Le principal système utilisé pour l’élevage du carassin est la culture en étangs, mais les rizières sont également utilisées dans certaines régions de Chine.
Préparation des étangs
Les étangs à terre sont utilisés aussi bien pour la ponte que pour le pré-grossissement du carassin. Les dimensions de l’étang sont normalement de 0,07-0,2 ha et 1,5-2,0 de profondeur. Les étangs sont nettoyés par des produits chimiques, pour éliminer les organismes nuisibles après les avoir totalement séchés; la chaux vive est le produit chimique le plus communément utilisé pour l’éradication, à des taux de 900-1 125 kg/ha. L’engrais organique (fumier vert et animal) est classiquement utilisé 5-10 jours avant le stockage, selon la température de l’eau, pour augmenter la biomasse des organismes naturels (zooplancton) qui servent de nourriture. La quantité d’engrais organique utilisée est de 3 000 kg/ha pour le fumier animal ou 4 500 kg/ha pour le fumier vert. Les deux fumiers peuvent être utilisés simultanément, mais la quantité de chacun est, alors, réduite.
Approvisionnement en juvéniles
De nos jours, la reproduction artificielle constitue la source principale des juvéniles pour la culture de carassin, malgré la disponibilité des juvéniles naturels dans différents plans d’eaux. Le carassin le plus communément cultivé est le Carassius carassius gibelio, qui est obtenu par gynogenèse entre la femelle Carassius carassius gibelio et le mâle de carpe commune rouge Xingguo. Une telle hétérogénéité gynogenèse ne fournit que des femelles, dont le taux de croissance est 30-40 pour cent plus élevé que le poisson d’origine. D’autres espèces et souches de carassins sont également cultivées dans différentes régions en Chine.
Production d'écloserie
Des géniteurs matures bien choisis sont mis dans les bacs, étangs, ou cages de ponte. L’injection hormonale est optionnelle puisque le poisson peut bien pondre sans intervention hormonale. Cependant, l’injection hormonale permet aux poissons de pondre de manière synchrone. Une étape parmi les plus importantes consiste à introduire un substrat formé de paquets d’herbes, de feuilles de palmiers, de branches fines d’arbres et d’algues en plastique dans la colonne d’eau des installations de ponte pour que l’attachement des œufs ait lieu. Les œufs peuvent éclore dans des étangs en terre, débarrassés auparavant, des organismes nuisibles. Ils sont simplement déplacés dans les étangs de ponte fixés à leur substrat et sans eau.
Pour une bonne éclosion, les œufs peuvent aussi être placés dans de l’eau en circulation (raceway ou jarre). Le substrat avec les œufs attachés peut être simplement suspendu dans la colonne d’eau. Les œufs peuvent également être détachés du substrat pour éclosion dans les raceways ou jarres, en les mélangeant avec une solution de l’argile avant le stockage. Les alevins qui viennent d’éclore sont transférés dans les étangs de nurserie quand ils sont capables de bien nager et de se nourrir activement.
Nurserie
La monoculture est la méthode normale pour le stade de nurserie. La densité de stockage est normalement de 1,5-2,25 millions/ha, le niveau exact dépend de la durée de la période d’élevage (2-3 semaines, qui dépend à son tour principalement de la température d’eau) et de la taille demandée. La fertilisation organique est réalisée, avec un taux de 1 500-3 000 kg/ha chaque 4-5 jours pour le fumier animal et le fumier vert, selon la productivité de l’eau. Le lait de soja peut aussi être utilisé comme aliment direct que comme engrais. Pour remplacer les engrais organiques en nurserie, les quantités classiques utilisées du lait de soja, sont entre 3 et 5 kg (soja sec)/100 000 de poissons / jour. L’utilisation de soja augmente normalement les coûts de production, et c’est une méthode d’utilisation simple. L’administration d’une sorte de pâte de soja ou autre produit à base de graines traitées commence à partir du 5
ième jour après le stockage à 1,5-2,5 kg/100 000 poissons /jour. Les taux normaux de survie dans les étangs de nurserie sont entre 70 et 80 pour cent, bien qu’ils puissent atteindre plus de 90 pour cent sous une bonne gestion.
Les poissons atteignent normalement une taille d’environ 30 mm après 2 ou 3 semaines. Ils sont appelés les fingerlings d’été et sont, alors, prêts pour le grossissement. Le conditionnement des fingerlings d’été après un tri soigneux en les maintenant à des densités élevées pendant plusieurs heures s’avère nécessaire avant leur transfert aux étangs de fingerlings, et ce pour augmenter la tolérance des poissons au stress du transport.
