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PREMIÈRE PARTIE
SITUATION MONDIALE
DES PÊCHES ET DE
L'AQUACULTURE

Ressources halieutiques: tendances de la production, de l'utilisation et du commerce

VUE D'ENSEMBLE

Les pêches de capture et l'aquaculture ont produit en 2004 environ 106 millions de tonnes de poisson destiné à l'alimentation, situant l'offre apparente par habitant à 16,6 kg (équivalent poids vif), soit la plus forte jamais enregistrée (tableau 1 et figure 1). L'aquaculture représentait 43 pour cent de ce total. L'offre par habitant, hors Chine, affiche une croissance annuelle modeste, de l'ordre de 0,4 pour cent, depuis 1992 (après un fléchissement à compter de 1987), l'augmentation de l'offre aquacole ayant plus que compensé les effets de la production statique des pêches de capture et de la croissance démographique (tableau 2 et figure 2). En 2004, l'offre de poisson de consommation par habitant, hors Chine, était estimée à 13,5 kg. Globalement, le poisson a assuré à plus de 2,6 milliards de personnes au moins 20 pour cent de leur apport en protéines animales. La part des protéines de poisson dans le total mondial de l'apport protéique d'origine animale est passée de 14,9 pour cent en 1992 au chiffre record de 16 pour cent en 1996, pour retomber à environ 15,5 pour cent en 2003.

Tableau 1
Situation mondiale des pêches et de l'aquaculture: production et utilisation

 

2000

2001

20002

2003

2004

20051

(millions de tonnes)

PRODUCTION

           

PÊCHES CONTINENTALES

           

Pêches de capture

8,8

8,9

8,8

9,0

9,2

9,6

Aquaculture

21,2

22,5

23,9

25,4

27,2

28,9

Total des pêches continentales

30,0

31,4

32,7

34,4

36,4

38,5

PÊCHES MARINES

           

Pêches de capture

86,8

84,2

84,5

81,5

85,8

84,2

Aquaculture

14,3

15,4

16,5

17,3

18,3

18,9

Total des pêches marines

101,1

99,6

101,0

98,8

104,1

103,1

TOTAL DES PÊCHES DE CAPTURE

95,6

93,1

93,3

90,5

95,0

93,8

TOTAL DE L'AQUACULTURE

35,5

37,9

40,4

42,7

45,5

47,8

TOTAL MONDIAL DES PÊCHES

131,1

131,0

133,7

133,2

140,5

141,6

UTILISATION

           

Consommation humaine

96,9

99,7

100,2

102,7

105,6

107,2

Utilisation à des fins non

           
alimentaires

34,2

31,3

33,5

30,5

34,8

34,4

Population (milliards)

6,1

6,1

6,2

6,3

6,4

6,5

Approvisionnements en poissons de consommation par

16,0

16,2

16,01

16,3

16,6

16,6

habitant (kg)            
Note: Ces données n'incluent pas les plantes aquatiques.
1 Estimation préliminaire.

En dépit de la consommation relativement faible de poisson, exprimée en poids, qui se situait en 2003 à 14,1 kg par habitant dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV), la contribution du poisson dans l'apport total de protéines animales a été appréciable - de l'ordre de 20 pour cent - et elle est probablement supérieure à ce qu'indiquent les statistiques officielles, étant donné la contribution non déclarée des pêches de subsistance.

EL ESTADO MUNDIAL DE LA PESCA Y LA ACUICULTURA 2006

Tableau 2
Situation mondiale des pêches et de l'aquaculture, Chine exclue

 

2000

2001

20002

2003

2004

20051

(millions de   tonnes)

PRODUTION

           

PÊCHES CONTINENTALES

           

Pêches de capture

6,6

6,7

6,5

6,6

6,8

7,0

Aquaculture

6,0

6,5

7,0

7,6

8,3

8,8

Total des pêches continentales

12,6

13,3

13,5

14,2

15,1

15,8

PêChES MARInES

           

Pêches de capture

72,0

69,8

70,2

67,2

71,3

69,7

Aquaculture

4,9

5,3

5,6

6,1

6,6

6,6

Total des pêches marines

76,9

75,2

75,8

73,3

77,9

76,3

Total des pèches de capture

78,6

76,6

76,7

73,8

78,1

76,7

Total de l'aquaculture

10,9

11,9

12,6

13,8

14,9

15,4

Total mondial des pêches

89,5

88,4

89,3

87,5

93,0

92,1

UTILISATION

           

Consommation humaine

63,9

65,7

65,7

67,5

68,9

69,0

Utilisation à des fins non            

alimentaires

25,7

22,7

23,7

20,1

24,0

23,1

Population (milliards)

4,8

4,9

5,0

5,0

5,1

5,1

Approvisionnements en

           

poissons de consommation par

13,3

13,4

13,3

13,4

13,5

13,4

habitant (kg)            
Note: Ces données n'incluent pas les plantes aquatiques.
1 Estimation préliminaire.

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Les premières estimations basées sur les données communiquées pour 2005 par certains des grands pays pêcheurs montrent que le total de la production halieutique mondiale a atteint près de 142 millions de tonnes, soit plus d'un million de tonnes par rapport à 2004 et un niveau record de la production. Du fait de l'augmentation de la population et bien que le volume total de la consommation de poisson estimé par habitant ait augmenté, pour se situer à 107 millions de tonnes, les disponibilités par habitant sont restées à peu près au même niveau qu'en 2004. La part des pêches de capture dans la consommation humaine a baissé, mais celle de l'aquaculture a augmenté.

La Chine reste de loin le plus gros producteur avec une production halieutique déclarée de 47,5 millions de tonnes en 2004 (16,9 et 30,6 millions de tonnes provenant des pêches de capture et de l'aquaculture respectivement), ce qui représente selon les estimations une offre intérieure de poisson de consommation de 28,4 kg par habitant en plus des volumes destinés à l'exportation et à des utilisations non alimentaires. Cependant, divers éléments donnent encore à penser que les statistiques de production halieutique et aquacole de la Chine seraient trop élevées, comme le signalent les précédentes éditions de La situation mondiale des pêches et de l'aquaculture1, un problème qui se pose depuis le début des années 90. Compte tenu de son importance et de l'incertitude caractérisant ses statistiques de production, la Chine fait l'objet d'un examen distinct du reste du monde, comme dans les éditions précédentes de ce rapport.

