COMITÉ DE L'AGRICULTURE

Quinzième session

Rome, 25 - 29 janvier 1999, Salle Rouge

AGRICULTURE URBAINE ET PÉRIURBAINE

Point 9 de l'ordre du jour provisoire

Table des mati�res


I. AVANT-PROPOS

1. On trouvera ci-après une série d'extraits de déclarations qui illustrent l'importance de l'agriculture urbaine et périurbaine, ainsi que les espérances qu'elle fait naître et les problèmes qu'elle suscite. Ces déclarations sont tirées d'un rapport du PNUD sur la deuxième réunion internationale des maires sur la bonne gestion des affaires publiques, intitulé The Second International Colloquium of Mayors on Governance for Sustainable Growth and Equity (PNUD, Nations Unies, New York, 1997).

"Le succès de l'agriculture urbaine repose sur deux facteurs d'importance: la disponibilité de terres publiques non bâties, même au centre-ville, et la demande de la population qui souhaite y cultiver des produits alimentaires" (Mme Rey, Adjoint au Maire de La Havane)

"La qualité de l'agriculture urbaine est fondamentalement tributaire de l'existence de services de vulgarisation et de conseils agricoles destinés aux producteurs, notamment d'une assistance pour choisir les cultures" (M. Iga, Maire de Kampala)

"Les produits sont commercialisés sur les marchés publics et sont en concurrence avec les biens d'importation vendus dans les supermarchés. Par conséquent, grâce à l'agriculture urbaine, nous appuyons une mondialisation sans exclusion sociale. Les prêts de quelques milliers de dollars accordés par les autorités locales sont remboursés en deux, trois ou quatre mois; les pouvoirs publics dispensent une formation, assurent le suivi et la promotion. Les organismes internationaux doivent reconnaître cette action qui doit servir de modèle pour renforcer l'autosuffisance alimentaire locale, et qui s'accompagne de toute une gamme d'avantages socio-économiques" (M. Buarque, Gouverneur du district fédéral de Brasilia)

"Les pouvoirs publics hésitent à se montrer plus dynamiques en matière d'agriculture urbaine car c'est pour beaucoup la preuve de leur incapacité à traiter le développement rural de façon adéquate. L'agriculture urbaine désorganise complètement l'aménagement et la gestion du territoire urbain, ce qui retarde le développement et la rénovation des villes" (M. Mwale, Maire de Lusaka)

"L'agriculture, qu'elle soit pratiquée en milieu urbain ou rural, relève des compétences du gouvernement et, actuellement, l'administration locale ne peut agir de sa propre initiative que de façon limitée " (M. Rahael, Maire de Port of Spain)

2. Le présent document passe en revue les principales questions touchant l'agriculture urbaine et périurbaine qui sont décisives pour le mandat de la FAO dans les Etats membres. Il s'agit notamment de parvenir à:

3. L'avis du Comité de l'agriculture (COAG) est sollicité sur la façon dont la FAO devrait organiser ses efforts pour apporter une réponse aux questions concernant l'agriculture urbaine et périurbaine, le type d'orientation et d'assistance technique en la matière devant être fourni aux Etats membres, ainsi que pour déterminer les moyens à utiliser.

Même s'il n'existe pas encore de définition universellement acceptée de l'agriculture urbaine et périurbaine (AUP), abréviation de référence retenue dans ce document, sauf dans les cas où il sera indispensable de faire la distinction entre l'une et l'autre), on entend par celle-ci les pratiques agricoles dans les villes et autour des villes qui utilisent des ressources (terre, eau, énergie, main-d'œuvre) pouvant également servir à d'autres usages pour satisfaire les besoins de la population urbaine. L'AUP comprend diverses composantes importantes: l'horticulture1, l'élevage, la production laitière et fourragère, l'aquaculture et la foresterie. Par conséquent, pour des raisons de présentation et sauf indication contraire, le terme AUP doit être considéré comme englobant toutes ces activités.

4. L'expérience montre que l'agriculture peut constituer une réponse pertinente (ce qu'elle est déjà) aux changements démographiques, économiques et à ceux relatifs à l'utilisation des terres, à condition qu'elle innove dans la façon de subvenir aux besoins de la population urbaine et qu'elle redécouvre les modes traditionnels de le faire. Les activités agricoles, piscicoles et forestières ont trouvé un "créneau" dans le paysage urbain et périurbain. Il va de soi que toutes les productions et toutes les activités ne se prêtent pas à tous les lieux, mais vraisemblablement certaines d'entre elles subsisteront et continueront à se développer en zone urbaine. Au fil du temps, la perception de l'agriculture urbaine et périurbaine (AUP) pourrait évoluer; la vision du passé qui évoque des activités précaires et de crise pourrait s'effacer au profit d'une image représentant des activités acceptées et utiles. Cela dépendra de la capacité des décideurs et des habitants des villes à trouver une réponse aux préoccupations exposées dans ce document.

II. GÉNÉRALITÉS

A. TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES

5. Actuellement, la population mondiale de 5,9 milliards de personnes se partage plus ou moins de façon égale entre villes et campagnes et il est prévu qu'aux environs de l'année 2005, le nombre d'habitants des zones urbaines dépasse celui des zones rurales. L'urbanisation se manifeste de façon différente selon les régions. En Amérique du Nord, en Amérique latine et en Europe, un peu plus des trois quarts de la population vit en milieu urbain, tandis qu'en Asie et en Afrique, cette proportion est à peine supérieure à un tiers de la population.

