Approvisionnement en juvéniles
L'aquaculture de la sériole dépend principalement de l'approvisionnement en juvéniles sauvages. Peu après la ponte, les larves de moins de 15 mm de longueur sont emportées vers la côte par le courant de Kuroshio, où elles sont capturées par des filets à mailles fines, et sont vendues aux spécialistes d'alevinage. Les juvéniles sauvages sont également importés par d'autres pays, tels que la République de la Corée et le Vietnam.
Bien que la reproduction artificielle des sérioles du Japon eu connu du succès, le nombre de juvéniles produits par reproduction induite n'a pas atteint un niveau lui permettant de contribuer significativement à la demande des juvéniles destinés à l'aquaculture. En fait, il y a toujours certains problèmes qui persistent dans l'élevage larvaire comme l'alimentation larvaire non équilibrée qui provoque de lourdes mortalités. Des efforts sont déployés afin de remédier à cette situation comme la conception d'aliments larvaires appropriés en utilisant des organismes en masse, tels que les rotifères et des nauplii d’artémia enrichis avec des acides gras hautement insaturés (HUFA). Les aliments formulés peuvent ultérieurement assurer la production du plus grand nombre possible d'alevins sains.
Nurserie
Les juvéniles de la sériole du Japon sauvages capturés (<10 g), sont mis en élevage dans les enclos en filets de 5x5x5 m et sont vendus aux éleveurs quand ils atteignent un poids allant de 50-100 g. La première tâche des spécialistes est de trier les larves en petites, moyennes, et grandes catégories; sinon il peut y avoir une mortalité élevée à cause du cannibalisme. Après le tri, les larves sont stockées dans des enclos en filets flottants faits de nylon. Dans des enclos de 5 x 5 x 5 m le taux de mise en charge avec des mojako pesant 0,5-10 g s'étend de 10 000 à 30 000 et la taille à la récolte varie entre 20-200 g avec une survie moyenne de 90 pour cent. Il est important d'alimenter les juvéniles sauvages capturés avec des aliments de bonne qualité au moment où ils se trouvent sur le bateau de collecte, afin d'éviter des problèmes liés à la croissance vers la fin de la phase de grossissement. Les individus faibles sont éliminés. Les juvéniles sont sensibles à la carence alimentaire, et une période de jeûne prolongée avant la première alimentation dans les enclos a un effet négatif sur le taux de croissance ultérieure.
Techniques de grossissement
L'élevage commercial de la sériole du Japon est entrepris dans des cages en mer faites de filets en nylon ou en métal. Le système d’élevage le plus répandu actuellement est fait d’enclos en filet avec une armature en acier qui facilite la récolte qui est devenu largement adopté dans tout le Japon. Les enclos en filet sans armature en acier sont peu coûteux et assez forts pour résister aux marées et aux grands ouragans, mais l’opération de récolte est plus difficile et demande du temps. La taille et le nombre de cages varient, selon la taille de l'opération et les conditions environnementales. Un site de production relativement petit peut contenir cinq cages de 10 x 10 x 8 m, alors qu'un site de production relativement plus grand peut souvent supporter plus de 20 cages de 18 x 22 x 8 m ou 12 x 12 x 12 m. Des enclos de taille plus grande sont de plus en plus utilisés, et les armatures en bois ont été substituées par celles en métal et en plastique renforcé. De plus grands enclos, de jusqu'à 50 x 50 x 50 m sont utilisés, particulièrement pour le grossissement des sérioles de plus grande taille leur procurant assez d'espace pour y vivre et les aidant ainsi à avoir des muscles plus fermes. De plus grands enclos sont recommandés pour produire une chair de haute qualité avec le niveau correct de teneur en graisses (des niveaux bas ou élevés de graisses sont considérés comme peu convenables pour le sashimi. Le meilleur niveau serait environ 10 pour cent). L’élevage en enclos exige le changement fréquent des filets à cause du biofouling qui limite l'échange de l'eau.