Elevage de fingerlings
Les fingerlings d’été ne sont pas prêts pour un stockage direct dans les étangs de grossissement. Ils ont besoin d’être élevés jusqu’à atteindre, des tailles plus grandes (6-7 cm ou plus). L’élevage des fingerlings peut être réalisé à l’extérieur selon deux méthodes différentes:
- Pour produire des poissons qui peuvent atteindre la taille commerciale durant la première année, les fingerlings d’été sont stockés à 90 000-120 000/ha. Après un mois, les poissons vont atteindre 6 cm et peuvent être transférés dans des étangs de grossissement pour les commercialiser après un an (poissons d’un cycle d’un an).
- Il est aussi commun d’élever le carassin dans des étangs de fingerlings jusqu’à la fin de l’année, dans ce cas ils sont stockés à 150 000-300 000/ha. Les poissons peuvent atteindre 10 cm (25 g) ou même plus vers la fin de la période d’élevage. Le taux de survie est de 80-90 pour cent. Au début, les poissons prennent une nourriture naturelle avec en plus, des engrais ou du lait de soja. Plus tard, des aliments commerciaux (pâte de soja, fibre de blé, etc.) sont nécessaires pour une croissance optimale. Ces fingerlings sont utilisés pour occuper les étangs de grossissement dans l’année suivante, donnant à la fin, des individus d’un cycle de deux ans qui atteignent des tailles commerciales beaucoup plus grandes et valorisantes que les poissons d’un seul cycle.
Techniques de grossissement
Les techniques de grossissement les plus communément adoptées sont la polyculture dans des étangs/enclos et dans des rizières. Le carassin est un poisson de fond avec une croissance relativement lente et une production qui peut être souvent assez limitée.
Polyculture en étangs/enclos (semi-intensive à intensive)
Dans ce système, le carassin peut être élevé soit comme une espèce principale ou secondaire, avec d’autres carpes. Quand c’est l’espèce principale, le taux de stockage est 22 500-30 000/ha et les individus sont de 25-50 g. les carpes argentée et à grosse tête sont alors, les espèces secondaires. Après une année, le poisson atteint normalement 150-400 g et la production peut atteindre 4 000-6 000 kg/ha. La production des poissons secondaires peut aussi atteindre 3 000-4 500 kg/ha, et la productivité totale de 6 000-10 000 kg/ha.
Quand le carassin est l’espèce principale, les poissons sont nourris essentiellement avec un aliment commercial. Le carassin est omnivore, il se nourrit aussi bien des aliments naturels que commerciaux. Le granulé est plus utilisé quand le carassin est cultivé en tant qu’espèce principale pendant la phase de grossissement. Les granulés sont, fabriqués, principalement, avec des produits composés d’extraction d’huile (tels que la pâte de soja) comme source principale de protéine, et de graines traitées. L’ajout de protéines animales (farine de poissons) est très limité (<10 pour cent), ainsi l’aliment est relativement peu coûteux. Le TCA est de 2:1. La fertilisation peut réduire la quantité d’aliment nécessaire en augmentant la disponibilité de la nourriture naturelle.
Le carassin peut également être élevé comme espèce secondaire, dans ce cas la densité de stockage est de 1 500-1 800 poissons/ha avec une taille de 7-10 cm. Le poisson peut atteindre 300 g et la production peut s’élever à 450-900 kg/ha, représentant normalement 5 à 10 pour cent de la production totale. Quand il est cultivé en tant qu’espèce secondaire, aucune alimentation spéciale n’est nécessaire pour le poisson. Le carassin peut aussi être cultivé en tant qu’espèce secondaire dans des enclos ou dans des lacs superficiels, les niveaux de stockage ainsi que ceux de la production sont similaires à ceux dans la culture dans des étangs.
Culture extensive dans des rizières
Le carassin est aussi un poisson convenable pour la culture dans des rizières, la densité de stockage est de 750-1 500/ha. Le poisson utilise principalement de la nourriture naturelle. La production peut atteindre 300-450 kg/ha. Cette forme de culture est aussi bénéfique pour le riz, car elle constitue un moyen de contrôle des animaux nuisibles et d’enrichissement du sol.
Techniques de récolte
Le carassin, en étant un poisson qui vit au fond, il est difficile à pêcher sans vider l’étang. La récolte a lieu à la fin de la période de culture, on procède, premièrement à un tri à une profondeur réduite d’eau, suivi par la récolte totale après avoir vidé l’étang. La récolte sélective est également pratiquée par certains éleveurs pour une commercialisation équilibrée, dans ce cas la méthode normale est l’utilisation d’épervier.
Manipulation et traitement
Le carassin est toujours vendu vivant ou frais. Le séchage et le salage sont seulement utilisés pour le carassin pêché dans les plans d’eau naturels (rivières et lacs) par des pêcheurs traditionnels continentaux.
Coûts de production
Ces coûts varient selon les cultures pratiquées mais sont normalement en dessous de 0,70 USD/kg.