SECALINE n'était plus possible. Après plusieurs négociations avec les responsables de SECALINE et de la Banque Mondiale, les activités entamées en Octobre 1994 touchent maintenant 3 villages, Beheloka, Efoetsy et Ankilimivony; et 3 autres centres de nutrition ont été ouverts à Itampolo, Sakariaka et Tangainoro en 1995. Ce projet consiste à mettre à la disposition des enfants du village une alimentation contribuant à augmenter l'apport en calories.

3.2.4. Education primaire et fonctionnelle (FID, AIDE et ACTION)

A Maromena, jusqu'au démarrage du projet, il n'y avait pas d'écoles, alors qu'il y avait 165 enfants en âge scolaire pour le primaire. Avec les responsables du village, des contacts ont été pris avec l'Inspection scolaire de Saint-Augustin dont dépend Maromena, afin de mettre à la disposition de ce village 2 instituteurs. Ce qui a été fait en Octobre 94. Le village a réhabilité un bâtiment en ruine, et le projet a mis à la disposition du village du petit matériel afin de démarrer les cours. Au même moment, le projet a pris contact avec AIDE et ACTION, pour la construction d'une véritable école primaire. Cette ONG avait déjà construit une école à Anakao et Soalara. L'inauguration de cette école s'est faite à la rentrée de Septembre 1996. AIDE et ACTION, l'une des ONG la plus dynamique de Madagascar, ne s'occupe pas seulement des constructions mais, recherche aussi avec des partenaires des solutions pour de véritables actions de développement. C'est ainsi qu'il est envisagé d'organiser la formation des écoliers en matière de pêche et de traitement des produits. Cette formation aura entre autres avantages, que les enfants, au lieu de se tourner à la pêche après l'école primaire sans avoir été sensibilisés sur les activités de la pêche et sur le milieu de vie, quitteraient le système scolaire avec un minimum de notions portant sur les améliorations possibles des méthodes et outils de la pêche traditionnelle. Des notions de conservation et d'aménagement des ressources seraient également abordées.

3.2.5. Cadre de vie et diverses plantations

Les activités permettant de protéger l'environnement marin sont directement rattachées au volet exploitation rationnelle des ressources.

Par contre, les actions liées au cadre de vie sont rattachées aux micro-réalisations C'est ainsi qu'en 1994-95, le projet a effectué une opération plantation de cocotiers - 600 plants de cocotiers hybrides ont été plantés avec seulement 10% de perte. L'objectif était à la fois de favoriser un cadre de vie agréable pour le pêcheur, mais aussi de fournir la possibilité d'un apport supplémentaire en revenu (le prix d'une noix de coco est égal au prix d'1 kg de poisson) et d'un complément nutritif.

Malgré le climat aride (300-400 mm d'eau/an), ces cocotiers poussent correctement, et le prix proposé aux pêcheurs a été de 3.000 Fmg/cocotier.

D'autres commandes parviennent encore (déjà 300 plants) mais il faudrait commander au moins 600 plants pour rentabiliser l'opération.

L'année dernière, le Chef de Service Provincial des Eaux et Forêts, appelé comme consultant, a avancé des suggestions sur les variétés d'arbres qui supportent le climat de cette zone.

Aussi, une commande a été faite au niveau du Service des Forêts de Betioky pour 500 plants de nimo et 500 plants de badamiers; le coût est de 50 Fmg le plant (coût largement à la portée des pêcheurs). Le projet a pris en charge uniquement l'acheminement des plants de Betioky vers les villages. Ce sont les membres de l'association des femmes qui s'occupent de cette opération Le projet a obtenu d'Antananarivo des semences de filao et des gaines noires qui permettront de planter environ 20.000 filao qui sont actuellement en pépinière au Service des Forêts de Betioky.

3.2.6. Opération village propre (PAM)

Un des faits qui frappaient le plus lorsque l'on arrivait dans les villages de pêcheurs était la saleté et les ordures. Avec le PAM, nous avions lancé l'opération "village propre" afin d'inciter les gens à la propreté et à l'hygiène dans les villages; des râteaux, angady et pelles avaient été remis aux associations pour le développement, afin d'assurer la propreté des villages. On constate actuellement et plus particulièrement à Beheloka, Anakao et Itampolo, que les déchets et les résidus provenant de la pêche, dangereux pour l'hygiène du village, ne sont plus éparpillés comme auparavant. Suite à cette opération devenue désormais une habitude et qui mobilise toute la population, les femmes de Beheloka ont demandé au projet de les aider à installer un atelier de traitement des produits de la pêche près du rivage pour éviter la prolifération des insectes autour de leurs cases

3.2.7. Marché couvert

Parmi les autres actions mobilisatrices nécessitant une participation importante de la population, et facilement réalisables par les villages, il y a la construction de marchés couverts dans une zone de grosse chaleur et de sécheresse.

