COMITÉ DE L'AGRICULTURE

Quinzième session

Rome, 25 - 29 janvier 1999, Salle Rouge

RAPPORT SUR L'ÉTAT D'AVANCEMENT DU SYSTÈME DE PRÉVENTION ET DE RÉPONSE RAPIDE CONTRE LES RAVAGEURS ET LES MALADIES TRANSFRONTIÈRES DES ANIMAUX ET DES PLANTES (EMPRES)

Table des mati�res


I. INTRODUCTION

1. En 1994, le Conseil, à sa cent sixième session, a approuvé la proposition du Directeur général concernant la mise en place d'un programme spécial pour le Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES). Les grandes lignes du Système proposé ont été incorporées dans l'Examen, par le Directeur général, des programmes, structures et politiques de l'Organisation de 1994 (CL 106/2, mars 1994, Annexe 1). L'EMPRES concerne les maladies transfrontières qui sont définies comme: "celles qui sont d'une grande importance sur le plan économique, commercial et/ou de la sécurité alimentaire pour un nombre considérable de pays, qui peuvent facilement se propager dans d'autres pays et atteindre des proportions d'épidémie, et celles pour lesquelles la lutte/gestion, y compris les mesures d'exclusion, exigent une coopération entre plusieurs pays".

2. Les objectifs de l'EMPRES ont été approuvés par le Sommet mondial de l'alimentation dans l'objectif 3.1 de l'Engagement Trois du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, joint en Annexe au rapport du Sommet mondial de l'alimentation de 1996, qui indique notamment que les institutions internationales "s'efforceront d'assurer une prévention efficace et une maîtrise progressive des infestations de ravageurs et des maladies des animaux et des plantes, notamment lorsqu'elles sont de nature transfrontière comme la peste bovine, la tique du bétail, la fièvre aphteuse et le criquet pèlerin, lorsque l'apparition de foyers peut provoquer des pénuries alimentaires importantes, déstabiliser les marchés et déclencher des mesures commerciales; et ils encourageront parallèlement une collaboration régionale dans le domaine de la lutte contre les maladies des plantes, les ravageurs et les maladies des animaux, ainsi que la mise au point et l'utilisation généralisée de méthodes de lutte intégrée contre les ravageurs."

3. En même temps, l'objectif 5.2 de l'Engagement Cinq indique notamment que les organisations internationales maintiendront, encourageront et établiront au plus tôt, en collaboration avec les organisations non gouvernementales et les autres organisations, selon qu'il conviendra, les stratégies et mécanismes de préparation convenus lors de la CIN, notamment en ce qui concerne l'élaboration et l'utilisation des prévisions météorologiques pour la surveillance et l'alerte rapide, notamment en cas de sécheresses, d'inondations, d'autres catastrophes naturelles, d'infestations et de maladies.

4. L'objectif de l'élément "maladies animales" d'EMPRES est "d'aider à enrayer et combattre efficacement les principales épidémies du bétail, ainsi que des maladies d'apparition récente en les éliminant progressivement sur le plan régional et global grâce à une coopération internationale portant sur l'alerte rapide, la réponse rapide, la recherche et la coordination."

5. Le rapport intérimaire ci-après récapitule les activités entreprises dans le cadre des éléments "maladies animales" et "criquet pèlerin" de l'EMPRES.

II. ÉLÉMENT MALADIES DU BÉTAIL

6. L'élément maladies animales (EMPRES-maladies du bétail) est axé sur les graves épizooties qui risquent de provoquer des pertes de production catastrophiques, de compromettre les échanges internationaux de bétail et de produits d'origine animale et de menacer la sécurité alimentaire.