6. Jusqu'à une date récente, la pauvreté était synonyme de vie rurale, mais l'urbanisation rapide de nombreux pays en développement a fait naître une importante classe urbaine pauvre. La population urbaine mondiale devrait doubler d'ici 30 ans, mais le nombre de pauvres en zone urbaine devrait augmenter beaucoup plus vite. Selon des estimations de la Banque mondiale, le nombre de personnes vivant en milieu urbain dans une situation de pauvreté absolue devrait passer, au cours des années 90, de 400 millions à un milliard. Le PNUD estime qu'il y aura un accroissement de 76 pour cent des urbains pauvres et une diminution des ruraux pauvres sur cette même période. Les estimations fondées sur l'état de santé et les conditions environnementales indiquent que, dans les villes, environ 600 millions de personnes vivent dans des conditions d'insalubrité. Par conséquent, dans la mesure où l'Afrique et certaines régions d'Asie s'urbaniseront de plus en plus dans les 25 prochaines années, la pauvreté urbaine et l'insécurité alimentaire risquent de s'aggraver si des mesures ne sont pas prises.

7. L'expansion des villes est dictée par la croissance économique et/ou par les migrations des zones rurales vers les zones urbaines et périurbaines, dans la mesure où les occasions d'emploi dans le secteur agricole et rural diminuent progressivement ou ne suivent pas le même rythme que l'accroissement démographique. Dans certains cas, d'autres facteurs ont contribué à améliorer l'expansion urbaine, tels que troubles sociaux, catastrophes naturelles (sécheresse), manque de services éducationnels et médicaux en milieu rural. Par zone périurbaine, on entend les secteurs situés aux abords immédiats d'une ville et qui sont à bien des égards intégrés à la ville. Ces zones connaissent également des taux de croissance élevés et accueillent jusqu'à 70 pour cent des migrants venant des campagnes, ainsi que des personnes venant de la ville même.

B. CONSÉQUENCES DE L'ACCROISSEMENT DÉMOGRAPHIQUE SUR LES ZONES URBAINES ET PÉRIURBAINES

8. Un défi important est celui de l'approvisionnement des habitants des villes en aliments sains et adéquats au plan nutritif, dans un contexte d'accroissement démographique et de pénurie d'espace. Pour le relever, il faut que les décideurs sachent intégrer la gestion des ressources et les efforts de planification, comprennent les liens potentiels entre zones rurales et zones urbaines et prévoient l'évolution des besoins de la population urbaine et rurale des pays. Le succès de l'AUP peut s'expliquer en partie par son adaptabilité et sa mobilité par rapport à l'agriculture rurale. Au fur et à mesure que les villes s'étendent, les frontières entre activités urbaines, périurbaines et rurales s'estompent; celles-ci fusionnent progressivement, offrant ainsi des possibilités de liens profitables.

C. AGENCEMENT DE CE DOCUMENT

9. Compte tenu de l'incidence qu'elles auront sur les villes du XXIe siècle, les questions abordées dans l'avant-propos de ce document sont de la plus haute importance pour les administrations locales et nationales et pour les organismes internationaux. Ces questions seront donc traitées, mais ne peuvent être totalement réglées. Le présent document commence par décrire brièvement les activités passées et présentes de la FAO dans le domaine de l'AUP, ainsi que celles d'autres organisations internationales. Il expose ensuite les principales caractéristiques de l'AUP telles qu'elles sont perçues aujourd'hui, ainsi que les conséquences de celle-ci, notamment les avantages et les risques, pour les consommateurs, les producteurs et les sociétés urbaines. On trouvera également les différentes étapes nécessaires au traitement des questions mentionnées ci-dessus, ainsi que les possibilités de contribution de la FAO à l'effort général pour y apporter une réponse. En conclusion, le document présente au Comité de l'agriculture (COAG) une proposition concernant l'orientation future de la FAO en matière d'agriculture urbaine et périurbaine.

III. EFFORTS INTERNATIONAUX EN MATIÈRE D'AGRICULTURE URBAINE ET PÉRIURBAINE

10. La FAO œuvre dans le domaine de l'AUP par le biais des initiatives ciblées des programmes ordinaires des différentes unités techniques, de l'assistance technique - en particulier en milieu périurbain - et de la participation aux forums internationaux. Même si elle ne s'est pas encore fixé une approche globale par programme pour aborder l'AUP, elle a toutefois fourni d'importants apports techniques grâce à des programmes spécifiques.

11. La FAO s'occupe d'AUP au travers des programmes suivants: Sous-programme AGA sur les systèmes de production périurbains sur la production et la santé animales et la santé publique vétérinaire (AGAP/AGAH); Programme d'approvisionnement et de distribution alimentaires dans les villes (AGSM); Programme d'horticulture périurbaine (AGPC); Programme de foresterie urbaine et périurbaine (FORC). Dans le cadre d'initiatives séparées, la FAO a étudié les activités agricoles menées à proximité des villes par le biais d'études de cas et a fourni un appui en matière de politiques et une assistance technique. Elle a ainsi commencé à créer une base d'informations sur les caractéristiques de l'AUP. En reconnaissance des interactions entre disciplines, cela fait plusieurs années que tous les départements techniques ont constitué un groupe de travail informel.

