Juillet 1997 | C 97/18 |
CONFÉRENCE |
Vingt-neuvième session |
Rome, 7-18 novembre 1997 |
LUTTE CONTRE LE CRIQUET PELERIN: MESURES PRISES ET NOUVELLES DISPOSITIONS REQUISES |
LUTTE CONTRE LE CRIQUET PELERIN: MESURES PRISES ET NOUVELLES DISPOSITIONS REQUISES I. SUIVI DE LA RESOLUTION 7/95 (LUTTE CONTRE LE CRIQUET PELERIN)ADOPTEE PAR LA CONFERENCE A SA VINGT-HUITIEME SESSION 1. La Conférence, dans sa Résolution 7/95, a demandé une assistance technique et financière pour intensifier la lutte préventive contre le criquet pèlerin et a souligné la nécessité de renforcer le volet "criquet pèlerin" du Programme EMPRES, qui permettra de coordonner et dappuyer la lutte préventive. 2. La Résolution demande également à la communauté internationale un accroissement du flux des ressources durgence allouées à la lutte contre le criquet pèlerin dans les zones qui ne sont pas encore couverte par le Programme EMPRES. Les zones en question comprennent la région de lOuest (Afrique de lOuest et du Nord-Ouest), et la région de lEst (Afghanistan, Inde, Iran, Pakistan). Dans ces deux régions, des ressources nationales et internationales ont été mobilisées pour empêcher toute concentration importante de criquets au cours de la période à létude. 3. La Résolution invite également à créer un fonds de secours pour faire face à des situations durgence provoquées par des invasions de criquets pèlerins. Certains donateurs qui appuient la lutte contre le criquet pèlerin permettent un certain degré de souplesse dans lutilisation de leurs contributions, mais un appui extrabudgétaire na pas encore été fourni pour la création dun fonds pour imprévus, séparé ou rattaché à EMPRES. 4. Les opérations de prospection et de lutte contre le criquet pèlerin relèvent principalement des unités antiacridiennes nationales. Toutefois, comme le criquet pèlerin est une espèce migratrice, la maîtrise des populations doit être assurée sur toute laire de répartition du criquet pèlerin; cest dire si la coopération, la coordination et léchange de données à jour revêtent une importance fondamentale. La capacité et la viabilité des unités nationales ainsi que leur possibilité daccès rapide aux informations concernant le criquet pèlerin restent au coeur des activités antiacridiennes entreprises par la FAO. 5. La Résolution 7/95 demandait de considérer lextension du Programme EMPRES à dautres régions et spécialement la région occidentale de laire de répartition du criquet pèlerin. Une étude préliminaire a été réalisée dans cette région en 1996; la formulation proprement dite a débuté en septembre 1997, et il est prévu quun programme sera mis au point définitivement dici la fin de 1997. La mission de formulation sera réalisée grâce à un appui financier de la France. II. MESURES PRISES ET INTERVENTIONS DURGENCE 6. A la suite de la restructuration, les opérations antiacridiennes durgence relèvent maintenant du Bureau des opérations spéciales de secours (TCOR) alors que lUnité technique principale est le Service de la protection des plantes (AGPP). A la suite de cette réforme, il a été mis fin aux activités du Centre dinterventions antiacridiennes durgence (ECLO)en décembre 1995. LUnité technique principale reste en contact avec les pays situés dans laire dinvasion du criquet pèlerin et avec les donateurs sur tous les aspects ayant trait à la coordination, à la collaboration et aux contributions aux campagnes antiacridiennes. 7. Le Programme de coopération technique (PCT) a joué un rôle primordial dans le financement rapide de projets daide durgence pour la lutte antiacridienne, projets qui ont souvent assuré la soudure jusquà larrivée des ressources mobilisées auprès de la communauté internationale. 8. Outre le soutien du Programme ordinaire, des contributions provenant de diverses sources ont permis globalement de maîtriser les recrudescences acridiennes; celles-ci provenaient des donateurs traditionnels, des pays touchés par les invasions acridiennes et dun pays désireux daider un pays voisin. 9. La FAO a continué à assurer le Secrétariat des trois Commissions régionales de lutte contre le criquet pèlerin pour lAfrique du Nord-Ouest, la Région centrale et lAsie du Sud-Ouest, ainsi que de lorganisme de coordination densemble à savoir le Comité de lutte contre le criquet pèlerin et son Groupe technique. Un nombre important de pays touchés par les invasions acridiennes contribue aux fonds fiduciaires respectifs de ces organismes. Lorganisation régionale OLCP-EA continue à fonctionner, mais il lui reste à résoudre ses problèmes financiers. LOCLALAV, en Afrique de lOuest, a été réduite à un simple bureau de coordination. III. EMPRES 10. EMPRES, Programme spécial du Directeur général, a vu le jour à la suite de son approbation par le Conseil à sa cent sixième session, en juin 1994. Il appuie les mesures nationales et internationales de prévention des situations durgence causées par les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes. Sagissant des ravageurs des plantes, EMPRES se concentre sur les activités de lutte contre le criquet pèlerin. Après lapprobation du Programme EMPRES, des consultations intensives ont eu lieu avec les pays touchés et les donateurs pour définir les priorités et les grandes lignes daction. Il a été convenu quun programme à long terme devait être établi mais que dans limmédiat, lattention devrait se concentrer sur la région centrale comprenant les pays situés en bordure de la mer Rouge, car par le passé, cest de cette zone que sont parties nombre dinfestations. Trois éléments clés ont été identifiés: Alerte rapide, Intervention rapide et Recherche. En 1995, on a lancé des activités pilotes, concentrées sur le renforcement des capacités nationales et lamélioration de linformation. 