A. ÉTAT D'AVANCEMENT DE LA MISE EN OEUVRE - ALERTE RAPIDE

A l'appui du Programme mondial d'éradication de la peste bovine

7. Au moment du lancement de l'EMPRES, on n'avait pas de notion générale de la répartition de la peste bovine dans le monde et les renseignements fournis par les pays ne correspondaient pas exactement à leur situation réelle - il n'y avait pas de surveillance mondiale organisée des cas de peste bovine. C'est pourquoi il a été considéré comme essentiel pour le Programme mondial d'éradication de la peste bovine de combler cette lacune, faute de quoi l'efficacité du programme aurait été compromise. L'action véritablement internationale et transrégionale de l'EMPRES auprès des pays et organisations qui ont lancé des programmes de lutte contre la peste bovine a permis de réunir des informations complètes, auxquelles s'ajoutent les missions d'enquête spécifiques, financées par le Programme ordinaire, comportant l'envoi de personnel de l'EMPRES ou de consultants dans des pays particulièrement menacés par la peste bovine, ou dont la situation au regard de la peste bovine n'était pas claire, à savoir le Rwanda et l'Ouganda en 1994; l'Ethiopie, le Soudan, le Kenya et l'Ouganda en 1994/95; l'Ouganda en 1995; le Kenya, la Tanzanie, l'Ethiopie et l'Erythrée en 1995; le Pakistan en 1995; le Laos, le Cambodge, le Viet Nam et le Myanmar en 1995; l'Oman, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Yémen, l'Iraq, l'Iran et la Turquie en 1995 et 1996; le Soudan, l'Ethiopie, la Somalie, la Tanzanie et le Kenya en 1996; le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et le Kirghizistan en 1996; la Tanzanie et la Chine en 1997. Ainsi, dès 1996, on a pu formuler des exposés en toute connaissance de cause concernant la répartition réelle de la peste bovine, identifier les aires d'endémie et évaluer le risque d'expansion des épizooties. L'EMPRES continue à suivre la situation mondiale de la peste bovine par des communications officieuses et officielles qui complètent la base de données sur la santé animale de l'OIE (Office international des épizooties) et associe ces informations à la confirmation du diagnostic et à l'analyse moléculaire des souches virales par le Laboratoire mondial de référence de la FAO pour la peste bovine financé par l'EMPRES. On a ainsi obtenu des informations précieuses sur les liens qui existent entre les foyers de peste bovine, les sources d'infection, le risque d'expansion des épidémies et on connaît mieux les sites d'endémie. L'analyse ultérieure de ces renseignements a permis d'alerter rapidement les pays des épidémies imminentes et d'assurer un retour d'informations grâce auquel on a pu affiner les stratégies de lutte.

Péripneumonie contagieuse des bovins

8. L'alerte rapide est également très importante pour la péripneumonie contagieuse des bovins qui a connu une nouvelle flambée en Afrique subsaharienne. Outre l'aide qu'il a apportée aux programmes de lutte d'urgence, l'EMPRES a lancé une surveillance à l'échelle du continent pour cerner l'étendue du problème, connaître la situation actuelle et les tendances d'expansion de la maladie et il a fourni des avis aux pays se trouvant à la périphérie des épidémies en cours, aux sous-régions et aux organisations internationales concernant les risques de propagation transfrontalière. Une des premières missions de l'EMPRES a été envoyée en Tanzanie (Morogoro) en 1994 pour remédier à l'échec de l'alerte rapide et émettre des avis sur les mesures de lutte appropriées. Le Malawi a réussi à repousser la maladie après avoir été averti rapidement de sa propagation en Tanzanie.

Fièvre aphteuse

9. L'appui au Laboratoire mondial de référence pour la fièvre aphteuse de Pirbright (Royaume-Uni) est assuré conjointement par l'EMPRES (FAO), par la Commission européenne de lutte contre la fièvre aphteuse et par l'OIE et il a été particulièrement utile pour suivre l'évolution et la diffusion du virus en émettant l'alerte rapide concernant l'apparition et la diffusion de nouveaux variants en Asie du Sud-Est et de l'Est, au Proche-Orient et en Afrique de l'Ouest et en élucidant les facteurs qui ont déterminé l'apparition de la fièvre aphteuse en Afrique de l'Est. On a fait appel à des méthodes analogues d'analyse moléculaire pour comprendre l'épidémiologie d'une nouvelle souche de type O adaptée aux porcins récemment identifiée en Asie de l'Est.