La sériole du Japon mise en élevage dans les enclos montre une croissance rapide. Les densités de mise en charge varient selon le système d’élevage et le stade de grossissement des poissons. Dans des enclos de 8 x 8 x 8 m, le taux de mise en charge par des juvéniles d’un poids de 20-200g va de 14 000 à 20 000 et la taille à la récolte varie entre 300 et 1 000 g avec une survie moyenne de 95 pour cent. Dans les enclos de 10 x 10 x 10 m, le taux de mise en charge par des poissons de 600-1 400 g varie de 4 000 à 7 000 et la taille à la récolte est entre 3 500 et 6 500 g, avec une survie moyenne de 97 pour cent. Dans les enclos de 10 x 10 x 10 m, les sérioles de trois ans, dont le poids varie entre 1 200-1 500 g, sont mises en charge à une densité allant de 3 500 à 5 000, la taille à la récolte s'étend entre 3 500 et 4 000 g, et la survie moyenne est de 97 pour cent. En dépit de ces résultats déjà positifs, des changements sont faits, selon les conditions environnementales prévalant dans chaque site aquacole. Un radeau flottant typique (30 x 30 x 15 m) peut être utilisé dans l’élevage de 25 000 sérioles avec un poids moyen d'environ 2 kg. La densité de mise en charge dépend également des conditions telles que la température, l'oxygène dissous, la taille des mailles et le taux de changement de l'eau. Selon la température de l'eau, le mojako peut normalement être mis en charge entre avril et juillet. Les fingerlings de 8-50 g stockés en juin atteignent un poids de 1,0-1,5 kg (30-50 cm, SL) en décembre. Les poissons qui sont laissés dans les cages jusqu'à la saison d’élevage suivante atteignent un poids de 2 ou 3 kg.
Les températures ne sont pas les mêmes dans les zones d’élevage de la sériole. Dans chaque région, les éleveurs ont développé une méthode spécifique d'élevage en prenant en compte les spécificités locales. Pour la jeune sériole (hamachi), les températures pour une croissance économique et maximale sont 17-30 ºC et 22-27 ºC, respectivement; pour la sériole adulte (buri) elles sont de 15-30 ºC et 20-26 ºC. Un niveau d'oxygène dissous (OD) supérieur à 5,7 mg/l est souhaitable pour une bonne croissance. Une réduction dans la croissance ainsi qu'un comportement anormal ont été observés quand le niveau de l'oxygène dissous est inférieur à 5,7 et 4,3 mg/l, respectivement.
Apport de nourriture
L’élevage de la sériole du Japon dépend de la disponibilité des poissons de rebut, tels que le lançon du Pacifique (
Ammodytes personatus), l'anchois (
Engraulis japonicus), le chabot (
Scomber japonicus), la sardine (
Sardinops melanostictus), et le scombérésoce (
Cololabis saira). Ce dernier s’est renforcé en raison des captures massives des poissons peu coûteux utilisés comme aliment, tels que le lançon et la sardine. La disponibilité de l’équipement de congélation a permis aux pisciculteurs de fournir la sardine hachée et congelée comme aliment et a soutenu davantage le développement de cet élevage. Cependant, ces dernières années, on constate une diminution des captures de la sardine au Japon dont le prix a donc augmenté. Ceci a obligé plusieurs pisciculteurs à substituer les aliments à base de poissons par des aliments formulés. La production des aliments formulés a augmenté et actuellement la quantité de granulés extrudés constitue environ 40 pour cent du total des aliments utilisés dans la production de la sériole du Japon. Utiliser des granulés extrudés comme aliments pendant la première année d’élevage (température de l'eau élevée) est une pratique courante, mais les poissons crus ou les granulés humides sont toujours répandus quand les températures de l'eau sont basses(<15 ºC).
L'alimentation est extrêmement importante parce que son coût représente environ la moitié du budget total d’un pisciculteur moyen. L’utilisation des aliments de qualité appropriée à des quantités raisonnables est donc très essentielle pour une production efficace et durable. Par exemple, alimenter la sériole du Japon avec de la sardine, uniquement, a provoqué une perturbation alimentaire à cause de la protéine peu convenable et des contenus énergétiques. Grâce à la connaissance de plus en plus grande des besoins alimentaires il est devenu possible de produire des granulés humides et des aliments formulés pour la sériole du Japon. Cependant, les pisciculteurs se confrontent toujours à des problèmes pour alimenter des plus grands poissons par des granulés extrudés. Ces derniers (>3 kg) préfèrent plutôt les poissons crus, et il est difficile d'atteindre des taux d'alimentation journalière de 2 pour cent avec des granulés extrudés, particulièrement pendant l'hiver. La fréquence d'alimentation va de cinq fois/jour à une seule fois tous les 3 jours, selon le poids, le stade de croissance, et la température de l'eau de mer. La consommation de nourriture diminue d'une manière remarquable quand les températures sont en dessous du 17 ºC, en particulier quand le régime est constitué d’aliment sec.