La production mondiale des pêches de capture a atteint 95 millions de tonnes en 2004, pour une première valeur marchande de 84,9 milliards de dollars Eu selon les estimations. Les États-unis d'Amérique, la Chine et le Pérou demeurent les principaux pays producteurs. La production mondiale des pêches de capture a été relativement stable durant la dernière décennie, si ce n'est les fluctuations importantes dues aux captures d'anchois du Pérou, une espèce extrêmement sensible aux conditions océanographiques dictées par l'oscillation australe El niño (figure 3). Les fluctuations des autres espèces et dans les autres régions ont grandement tendance à se compenser mutuellement de sorte que les captures marines qui représentaient au total 85,8 millions de tonnes en 2004 n'affichent pas ces variations marquées. La production dans l'océan Indien oriental et le Pacifique Centre-Ouest a poursuivi sa tendance déjà ancienne à l'expansion, tandis que des augmentations ont été enregistrées récemment dans les zones hautement réglementées de l'Atlantique nord-Ouest et du Pacifique nord-Ouest, après des fléchissements de la production. En revanche, les captures ont récemment chuté dans deux autres régions: pour la première fois depuis 1991, les captures de l'Atlantique nord-Est ont été inférieures à 10 millions de tonnes et, dans l'Atlantique Sud-Ouest, une baisse marquée des prises d'encornet rouge d'Argentine a renvoyé les captures à leur plus bas niveau depuis 1984. La Méditerranée et la mer noire ont été les zones marines les plus stables du point de vue de la production des pêches de capture. Les captures dans les eaux continentales - qui concernent l'Afrique et l'Asie à environ 90 pour cent - sont en augmentation légère mais régulière depuis 1950, partiellement en raison des pratiques de repeuplement des stocks, et ont atteint un niveau record de 9,2 millions de tonnes en 2004.

EL ESTADO MUNDIAL DE LA PESCA Y LA ACUICULTURA 2006

L'aquaculture continue de croître plus rapidement que tous les autres secteurs de production alimentaire d'origine animale, à un taux moyen annuel de 8,8 pour cent depuis 1970, contre seulement 1,2 pour cent pour les pêches de capture et 2,8 pour cent pour les systèmes terrestres de production animale durant la même période. Divers éléments portent cependant à croire que le taux de croissance de l'aquaculture dans le monde pourrait avoir atteint son maximum, même si des taux élevés sont encore enregistrés pour certaines régions ou espèces. En 2004, la production aquacole se serait établie à 45,5 millions de tonnes (tableau 1), pour une valeur de 63,3 milliards de dollars Eu; si l'on tient compte des plantes aquatiques, cette production se porte à 59,4 millions de tonnes, pour une valeur de 70,3 milliards de dollars Eu. La Chine représenterait près de 70 pour cent du total et plus de la moitié de la valeur mondiale de la production aquacole. toutes les régions ont augmenté leur production entre 2002 à 2004, en particulier la région Proche-Orient et Afrique du nord et la région Amérique latine et Caraïbes qui représentent respectivement environ 14 pour cent et 10 pour cent de la croissance annuelle moyenne. L'aquaculture en eau douce continue d'occuper la première place, suivie de la mariculture et de la culture en eau saumâtre. Les carpes représentent 40 pour cent de la production totale de poissons, de crustacés et de mollusques. La période 2000-2004 a été marquée par une forte poussée de la production de crustacés et, dans une moindre mesure, de poissons de mer. Pendant la même période, la production des pays en développement, hors Chine, s'est accrue au taux annuel de 11 pour cent, contre 5 pour cent pour la Chine et environ 2 pour cent pour les pays développés. À l'exception des crevettes marines, le gros de la production aquacole des pays en développement en 2004 a été constitué de poissons omnivores/ herbivores ou d'espèces qui se nourrissent par filtration. En revanche, les trois quarts environ de la production de poissons d'élevage des pays développés étaient composés d'espèces carnivores.

Au cours des trois dernières décennies, le nombre de pêcheurs et d'aquaculteurs a augmenté plus rapidement que la population mondiale et l'emploi dans l'agriculture traditionnelle. Selon les estimations, 41 millions de personnes travaillaient en qualité de pêcheurs ou d'aquaculteurs en 2004, la grande majorité dans les pays en développement, principalement en Asie. Les augmentations sensibles enregistrées durant les décennies les plus récentes, notamment en Asie, sont dues à la forte expansion des activités aquacoles. En 2004, les aquaculteurs représentaient un quart du nombre total de pêcheurs dans le secteur primaire. La Chine est de loin le pays comptant le plus grand nombre de pêcheurs et d'aquaculteurs, avec 13 millions en 2004, soit 30 pour cent du total mondial. Les programmes engagés par la Chine pour réduire la taille de sa flotte de pêche et remédier aux problèmes de surcapacité ont entraîné une réduction du nombre de personnes travaillant dans les pêches de capture qui a chuté de 13 pour cent entre 2001 et 2004. Dans la plupart des pays industrialisés, le nombre de personnes se livrant à la pêche et à l'aquaculture a diminué ou est resté stationnaire.

La flotte de pêche mondiale comptait environ 4 millions d'unités à la fin de 2004, dont 1,3 million de navires pontés de différents types, tonnages et puissances, et 2,7 millions d'embarcations non pontées. Les navires pontés étaient quasiment tous mécanisés, ce qui était le cas de seulement un tiers environ des bateaux de pêche non pontés, généralement équipés de moteurs hors-bord. Les deux tiers restants étaient composés d'embarcations traditionnelles de différents types, à voile ou à rames. Environ 86 pour cent des navires pontés étaient concentrés en Asie, les autres en Europe (7,8 pour cent), en Amérique du nord et en Amérique centrale (3,8 pour cent), en Afrique (1,3 pour cent), en Amérique latine (0,6 pour cent) et en Océanie (0,4 pour cent). De nombreux pays ont adopté des politiques visant à limiter ou à réduire la croissance de la capacité de pêche nationale afin de protéger leurs ressources halieutiques et de rentabiliser les activités des entreprises de pêche. Divers éléments attestent une baisse persistante de la taille des flottes de navires pontés des nations développées qui pratiquent la pêche de longue date, notamment celles qui pêchent au large et pratiquent la pêche hauturière. toutefois, même dans ces pays, la baisse de la puissance de pêche est généralement moins importante que celle du nombre de navires de pêche. Par ailleurs, certains pays signalent une expansion continue de leurs flottilles. Dans l'ensemble, le nombre de navires de pêche dans le monde ne s'est pas sensiblement modifié en 2003 ou en 2004.