Renforcement des capacités nationales et régionales

10. Diverses activités ont été entreprises pour renforcer la capacité des pays en matière de reconnaissance et de recherche sur les foyers de maladies épidémiques. Il faut notamment citer les suivantes: exposés lors d'ateliers; élaboration et diffusion de concepts de surveillance de la maladie et de suivi des performances (en collaboration avec la Division mixte FAO/AIEA); appui accordé aux cours annuels de formation concernant les "maladies exotiques" organisés par l'Onderstepoort Institute of Exotic Diseases et l'Université de Pretoria (Afrique du Sud), par le financement et l'apport de ressources et le financement de la participation de trois personnes de pays africains par an; préparation de manuels, notamment dans le domaine de l'identification de la péripneumonie contagieuse des bovins, de l'avortement infectieux des petits ruminants et de la fièvre de la vallée du Rift; production et/ou diffusion de bandes vidéos sur la fièvre aphteuse, la péripneumonie contagieuse des bovins, la dermatose nodulaire et l'EMPRES; par l'intermédiaire de l'AVIS Consortium, en partenariat avec l'OIE, le Laboratoire de Pirbright et TELOS (Société privée), production de programmes multimédias relatifs à la peste bovine, à la fièvre aphteuse, à la péripneumonie contagieuse des bovins, à la maladie de Newcastle et à l'encéphalopathie spongiforme bovine; distribution de deux manuels types sur les maladies animales transfrontières auprès de certains pays, essentiellement ceux qui participent au Programme mondial d'éradication de la peste bovine; appui à la mise au point de trousses de diagnostic rapide; élaboration de directives pour l'évaluation d'un système passif de notification de la peste bovine, de systèmes spécifiques de notification de la maladie et d'un système spécifique de sérosurveillance. On a activement souligné la nécessité de considérer l'alerte rapide comme un élément clé de la capacité d'intervention en cas d'urgence et une fonction essentielle des services vétérinaires, nécessitant une protection pendant les ajustements structurels, et les pays ont été encouragés à constituer des groupes de coopération transfrontalière pour faciliter les activités de surveillance et d'alerte rapide.

11. L'EMPRES a déployé des efforts considérables et soutenus pour renforcer les capacités nationales et régionales de surveillance de la maladie et d'intervention en cas d'urgence grâce à des ateliers régionaux tels que ceux tenus à Velingrad (Bulgarie) en 1995, à Bamako (Mali) en 1995, à Hanoï (Viet Nam) en 1997, à Dakar (Sénégal) en 1997, et à Kampala (Ouganda) en 1998. Ces ateliers ont été organisés en liaison avec les organes régionaux tels que l'Organisation de l'unité africaine, le Bureau interafricain pour les ressources animales, la Campagne panafricaine de lutte contre la peste bovine, l'Office international des épizooties et la Commission régionale de la protection et de la santé animales pour l'Asie et le Pacifique (APHCA), en étroite collaboration avec la Division mixte FAO/AIEA.

Mise en place de l'alerte rapide mondiale pour les maladies animales transfrontières

12. La diffusion de l'information est une des principales activités de l'EMPRES en matière d'alerte rapide. L'EMPRES a notamment mis au point le concept des systèmes mondiaux d'alerte rapide grâce à la mise en place en cours d'un système d'information sur les maladies animales transfrontières (TADInfo). Il s'agira d'un logiciel spécialisé de saisie et d'analyse des données relatives aux maladies comportant des modules hiérarchisés pouvant être utilisés aux plans national, régional, puis mondial dans le cadre d'un système d'information géographique. La nécessité de mettre au point progressivement un système international d'alerte rapide concernant la diffusion et/ou la présence de maladies animales transfrontières a été activement encouragée, en particulier lorsque le Comité international de l'OIE a adopté une résolution à sa soixante-sixième session en mai 1998, demandant instamment:

"aux pays membres, à l'OIE et à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de collaborer avec l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour mettre au point progressivement un système mondial hiérarchisé d'alerte rapide, comportant des projets pilotes devant être exécutés au plan régional, qui complète, sans les remplacer ni s'y superposer, les obligations actuelles de déclaration à l'OIE".