Techniques de récolte
La plupart des éleveurs de sériole du Japon visent une taille commerciale d'environ 2-5 kg, mais certains produisent des poissons de à 7-8 kg. Les tailles moyennes à la récolte sont de 6 kg atteintes en 19-20 mois dans les zones chaudes, de 5-6 kg en 27 mois dans les zones de température ambiante, et de 3,5-4,5 kg en 27 mois dans les zones froides. La taille à la récole et la durée du grossissement varient non seulement selon la température moyenne annuelle de l'eau mais également selon la taille marchande souhaitée.
Pour que le produit garde sa bonne qualité, les poissons sont mis à jeun avant la récolte. Le but principal de cette opération est d'évacuer les aliments ingérés, car ils peuvent contribuer à la détérioration rapide de la qualité de la chair. Pendant la récolte, les sérioles du Japon sont collectées de la cage en filet avec des filets fixés sur de longues pipes en acier sur les deux côtés. Les poissons qui ont été rassemblés dans le filet en toile sont libérés sur un stand choisi, où ils sont comptés et triés selon la taille.
Manipulation et traitement
Les poissons sont abattus individuellement sur une natte en caoutchouc molle immédiatement après la récole. Ils sont alors emballés dans des boîtes ondulées sous la glace ou dans un bassin avec une grande quantité de glace ébréchée avant que les poissons récoltés ne soient transportés dans des conteneurs sur les camions frigorifiés. Pour maintenir la fraîcheur pendant une plus longue période, les poissons sont tués juste après leur mise hors de l'eau et sont complètement saignés. De nos jours, les consommateurs montrent un plus grand intérêt pour les poissons frais et sont prêts à payer des prix plus élevés pour les produits de meilleure qualité. En conséquence, un intérêt commercial s'est manifesté parmi les producteurs de sériole du Japon en vue de fournir des poissons frais directement aux consommateurs, évitant de passer par le réseau compliqué des grossistes. En outre, les grossistes ont développé des équipements pour maintenir les poissons vivants dans des aquariums afin de les présenter, aussi frais que possible, aux restaurants et sur commande aux consommateurs de la haute classe économique.
La chair de la sériole du Japon est souvent mangée crue sous forme de «sashimi» et une quantité relativement faible de la production totale est consommée en potages ou grillée. La chair peut être servie comme sashimi si elle est gardée au frais moins de trois jours (le temps d'entreposage maximum réel dépend des conditions d'élevage et des traitements d'après récolte). L'abattage immédiat, le saignement complet, la découpe en filets ainsi que l'emballage et la réfrigération appropriés procurent un produit d'excellente qualité. Dans les magasins de vente au détail, la sériole du Japon est souvent vendue sous forme de filets, tandis que dans les supermarchés, des poissons entiers ainsi que les filets de poissons sont disponibles.
Coûts de production
En aquaculture, l'alevinage et l'alimentation représentent, touts les deux, la majeur partie du coût total de la production. Le prix des alevins de la sériole du Japon de 5 cm variait, en 2005, entre 50 et 100 Yens (0,43-0,85 USD). En moyenne, la moitié des dépenses totales annuelles des fermes piscicoles va aux aliments. Le taux de conversion alimentaire chez la sériole du Japon cultivée avec des poissons crus, est d’environ 7-8:1. Si l’on suppose un prix de poissons crus de 40 Yen/kg (0,34 USD/kg) et un taux moyen de survie de 80-90 pour cent, le coût total des alevins et des aliments est d’environ 400 Yen/kg (3,41 USD/kg) des poissons cultivés. Le prix du marché de la sériole du Japon varie largement, selon la disponibilité des poissons capturés, et dépend également de la taille à la récolte. Généralement, les poissons sauvages capturés rapportent plus que les poissons cultivés et les plus grands poissons jouissent du prix le plus élevé sur le marché. D'habitude, les sérioles du Japon cultivées pendant une saison (0,8-1,2 kg) valent 500 Yen/kg (4,27 USD); celles cultivées pendant 2 années (3,0-4,0 kg) coûtent 650 Yen/kg (5,54 USD); et celles qui ont 3 ans (7-8 kg) valent 800 Yen/kg (6,82 USD). Ce sont les prix de 2005.
Les problèmes des plus importantes maladies affectant la sériole du Japon sont cités dans le tableau ci-dessous.
Dans certains cas, des antibiotiques et d'autres produits pharmaceutiques ont été utilisés pour les traitements mais leur inclusion dans cette table n'implique pas une recommandation FAO.