11. Lors de la vingt-huitième session de la Conférence, la planification du Programme pour la Région centrale était pratiquement terminée. Le Programme était conçu comme un effort de collaboration entre les pays touchés par les invasions acridiennes, les donateurs et la FAO, afin de renforcer les systèmes dalerte rapide et dintervention rapide dans la région. Il y avait en outre un élément suprarégional consacré à la recherche acridienne. Le Programme ordinaire a fourni des crédits pour appuyer les activités dEMPRES et une aide est maintenant reçue de lAllemagne, de la Belgique, des Etats-Unis, du Japon, de la Norvège, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de la Suisse. Les activités de recherche sont appuyées par le FIDA. 12. Tous les pays participants de la région (Djibouti, Egypte, Erythrée, Ethiopie, Oman, Arabie saoudite, Somalie, Soudan, Yémen)ont désigné des Chargés de liaison. Lorsque le présent document a été établi, six pays avaient déjà signé un protocole daccord concernant EMPRES et trois autres étaient sur le point de le faire. Les progrès réalisés grâce au Programme de la région centrale sont les suivants, par grands éléments: a) Alerte rapide Les opérations de prospection ont été renforcées dans les principaux pays par la fourniture déquipements, de formation et, le cas échéant, dun appui opérationnel. Des progrès ont été réalisés dans la mise au point des images par satellite pour détecter le verdissement de la végétation dans les habitats de prédilection des criquets pèlerins. Un réseau déchange dinformations par courrier électronique a été créé. Des procédures de stockage électronique des informations sur les prospections et les activités de lutte sont en phase délaboration. Une Consultation dexperts sest tenue sur lamélioration des méthodes de prospection acridienne. b) Intervention rapide On a renforcé la capacité des pays de la région centrale pour leur permettre de mener des opérations antiacridiennes rapides et efficientes, moyennant la fourniture déquipements essentiels, de conseils techniques (y compris pour les plans dintervention) ainsi que des services de consultant, des activités de formation et, le cas échéant, un appui opérationnel. A loccasion dun atelier régional, il a été possible détudier les techniques de pulvérisation aérienne; des tests préliminaires ont été réalisés sur des techniques améliorées. Depuis 1992, les campagnes antiacridiennes ont été évaluées par des consultants nationaux dans trois pays importants de laire dinvasion du criquet pèlerin, et les leçons tirées permettront daméliorer les campagnes futures. Les dispositions applicables aux plans dintervention ont été réexaminées et ces plans sont actuellement incorporés dans des programmes nationaux. c) Recherche Dans ce domaine, la FAO estime que sa principale tâche est didentifier les possibilités de recherche, de coordonner les programmes de recherche et de mobiliser des fonds pour appuyer les recherches nécessaires. La FAO a directement réalisé des recherches acridiennes dans le cadre daccords de fonds fiduciaires. Outre les travaux sur la télédétection, une grande étude est en cours sur les aspects économiques de la lutte intégrée contre le criquet pèlerin. Une première analyse de cette question complexe sera présentée lors dun atelier prévu pour septembre 1997. Des recherches sont également en cours, dans le cadre dun projet exécuté en Mauritanie, sur divers aspects de la lutte antiacridienne. On sefforce actuellement de trouver les moyens de réduire les doses de pesticides. Au cours des cinq dernières années, un projet réalisé au Sénégal a étudié les retombées sur lenvironnement des pulvérisations effectuées en lutte antiacridienne. Une nouvelle phase du projet est à lexamen. Un appui a également été fourni pour encourager lemploi, en lutte antiacridienne, de mycopesticides, sans danger pour lenvironnement. Des recherches importantes sur le criquet pèlerin ont également été réalisées par plusieurs organisations, notamment: GTZ, NRI/Royaume-Uni, ICIPE, LUBILOSA, Micotech/Université dEtat du Montana et Université dOxford. Le FIDA fournira des fonds extrabudgétaires pour faciliter la coordination et la création dune tribune où seraient traitées les questions de recherche sur le criquet pèlerin. 13. Au cours de lexercice 1996/97, des crédits du Programme EMPRES ont servi à appuyer les prospections et autres activités connexes dans les pays sahéliens de la région occidentale et aussi, à une moindre échelle, dans la région dAsie du Sud-Ouest. 