Production de bananes biologiques en République dominicaine


La République dominicaine produit plus de 55% des bananes biologiques dans le monde. En dépit d'être un acteur relativement petit sur le marché global de la banane, le pays se distingue en tant que premier producteur de bananes biologiques, ce qui en fait un exemple pertinent en termes de pratiques, résultats et défis auxquels sont confrontés les producteurs souhaitant se lancer dans la production biologique. La production bananière en République dominicaine est concentrée dans les provinces de Valverde et Monte Cristi au nord-ouest, et dans les provinces d'Azua et de Barahona au sud.

  • En 2015, la République dominicaine comptait environ 12 000 hectares de bananes biologiques et en a exporté plus de 240 000 tonnes (plus de 150 millions de dollars US)1.
  • Plus de 50% des bananes exportées ont été produites par plus de 1 000 producteurs biologiques2.
  • Environ 95% des exportations de bananes organiques de la République dominicaine sont expédiées vers l'Union Européenne, représentant près de 50% de son approvisionnement3.

Facteurs influençant le développement de la production de bananes biologiques en République dominicaine:

  • faible incidence de la cercosporiosenoire;
  • faible utilisation d'intrants agricoles;
  • forte demande de bananes biologiques de la part du marché, en particulier en Europe;
  • meilleurs prix sur le marché;
  • préoccupations environnementales dans le secteur bananier, favorisant le développement d'une production durable;
  • disponibilité de ressources de la communauté internationale et des ONG pour promouvoir le secteur.

Exemple de BANELINO

Exemple de BANELINO


BANELINO est une association fondée en 1996 et regroupant plus de 320 petits producteurs de bananes à Aziua, Montecristi et Valverde dans le nord-ouest de la République dominicaine (95% des producteurs se situant dans ces deux dernières provinces). Les producteurs de l'association travaillent pour la bonne gestion des ressources naturelles, la conservation de l'environnement et l’obtention de prix équitables afin d’améliorer les conditions de vie des familles et des communautés.  

  • 85% de la production de BANELINO est biologique.
  • La production de BANELINO représente près de 10% du secteur de la banane en République dominicaine (25 000 caisses/semaine).
  • 90% des producteurs de BANELINO ont des exploitations de 3,5 hectares en moyenne, soit plus de 1 200 hectares de production au total.

Les actions menées par les producteurs biologiques de BANELINO comprennent:

  • le passage à des produits agrochimiques certifiés et approuvés;
  • l’élimination des plantes de compétition, des mauvaises herbes, des hôtes pour les ravageurs et les maladies et d’autres espèces dans la bananeraie;
  • la plantation d’«allées» de 10 mètres de large à 90 mètres des rangées de bananiers, accueillant de nombreuses autres plantes fruitières aux systèmes racinaires et aux feuillages différents. La plantation d'espèces différentes dans ces «rues» aide à identifier les meilleures plantes pour des zones spécifiques ainsi que la composition des sols.L’implantation de cultures telles que le cacao, les agrumes, la mangue, l'avocat et la goyave à côté des bananes.
  • des cultures de couverture ont également été plantées en profondeur. Vigna (haricots et légumineuses), Crotalaria (légumineuses et herbes), Canavalia (fourrage et légumineuses) et Arachis (légumineuses) ont été semées à la fois pendant l'installation de la plantation et tout au long de la saison de pousse.

Lutte antiparasitaire

Parmi les ravageurs et les maladies affectant les plantations de bananes biologiques en République dominicaine:

 

1. Thrips communs (Frankliniella parvula) et tache rouge (Chaetanaphothrips orchidii)

Contrôle: Utilisation d'insecticides organiques à base de capsaïcine, de neem, d'ail ou de cannelle, de savons saponifiés ou de potassium et de microbes efficaces saturés dans le sol.

2. Charançons (Cosmopolites et Methamasius)

Contrôle: utilisation de pièges, ou des entomopathogènes fongiques Beauveria bassiana et Metharhizium anisopli sous forme commerciale certifiée biologique.

3. Cercosporiose noire4

Contrôle: élimination des feuilles infestées, melaleuca, acide citrique, potassium, micro-organismes antagonistes et huiles.

4. Pourriture du pseudotronc par des bactéries de type Erwinia

Contrôle: Applications de cuivre et de microorganismes antagonistes pour réduire l'impact.


5. Radolphus similis

Contrôle: Gestion de la matière organique du sol, irrigation par inondation, inoculation de sols par des microorganismes ou nématicides tels que le Paecilomyces spp.

Résultats

La plantation d'allées a abouti à la cohabitation de plusieurs espèces, permettant la création d'un système durable, et a permis les résultats suivants:

  • augmentation de la production de bananes malgré une superficie de plantation réduite;
  • lutte efficace contre les ravageurs et les maladies;
  • amélioration de la qualité du sol grâce à de meilleures conditions d'humidité et de température;
  • optimisation de l’utilisation de l'eau dans le processus d'irrigation;
  • augmentation de la teneur du sol en matière organique;
  • meilleure gestion nutritionnelle de la plante;
  • bénéfices supplémentaires grâce aux autres espèces plantées, également biologiques. Dans le cas de l'association des bananes avec le cacao, il existe une relation bénéfique entre les cultures puisque les bananiers sont des pollinisateurs de cacao.
  • expérimentation d'exploitations apicoles et installation de ruches dans les allées pour y cultiver un miel multifloral, très convoité et valorisé sur le marché. L'irrigation qui complète les besoins en eau de la culture principale permet également la disponibilité de fleurs tout au long de l'année, créant un milieu idéal pour ce type d'exploitation.

Défis

 

Il est nécessaire de mener des études pour évaluer, valider et quantifier l'impact réel des méthodes utilisées dans la production biologique. Certaines des questions devant être étudiées sont:

1. L'effet des cultures de couverture sur le contrôle biologique des thrips. L'utilisation de cultures de couverture créée un milieu propice au développement d'organismes qui réduisent les populations de thrips.

2. Améliorer les conditions de reproduction des champignons entomopathogènes afin de diminuer le nombre de larves  et d'adultes charançons.

3. Accroître la santé et la qualité des sols. Un renforcement des populations de bactéries, actinomycètes et champignons semble réduire le niveau d'inoculum dans les feuilles infestées par la Sigatoka.

4. Diminution du stress hydrique grâce à la préservation de l'humidité. Le stress hydrique pose plusieurs problèmes, dont une sensibilité accrue aux agents pathogènes.

5. La quantité et la diversité des racines dans le sol facilitent la propagation des dommages causés par les nématodes. Il serait utile d’identifier des populations de nématodes suffisamment représentatives pour évaluer leur effet complet sur les systèmes racinaires.

6. Le pays est très sensible au changement et aux variations climatiques, ce qui affecte significativement les rendements, la santé des sols, et de fait les moyens de subsistance des producteurs de bananes.

Références

Références

1 Potts, J., Lynch, M., Wilkings, A., Huppe, G., Cunningham, M., Voora, V.  2014. The state of sustainable initiatives review 2014: Standards and the Green Economy. 97-118 pp.

2 Ministerio de Agricultura. Sector Bananero Dominicano

3 FAO. 2013. FAO Realiza TallerInternacional sobre Estrategia de Mercado del Banano Dominicano

4 FreshFruitPortal. 2011. Black Sigatoka Fungus Hits Dominican Republic’s Bananas