12. En dehors de la FAO, l'AUP est de plus en plus reconnue par les responsables de la formulation des politiques et par les ONG. Le Groupe de soutien de l'agriculture urbaine a été mis en place en 1992 et l'Initiative mondiale en faveur de l'agriculture urbaine en 1996. A cette dernière initiative participent les principaux bailleurs de fonds et organismes internationaux (PNUD, CRDI, FAO, Banque mondiale, GTZ, NRI, ETC et quelques autres). Les autres organismes des Nations Unies concernés à des degrés divers incluent le HCR, l'UNICEF, l'OMS et la CNUEH 2. Il existe également un réseau de seize pays latino-américains (AGUILA) qui échangent des informations sur l'AUP; d'autres réseaux ont été mis sur pied, ou sont sur le point de l'être, en Afrique de l'Ouest, en Asie du Sud-Est et en Europe. Une organisation à but non lucratif, appelée The Urban Agriculture Network, a été créée aux Etats-Unis, en 1993; elle effectue des travaux de recherche et s'occupe de promouvoir l'AUP dans le monde entier. De nombreuses organisations de la société civile (par exemple, CARE, SAVE, Oxfam, Heifer Institute) appuient l'AUP en participant à des projets locaux dans plusieurs villes dans les pays en développement et les pays industrialisés. Enfin, un nombre croissant d'universités proposent des cursus d'étude en agriculture urbaine et périurbaine.

IV. CARACTÉRISTIQUES DE L'AGRICULTURE URBAINE
ET PÉRIURBAINE

L'agriculture urbaine, telle que nous l'envisageons ici, se réfère à de petites superficies (par exemple, terrains vacants, jardins, vergers, balcons, récipients divers) utilisées en ville pour cultiver quelques plantes et élever de petits animaux et des vaches laitières pour une consommation personnelle ou des ventes de proximité. Par agriculture périurbaine, nous entendons des unités agricoles proches de la ville qui gèrent des exploitations intensives commerciales ou semi-commerciales en pratiquant l'horticulture (légumes et autres cultures), l'élevage de volailles et d'autres animaux, pour la production de lait et d'œufs.

13. L'agriculture urbaine et périurbaine est pratiquée dans le monde entier à l'intérieur des limites administratives des villes ou aux alentours de celles-ci. Elle permet d'obtenir des produits provenant de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche et de la foresterie. Elle comprend également les produits forestiers autres que le bois, ainsi que les fonctions écologiques de l'agriculture, de la pêche et de la foresterie. Souvent, de multiples systèmes d'exploitation agricole et horticole existent déjà dans les villes et à proximité.

14. Le territoire compris dans les limites administratives des villes diffère considérablement selon les pays et peut être plus ou moins bâti. De même, on peut trouver autour des villes des zones "périurbaines" dont la densité de population est faible ou élevée. La distinction entre "urbain" et "périurbain" dépend de la densité démographique, du type de terres et de leur mode d'utilisation, autant de facteurs qui détermineront les contraintes et les potentialités pour pratiquer l'agriculture.

15. La "foresterie urbaine et périurbaine" a des fonctions déterminantes pour l'environnement, en plus de celles concernant la production de certains produits alimentaires ou non. Les multiples avantages de ce type d'activités forestières ne peuvent être totalement mis en lumière dans le cadre de cette étude, mais ils seront brièvement décrits pour une meilleure compréhension. Une stratégie d'intégration totale entre la production agricole urbaine et périurbaine et la foresterie urbaine et périurbaine pourrait être élaborée conjointement avec le Comité des forêts (COFO).

16. Ce qui rapproche toutes les activités mentionnées ci-dessus - et ce qui les sépare parfois de l'agriculture rurale - est le fait qu'elles sont réalisées à proximité de grands établissements humains, donnant ainsi lieu à la fois à des potentialités et à des risques. Les potentialités incluent:

Parmi les risques possibles, on peut citer:

17. La contribution de l'agriculture et de la foresterie urbaines et périurbaines au bien-être des habitants des villes est tributaire de la capacité à tirer parti des potentialités citées ci-dessus et à suivre et contrôler les risques. Il est essentiel de définir les cas où l'agriculture urbaine (AU) ou l'agriculture urbaine et périurbaine (AUP) est comparativement plus avantageuse que l'agriculture rurale. L'ampleur de la production, le type de produit ou de service fourni et les alternatives disponibles sont autant de facteurs qui détermineront cet avantage comparatif. En général, on parle d'avantage comparatif lorsque les conditions de l'offre ou celles de la demande permettent à l'agriculture urbaine ou périurbaine de mieux servir le marché urbain en fournissant un bien qui sans elle ne serait pas disponible, ou en le produisant à un coût inférieur, y compris le coût pour l'environnement. L'AU et l'AUP comblent un vide critique lorsque les infrastructures rurales sont limitées ou encore lorsque les réseaux de distribution de la production agricole sur les marchés sont inadéquats. Néanmoins, le développement de l'AUP ne doit pas se faire au détriment de l'agriculture rurale, mais se concentrer sur les activités pour lesquelles il y a un avantage comparatif, telles que la production de produits frais et de denrées alimentaires périssables. La production rurale décentralisée est également essentielle pour l'alimentation urbaine.

V. QUELQUES ASPECTS DE L'AGRICULTURE URBAINE
ET PÉRIURBAINE

A. CONSOMMATEURS: DES ALIMENTS SAINS ET ADÉQUATS
AU PLAN NUTRITIF

18. Lorsque l'AUP est pratiquée dans de bonnes conditions d'hygiène, elle peut contribuer à la sécurité alimentaire de trois façons.