14. Le Programme ordinaire continuera à appuyer les activités dEMPRES pendant lexercice 1998/99. Actuellement, le Programme réalisé dans la région centrale reçoit un appui dun certain nombre de donateurs et du Programme ordinaire. Dans la Région de lOuest, Le Programme est conçu comme un effort de coopération entre les pays dAfrique du Nord-Ouest et des pays du Sahel. Une aide des donateurs sera requise dans cette région pendant plusieurs années, notamment pour appuyer des activités dans les pays du Sahel. IV. SITUATION ACTUELLE DU CRIQUET PELERIN 15. Dans la Région de lOuest, des essaims de criquets ont pondu en Afrique du Nord-ouest au début de 1996, doù formation de bandes larvaires et de nouveaux essaims au printemps dans le nord de la Mauritanie et le sud du Maroc, en Algérie et en Libye. Des essaims qui avaient pu échapper aux opérations de lutte se sont ensuite déplacés, par vagues, vers le Sahel (Mauritanie, Mali et Niger) où ils se sont reproduits au cours de lété 1996. Les opérations de lutte ont permis de réduire les populations, mais nont pas pu empêcher la formation de nouveaux essaims qui se sont dirigés vers le Maroc à la fin de lannée, où ils ont constitué une menace pour les importantes terres agricoles de la Vallée du Souss. Les opérations de lutte menées au Maroc à la fin de 1996 ont empêché les dégâts aux cultures. Comme les pluies dhiver/printemps de 1996/97 ont été très rares dans la région, les infestations nont pas pu reprendre et les criquets nont pas pu se déplacer en nombre vers le Sahel pour sy reproduire au cours de lété 1997. En conséquence, vers le milieu de lété, il ny avait que de faibles concentrations dailés dans certaines zones du sud de la Mauritanie et du nord du Mali. Au cours de cette période, la FAO a fourni aux pays de la région une assistance technique pour les opérations de prospection et de lutte. 16. Dans la Région centrale, des essaims provenant des reproductions estivales de 1995 qui avaient eu lieu le long de la frontière entre le Soudan et lErythrée ont traversé la mer Rouge pour arriver dans les plaines côtières de lArabie saoudite en automne. Des opérations de lutte ont été effectuées dans la première moitié de 1996 contre des bandes larvaires et de nouveaux essaims en Arabie saoudite et, dans une moindre mesure, au Soudan et au Yémen. Au cours de lété, il y a eu des reproductions à lintérieur des terres au Yémen à la suite des précipitations causées par un cyclone. Des bandes larvaires et de nouveaux essaims sont donc apparus en automne et il a fallu prendre des mesures de lutte. Des essaims et des ailés ont pu séchapper et se diriger vers le nord de la mer Rouge à la fin de 1996 et pondre sur un vaste territoire situé le long des plaines côtières dArabie saoudite où des pluies particulièrement abondantes étaient tombées. Des opérations antiacridiennes de grande ampleur ont donc été nécessaires en Arabie saoudite au cours du premier semestre de 1997 et près de 350 000 hectares ont été traités par pulvérisation aérienne ou par des équipes au sol. Cela a permis déviter la formation dessaims à grande échelle et la migration des criquets vers les régions de lOuest et de lEst. Les opérations antiacridiennes ont été de moindre ampleur sur le littoral du Soudan. En été, des reproductions étaient en cours à lintérieur des terres du Yémen et du Soudan à cause des ailés qui avaient échappé aux activités de lutte en Arabie saoudite. On suit de près la situation pour détecter les premiers signes de recrudescence. Au cours de cette période, le personnel de la FAO chargé des prévisions a suivi activement lévolution des infestations acridiennes; il sest rendu dans les pays, afin dévaluer directement la situation et de donner des avis aux pays et donateurs. 17. Dans la Région de lEst, le nombre de criquets a augmenté dans louest du Pakistan et lest de lIran lors de lhiver 1995 et, dès le printemps suivant, il a fallu mener des opérations de lutte contre des bandes larvaires et de petits essaims. Les ailés nés en été le long de la frontière entre lInde et le Pakistan ont envahi à nouveau cette zone à la fin de 1996. Les conditions étaient toutefois moins favorables et le nombre de criquets na pas fortement augmenté au cours du printemps suivant. En été 1997, il y a eu des reproductions à petite échelle le long de la frontière entre lInde et le Pakistan. A cours de ces deux années, la FAO a organisé des prospections conjointes irano-pakistanaises au printemps ainsi que des réunions mensuelles à la frontière indo-pakistanaise pour échanger des informations pendant la saison de reproduction estivale. 18. Selon les informations actuellement disponibles, lactivité acridienne commence à baisser et tend vers une période de rémission, mais des activités régulières de suivi doivent être entreprises pour surveiller de près la situation; par ailleurs, des interventions rapides sont essentielles pour limiter les concentrations de criquets et éviter ainsi la formation dessaims qui pourraient menacer la sécurité alimentaire de lAfrique et de lAsie. Il est indispensable de maintenir et parfois de renforcer les structures nationales pour permettre la réalisation de ces activités et éviter lapparition dun fléau comme celui qui a sévi à la fin des années 80. V. DECISIONS PROPOSEES
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