COMITÉ DES PRODUITS

RÉUNION CONJOINTE DE LA TRENTIÈME SESSION DU GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LES FIBRES DURES ET DE LA TRENTE-DEUXIÈME SESSION DU
GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LE JUTE, LE KÉNAF ET LES FIBRES APPARENTÉES

Rome, 7 - 9 décembre 1998

SITUATION ACTUELLE ET PERSPECTIVES À COURT TERME POUR LES FIBRES DURES, LE JUTE, LE KÉNAF ET
LES FIBRES APPARENTÉES


Table of Contents

I. INTRODUCTION

II. SISAL

III. JUTE, KÉNAF ET FIBRES APPARENTÉES

IV. ABACA

V. COCO

VI. POLYPROPYLÈNE


I. INTRODUCTION

1. La présente note, ainsi qu'un ensemble de statistiques (document CCP:HF 98/3-JU 98/3), a été préparée afin d'aider les délégués à examiner les faits nouveaux et les perspectives à court terme pour la production, le commerce et les cours du sisal, du jute et du kénaf, de l'abaca et du coco. En plus des informations sur ces fibres, le texte et les tableaux d'accompagnement donnent des renseignements sur les matières synthétiques qui leur font concurrence. Les délégués seront invités à fournir, lors de la réunion, des données supplémentaires sur la situation actuelle dans leur pays et sur les faits nouveaux concernant les marchés et les politiques qui ont une incidence sur les perspectives pour ces fibres.

II. SISAL

2. Les cours du sisal africain se sont raffermis en 1998 malgré une légère reprise de la production, ce qui reflète le maintien d'une vive demande pour les filés de qualité utilisés dans la fabrication de tapis et autres applications tissées. Le prix de la qualité UG de la fibre africaine a atteint 850 dollars E.-U. la tonne au deuxième semestre de 1998, soit un peu moins que le prix indicatif de 860 dollars recommandé par le Groupe intergouvernemental sur les fibres dures à sa vingt-neuvième session en 1996. La fibre brésilienne s'est moins bien tenue sur le marché, les prix de la fibre No3 faiblissant de 600 dollars E.-U. la tonne au début de l'année à 580 dollars en septembre et octobre, nettement en dessous du prix indicatif de 630 dollars. La demande de ficelle agricole, principal débouché de cette fibre, a continué à faiblir et l'offre de fibre est restée abondante.

3. La demande de ficelle agricole en sisal a baissé en Europe en 1998 du fait de la concurrence accrue de la ficelle synthétique. Les ventes en Europe en particulier ont été réduites par une campagne de fenaison médiocre. Ces facteurs ont absorbé tous les effets positifs sur le marché qui auraient pu résulter de la réduction des taxes appliquées par la Communauté européenne sur les importations de ficelle de sisal, surtout les expéditions en provenance du Brésil, de 25 à 12 pour cent en novembre 1997. Le marché de la ficelle agricole aux Etats-Unis est toutefois resté plus ferme qu'en Europe.

4. La production mondiale de sisal a légèrement augmenté en 1998 et aurait atteint 250 000 tonnes. En Tanzanie, en particulier, l'achèvement de la privatisation de l'ex-Office tanzanien du sisal a encouragé les investissements dans la remise en état et les replantations, ce qui devrait encore relancer la production dans les années à venir. Une légère augmentation de la production a également été enregistrée au Kenya, mais au Brésil la récolte a été inférieure.

5. Les exportations de fibres et d'articles manufacturés en sisal se sont légèrement rétablies en 1998, la hausse des expéditions de fibre et de cordage en provenance d'Afrique de l'Est compensant largement la réduction des envois du Brésil.

III. JUTE, KÉNAF ET FIBRES APPARENTÉES

6. Les perspectives de baisse de la récolte pendant la campagne 1998/99 ont entraîné une légère reprise des cours mondiaux à l'exportation du jute brut en 1998. Les cours de la qualité BWD des fibres au départ des ports du Bangladesh sont passés de 240 dollars E.-U. en février, niveau le plus bas depuis décembre 1994, à 280 dollars E.-U. en octobre 1998. La moyenne pour la campagne 1997/98, à 257,80 dollars E.-U., est restée plus de 30 pour cent en dessous du niveau de la campagne précédente, et bien en deçà de la limite inférieure de la fourchette des prix indicatifs de 450 dollars E.-U + 30 dollars E.-U. convenue à la trente et unième session du Groupe intergouvernemental sur le jute, le kénaf et les fibres apparentées en novembre 1997. Les prix à l'exportation de certains produits en jute, en particulier du Bangladesh, ont aussi marqué une reprise pendant les premiers mois de la campagne en cours.

7. Selon les estimations, la production mondiale de jute, de kénaf et de fibres apparentées baissera d'environ 23 pour cent en 1998/99 par rapport aux niveaux records de la campagne précédente. La faiblesse des prix à l'époque des semis a entraîné une réduction de la superficie plantée, et les conséquences de cette réduction ont encore été renforcées par les inondations dans les grands pays producteurs de jute au moment de la récolte. La superficie plantée en jute au Bangladesh et en Inde, qui sont les deux grands pays producteurs, a été respectivement de 31 et de 10 pour cent inférieure à celle de la campagne précédente. La production au Bangladesh a chuté de 42 pour cent et celle de l'Inde de 15 pour cent. La production en Thaïlande est restée à peu près au niveau de l'année précédente, tandis que la récolte en Chine a baissé d'environ 20 pour cent.