19. En premier lieu, tant l'AU que l'AUP permettent d'accroître la quantité d'aliments disponibles. Souvent, la population urbaine pauvre a un pouvoir d'achat insuffisant pour acquérir assez de produits alimentaires. L'agriculture urbaine semble en mesure de réduire l'insécurité alimentaire car elle fournit aux ménages et au marché informel un accès direct à la nourriture par le biais de la production familiale. En effet, l'essentiel de la production de l'AU est destinée à la consommation du ménage et les excédents occasionnels sont vendus sur le marché local. Même pour les personnes ayant peu ou pas de terre, l'horticulture à temps partiel peut apporter des aliments et un revenu. Les cultures hydroponiques ou les cultures de substrat en couches simples et populaires peuvent produire des légumes nutritifs de grande valeur sur des superficies ne dépassant pas le mètre carré.

20. Il semble également que l'agriculture urbaine améliore la sécurité alimentaire en période de crise et de disette grave. Qu'elle soit le résultat d'une crise dans le pays (troubles civils, sécheresse généralisée, dévaluation de la monnaie, incapacité à importer, etc.) ou d'une crise du ménage (maladie, problème de santé, perte d'emploi, etc.), l'agriculture urbaine joue un rôle important dans la mesure où elle fournit des réserves alimentaires d'urgence.

21. En deuxième lieu, grâce à l'AUP, les denrées alimentaires périssables qui arrivent aux consommateurs urbains sont beaucoup plus fraîches, ce qui permet, dans l'ensemble, de disposer d'une plus grande variété d'aliments et d'une nourriture à valeur nutritive supérieure. Même si les résultats ne sont pas universels, des études de cas font état de différences en termes de nutrition, en particulier pour les enfants, lorsque les familles urbaines pauvres pratiquent l'agriculture. Cela peut être attribué en grande partie au fait que les denrées alimentaires produites par les consommateurs eux-mêmes ou à proximité de leur domicile sont souvent plus fraîches que celles qui ont été transportées sur de longues distances avant d'arriver sur les marchés.

22. En troisième lieu, l'AUP offre des possibilités d'emploi dans un secteur facile d'accès. Selon les estimations, dans le monde entier, quelque 800 millions d'urbains sont impliqués dans l'AUP, que ce soit pour se procurer des revenus et/ou pour produire de la nourriture. A partir d'une série de données émanant de recensements nationaux, d'enquêtes sur les ménages et de projets de recherche dans des villes spécifiques, on a pu estimer qu'entre un quart et deux tiers des ménages urbains et périurbains sont engagés dans des activités agricoles. L'agriculture urbaine est souvent pratiquée à temps partiel par les femmes, qui sont en mesure de concilier les activités agricoles avec la garde des enfants et leurs obligations familiales. Des études de cas montrent que le niveau des disponibilités alimentaires et des revenus est bien supérieur dans les ménages pauvres pratiquant l'agriculture par rapport à ceux qui n'en font pas. Il est intéressant de noter que les ménages urbains ayant des activités horticoles sont généralement, non pas les habitants les plus pauvres, mais ceux qui habitent depuis suffisamment de temps en ville; ils ont pu trouver des terres et de l'eau et se sont familiarisés avec les créneaux commerciaux pour vendre leur production excédentaire.

23. On ne dispose pas d'estimations séparées distinguant l'emploi agricole périurbain et urbain. Dans les deux cas, les méthodes agricoles employées ont été adaptées aux conditions urbaines en fonction du type de production et elles sont souvent appliquées en ayant recours à un capital supérieur et/ou à une main-d'œuvre plus intensive que dans les zones rurales. L'activité horticole et animale intensive qui prospère dans les zones périurbaines emploie des ouvriers et donne des produits à haute valeur ajoutée, permettant d'obtenir des revenus et des bénéfices acceptables. En particulier, l'élevage commercial périurbain est un secteur en pleine expansion qui assure, dans le monde entier, 34 pour cent de la production totale de viande et près de 70 pour cent de la production d'œufs. Il se conjugue à une expansion des activités de transformation alimentaire dans les zones périurbaines.

B. PRODUCTEURS: L'EFFICACITÉ DES MÉTHODES D'APPROVISIONNEMENT

24. Les conséquences de l'agriculture urbaine et périurbaine sur l'efficacité de la production agricole et forestière sont variables pour diverses causes. Une économie des coûts est possible du fait de la proximité des consommateurs et donc des exigences moindres en termes d'ampleur et de prix des infrastructures de transport et de conservation des denrées périssables. En outre, la qualité des approvisionnements est supérieure en raison d'une plus grande sensibilité aux préférences des consommateurs et d'une plus grande disponibilité des produits ne pouvant pas être obtenus par le biais des producteurs ruraux, par exemple, le bois de feu.

25. Pourtant, en dépit d'une telle efficacité potentielle, l'idée dominante est que les zones urbaines et périurbaines ne sont pas aptes à l'agriculture. Il existe un problème de concurrence pour les ressources (terre, eau, main-d'œuvre et énergie) et d'incompatibilité des utilisations (mauvaises odeurs, bruit, autres pollutions). Certes, nombre de ces problèmes se retrouvent dans le secteur agricole rural, mais deux aspects fondamentaux les rendent plus aigus en milieu urbain: la proximité d'une population plus importante et le fait que la base de ressources naturelles est déjà soumise à de fortes pressions. En l'absence d'une gestion et d'une surveillance appropriées des ressources, la société risque de subir les effets négatifs de l'AUP en termes d'environnement et de santé.