De même que la flotte de pêche mondiale paraît s'être stabilisée, l'exploitation des ressources halieutiques dans le monde est globalement restée assez stable, bien que cette situation ne soit pas nouvelle pour ce qui est des ressources. Pendant les 10 à 15 dernières années, la proportion de stocks surexploités et épuisés est restée inchangée, après la forte augmentation enregistrée dans les années 70 et 80. Selon les estimations, en 2005 comme au cours des dernières années, environ un quart des groupes de stocks dont la FAO assure le suivi étaient sous-exploités ou modérément exploités - ce qui pourrait justifier une intensification de la pêche - tandis que la moitié des stocks environ était pleinement exploités, générant des captures dont le volume était proche du seuil d'équilibre, interdisant ainsi toute expansion future. Les stocks restants étaient surexploités, épuisés ou en cours de relèvement après épuisement, et produisaient donc moins que leur rendement potentiel maximal compte tenu de la surpêche. La situation paraît plus grave pour certaines ressources exclusivement ou partiellement exploitées en haute mer, en particulier les stocks chevauchants et les requins grands migrateurs. Cela confirme de précédentes observations selon lesquelles le potentiel de pêche océanique aurait atteint son maximum dans le monde, ce qui donne encore plus de poids aux appels à la prudence et à la gestion avisée des pêches afin de reconstituer les stocks épuisés et de prévenir le déclin de ceux qui sont exploités au maximum de leur potentiel, ou quasiment. S'agissant des ressources des eaux continentales, on constate une surpêche généralisée, imputable à l'exploitation intensive des espèces de grande taille dans les grands bassins hydrographiques ou à la surexploitation d'assemblages d'espèces ou d'écosystèmes très diversifiés dans les tropiques.

En 2004, le commerce mondial du poisson et des produits dérivés a atteint une valeur totale record de 71,5 milliards de dollars Eu (valeur des exportations), soit une croissance de 23 pour cent par rapport à 2000. Les premières estimations pour 2005 laissent présager une nouvelle augmentation de la valeur des exportations des pêches. En termes réels (corrigés en fonction de l'inflation), les exportations de poisson et de produits dérivés se sont accrues de 17,3 pour cent durant la période 2000-2004. Exprimées en volume, les exportations en équivalent de poids vif représentaient en 2004 38 pour cent de la production halieutique et aquacole totale, confirmant que le poisson est l'une des denrées les plus échangées, tant pour la consommation que pour l'alimentation animale. La part des échanges de poisson dans le produit intérieur brut total (PIB) comme dans le PIB agricole total a globalement doublé au cours des 25 dernières années. Depuis 2002, la Chine est devenue le principal exportateur mondial et, en 2004, ses exportations de poisson ont été évaluées à 6,6 milliards de dollars Eu, suite à une croissance annuelle moyenne qui s'est établie au taux remarquable de 12 pour cent pendant la période 1992-2 004. Les exportations nettes des pêches des pays en développement (à savoir la valeur totale de leurs exportations moins la valeur totale de leurs importations) ont poursuivi leur tendance à la hausse durant les deux dernières décennies, passant de 4,6 milliards de dollars Eu en 1984 à 16 milliards de dollars Eu en 1994, puis à 20,4 milliards de dollars Eu en 2004. Ces chiffres sont nettement supérieurs à ceux concernant des denrées agricoles telles que le riz, le café et le thé. La crevette demeure, en valeur, au premier rang des échanges, avec environ 16,5 pour cent de la valeur totale des produits piscicoles échangés dans le monde en 2004, suivie par les poissons de fond (10,2 pour cent), les thonidés (8,7 pour cent) et le saumon (8,5 pour cent). En 2002, la farine de poisson représentait environ 3,3 pour cent de la valeur des exportations, et l'huile de poisson moins de 1 pour cent.

S'agissant de la réglementation des pêcheries marines, les organisations régionales de gestion des pêches jouent un rôle fondamental en favorisant la coopération internationale en vue de la conservation et de la gestion des stocks halieutiques. Ces organisations constituent aujourd'hui le seul moyen réaliste d'administrer des stocks chevauchants ou partagés entre différentes juridictions nationales, entre ces zones et la haute mer ou uniquement présents dans les zones de haute mer. Renforcer les organisations régionales de gestion des pêches pour leur permettre de conserver et de gérer les stocks halieutiques plus efficacement demeure un défi majeur de la gouvernance internationale des pêches. Malgré les efforts engagés depuis 10 ans pour améliorer leurs capacités de gestion et leur image en tant qu'entités dynamiques et efficaces, certaines de ces organisations n'ont pas été en mesure de s'acquitter de leur mission fondamentale de gestion durable des stocks, suscitant des critiques croissantes sur la scène internationale. Cependant, nombres d'entre elles ont pris des mesures pour appliquer une approche écosystémique des pêches, et s'emploient à mettre en pratique le principe de précaution, à renforcer la coopération internationale, à promouvoir la transparence, à encourager l'adhésion ou la coopération des parties/entités éligibles non membres, et à promouvoir le respect des réglementations et la répression des infractions en renforçant les actions de suivi, de contrôle et de surveillance.

Par ailleurs, il convient de mettre en place un système de gouvernance de la pêche et des ressources halieutiques transfrontières des eaux continentales. nombre des grands bassins fluviaux du monde chevauchent plusieurs frontières internationales, et de nombreuses espèces de poissons de rivière migrent de part et d'autre, ce qui implique que les activités d'un pays peuvent avoir une incidence sur les stocks et les communautés qui les exploitent dans un autre pays. Dans ces circonstances, une gestion avisée des pêches exige l'adoption de politiques régionales appropriées visant à préserver les ressources partagées (les eaux et les ressources biologiques), l'intégration de ces politiques dans les législations nationales et leur application. Divers cadres régionaux permettent d'ores et déjà de gérer les eaux continentales et les ressources bioaquatiques, et des progrès encourageants ont récemment été enregistrés dans ce domaine; la gouvernance demeure toutefois incomplète, car seulement 44 pour cent des bassins hydrographiques du monde font l'objet d'un ou de plusieurs accords qui ne portent pas nécessairement sur les pêches. Il est peu probable que les pêches continentales deviennent la visée première des programmes de gestion des eaux et, par ailleurs, les besoins des communautés de pêcheurs et des artisans-pêcheurs risquent fort de ne pas être pris en compte par ces programmes si les régimes d'administration des eaux ne portent pas spécifiquement sur les pêcheries continentales.