A Beheloka, chef-lieu de Firaisana, le village ne disposait pas de marché. Le projet a mis à la disposition du village quelques matériaux pour permettre à la population de construire elle-même son marché.

L'intérêt d'un tel marché est de permettre la vente et l'achat des produits alimentaires dans des conditions d'hygiène et de salubrité convenables. A moyen terme, l'existence d'un marché couvert contribue également à l'animation et à la dynamisation du village, à travers le développement des échanges avec d'autres villages. Il est à noter que le marché de Beheloka a été installé à la frontière entre deux ethnies rivales du même village (Vezo-pêcheurs et Tanalana-éleveurs). Le marché est donc devenu pour le village un lieu de réconciliation et de rencontres.

A Anakao, la population avait demandé la réhabilitation du marché existant au bord de la mer par le remplacement des bois défectueux et l'agrandissement du dit marché, afin d'avoir un emplacement directement réservé aux produits de la pêche. Un autre marché vient d'être achevé à Maromena.

Récapitulatif de la réalisation actuelle des micro-projets à caractère social et économique

INTITULE

OBJECTIFS

TYPE D'ACTIONS ET PARTENAIRES POUR LA REALISATION

ROUTE ITAMPOLO/EDJEDA

· Désenclavement du village

· Financement (FID/BM),75 km de route à réhabiliter

· Evacuation correcte des produits

· Démarrage des travaux mais suspendus faute de moyens supplémentaires et suite de l'arrêt des travaux par l'entrepreneur

EDUCATION PRIMAIRE ET FONCTIONNEL

 

· Recherche de solutions pour l'éducation primaire

· Sensibilisation et participation villageoise

· Aménagement et réhabilitation des écoles existantes

· Prise de contact avec le service éducation

· Alphabétisation des pêcheurs et mareyeurs

 

· Mise à disposition des matériels nécessaires;

· Construction de l'EPP à Maromena (Aide et Action)

· Construction d'une nouvelle école à Beheloka (FID)

· Mise en place d'une structure d'alphabétisation d'adultes

SANTE ET INFRASTRUCTURE SANITAIRE

 

· Mise en place des structures sanitaires

· Sensibilisation participation villageoise

· Amélioration de la santé et de l'hygiène

· Construction de dispensaire à Beheloka (OMS)

· Augmentation de la productivité des pêcheurs

· Construction de dispensaire d'Anakao (FID)

· Mise à la disposition de médecins

· Installation de médecins libres en collaboration avec la mission catholique (Itampolo, Beheloka)

· Etude sur la situation sanitaire de la zone du projet

· Préparation d'une structure de gestion communautaire du dispensaire

EAU DOUCE

· Rendre accessible l'eau douce dans les villages

· Recherche et prospection de points d'eau

· Limiter les dépenses y afférentes

· Recherche de partenaires pour le financement

· Construction de puits à Beheloka, Itampolo et Maromena (FID, PAM)

· (Collaboration avec BRGM, SM et UNICEF)

MARCHE COUVERT

· Construction par la population d'un marché couvert à Beheloka, à Anakao et à Maromena

· Sensibilisation à l'action communautaire

· Favoriser les échanges entre ethnies et entre villages

· Mise à disposition de matériaux

· Protéger du soleil les poissons et autres produits périssables

OPERATION VILLAGE PROPRE

· Propreté du village

· Mobilisation de la population

· Amélioration de l'hygiène

· Nettoyage et enfouissement des ordures

· Elaboration de matériel didactique

· Participation importante, notamment de la part des femmes

· Vivres contre travail (PAM)

· Mise à disposition des matériels de nettoyage

CADRE DE VIE ET DIVERSES: ACTIONS

 

· Complément nutritif

· Plantation de 500 pieds de cocotier

· Cadre de vie agréable

· Formation pour la transplantation

· Apport de gain

· Plantation de nimo et badamiers (490 jeunes plants)

· Fixation des dunes

· 20.000 plants filao en pépinière

AGR POUR LES FEMMES ET FORMATION

 

· Offrir aux femmes un espace de réflexion et de loisir

· Construction d'un centre social à Beheloka (FID)

· Création d'un centre d'animation sur la santé, hygiène, vie familiale et éducation des adultes...