Cette initiative est liée à l'élaboration du Système TADInfo. La première phase de ce projet devrait être prête pour les essais de terrain effectués dans certains pays par des organisations coopérantes à partir de janvier 1999. Ces activités bénéficient de l'appui du Programme ordinaire et de contributions extrabudgétaires de l'Irlande, du Luxembourg et des Etats-Unis. Un projet intéressant 29 pays du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord, du Sahel et de la Corne de l'Afrique (RADISCON) appuie la mise en place de réseaux de surveillance avec un soutien financier du Fonds international de développement agricole (FIDA). En Europe orientale et centrale, l'EMPRES a favorisé la mise en place d'un réseau d'information électronique sur les maladies appelé CENTAUR. Un nouveau moyen de diffusion des informations d'alerte rapide sur le plan local a été mis en place avec l'introduction d'un bulletin trimestriel à partir de mai 1997 - l'EMPRES Transboundary Animal Disease Bulletin - qui contient des rapports à jour sur la situation des principales maladies transfrontières, les alertes rapides correspondantes adressées aux pays à risque, des résultats, des déductions appropriées et des interprétations des résultats, afin d'amplifier les effets des efforts d'alerte rapide.

B. ÉTAT D'AVANCEMENT DE LA MISE EN OEUVRE -
INTERVENTION RAPIDE

Analyse des situations et des interventions d'urgence

13. L'EMPRES est en étroit contact avec les autorités nationales et les organisations régionales compétentes dès les premiers stades des situations d'urgence, afin d'aider à enrayer les maladies et à les éradiquer, ou peut même prendre l'initiative d'informer les pays qu'il faut intervenir. En cas d'urgence, la première intervention de l'EMPRES est en général la suivante:

L'EMPRES a la souplesse nécessaire pour réagir rapidement en tant que catalyseur, collaborant en synergie avec les activités d'urgence du Bureau des opérations spéciales de secours et l'appui du Programme de coopération technique (PCT) et donne des avis techniques à ces derniers. Son action a été précieuse pour faire face aux situations d'urgence concernant la peste bovine au Pakistan, en Afghanistan, à Sri Lanka, en Turquie, en Iran, en Iraq, au Rwanda, en Tanzanie, en Ouganda et au Kenya. Une approche analogue a été utilisée pour les situations d'urgence imputables à d'autres maladies relevant du programme EMPRES. Par exemple, pour la peste bovine africaine en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Togo, au Nigéria et au Cap-Vert; pour la peste bovine classique, en Haïti; pour la péripneumonie contagieuse des bovins, au Botswana, en Tanzanie, en Ouganda et en Mauritanie et pour la fièvre aphteuse, aux Philippines.

14. Le phénomène El Niño a eu notamment pour conséquence l'apparition de la fièvre de la vallée du Rift et d'autres maladies liées aux inondations en Afrique de l'Est. L'EMPRES a collaboré avec l'OMS et avec les pays membres d'Afrique de l'Est. Les cartes des risques sanitaires de l'EMPRES établies à partir d'images satellites ont été jugées très utiles pour guider la surveillance épidémiologique au sol des équipes de surveillance. Une aide supplémentaire visant à atténuer les effets de la fièvre dans la vallée du Rift et d'autres maladies liées aux inondations a été fournie par l'intermédiaire du PCT. Une étude a également été entreprise sur l'analyse des risques concernant les effets de la fièvre de la vallée du Rift sur le commerce de bétail de la Corne de l'Afrique vers la péninsule arabique.

Capacité d'intervention en cas d'urgence

15. L'EMPRES a joué un rôle de premier plan dans le développement de la capacité nationale et régionale d'intervention rapide par le truchement d'ateliers sur les concepts de capacité opérationnelle en cas d'urgence et de planification des interventions d'urgence en collaboration avec l'OUA, le BIRA, l'AIEA, l'OIE et la Commission européenne de lutte contre la fièvre aphteuse, ainsi que par la préparation de manuels techniques/de formation concernant la peste bovine. Il a publié en 1996 la deuxième édition du Manuel de diagnostic de la peste bovine et est en train de mettre définitivement au point un manuel de préparation aux situations d'urgence dues à la peste bovine destiné à l'Afrique, et un plan général de préparation aux situations d'urgence dues à des maladies animales avec un module spécifiquement consacré à la peste bovine est en préparation. Les divers pays devraient alors être en mesure de préparer leur propre plan en s'inspirant des directives, mais avec les modifications nécessaires compte tenu des particularités de leur situation et de leurs besoins.