26. Dans nombre de pays en développement, l'horticulture, en particulier la production de légumes, a pris de l'ampleur dans les villes et aux alentours en tant qu'activité informelle pratiquée par les habitants pauvres et sans terre. Grâce à la grande diversité des espèces horticoles, il est possible, toute l'année, d'avoir une production, un emploi et des revenus. Les personnes qui pratiquent cette activité ont réalisé que l'horticulture intensive peut être conduite sur des petits lopins de terre, en utilisant efficacement les ressources limitées en eau et en terre. Contrairement aux autres cultures vivrières, les espèces horticoles ont un potentiel productif considérable et peuvent fournir jusqu'à 50 kg de produits frais par m2 et par an selon les techniques utilisées. Par ailleurs, elles ont un cycle court de végétation et peuvent donc représenter une solution rapide pour satisfaire les besoins alimentaires d'urgence (plusieurs espèces peuvent être récoltées entre 60 et 90 jours après les semis). Les légumes à feuilles permettent de gagner rapidement de l'argent et d'acheter des aliments pour la famille. Ils sont particulièrement périssables et les pertes après récolte peuvent être considérablement réduites lorsque les consommateurs sont proches du lieu de production.

27. De plus, les producteurs urbains se révèlent réellement efficaces pour utiliser de façon productive des ressources sous-exploitées, telles que terrains vacants, eaux résiduaires traitées, déchets recyclés et main-d'œuvre inoccupée. La productivité peut être 15 fois plus importante par unité de surface que celle de l'agriculture rurale. Néanmoins, les rendements souffrent souvent d'une quantité inférieure ou insuffisante d'intrants, d'une utilisation de variétés mal adaptées, d'une mauvaise gestion de l'eau et d'un manque de connaissances agricoles.

28. Les activités agricoles urbaines relient la production agricole aux petites entreprises, par exemple les étals des vendeurs des rues, les points de vente de lait frais et de maïs grillé. Aujourd'hui, certains agriculteurs urbains et périurbains se tournent vers la production intensive à haute valeur ajoutée plutôt que vers les denrées alimentaires de base. Cette production peut devenir une source importante de revenus pour les personnes ayant la possibilité d'investir.

29. Dans l'agriculture urbaine et périurbaine, le degré de transformation après récolte dépend du type de production. En ce qui concerne l'horticulture périurbaine, la transformation est habituellement minime et le produit est fourni tel quel au consommateur, à la semaine. La croissance de la production horticole périurbaine peut notamment s'expliquer par les faibles exigences, par rapport à la production alimentaire provenant des zones rurales, en termes d'infrastructures de stockage, de réfrigération et de transport. En revanche, la production animale périurbaine donne lieu à des activités considérables de transformation.

30. Les agriculteurs urbains qui produisent pour leur propre consommation et pour le voisinage ont souvent recours à des techniques de transformation et de stockage à faible coefficient d'intrants. On estime ainsi à 90 pour cent les ménages engagés dans l'agriculture urbaine qui conservent et stockent une partie de leur production. Néanmoins, en ce qui concerne la vente sur le marché (y compris les aliments vendus sur la voie publique), les quantités pouvant être produites et fournies sans avoir recours aux infrastructures de transport, de distribution et de commercialisation sont limitées. Un appui sous forme de microcrédit pour le stockage et la réfrigération pourrait grandement modifier le potentiel de revenu des agriculteurs urbains. L'innocuité des aliments commercialisés par les vendeurs ambulants, fortement dépendants de la production vivrière urbaine et périurbaine, s'en verrait ainsi améliorée.

VI. LA DURABILITÉ DE L'ENVIRONNEMENT URBAIN
POUR LA SOCIÉTÉ

31. On s'est interrogé sur la contribution de l'AUP à la durabilité de l'environnent urbain, à savoir sur la possibilité de conserver la quantité et la qualité des ressources naturelles urbaines. En effet, les ressources de base (terre, eau) nécessaires à la production agricole concurrencent les autres besoins prioritaires des villes (utilisation de l'eau à des fins industrielles ou de consommation, construction d'infrastructures, etc.). La production vivrière dans les villes et alentours comporte des risques mais offre aussi la possibilité d'améliorer l'environnement urbain à condition que cette production et la foresterie soient bien gérées. La durabilité à long terme de l'agriculture urbaine et périurbaine est conditionnée par la capacité des agriculteurs et des fonctionnaires urbains à exploiter les avantages de l'environnement tout en réduisant les problèmes et en trouvant les moyens de garantir aux producteurs l'accès à la terre. Une évaluation exhaustive des incidences de l'AUP s'impose avant la mise en application de politiques et de directives.

32. Une gestion optimale des ressources urbaines et périurbaines passe nécessairement par un aménagement du territoire basé sur l'intégration de l'agriculture dans le système des ressources naturelles urbaines et sur l'équilibrage des interactions et des synergies concurrentielles des utilisateurs de ces ressources (eau, terre, air, déchets). Une gestion appropriée donnera divers avantages, tels qu'un meilleur fonctionnement hydrologique grâce à la conservation des sols et des eaux, des améliorations microclimatiques, la suppression des coûts liés à l'évacuation des déchets urbains recyclés (eaux usées et déchets solides), une plus grande diversité biologique et des espaces verts plus intéressants du point de vue récréatif et esthétique.