À la différence des pêches de capture, les activités aquacoles sont généralement situées au sein des frontières nationales, et sont donc de compétence nationale. Il est de plus en plus reconnu que le développement durable de l'aquaculture exige un climat porteur, un cadre institutionnel et juridique et un train de mesures de gestion appropriées fondées sur une politique globale. Des progrès sensibles ont été marqués sur plusieurs aspects institutionnels et juridiques, le développement et la gestion, notamment grâce à des accords de partenariat entre le secteur privé et les pouvoirs publics. Des efforts sont engagés pour favoriser la planification intégrée de l'environnement, l'utilisation des terres et l'application des réglementations, souvent par adhésion volontaire aux codes de pratique. Les accords de cogestion constituent une tendance nouvelle de la gestion des ressources communes, et ont prouvé leur efficacité pour la pêche fondée sur l'élevage, une forme d'aquaculture collective pratiquée sur les petits plans d'eau des zones rurales.

Les questions touchant au commerce international des produits de la pêche ont été au premier plan des préoccupations durant les dernières années. Elles concernent notamment les dispositions en matière d'étiquetage et de traçabilité, l'écoétiquetage, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, le développement durable de l'aquaculture et les subventions visées par les accords sur la production et les échanges. Certaines de ces questions figurent à l'ordre du jour des négociations commerciales multilatérales de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) durant lesquelles les pays discutent également des pêches, avec une attention particulière pour les subventions qui encouragent la surcapacité et la surpêche et la manière dont ces subventions peuvent être disciplinées mais néanmoins adaptées aux exigences du développement durable. Il se pourrait que l'issue des négociations sur les subventions à la pêche tienne à la définition donnée à certaines questions techniques, aux accords conclus en la matière et à l'importance que les Membres de l'OMC accorderont non seulement au commerce, mais aussi aux questions de développement et d'environnement.

PRODUCTION DES PÊCHES DE CAPTURE

Production totale des pêches de capture

En 2004, la production mondiale des pêches de capture a atteint 95 millions de tonnes, soit une augmentation de 5 pour cent par rapport à 2003 où leur volume total était tombé à 90,5 millions de tonnes (tableau 1). Dans les 10 dernières années (1995-2004) pour lesquelles des statistiques complètes sont disponibles jusqu'à la fin de 2006, les chiffres les plus élevés et les plus bas (figure 3) coïncident avec les fluctuations des prises d'anchois du Pérou, une espèce que l'on sait très influencée par les effets du phénomène El niño sur les conditions océanographiques dans le Pacifique Sud-Est. Pendant ces 10 ans, les captures de cette petite espèce pélagique se sont établies, au niveau le plus bas, à 1,7 million en 1998 pour grimper à une pointe de 11,3 millions de tonnes en 2000, alors que le total des captures mondiales, hors anchois, est resté relativement stable, entre 83,6 et 86,5 millions de tonnes.

Selon les estimations préliminaires de la production totale des captures en 2005, les captures des pêches continentales avaient augmenté d'environ 0,4 million de tonnes, alors que les captures marines avaient chuté d'environ 1,5 million de tonnes. Cependant, moins d'un tiers de la baisse de production des captures marines entre 2004 et 2005 peut être attribué à la variabilité de l'anchois du Pérou, car les captures d'autres espèces marines dans leur ensemble ont chuté d'environ 1 million de tonnes.

Selon les estimations, la valeur de première vente de la production de pêches de capture mondiale est de l'ordre de 84,9 milliards de dollars Eu - soit une croissance de 3,6 pour cent par rapport à celle de 2003 - dont 3,4 milliards de dollars Eu pour le poisson destiné à la transformation.

EL ESTADO MUNDIAL DE LA PESCA Y LA ACUICULTURA 2006

Le seul changement récent dans le classement des 10 premiers pays producteurs (figure 4) concerne le repositionnement du Chili. Ce pays est passé de la sixième place en 2002 à la septième en 2003, puis à la quatrième place en 2004, là encore en raison des fluctuations des captures d'anchois. Les statistiques de prise officielles communiquées par la Chine ont été extrêmement stables depuis 1998 (figure 3) passant de 16,5 à 16,9 millions de tonnes entre 2001 et 2004. toutefois, les captures des navires chinois pratiquant la pêche hauturière ont considérablement augmenté depuis 1998, et ont atteint plus de 0,4 million de tonnes en 2004, soit une quantité analogue aux prises individuellement réalisées par le Japon, la République de Corée et Taïwan Province de Chine, pays qui pratiquent depuis longtemps la pêche hauturière, mais ont progressivement réduit leurs activités durant ces dernières années.

Production mondiale des pêches de capture marines

La production des pêches de capture marines s'est chiffrée à 85,8 millions de tonnes en 2004. S'agissant du total des captures mondiales (qui inclut la production des pêches de capture continentales), la tendance récente a été fortement influencée par les fluctuations des prises d'anchois au large des côtes du Pérou et du Chili.

Le Pacifique nord-Ouest et le Pacifique Sud-Est demeurent les zones de pêche les plus productives (figure 5). Dans les trois autres zones (océan Indien occidental et oriental, et Pacifique Centre-Ouest) principalement situées dans les tropiques où la FAO estimait 10 ans auparavant que la pêche pouvait encore se développer2, le total des prises a continué d'augmenter dans l'océan Indien oriental et le Pacifique Centre-Ouest. Dans l'océan Indien occidental, la production des pêches de capture a toutefois chuté en 2004 par rapport à l'année précédente, et la tendance ancienne à la hausse s'est probablement infléchie dans cette zone. Les pêches côtières y sont probablement plus vulnérables que dans les deux autres régions, avec une baisse de 0,2 million de tonnes du volume total des captures, hors thonidés, en 2004. Les captures de thonidés - qui sont le groupe d'espèces le plus précieux et sont généralement exportées - ont atteint quasiment 30 pour cent du volume total des captures.