C. ÉTAT D'AVANCEMENT DE LA MISE EN OEUVRE - COORDINATION

16. En ce qui concerne la coordination, l'EMPRES a concentré ses efforts sur le Programme mondial d'éradication de la peste bovine et a prévu, en y collaborant, des programmes régionaux pour la maîtrise progressive d'autres maladies stratégiques, dans le cadre de l'"ensemble clinique de la peste bovine", en particulier la péripneumonie contagieuse des bovidés et la fièvre aphteuse. A partir de 1995, l'EMPRES a organisé une série de trois consultations d'experts (décembre 1995, Groupe consultatif du Programme mondial d'éradication de la peste bovine; juillet 1996, "Un monde sans peste bovine", Consultation technique; juillet 1997, Consultation technique). En liaison avec les réunions du Programme mondial d'éradication de la peste bovine, l'EMPRES a organisé deux Consultations d'experts chargées d'examiner et d'approuver/modifier les conclusions des Consultations techniques de 1996 et de 1997 (juillet 1996 "Prévention et maîtrise des maladies transfrontières"; juillet 1997, "L'élaboration de systèmes nationaux de prévention des situations d'urgence pour les maladies animales transfrontières").

17. Un plan directeur s'appuyant sur des bases épidémiologiques et indiquant la progression de chaque Etat membre vers l'état exempt de peste bovine vérifié au plan international avant l'an 2010 a été élaboré. Il est maintenant accepté comme outil important de planification de la gestion pour la stratégie d'éradication de la peste bovine. Ce sont l'Inde et l'Afrique qui ont obtenu les meilleurs résultats. En Afrique, l'EMPRES collabore avec le Bureau interafricain de l'OUA pour les ressources animales à la fois pour l'élaboration de la stratégie du Programme mondial d'éradication de la peste bovine à l'appui technique de la Campagne panafricaine de lutte contre la peste bovine, au plan des techniques d'épidémiologie, de diagnostic et de surveillance (en collaboration avec la Division mixte FAO/AIEA), pour l'assurance de la qualité des vaccins et la communication au service de la participation communautaire.

18. La diffusion de la péripneumonie contagieuse des bovins en Afrique subsaharienne a incité l'EMPRES, en liaison avec les partenaires de la FAO (principalement le BIRA (OUA), la SADC et l'OIE), à proposer des programmes de lutte pour les sous-régions d'Afrique, qui ont débouché sur un programme régional d'éradication de la péripneumonie contagieuse des bovins. Depuis huit ans, la situation de la péripneumonie contagieuse des bovins se détériore en Afrique. Elle est particulièrement grave depuis 1994, année pendant laquelle la maladie a envahi le sud de la Tanzanie et le Botswana dans des zones où elle était absente depuis plus de 50 ans. Il y a eu des épisodes graves d'épidémies de péripneumonie contagieuse des bovins dans plusieurs pays: Ouganda, Zambie, Mauritanie et d'autres zones où la maladie est endémique telles que l'Angola, le nord de la Namibie et le Mali. Pour les pays de la SADC, il est à signaler que jusqu'en 1990, la péripneumonie contagieuse des bovins était pratiquement une maladie exotique, limitée à l'Angola et à la bande nord de la Namibie.

19. L'EMPRES s'est attaqué à ce problème par l'alerte rapide, par des activités de surveillance, par des projets d'assistance technique, par des ateliers de formation et de sensibilisation et en collaborant avec des partenaires pour mettre au point des stratégies de maîtrise progressive de cette maladie en Afrique. A cet égard, en collaboration avec d'autres experts de la péripneumonie contagieuse des bovins, l'EMPRES a pris part activement à la préparation de la procédure de l'OIE pour la péripneumonie contagieuse des bovins et l'un des pays récemment infectés, le Botswana, a déjà obtenu le statut de pays provisoirement exempt de la maladie. L'EMPRES a proposé une stratégie de lutte contre la péripneumonie contagieuse des bovins pour l'Afrique de l'Est, après la réunion d'Arusha (septembre 1995), a organisé une réunion de collaboration à Gaborone (Botswana) en 1997 pour élaborer une stratégie de lutte contre la péripneumonie contagieuse des bovins dans les pays de la SADC, et un atelier sous-régional à Nouakchott (Mauritanie) en février 1998. En octobre 1998, l'EMPRES a convoqué un groupe consultatif mixte FAO-OUA-OIE d'experts de la péripneumonie contagieuse des bovins pour concevoir des stratégies à long terme de maîtrise progressive de la péripneumonie contagieuse des bovins, essentiellement en Afrique, et pour définir les domaines de recherche nécessitant l'attention des donateurs.