· Mise en place des AGR tels que:


 

- coquillage

- couture et voile

4. APPLICABILITE A D'AUTRES REGIONS


4.1. Approche et activités
4.2. Obsolescence planifiée


4.1. Approche et activités

Les activités de développement intégré réalisées entre Soalara et Androka (région enclavée du sud de Toliara) a permis de stimuler la production, d'améliorer les conditions de vie des communautés, d'améliorer les structures organisationnelles de ces communautés par des réalisations à caractère social, d'améliorer les techniques de pêche et de conservation, de faciliter l'écoulement des produits et d'informer et de sensibiliser les bailleurs de fonds aux différents problèmes existant dans ces régions enclavées. Cette expérience vécue permet de considérer 3 éléments importants:

- la possibilité de reproduire l'expérience dans d'autres zones en prenant en compte les spécificités propres de ces nouvelles zones;

- l'importance d'une catalysation des différentes interventions sans rechercher une coordination quelconque que les communautés doivent assurer;

- la nécessité d'une participation réelle de la communauté à toutes les étapes.

Dans la mesure où l'approche de développement communautaire intégré a connu un franc succès auprès des villages de pêcheurs du Sud Toliara et compte-tenu de l'intérêt et de la demande des communautés, il est envisagé de poursuivre et de consolider les acquis et d'étendre les activités au Nord de Toliara où des communautés de pêcheurs vivent dans des conditions socio-économiques difficiles comme celles du Sud Toliara.

En effet, il est constaté que la petite pêche traditionnelle dans ces zones fait face à des problèmes majeurs tels que les débouchés des produits, l'insuffisance de réseaux routiers, la difficulté d'approvisionnement en matériel, un taux élevé de rejet de poissons après capture ainsi qu'une carence en réalisation d'activités et d'infrastructures à caractère social, aggravé par l'isolement de ces villages de pêcheurs.

Les activités à mener dans la partie Nord peuvent porter sur: la mise en place et l'organisation de groupements qui assureront; la coordination des différentes interventions et des opérations au sein des villages de pêcheurs;

- le renforcement de la dynamique de développement régional afin d'intéresser d'autres donateurs et ONG capables de mettre en œuvre des activités spécifiques, puis de créer des infrastructures qui contribueront, à terme, à déclencher un processus de désenclavement de ces zones;

- l'identification de micro-projets à caractère social; le suivi et l'évaluation des activités de ces associations et la réalisation d'enquêtes socio-économiques;

- la formation à de nouvelles techniques de pêche, de transformation et de conservation, compte tenu des spécificités économiques, sociales, culturelles existantes;

- la formation sur le tas de vulgarisateurs à l'approche communautaire intégré;

- la mise en place de circuits de commercialisation et d'approvisionnement en matériels et équipements de pêche et de transformation.

4.2. Obsolescence planifiée

L'approche développée dans le cadre du thème 2 s'est, en effet, avérée être particulièrement adaptée à l'objectif de développement et de valorisation du potentiel, halieutique au bénéfice des communautés côtières. Il convient à cet égard de rappeler que le thème 2 a constitué un projet pilote d'une grande importance pour le développement de la pêche traditionnelle (activité prédominante au niveau national et dont les résultats obtenus à date ont été considérés comme positifs), ce qui pour la première fois, a, permis au pays de disposer d'une approche appropriée pour la promotion de cette branche prioritaire comprenant des communautés côtières des zones défavorisées. D'où l'intérêt de valoriser cette expérience qui prend en compte tous les aspects de la vie du pêcheur et de sa communauté, aussi bien techniques que socio-économiques. Toutes les activités du projet impliquent une participation de la population intéressée concernée notamment en ce qui concerne les micro-réalisations.

La méthodologie appliquée par le projet consiste à considérer chaque action à entreprendre en fonction de sa pérennisation, c'est-à-dire les possibilités pour les pêcheurs et/ou leur communauté d'assumer la poursuite de l'opération après l'assistance temporaire du projet.