On note une augmentation continue des prises dans l'Atlantique nord-Ouest et le Pacifique nord-Est depuis les niveaux minimums enregistrés en 1998 et en 2000 (voir la figure 18 à la page 32-33). Ces deux zones de pêche tempérées comptent parmi les plus réglementées et les plus gérées au monde, et le récent rétablissement des captures peut être considéré comme une indication de l'efficacité des mesures de gestion introduites après les crises qui ont marqué les années 90. La Méditerranée et la mer noire semblent être les zones les plus stables du point de vue du total des captures (les quantités pour 1996 et 2004 sont restées inchangées, si ce n'est quelques variations mineures), mais une analyse plus fine par groupe d'espèces met en évidence une augmentation des petits pélagiques et une baisse des espèces démersales, des thonidés et des requins, ce qui suggère un déclin pour plusieurs des espèces halieutiques les plus précieuses.

EL ESTADO MUNDIAL DE LA PESCA Y LA ACUICULTURA 2006

En 2004, le total des prises a diminué de plus de 10 pour cent par rapport à son niveau de 2002 dans trois zones de pêche: l'Atlantique nord-Est, l'Atlantique Sud-Ouest et le Pacifique Centre-Est. Dans l'Atlantique nord-Est, les captures sont tombées à moins de 10 millions de tonnes pour la première fois depuis 1991. une chute marquée des prises d'encornet rouge d'Argentine par les flottilles locales et les flottilles de pêche hauturière (en 2004, la production des pêches de capture représentait un neuvième de celle de 1999) a ramené le total des prises dans l'Atlantique Sud-Ouest à son plus bas niveau depuis 1984 (figure 18). Dans le Pacifique Centre-Est, les captures ont culminé à près de 2 millions de tonnes en 2002, pour régresser d'environ 13 pour cent au cours des deux années suivantes.

Avec une production totale de l'ordre de 10,7 millions de tonnes en 2004, l'anchois du Pérou reste de loin en tête des 10 espèces marines les plus capturées (figure 6). Ce classement n'a pas affiché de changements majeurs depuis 2002. Le capelan (un petit pélagique) qui était à la quatrième place en 2002 a été éliminé du classement et remplacé par le thon jaune. Le merlan bleu et le maquereau espagnol ont amélioré leurs positions au détriment de l'anchois japonais et du chinchard du Chili.

Les captures de thonidés sont restées relativement stables depuis 2002, alors que le volume total des prises d'espèces profondes et d'autres espèces épipélagiques - principalement les calmars océaniques - a augmenté de plus de 20 pour cent entre 2002 et 2004. La part des prises océaniques dans le total des captures marines a été supérieure à 12 pour cent en 2003 et en 2004. Des informations complémentaires sur les espèces océaniques sont fournies à l'encadré 1 (voir p. 12-13).

S'agissant des tendances par groupes d'espèces, les captures de crevettes et de céphalopodes se sont considérablement accrues durant la décennie achevée en 2004 (de 47,2 et de 28,4 pour cent respectivement) et, à la fin de cette décennie, elles avaient toutes deux atteint leur plus haut niveau, soit environ 3,6 et 3,8 millions de tonnes. Pour le groupe des crevettes, il est difficile d'analyser les tendances des espèces, car d'importantes quantités sont simplement signalées en tant que crevettes, sans autre précision. Pour les céphalopodes, l'augmentation des captures d'encornets volants géants et «autres encornets non identifiés» dans le Pacifique a compensé l'effondrement des captures d'encornet rouge d'Argentine dans l'Atlantique. Les prises de thonidés et de requins ont toutes deux chuté en 2004 après avoir atteint leur maximum en 2003.

Encadré 1

Phases de développement des pêcheries d'espèces océaniques

La pêche en haute mer continue d'attirer l'attention des organisations internationales, des organisations non gouvernementales (ONG) et du grand public, qui montrent tous un intérêt grandissant pour la gestion des ressources de la haute mer1, et une préoccupation générale au regard de la surpêche. Les ressources de la haute mer sont définies comme celles présentes hors des zones économiques exclusives (ZEE), qui s'étendent généralement sur 200 milles marins.

La base de données de la FAO sur les statistiques des pêches mondiales ne permet malheureusement pas de dégager une estimation précise de la production des pêches de capture des hautes mers, car les statistiques sur les captures concernent de vastes zones de pêche qui ne sont pas directement comparables avec celles des ZEE. Les données disponibles n'indiquent donc pas si le poisson a été capturé à l'intérieur ou à l'extérieur des ZEE. toutefois, la base de données de la FAO sur les captures contenant des statistiques sur les captures des espèces océaniques peut être utilisée pour analyser les tendances des captures et les phases de développement des pêches pour ce groupe d'espèces pêchées essentiellement au-delà des plates-formes continentales.

Les espèces océaniques peuvent être classées en espèces épipélagiques et en espèces d'eau profonde. Le nombre d'espèces classées comme espèces d'eau profonde continue de croître, atteignant 115 espèces en 2004, alors que le nombre des espèces épipélagiques restait stable à 60. L'amélioration de la ventilation des espèces d'eau profonde, qui sont indiquées dans les statistiques nationales sur les captures, fait pendant à l'augmentation des espèces de requin constatée ces dernières années. Ce phénomène pourrait s'expliquer notamment par la prise de conscience croissante dans le monde que les espèces vulnérables doivent être protégées par des mesures de gestion rigoureuses et que celles-ci ne peuvent être formulées et acceptées que si les informations de base comme que les statistiques sur les captures sont systématiquement collectées.