20. L'EMPRES a collaboré avec l'OIE et l'OPS pour élaborer des stratégies régionales de lutte contre la fièvre aphteuse. Sur le continent américain, la principale organisation est l'OPS. Un plan hémisphérique d'éradication de la fièvre aphteuse du continent américain d'ici à l'an 2009 a été adopté par la Conférence ministérielle OPS/OIE/FAO sur les répercussions de la fièvre aphteuse sur le commerce et la sécurité alimentaire qui s'est tenue à Brasilia en juillet 1996. En Asie du Sud-Est, l'EMPRES collabore avec l'OIE, qui sera la principale organisation chargée de coordonner la lutte contre la fièvre aphteuse dans cette région, l'objectif étant d'éradiquer cette maladie dans la région. Deux projets régionaux du PCT ont été formulés par l'EMPRES et ont bénéficié de ses indications techniques - un pour l'harmonisation des déplacements transfrontières de bétail et l'autre pour la surveillance et la lutte contre la maladie.

21. L'EMPRES (FAO) a récemment participé à l'évaluation de la situation épidémiologique au regard de la peste porcine africaine dans 13 pays d'Afrique de l'Ouest et a octroyé une aide aux pays membres touchés. Il s'agissait notamment de l'éradication de cette maladie de la Côte d'Ivoire et de programmes de lutte au Togo, au Bénin et au Nigéria.

D. ÉTAT D'AVANCEMENT DE LA MISE EN OEUVRE - RECHERCHE

22. La mise en place des laboratoires mondiaux de référence pour les trois maladies stratégiques de l'EMPRES (peste bovine, péripneumonie contagieuse des bovins et fièvre aphteuse) était la première priorité pour l'EMPRES. Le Laboratoire mondial de référence pour la fièvre aphteuse (Laboratoire de Pirbright (Royaume-Uni)) a été renforcé à partir de 1994 grâce à un financement supplémentaire de l'OIE et de la Commission européenne de lutte contre la fièvre aphteuse. Le Laboratoire mondial de référence pour la peste bovine (Laboratoire de Pirbright (Royaume-Uni)) a été créé en 1994 et il a ensuite bénéficié d'un appui. Le Laboratoire mondial de référence pour la péripneumonie contagieuse des bovins sera installé au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement: Département d'élevage et de médecine vétérinaire tropicaux de Montpellier (France) à la fin de 1998. Un nouveau concept a été adopté - celui des centres coopérants pour les maladies animales transfrontières, de portée régionale et sous-régionale.

23. En ce qui concerne la recherche sur les vaccins, l'EMPRES a appuyé les travaux consacrés au vaccin recombinant antibovipestique par une lettre d'accord avec l'Institut vétérinaire national éthiopien et l'Université de Californie.

24. Dans le monde entier, la maladie de Newcastle est considérée comme la maladie virale la plus dévastatrice pour les volailles. L'EMPRES a appuyé des essais d'administration de vaccins mélangés aux aliments aux volailles de basse-cour en Ethiopie, en Gambie, en Tanzanie et au Zimbabwe. Un lauréat de la bourse de recherche André Mayer a analysé les systèmes avicoles ruraux et les facteurs relatifs aux spécificités des sexes en Afrique.

E. ACTIVITÉS DE TERRAIN

25. Les activités de terrain ont été une importante préoccupation du personnel de l'EMPRES. En ce qui concerne les projets financés par un fonds fiduciaire, l'EMPRES a coordonné et appuyé sept projets financés par divers donateurs (Commission européenne, Australie, Japon, FIDA, PNUD, Royaume-Uni et Irlande). Outre les activités consacrées à la peste bovine, d'autres importants projets ont été mis en oeuvre dans le cadre de l'EMPRES: un projet de lutte contre la fièvre aphteuse aux Philippines financé par l'Australie, un projet de technologie des vaccins pour l'Afrique financé par le Japon et un projet du RADISCON (essentiellement consacré aux activités de surveillance dans la région Proche-Orient) financé par le Proche-Orient.