33. Les risques pour la santé et l'environnement des systèmes de production agricole en zone urbaine et périurbaine sont dus à une utilisation inappropriée ou excessive des intrants agricoles (pesticides, azote, phosphore, matières organiques brutes contenant des résidus indésirables comme des métaux lourds). Ceux-ci peuvent s'infiltrer ou s'écouler dans les sources d'eau potable, contaminer les sols et les eaux par des micro-organismes, y compris des organismes pathogènes, polluer l'atmosphère (par exemple, le gaz carbonique et le méthane des matières organiques, l'ammoniaque, l'oxyde azoteux et l'oxyde d'azote provenant des nitrates) et déranger à cause des mauvaises odeurs. En particulier, la production (notamment les légumes à feuilles) peut être contaminée par un excès de pulvérisation de produits chimiques. En outre, des zoonoses et des problèmes de santé publique vétérinaire peuvent apparaître à cause de l'application de méthodes de production animale intensive sans espace et matériel adéquats.

34. Aucun de ces problèmes n'est spécifique à la production urbaine et périurbaine: ils peuvent également être le résultat d'une gestion agricole non appropriée dans les zones rurales. Il faut ajouter que l'agriculture urbaine est pratiquée sur de petites unités de production qui peuvent ne pas présenter individuellement de problèmes et qui ne sont pas sujettes aux contrôles ou aux restrictions environnementales. En revanche, des problèmes pourraient survenir sur la base d'un phénomène cumulatif.

35. L'accès à des ressources adéquates en terre et en eau est déterminant pour l'intégration de l'agriculture urbaine et périurbaine dans l'environnement urbain. Les possibilités d'intégration réussie sont à la fois proclamées et largement mises en doute. Les différents aspects du problème sont présentés ci-après en détail.

36. Les eaux résiduaires traitées et recyclées constituent la source d'eau la plus viable pour l'AUP. Les directives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) précisent les niveaux de traitement nécessaires à des fins agricoles. La FAO a participé à la promotion de l'utilisation sans danger des eaux usées urbaines recyclées pour l'horticulture (floriculture et culture d'espèces fruitières). Elle a également été associée à des projets urbains en zone aride et semi-aride où les eaux usées sont employées pour irriguer les plantations forestières destinées à lutter contre la désertification et à fournir du bois de feu.

37. En 1992, la FAO estimait que, dans la mesure où les effluents d'eaux usées domestiques subissent un traitement approprié pour leur réutilisation agricole, ils peuvent apporter tout l'azote et une bonne partie du phosphore et du potassium normalement requis pour la production agricole. La lentille d'eau, un macrophyte flottant utilisé pour nettoyer les eaux usées, peut être transformée en aliment de haute qualité pour l'aviculture et la pisciculture (Banque internationale pour la reconstruction et le développement - BIRD). Le fumier brut provenant de l'élevage de poules et de bétail est souvent utilisé pour améliorer la fertilité et la composition des sols. Ces pratiques comportent certains dangers pour la santé mais, lorsqu'elles sont bien menées, les risques sont réduits et les déchets peuvent être des nutriments précieux.

38. Le principal danger de l'utilisation des eaux usées réside dans la contamination des aliments par des micro-organismes pathogènes et dans le déclenchement de maladies transmises par l'eau. Parmi les risques élevés pour la santé, associés à l'utilisation d'eaux d'égouts non traitées ou mal traitées pour l'irrigation des cultures, on peut citer les infections dues à des helminthes (vers), tels que Ascaris (nématode) et Ancylostoma (ankylostome). Les bactéries et les virus entériques représentent de faibles ou de moyens risques. En général, il semble que les eaux utilisées pour l'irrigation sont à l'origine de problèmes de santé uniquement lorsqu'elles sont laissées telles quelles ou qu'elles sont insuffisamment traitées.

39. Un autre exemple de risque lié à la qualité de l'eau vient de l'agriculture intensive pratiquée dans les zones périurbaines. L'intensification implique une utilisation supérieure d'eau pour le recyclage, d'aliments commerciaux et de médicaments (antibiotiques, bactériostatiques). Les nutriments et les matières organiques en excès favorisent la prolifération de micro-organismes et donc l'eutrophisation de l'eau, étant donné la raréfaction de l'oxygène qui se dissout dans les réseaux de distribution d'eau.

40. Certains de ces problèmes peuvent être résolus par l'irrigation de petits périmètres, en ayant recours à une gestion et une surveillance appropriées de la qualité de l'eau, ainsi qu'à un programme de sélection des cultures. Même si l'irrigation à petite échelle est la solution privilégiée, une attention spéciale doit être accordée aux effets cumulatifs de petits réseaux mal gérés. La FAO a publié des documents techniques sur cette question.

41. Un autre enjeu important pour la viabilité de l'AUP est la disponibilité de terres. L'AUP est conditionnée par l'évolution rapide du régime foncier en termes de droits, d'utilisation et de valeur. Les densités élevées de la population entraînent des rivalités et des conflits pour les terres et les ressources naturelles, car les terres agricoles sont converties à d'autres usages (habitations résidentielles, industries) et les petites étendues de terres disponibles pour l'agriculture sont exploitées intensivement.