Dans une récente étude de la FAO2, une méthode permettant d'identifier et d'étudier les phases de développement des pêches a été appliquée aux séries de données sur les captures d'espèces océaniques pour 1950-2004. Les tendances des captures totales (figure A) montrent que les prises épipélagiques océaniques ont augmenté très régulièrement durant toute la période, tandis que les pêches concernant les ressources d'eau profonde n'ont commencé à se développer de manière significative qu'à la fin des années 70. Cette situation est due à l'évolution des techniques applicables à la pêche en eau profonde, mais aussi à la nécessité d'exploiter de nouveaux fonds de pêche du fait de l'extension des juridictions qui réduisent les possibilités, et du déclin des ressources dans les zones côtières. une analyse comparative des phases de développement (figures B et C) montre de façon plus détaillée qu'à la fin des années 60, les ressources épipélagiques océaniques classées comme «inexploitées» sont tombées à zéro, ce qui ne s'était produit qu'à la fin des années 70. Durant la même période de 20 ans, le pourcentage des espèces d'eau profonde classées comme «sénescentes» dépassait celui des espèces épipélagiques et a continué à être supérieur depuis. Ce résultat peut être considéré comme la preuve que les espèces d'eau profonde sont généralement très vulnérables à la surexploitation, compte tenu principalement de leurs taux de croissance lents et de leur âge tardif à la première maturité.


Par exemple, la Conférence d'examen des nations unies sur l'Accord aux fins de l'application des dispositions de la Convention des nations unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982 relatives à la conservation et à la gestion des stocks de poissons dont les déplacements s'effectuent tant à l'intérieur qu'au-delà de zones économiques exclusives (stocks chevauchants) et des stocks de poissons grands migrateurs, qui s'est tenue au siège de l'Onu à New York (États-unis d'Amérique) du 22 au 26 mai 2006. (Voir également p. 123-127.)
FAO. 2006. The state of the world highly migratory, straddling and other high seas fishery resources and associated species, par J.-J.Maguire, M. Sissenwine, J. Csirke, R. Grainger et S. Garcia. FAO, Document technique sur les pêches n°495.

EL ESTADO MUNDIAL DE LA PESCA Y LA ACUICULTURA 2006

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Lorsque l'on analyse les tendances des captures par espèce, il convient de garder à l'esprit qu'une tendance peut être modifiée par une sous-estimation due au signalement non spécifique d'une partie des captures ou, a contrario, par une meilleure ventilation des espèces dans les statistiques de prise. Bien que le nombre d'espèces entrant dans la base de données de la FAO sur les captures ait augmenté au taux annuel moyen de 5 pour cent durant les 8 dernières années, et que le pourcentage des captures signalées au niveau de l'espèce se soit amélioré lors des dernières années, quelque 37 pour cent des captures mondiales ne sont toujours pas rapportées aux espèces correspondantes. Environ 27 pour cent d'entre elles sont déclarées à un niveau taxonomique plus général, et 10 pour cent figurent dans la catégorie «poissons marins non identifiés».

Production mondiale des pêches de capture dans les eaux continentales

Après un léger fléchissement en 2002, le total mondial des captures en eaux continentales est de nouveau remonté en 2003 et 2004 pour atteindre 9,2 millions de tonnes pendant cette dernière année. Comme précédemment, l'Afrique et l'Asie représentent environ 90 pour cent du total mondial (figure 7) et leurs parts respectives sont relativement stables. Les pêches continentales paraissent toutefois en crise en Europe où le total des captures a chuté de 30 pour cent depuis 1999. Le déclin de la pêche professionnelle peut y être partiellement imputé à la concurrence d'autres formes d'exploitation des ressources hydriques continentales et à la moindre viabilité économique de nombreuses entreprises de pêche. La pêche de loisir représente une part considérable des prises. Les statistiques des pays développés sur les captures en eaux continentales, publiées par la FAO, reposent généralement sur des informations fournies par les correspondants nationaux, et le total des prises peut varier très sensiblement selon que ces derniers tiennent compte ou non des captures des pêches de loisir.

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L'importance et le rôle des pêches continentales dans les pays développés par rapport aux pays en développement (où elles sont une source importante de protéines animales dans les zones rurales pauvres) ressortent de manière encore plus contrastée lorsque l'on groupe les pays par classe économique (tableau 3). La Chine et les autres pays en développement représentaient 94,5 pour cent du total mondial des captures continentales en 2004, tandis que la part conjuguée des pays en transition et des pays industrialisés a baissé de 5,5 pour cent.

Les 10 premiers pays producteurs (figure 8) sont les mêmes qu'en 2002. Le Myanmar, la République-unie de Tanzanie et l'Ouganda (ce pays ayant élargi la couverture de son système de collecte de données, d'où une augmentation de la production déclarée) ont amélioré leur position dans le classement, alors que le Cambodge, l'Égypte et l'Indonésie ont été rétrogradés. Malheureusement, nombre de pays sont encore confrontés à de graves difficultés de gestion et de financement pour la collecte des statistiques sur les pêches continentales. Ainsi, en dépit du fait que les lacs et les fleuves d'Afrique fournissent des aliments à une multitude de gens ainsi que des revenus à l'exportation, la FAO a été obligée d'estimer le total des captures continentales en 2004 pour la moitié des pays d'Afrique concernés par ce type de pêche.

L'analyse des tendances des captures continentales par espèce ou groupe d'espèces dans la base de données de la FAO risque d'être faussée pour deux raisons principales: la très faible ventilation par espèce des captures déclarées par de nombreux pays, et les fortes variations récemment enregistrées dans les données concernant des aspects majeurs des statistiques des prises continentales déclarées par la Chine, qui représentent plus d'un quart de la production mondiale.

Tableau 3
Pêches continentales de capture: production par catégorie économique

 

Production en 2004

(millions de tonnes)

(Part de la production mondiale)

Chine

2,42

26,2

Autres pays en développement

6,29

68,2

Économies en transition

0,29

3,2

Pays industrialisés

0,22

2,3

Total

9,22

 

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En 2003 et 2004, les captures en eaux continentales regroupées à la rubrique «poissons d'eau douce non inclus ailleurs» étaient une fois encore supérieures à la moitié du total mondial, et seulement 19 pour cent d'entre elles sont déclarées au niveau de l'espèce. Cette situation est très préjudiciable car les informations relatives aux prises par espèce sont indispensables pour la gestion. Dans les pays où les pêches continentales contribuent largement à la sécurité alimentaire et au développement économique, en particulier en Afrique et en Asie, une gestion malavisée ne manquerait pas d'entraîner des pertes économiques bien supérieures aux dépenses à engager pour améliorer sensiblement la qualité et la précision des statistiques sur les captures en eaux continentales.