III. ÉLÉMENT CRIQUET PÈLERIN

A. ÉTAT D'AVANCEMENT

26. L'EMPRES (élément criquet pèlerin) a surtout fait porter ses efforts sur les pays riverains de la mer Rouge et du golfe d'Aden (région centrale) d'où les infestations et recrudescences de criquet pèlerin provenaient souvent par le passé. Les activités pilotes d'EMPRES ont commencé dans cette région en 1995 et ont été étendues au début de 1997 pour devenir un programme complet bénéficiant d'une aide des donateurs. Huit pays particulièrement touchés par le criquet pèlerin ont adhéré au programme dans la région centrale: Djibouti, Egypte, Erythrée, Ethiopie, Oman, Arabie saoudite, Soudan et Yémen. Chaque pays a nommé un chargé de liaison EMPRES ayant pour tâche de travailler en étroite collaboration avec le programme. En outre, le programme opère en Somalie, en collaboration avec les autorités locales d'Hargeisa. Le programme en faveur de la région centrale est appuyé par des donateurs de Belgique, d'Allemagne, du Japon, des Pays-Bas, de Suisse, du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Outre les chargés de liaison EMPRES, le programme est mis en oeuvre par des fonctionnaires de la FAO, recrutés aussi bien sur le plan international que sur le plan national, en poste en Erythrée, en Ethiopie, au Soudan et au Yémen. Un volontaire des Nations Unies est affecté en Somalie.

27. Dans la région occidentale, l'EMPRES a été essentiellement actif en Mauritanie et dans d'autres pays du Sahel touchés par le criquet pèlerin, mais les pays touchés d'Afrique du Nord-Ouest participent également au programme avec l'appui de donateurs de France, du Japon, de Norvège et des Etats-Unis en faveur de l'EMPRES. Un programme EMPRES complet, correspondant au programme en faveur de la région centrale, a été élaboré en collaboration avec les pays touchés et il sera bientôt présenté aux donateurs pour examen. Dans la région orientale, les principaux pays touchés sont l'Inde, l'Iran et le Pakistan. Ces trois pays ont déjà une capacité assez importante de lutte antiacridienne et l'EMPRES a donc été jusqu'à maintenant moins actif dans cette région. Une aide concernant la formation et le matériel a néanmoins été fournie dans le cadre de l'EMPRES.

28. Les activités de l'EMPRES sont étroitement coordonnées avec les activités des trois Commissions régionales FAO de lutte contre le criquet pèlerin. Un "cadre pour la coordination entre la Commission de la région centrale et le programme EMPRES en faveur de la région centrale" a été mis en place en juillet 1998 et des documents analogues devraient être préparés pour les autres régions, le cas échéant. Un certain nombre d'activités interrégionales d'EMPRES, telles que les études de l'importance économique des acridiens, ont également été lancées avec l'aide de donateurs.

B. ACTIVITÉS ET RÉSULTATS PRINCIPAUX

Alerte rapide

29. Les opérations de prospection ont été renforcées dans les principaux pays, par la fourniture de matériel, la formation et un appui opérationnel le cas échéant. Un système pilote permettant de fournir aux équipes de prospection des cartes de la végétation établies à partir d'images satellites corrigées et étalonnées a été mis en place en Erythrée. Un réseau d'échange d'informations fondé sur des liaisons par courrier électronique est déjà bien en place dans la région centrale et sera étendu aux autres régions. Les procédures de collecte, de mise en mémoire et d'échange de données électroniques sur les prospections et la lutte par l'intermédiaire du réseau sont en cours d'élaboration.

Réaction rapide

30. La capacité des pays de l'EMPRES en matière d'opérations de lutte rapides et efficaces a été renforcée grâce à la fourniture de matériel, à la formation, aux services d'experts et à un appui opérationnel en cas de nécessité. Divers ateliers ont examiné les opérations initiales de lutte et ont identifié les domaines dans lesquels des améliorations sont nécessaires. Une évaluation des récentes campagnes antiacridiennes a été effectuée dans sept pays particulièrement concernés. Les dispositions prises pour faire face aux situations d'urgence ont été examinées dans neuf pays directement intéressés et des plans d'intervention d'urgence correspondant à certains scénarios ont été préparés.