42. L'accès régulier à la terre, à des prix abordables, est presque totalement inconnu aux agriculteurs urbains et même à certains agriculteurs périurbains. Une menace constante pèse sur la plupart des producteurs urbains (hommes et femmes): voir cesser leur accès à la parcelle et être contraints de mettre fin aux activités de production. Dans bien des pays, l'impossibilité pour les ménages d'accéder, en ville, à des terres est la principale raison donnée pour expliquer qu'ils n'exercent aucune activité agricole. L'agriculture est pratiquée dans le centre des villes, dans les recoins et les îlots, dans les axes sortant des villes et en périphérie. Une étude sur l'agriculture urbaine à Nairobi a montré que sur les terres urbaines utilisées à des fins agricoles, 32 pour cent étaient des terres résidentielles privées, 29 pour cent des terres en bord de route, 16 pour cent des terres longeant les cours d'eau et 16 pour cent d'autres terres publiques. Chaque zone a des méthodes agricoles qui lui sont propres.

43. L'un des paradoxes de l'AUP est que d'importants investissements agricoles sont faits malgré l'insécurité de la propriété. Cette contradiction peut être attribuée au fait qu'en général, ce sont les femmes et les groupes socialement et économiquement vulnérables qui sont les acteurs les plus dynamiques de ce secteur de l'agriculture. Compte tenu des maigres ressources contrôlées par ces groupes, l'exploitation de terres dont le statut est ambigu ou pour lesquelles il n'existe pas de garantie de jouissance représente un faible risque. Dans la mesure où les marchés d'écoulement de la production agricole peuvent garantir des gains élevés à court terme, prendre des risques en investissant dans l'agriculture en vaut donc la peine, même sur des terres dont la jouissance n'est pas assurée et dont l'exploitation se fait sur la base de l'occupation, de baux à court terme ou autres arrangements précaires.

44. Presque partout dans le monde, les agriculteurs urbains sont confrontés au manque de crédit leur rendant difficile l'accès à la propriété foncière, même lorsque le crédit est accordé aux urbains pauvres possédant une petite entreprise. Les conditions semblent être différentes pour les agriculteurs en zone périurbaine qui sont souvent davantage tournés vers les cultures commerciales, qui obtiennent des crédits sur la base de garanties et investissent des capitaux pour monter leur entreprise.

VII. COMMENT ABORDER LES PROBLÈMES DE L'AGRICULTURE URBAINE ET PÉRIURBAINE DANS LES ÉTATS MEMBRES

45. La croissance manifeste de l'agriculture urbaine et périurbaine dans le monde entier met en lumière certains problèmes liés à l'agriculture et à la sécurité alimentaire et en soulève de nouveaux. Les besoins immédiats sont perceptibles et sont depuis longtemps au centre de l'attention. Ils incluent la recherche de moyens efficaces pour s'attaquer à l'insécurité alimentaire dans les villes, la mise en place d'une infrastructure de base en milieu urbain pour protéger la santé publique et l'environnement et l'intégration de la gestion des ressources et de l'aménagement du territoire. Toutes ces questions se posent dans le contexte de l'AUP. Toutefois, le succès de l'AUP renouvelle les perspectives et permet d'aborder les problèmes sous un jour nouveau. Dans un premier temps, il s'agit de reconnaître et de comprendre le caractère dynamique de l'espace urbain et les changements qui s'y produisent. Ensuite, il faudra recueillir les informations nécessaires, mener des recherches et, enfin, identifier le niveau administratif de prise de décisions.

A. RECONNAÎTRE L'ÉVOLUTION RAPIDE DES CONDITIONS URBAINES

46. L'agriculture urbaine et périurbaine est le résultat d'interactions complexes entre des phénomènes sociaux, économiques et environnementaux, qui se tiennent dans un contexte en évolution extrêmement rapide et manquant souvent de moyens financiers pour faire face aux changements. Officiellement, l'allocation de terres urbaines et périurbaines pour l'agriculture, les parcs ou tout autre usage découle fondamentalement d'une décision politique fondée sur des priorités et des intérêts politiques. Officieusement, elle est également tributaire du lieu où les migrants et les habitants pauvres décident de s'installer. A l'avenir, le caractère habitable des villes des pays en développement, leur degré d'attraction et de viabilité, dépendra de l'élaboration et de l'approbation, par les décideurs et les planificateurs urbains, de politiques cohérentes d'aménagement urbain et périurbain.

47. Des politiques distinctes et des efforts de planification sont nécessaires pour la gestion de l'agriculture, de l'horticulture, de la foresterie et des pêches en milieu urbain et périurbain. Par exemple, les planificateurs urbains doivent choisir entre, d'une part, limiter l'expansion urbaine, obliger la ville à se développer en hauteur et dépendre d'une ceinture verte agricole ou, d'autre part, stimuler une extension horizontale et conserver dans certaines limites les zones agricoles périurbaines. Chaque option donnera des résultats différents sur le plan social (sécurité alimentaire, genre, innocuité des aliments) et environnemental (hydrologie, aménagements, érosion des sols). Et chaque choix supposera des coûts économiques spécifiques, en particulier ceux relatifs à l'entretien de l'infrastructure routière, de distribution d'eau et de transport indispensable à la production agricole, coûts élevés qui ne sont pas toujours pris en compte par les planificateurs urbains. Les responsables disposent de peu de modèles et d'informations pour faire face à ces demandes concurrentielles et trouver de nouvelles solutions pour l'avenir.

B. AMÉLIORER LES DONNÉES ET LA RECHERCHE

48. L'agriculture urbaine et périurbaine est un phénomène de plus en plus courant dans la plupart des villes. Néanmoins, une bonne partie des activités ne sont ni recensées ni surveillées. Certes, l'actuelle base de données sur l'AUP s'élargit, mais de grandes lacunes doivent encore être comblées: ce qu'on entend par AUP; quelles sont les relations et les complémentarités entre la production rurale, périurbaine et urbaine; dans quelle mesure l'AUP est abordable par rapport aux autres sources d'aliments; quelles sont les incidences de l'AUP, notamment sociales, économiques et environnementales. Un effort global et soutenu de collecte de données est nécessaire pour envisager toutes les possibilités offertes par l'AUP.