Suite à plusieurs années de collaboration avec la FAO, la Chine a amélioré la ventilation par espèce de ses statistiques de prise en eaux continentales et en mer. toutefois, les tendances de production des pêches de capture pour les trois principaux groupes d'espèces d'eau douce exploités en Chine (à savoir les poissons, les crustacés et les mollusques) se sont notablement modifiées en 2003 et en 2004. La réduction de moitié des captures de «crustacés d'eau douce» signalées par la Chine en 2004, suite au pic extrêmement élevé déclaré en 2002, a eu pour effet de renvoyer ce groupe d'espèces de la deuxième à la cinquième place du classement mondial (figure 9). Les captures mondiales de tilapias et de carpes ont augmenté dans les deux dernières années, tandis que les prises d'alose (une espèce qui supporte mal les effets des dégradations environnementales lorsqu'elle migre dans des eaux de différentes salinités) ont été en 2004 inférieures de 12 pour cent aux volumes déclarés pour 2002.

AQUACULTURE

Production de l'aquaculture

La contribution de l'aquaculture aux approvisionnements mondiaux de poissons, de crustacés, de mollusques et autres animaux aquatiques3 continue de progresser, passant de 3,9 pour cent de la production pondérale totale en 1970, à 27,1 pour cent en 2000, et 32,4 pour cent en 2004. L'aquaculture poursuit son essor à un rythme plus rapide que celui de tous les autres secteurs de production alimentaire d'origine animale. Dans le monde, elle s'est développée à un taux annuel moyen de 8,8 pour cent depuis 1970, contre seulement 1,2 pour cent pour les pêches de capture et 2,8 pour cent4 pour les systèmes terrestres de production animale pendant la même période. L'expansion de la production aquacole a très largement dépassé la croissance démographique, l'offre moyenne par habitant de produits issus de l'aquaculture étant passée de 0,7 kg en 1970 à 7,1 kg en 2004, soit un taux de croissance annuel moyen de 7,1 pour cent.

La production aquacole mondiale (poissons de consommation et plantes aquatiques) a considérablement augmenté au cours des 50 dernières années. D'un niveau inférieur à un million de tonnes au début des années 50, la production déclarée pour 2004 a grimpé à 59,4 millions de tonnes, pour une valeur de 70,3 milliards de dollars Eu. Cela représente une augmentation annuelle moyenne de 6,9 pour cent en volume et de 7,7 pour cent en valeur, par rapport aux chiffres annoncés pour 2002. En 2004, les pays de la région Asie-Pacifique représentaient 91,5 pour cent de la production mondiale et 80,5 pour cent de sa valeur. La Chine représenterait 69,6 pour cent du volume total de la production aquacole mondiale, et 51,2 percent de sa valeur (Figure 10)5.

S'agissant de l'offre de poissons de consommation, le secteur aquacole mondial, hors Chine, a produit en 2004 environ 15 millions de tonnes de produits d'élevage, contre quelque 54 millions de tonnes pour les pêches de capture directement destinées à la consommation. Les chiffres correspondants présentés pour la Chine sont de l'ordre de 31 millions de tonnes pour l'aquaculture et de 6 millions de tonnes pour les pêches de capture, ce qui illustre de manière frappante la prépondérance de l'aquaculture dans ce pays.

La production est très diversifiée au sein de chaque région. Dans la région Asie-Pacifique, la production aquacole d'Asie du Sud, de la Chine et de la majeure partie d'Asie du Sud-Est est principalement composée de cyprinidés, tandis que dans le reste de l'Asie orientale, elle se compose essentiellement de poissons marins de valeur. Au niveau mondial, environ 99,8 pour cent des plantes aquatiques cultivées, 97,5 pour cent des cyprinidés et 87,4 pour cent des crevettes penaeides et 93,4 pour cent des huîtres viennent de la région Asie-Pacifique. Par ailleurs, 55,6 pour cent des salmonidés de culture sont produits en Europe de l'Ouest, principalement au nord du continent. Les carpes prédominent en Europe centrale et en Europe orientale, tant en volume qu'en valeur.

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En Amérique du nord, la barbue d'Amérique est la première espèce aquacole cultivée aux États-unis d'Amérique, tandis que le saumon de l'Atlantique et le saumon du Pacifique prédominent au Canada. Dans la région Amérique latine et Caraïbes, les salmonidés ont évincé les crevettes durant la dernière décennie pour devenir le premier groupe d'espèces cultivées suite aux flambées de maladies dans les principales zones productrices de crevettes et de la croissance rapide de la production de saumon au Chili.

L'Afrique subsaharienne continue d'occuper une place mineure dans l'aquaculture en dépit de son potentiel naturel. Même l'aquaculture du tilapia, une espèce indigène, n'a pas vraiment décollé. Le Nigéria est en tête des pays de la région, avec une production déclarée de 44 000 tonnes de poisson-chat, de tilapia et autres poissons d'eau douce. Plusieurs signes encourageants sont à signaler sur le continent: la production de crevettes géantes tigrées (Penaeus monodon) à Madagascar et de l'algue Eucheuma en République-unie de Tanzanie est en plein essor, tandis que la production d'espèces occupant des créneaux particuliers comme les ormeaux (Haliotis spp.) en Afrique du Sud est elle aussi en augmentation. En Afrique du nord et au Proche-Orient, l'Égypte est de loin le premier pays en termes de production (avec 92 pour cent du total régional), et elle est désormais le deuxième producteur de tilapia après la Chine et le premier producteur mondial de mulets.

Les 10 plus grands producteurs de poissons d'élevage destinés à la consommation en 2004 sont énumérés au tableau 4, ainsi que les 10 premiers pays en termes de croissance annuelle de la production aquacole pour la période 2002-2004. toutes les régions ont enregistré un accroissement de leur production durant cette période, les deux régions de tête étant le Proche-Orient et l'Afrique du nord et la région Amérique latine et Caraïbes, avec une croissance annuelle moyenne de 13,5 et de 9,6 pour cent, respectivement.