Infection due à l'iridovirus connu aussi sous le nom Virus splenic (VSN) |
- |
Virus |
Cellules hypertrophiques anormales de la rate |
Elimination des poissons infectés |
Nécrose pancréatiqueethépatique de la sériole connue aussi comme virus de l’ascite chez la sériole à queue jaune (YAV) |
- |
Virus |
Alevins moribonds montrant une pâleur des branchies (anémie); Hémorragie au niveau du foie; ascites; et pétéchies sur les cæca pyloriques |
Elimination des poissons infectés |
Vibriose |
Vibrio anguillarum |
Bactérie |
Rougeur progressive des nageoires et de la peau; ulcération de la peau; nécrose musculaire extensive; hémorragie interne; activité réduite |
Administration par voie orale de drogues vétérinaires et antibiotiques sulfa; réduction de la densité de population dans les cages; surveillance quotidienne lors de l'alimentation; veiller à la bonne alimentation et aux bonnes conditions des poissons |
Pseudotuberculose |
Pasteurella piscicida |
Bactérie |
Formation de nodosités blanches sur les organes internes (rate, rein); lors d'une manifestation légère, ces symptômes peuvent ne pas apparaître; en cas de suspections, peuvent être diagnostiqués en utilisant des kits de diagnostic disponibles en vente |
Administration d'antibiotiques par voie orale; en raison du grand risque suite à la manifestation de cette maladie les pisciculteurs administrent des doses de médicament prophylactiques |
Streptococcose |
Streptococcus sp. |
Bactérie |
Hémorragie des branchies; ulcères des nageoires; ulcères en bas de la queue |
Administration d'antibiotiques par voie orale; réduire les densités dans les cages; distribuer des aliments de bonne qualité; éviter la suralimentation; enlèvement immédiat des poissons infectés |
Nocardioses |
Nocardia kampachi |
Bactérie |
Lésions enflées et ulcères sur la surface du corps; parfois des nodules sur les branchies |
Contrôle limité pour éviter l'introduction de poissons ou produits de pêches infectés |
Infections fungiques |
Ichthyosporidium sp. |
Champignons |
Affecte le système de circulation et autres organes du poisson; les signes cliniques sont apparents seulement quand la maladie est bien établie, ce qui peut inclure un changement dans l'apparence, déformation, émaciation, changement de la couleur et perte d'équilibre |
Aucun traitement efficace n'est disponible, quoiqu'une combinaison d'un traitement administré par voie orale et dans l'eau avec 2-phenoxyethanol a été recommandée; enlèvement immédiat des poissons infectés; suspendre l'alimentation avec des poissons crus ou produits dérivés de poissons crus |
Infection de ver plat |
Bendenia seriolae |
Trématode |
S'attache à la peau; sur l'endroit touché le poisson secrète un liquide visqueux et développe des ulcères quand le poisson frotte l'endroit infecté contre l'enclos; la peau s'écaille, dévoilant la chair |
Prévenir par l'immersion du stock dans de l'eau douce pendant 5 min, tous les 10-14 jours ou par l'immersion du stock dans de l'eau de mer aérée contenant 500 ppm du peroxyde d’hydrogène pendant 5-7 min |
Trématode |
Axine heterocerca |
Trématode |
Touche les branchies, ce qui peut causer une anémie fatale |
Peut être traitée avec divers médicaments ou en plaçant les poissons dans de l'eau salée (100‰) pendant 2 à 4 min |
En général, pour lutter contre les maladies, les pisciculteurs de la sériole du Japon doivent impérativement maintenir un environnement sain et, selon leur expérience, prévoir quand et quel type de maladie pourrait avoir lieu dans des conditions données. Si les conditions indiquent l'éventualité de manifestation d'une maladie épizootique, la densité de mise en charge peut être réduite et l'alimentation peut être diminuée. L'enlèvement des poissons morts est la première étape dans la prévention contre davantage de propagation de la maladie. Les poissons malades ainsi que ceux qui sont morts devraient être enlevés des enclos affectés. Les fermes piscicoles deviennent plus vigilantes quand la température de l'eau s'élève au-dessus du 28 ºC car les sérioles du Japon sont plus vulnérables aux maladies infectieuses dans de telles conditions.
Fournisseurs d'expertise en pathologie
Des avis et de l'assistance sur la pathologie chez la sériole du Japon peuvent être obtenus des sources suivantes:
- Professor Kenji Kawai, Fish Disease Laboratory, Faculty of Agriculture, Kochi University, Japan.
([email protected])