49. Il existe de bonnes données qualitatives, et des informations émanant d'études de cas, qui permettent de cerner l'AUP. Néanmoins, des données plus complètes restent nécessaires. Les priorités en matière de collecte de données concernent:

50. Une fois que ces données seront disponibles, des travaux spécifiques de recherche et d'analyse permettront d'étudier ce qui suit:

C. COORDONNER LES MULTIPLES NIVEAUX DE RESPONSABILITÉ

51. Les lacunes institutionnelles peuvent exacerber les problèmes et porter à négliger les potentialités liées à l'AUP. Dans la plupart des pays, l'AUP relève de compétences à différents niveaux de l'administration publique. Par exemple, les fonctionnaires municipaux, provinciaux et nationaux pourraient s'occuper de secteurs différents, notamment en matière d'agriculture, de travaux publics, de foresterie, de planification urbaine, de transport, d'environnement, de justice et d'affaires intérieures. La coordination et l'échange d'informations sont indispensables pour appliquer une approche politique globale.

VIII. LA CONTRIBUTION DE LA FAO À L'AGRICULTURE URBAINE ET PÉRIURBAINE DANS LES ÉTATS MEMBRES

52. En dépit de la bonne perception des intérêts, potentialités et risques de l'AUP, il est surprenant de noter que, dans la plupart des cas, les politiques et les stratégies de développement, ainsi que les orientations techniques, en sont encore au stade embryonnaire.

53. Le besoin d'une approche interdisciplinaire et multisectorielle se fait sentir pour mieux comprendre l'AUP et y apporter une réponse. Il est nécessaire de mettre au point des stratégies pour traiter les questions de concurrence pour la terre et l'eau, ainsi que celles liées à l'environnement. Une initiative novatrice et opportune serait de mettre en place un centre de connaissances objectif doté de capacités techniques pour évaluer la place de l'AUP dans les systèmes alimentaires urbains et agricoles, et pour intégrer ces connaissances techniques à l'expertise sociologique et économique et à l'expérience pratique. On trouve déjà plusieurs de ces composantes dans différentes institutions et il serait naturel que la FAO prenne en main la coordination de ces efforts, compte tenu de ses relations avec les institutions concernées et de la nature multidimensionnelle de ses travaux.

54. En coordination avec les partenaires de la communauté internationale, les ONG et les universités, la FAO pourrait promouvoir la création de réseaux, la mise en œuvre d'activités dans les pays et d'actions conjointes entre organisations pour collecter et diffuser des informations et fournir une assistance technique. Les partenaires de la communauté internationale comprennent les organismes des Nations Unies mentionnés dans ce document, la Banque mondiale et Habitat. Parmi les ONG actives en AUP pouvant devenir des partenaires, on peut citer celles qui fournissent une assistance technique au niveau local en matière d'alimentation, de soins de santé et de nutrition et en ce qui concerne les méthodes de production agricole, les services et les programmes d'emploi. Les universités et les chercheurs des pays en développement et des pays industrialisés devraient également être activement associés.

55. La FAO pourrait mettre au point une stratégie interdépartements pour la gestion d'un "programme de connaissances virtuelles" mettant à profit l'expertise des divisions techniques en fonction des besoins. Cela pourrait comprendre une masse critique multidisciplinaire d'experts, capables d'effectuer une analyse de l'AUP objective, approfondie, techniquement correcte et à long terme. On pourrait susciter une prise de conscience sur l'ampleur et l'importance des réponses politiques à l'AUP et l'intégrer dans les programmes et les institutions existants.

56. Les objectifs et les actions découlant de ce programme se répartissent en trois catégories:

A. INCORPORATION DE L'AUP AUX PROGRAMMES ACTUELS
DE LA FAO

57. La FAO peut incorporer à ses programmes l'agriculture urbaine et périurbaine de façon plus complète et générale:

B. APPUI DES ACTIVITÉS DANS LES ÉTATS MEMBRES

58. La FAO peut appuyer des activités dans les Etats membres pour favoriser la gestion durable des ressources urbaines et périurbaines:

C. COORDINATION ET COOPÉRATION AVEC LES PARTENAIRES

59. La FAO peut assurer la coordination et la coopération avec des groupements privés, avec la société civile et avec d'autres organismes publics pour faciliter les échanges d'information:

IX. PROPOSITION SOUMISE À L'EXAMEN DU COMITÉ DE L'AGRICULTURE

60. A la lumière des quatre questions posées au début de ce document qui reflètent les relations entre l'AUP et le mandat de la FAO, l'Organisation souhaiterait obtenir du COAG des orientations concernant l'initiative suivante:

1L'horticulture désigne surtout la culture des légumes, mais aussi des fruits, des plantes d'ornement, des champignons, des racines et des tubercules.

2PNUD: Programme des Nations Unies pour le développement; CRDI: Centre de recherche pour le développement international; GTZ: Office allemand de la coopération technique; NRI: Natural Resources International; HCR: Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés; UNICEF: Fonds des Nations Unies pour l'enfance; OMS: Organisation mondiale de la santé; CNUEH: Centre des Nations Unies pour les établissements humains: Habitat.