8. Les exportations mondiales de jute, de kénaf et de fibres apparentées ont augmenté de quelque 18 pour cent en 1997/98 et ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 1990. La Chine a importé environ 180 000 tonnes en 1998, ce qui en a fait le principal importateur pour la deuxième année consécutive. Une réduction de l'offre intérieure imputable aux dégâts provoqués par les inondations a contribué à cette importante demande. Le Pakistan a importé 80 000 tonnes, volume égal à celui de la campagne précédente, tandis que les pays d'Afrique ont profité de la faiblesse des prix et augmenté leurs achats.

9. L'abondante production de fibre en 1997/98 a entraîné l'accumulation de stocks pendant cette campagne, malgré une augmentation de la consommation industrielle. Les stocks totaux ont augmenté de plus d'un tiers, soit l'équivalent de 38 pour cent de la consommation des filatures, contre 27 pour cent pendant la campagne précédente. Les stocks de fibre au Bangladesh ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 1990 et ceux de l'Inde ont augmenté de 20 pour cent. La consommation industrielle totale dans les principaux pays producteurs a augmenté de 5 pour cent en 1997/98 pour atteindre 2,3 millions de tonnes, dont près de 1,7 million de tonnes pour l'Inde, niveau record et environ la moitié de la production mondiale.

10. Les exportations mondiales de jute, de kénaf et de fibres apparentées pourraient chuter en 1998/99 par rapport à leur niveau élevé de la campagne précédente. Les prix à l'exportation du jute brut ne devraient toutefois pas se raffermir beaucoup dans un proche avenir, vu l'importance des stocks de report.

IV. ABACA

11. Le déclin des prix à l'exportation de l'abaca, amorcé depuis le début de 1997, s'est poursuivi jusqu'en août 1998, ce qui s'explique par la dévaluation du peso philippin et l'augmentation de l'offre en 1998. Le prix indicateur (moyenne des trois qualités S2, G et JK) a baissé pendant cette période de 170 dollars E.-U. la balle en janvier 1997 à 127 dollars E.-U. la balle en octobre 1998, juste en dessous de la limite inférieure de la fourchette des prix indicatifs de 128 à 185 dollars E.-U. recommandée par le Groupe intergouvernemental sur les fibres dures en septembre 1996.

12. La production mondiale d'abaca en 1998 a augmenté d'environ 7 000 tonnes pour atteindre 84 000 tonnes. La production des Philippines, qui est de loin le pays producteur le plus important, a augmenté de quelque 9 pour cent à 72 500 tonnes, et la production de l'Equateur a également augmenté.

13. Les exportations mondiales d'abaca (fibre plus articles manufacturés, en équivalent fibre) sont passées en 1998 à environ 75 000 tonnes, hausse conforme à la production. Les expéditions de fibre sont restées plutôt atones, tandis que celles de pâte, d'articles manufacturés et de cordage ont donné quelques signes de reprise. Le déclin des exportations vers l'Europe a été compensé par une augmentation des expéditions vers le Japon, ainsi que vers les Etats-Unis.

V. COCO

14. La production de fibre brune de coco et de filés de coco a continué à augmenter, dominée, dans les deux cas, par la production destinée en grande partie à la consommation interne en Inde. La production mondiale de fibre brune a atteint quelque 207 000 tonnes en 1997, et elle a encore augmenté en 1998. La production de fibre brune a augmenté à Sri Lanka en 1997 et 1998, ce qui est une inversion de la tendance antérieure. La production de filés de coco, imputable presque en totalité à l'Inde, a atteint 228 000 tonnes en 1997 et semble avoir encore augmenté en 1998.

15. Les exportations mondiales de fibres de coco, dominées par Sri Lanka, se sont légèrement rétablies en 1998 pour atteindre quelque 60 000 tonnes, mais elles sont restées inférieures au niveau des années précédentes. Les exportations de filés de coco ont augmenté en 1998 à plus de 21 000 tonnes, mais elles ont tout jute retrouvé leur niveau du début des années 90.

VI. POLYPROPYLÈNE

16. Les prix du polymère de polypropylène, matière première des produits synthétiques qui concurrencent les fibres naturelles non destinées à l'habillement, ont chuté en 1998 à cause d'un tassement de la demande pour de nombreuses applications, associé à la faiblesse des prix du pétrole. Les cours du polypropylène qualité raphia en l'Europe de l'Ouest au troisième trimestre de 1998 étaient de 586 dollars E.-U. la tonne, soit 22 pour cent de moins qu'au premier trimestre. La faiblesse des prix du polypropylène rend le jute moins compétitif, malgré la baisse du prix de ce dernier. Le sisal a également perdu de sa compétitivité sur le marché de la ficelle agricole, car le prix de la ficelle de polypropylène a diminué, en particulier en Europe.