Les techniciens du projet n'interviennent pas pour remplacer les pêcheurs mais les aident à démarrer les actions considérées comme importantes pour le progrès de la pêche ou du village. Cette méthodologie peut être appliquée aussi bien pour des actions liées directement à la pêche/transformation des produits qu'aux micro-projets à caractère économique ou social. Quelques exemples permettent de comprendre cette méthodologie:

a) Approvisionnement en matériels de pêche

Cette activité a pris une grande importance à cause de la demande des pêcheurs. En effet pour la première fois, les pêcheurs pouvaient disposer sur place des matériels dont ils ont besoin pour leur activité, ensuite les pêcheurs qui n'avaient pas beaucoup de moyens financiers pouvaient acquérir ces matériels grâce au système de location-vente initié par le projet. Après la vente par le projet, le relais a été pris par les ADP puis, après un an, le relais est définitivement pris par les commerçants (épiciers) du village. Le projet va encore assurer pendant un an l'encadrement et la formation en petite gestion, ensuite les commerçants négocieront directement avec les fournisseurs pour l'approvisionnement de leurs matériels.

b) Nouvelles méthodes de pêche

Les essais de pêche à la palangre pour les gros pélagiques introduits: par, le projet ou des turluttes sont probants et les pêcheurs, en moins de 2 ans ont adopté sans problème majeur ces nouvelles méthodes de pêche. Les palangres (plus; sélectives) pourraient, se substituer progressivement aux filets à requins. Les turluttes qui n'étaient pas non plus connues dans la plupart des villages devraient remplacer également les filets pour la pêche aux calmars. Pour ce qui est de la pêche au lamparo, les pêcheurs n'en voient pas encore l'utilité.

c) Traitement et valorisation des produits halieutiques

Depuis le démarrage du projet, un effort particulier est fait pour améliorer les techniques de transformation et de conservation des poissons. Des pertes importantes étaient aussi constatées après capture des produits. Les techniques de transformation utilisées (fumage, salage et séchage) ont peu évolué.

C'est pourquoi, le projet a entrepris plusieurs actions pour remédier à cet état des choses par la formation et la vulgarisation de techniques simples de traitement et de valorisation des produits. Les pêcheurs et les mareyeurs essaient d'appliquer ces techniques mais souvent sans grande conviction. Or, la recherche des débouchés pour les produits mieux traités et la formation des opérateurs sur l'utilisation et la valorisation de ces produits permet de poursuivre cette opération même après le départ du projet à condition que les pêcheurs et les collecteurs ne trichent pas et respectent les gains de chaque partie. Ainsi, Je relais pourrait être pris par les opérateurs économiques et non par l'Administration ni par un projet qui remplacerait un autre projet.

d) Micro-projets

Plusieurs infrastructures sollicitées par la population ont été réalisées. Prenons l'exemple du dispensaire de Beheloka. Le projet, après avoir discuté avec la population de l'intérêt et des problèmes relatifs à la mise en place d'une telle infrastructure, a proposé de mettre en place dans un premier temps une structure médicale avant la construction d'un bâtiment. Ainsi, la Mission Catholique a mis à la disposition du village un médecin privé.

C'est la population qui a ensuite construit la case faisant office d'habitation et de cabinet de soins tout en payant à chaque intervention le médecin et tous les médicaments délivrés.

Un an après, les pêcheurs ayant pris conscience de l'importance de la présence d'une telle structure pour leur santé ont demandé au projet de rechercher un financement pour la construction d'une infrastructure solide. C'est ainsi que le projet a sollicité l'OMS pour le financement et la construction de ce bâtiment. Le budget de l'OMS ne pouvait réaliser qu'un bâtiment de 2 pièces, or la population souhaitait un bâtiment de 3 pièces pour disposer d'une salle d'accouchement. Ainsi, la population a pu financer le complément du projet pour obtenir les 3 pièces nécessaires. L'Administration de santé a mis à la disposition de la population un infirmier diplômé d'Etat et l'OMS devait compléter en petits matériels et médicaments nécessaires. L'année prochaine, il est envisagé de mettre en place un système de gestion communautaire de ce dispensaire où le médecin libre pourrait travailler avec l'infirmier d'Etat sous la responsabilité de l'Association des pêcheurs et de la commune du village.

Pour les autres infrastructures, c'est la même démarche que le projet cherche à appliquer.


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