Recherche

31. Dans le cadre d'un élément de l'EMPRES financé par la Belgique, des progrès ont été faits en matière de détection, grâce à des images satellites de la végétation éparse et inégale, des aires de reproduction du criquet pèlerin. Des recherches concernant les techniques améliorées d'application de pesticides sont en cours dans le cadre d'un projet EMPRES financé par la Norvège. Ces travaux visent à essayer de réduire les doses de pesticides lors des opérations de pulvérisation aérienne en y associant l'emploi de systèmes avancés de navigation. Des études de l'importance économique du criquet pèlerin ont été entreprises en collaboration avec les principaux pays touchés et les donateurs. Une analyse économique préliminaire de la lutte contre le criquet pèlerin a été menée à bien en 1997.

C. ÉVALUATION ET PERSPECTIVES

32. L'EMPRES a été mis en place en tant que programme conjoint associant les pays touchés, les donateurs et la FAO, ce qui permet d'obtenir une collaboration beaucoup plus étroite pour les questions de lutte antiacridienne.

33. Les progrès réalisés en matière de renforcement des opérations de prospection et de lutte dans les pays touchés ont permis d'obtenir une détection rapide et de mener à bien la lutte antiacridienne dans un certain nombre de pays (par exemple Yémen et Mauritanie en 1996, Arabie saoudite et Soudan en 1997 et 1998).

34. Malgré les progrès initiaux réalisés par l'EMPRES, il faut savoir qu'il reste beaucoup à faire et que le système de prévention d'urgence, en cours de mise en place pour le criquet pèlerin, aura ses limites si les conditions de reproduction des acridiens deviennent favorables sur des superficies très étendues. Cela signifie que l'EMPRES n'est pas (et ne peut pas être) conçu pour éviter toutes les situations d'urgence, car cela supposerait des structures très importantes qu'il serait difficile de maintenir indéfiniment. Cependant, l'amélioration de l'alerte rapide et de la réaction rapide devrait éviter la plupart des situations d'urgence et dans les cas restants, l'EMPRES peut servir de tampon en attendant qu'un appui supplémentaire puisse être organisé.

35. Bien que l'élément protection des végétaux de l'EMPRES soit actuellement limité aux activités antiacridiennes, une grave infestation de la race malgache du criquet migrateur africain et, dans une moindre mesure, du criquet nomade, a été un sujet de préoccupation pour la communauté internationale ces dernières années et on en trouve ci-après une brève description. L'origine de l'infestation, qui n'est toujours pas maîtrisée, peut être attribuée aux fortes pluies provoquées par les cyclones dans le sud-ouest de Madagascar en 1994-95. Trois cycles de reproduction successifs ont eu lieu entre octobre 1996 et avril 1997 et ont provoqué des infestations occupant une superficie estimative de 2 millions d'hectares. En octobre 1997, des essaims de criquets avaient infesté la partie ouest de Madagascar jusqu'au 17e parallèle et à cette date, 227 000 hectares avaient été traités par pulvérisation. En novembre 1997, on a estimé que l'infestation occupait une superficie de 4 millions d'hectares et que 500 000 hectares supplémentaires nécessitaient un traitement immédiat. La période de reproduction de novembre 1997 à avril 1998 a été moins favorable, deux cycles de reproduction ayant eu lieu, mais les essaims ont continué à se propager, atteignant la partie orientale de l'île. La situation reste grave et il pourrait y avoir de nouvelles reproductions pendant la campagne 1998-99. La FAO a lancé plusieurs appels à la communauté internationale et a coordonné un effort international massif pour essayer de maîtriser l'infestation, mais les conditions favorables à la reproduction et les difficultés d'organisation des opérations de prospection et de lutte font que l'effort doit être poursuivi. En outre, la FAO s'inquiète d'éventuels effets secondaires des pulvérisations sur l'environnement et en particulier sur la faune et la flore uniques de Madagascar et elle a encouragé la réalisation d'études afin d'évaluer et de limiter ces effets.