Tableau 4
Production aquacole (10 principaux producteurs de poisson destiné à l'alimentation): volume et croissance émergeante

Producteurs

2002

2004

Taux de 
croissance 
annuel moyen

(Tonnes)

(Pourcentage)

Dix principaux producteurs: quantité, 2002-04

Chine

27 767 251

30 614 968

5,0

Inde

2 187 189

2 472 335

6,3

Viet Nam

703 041

1 198 617

30,6

Thaïlande

954 567

1 172 866

10,8

Indonésie

914 071

1 045 051

6,9

Bangladesh

786 604

914 752

7,8

Japon

826 715

776 421

-3,1

Chili

545 655

674 979

11,2

Norvège

550 209

637 993

7,7

États-unis d'Amérique

497 346

606 549

10,4

       

Sous-total 10 principaux producteurs

35 732 648

40 114 531

6,0

Reste du monde

4 650 830

5 353 825

7,3

Total

40 383 478

45 468 356

6,1

Dix principaux producteurs: croissance, 2002-04

Myanmar

190 120

400 360

45,1

Viet Nam

703 041

1 198 617

30,6

Turquie

61 165

94 010

24,0

Pays-Bas

54 442

78 925

20,4

Republique de Corée

296 783

405 748

16,9

Iran (Rép. islamique d')

76 817

104 330

16,5

Égypte

376 296

471 535

11,9

Chili

545 655

674 979

11,2

Thaïlande

954 567

1 172 866

10,8

États-unis d'Amérique

497 346

606 549

10,4

Note: Ces données n'incluent pas les plantes aquatiques, Le taux de croissance annuel moyen est celui de 2002-04.

En 2004, la production mondiale de plantes aquatiques s'est élevée à 13,9 millions de tonnes (6,8 milliards de dollars Eu), dont 10,7 millions de tonnes (5,1 milliards de dollars Eu) pour la Chine, 1,2 million de tonnes pour les Philippines, 0,55 million de tonnes pour la République de Corée et 0,48 million de tonnes pour le Japon. un varech -   la laminaire japonaise (Laminaria japonica -4,5 millions de tonnes) a été la plante aquatique la plus cultivée, suivi d'une algue brune, le wakamé (Undaria pinnatifida -   2,5 millions de tonnes) et du nori (Porphyra tenera -1,3 million de tonnes). Certains pays ont également déclaré 2,6 millions de tonnes à la rubrique «plantes aquatiques» sans autre précision. La production de plantes aquatiques s'est accrue rapidement depuis son volume total de 11,6 millions de tonnes en 2002, principalement en raison de la forte poussée de la production chinoise6.

La production des grands groupes d'espèces continue de croître bien que les augmentations enregistrées depuis 10 ans restent inférieures aux extraordinaires taux de croissance réalisés dans les années 80 et 90 (figure 11, tableau 5) La période 2000-2004 a été caractérisée par une forte poussée de la production de crustacés et, dans une moindre mesure, de poissons marins. La croissance de la production des autres groupes d'espèces commence à se ralentir, et le taux global de croissance est loin des extrêmes enregistrés pendant les deux dernières décennies, même s'il reste appréciable. En conséquence, bien que la production devrait continuer de croître dans un avenir proche, les taux d'augmentation pourraient se tasser. La figure 12 fait le point de la production aquacole en 2004, en volume et en valeur, pour les grands groupes d'espèces.

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Tableau 5
Aquaculture: production mondiale, taux de croissance annuel moyen des différents groupes d'espèces

Période 
de temps

Crustacés

Mollusques

Poissons 
d'eau 
douce

Poissons diadromes

Poissons 
de mer

Total

(Pourcentage)

1970-2004

18,9

7,7

9,3

7,3

10,5

8,8

1970-1980

23,9

5,6

6,0

6,5

14,1

6,2

1980-1990

24,1

7,0

13,1

9,4

5,3

10,8

1990-2000

9,1

11,6

10,5

6,5

12,5

10,5

2000-2004

19,2

5,3

5,2

5,8

9,6

6,3

 Les 10 principaux groupes d'espèces en volume et en pourcentage d'augmentation de la production entre 2002 et 2004 sont présentés au tableau 6. La production de carpes a dépassé de loin celle de tous les autres groupes d'espèces, avec plus de 40 pour cent (18,3 millions de tonnes) de la production totale de poissons, de crustacés et de mollusques. Ces 10 grands groupes d'espèces correspondent à elles toutes à 90,5 pour cent de la production aquacole totale destinée à la consommation. L'espèce la plus cultivée était l'huître creuse du Pacifique (Crassostrea gigas - 4,4 millions de tonnes), suivie de trois espèces de carpe: la carpe argentée (Hypophthalmichthys molitrix-4 millions de tonnes), la carpe herbivore (Ctenopharyngodon idellus- 3,9 millions de tonnes) et la carpe commune (Cyprinus carpio - 3,4 millions de tonnes). En valeur, l'élevage de crevettes vient en deuxième place, et s'est notablement accru dans la période 2002-2004.

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La diversité croissante de la production aquacole est confirmée par le fait que la liste des groupes d'espèces a connu la plus forte augmentation entre 2002 et 2004. Les oursins et échinodermes viennent en tête de liste avec un bond spectaculaire de la production déclarée qui est passée de 25 tonnes en 2002 à 60 852 tonnes en 2004. Même s'il est vrai que ces espèces constituent un nouveau secteur d'activité aquacole, cette progression reflète aussi l'effort fait par la Chine pour améliorer la communication de ces données sur l'aquaculture. À compter de 2003, la Chine a considérablement augmenté le nombre d'espèces mentionnées dans ses données où figurent désormais 15 nouvelles espèces d'eau douce et 13 nouvelles espèces marines. Cela a eu pour effet une baisse correspondante de la production déclarée au titre de groupes «non spécifiés».

L'essentiel de la production aquacole de poissons, de crustacés et de mollusques continue à provenir des eaux douces (56,6 pour cent en volume et 50,1 pour cent en valeur) (figure 13). La mariculture représente 36 pour cent des quantités produites et 33,6 pour cent de la valeur totale. La production marine est principalement composée de poissons à forte valeur, mais on compte également un volume important de moules et d'huîtres d'assez bas prix7. La production en eau saumâtre ne représentait que 7,4 pour cent des quantités produites en 2004, mais sa part s'établissait à 16,3 pour cent de la valeur totale, ce qui illustre la place prépondérante des crustacés et des poissons à valeur commerciale élevée.

Tableau 6
Dix principaux groupes d'espèces dans la production aquacole: volume et croissance émergeante

Groupes d'espèces

2002

2004

Taux de croissance 
annuel moyen

(pourcentage)

(Tonnes)

Dix principaux groupes d'espèces: production aquacole, 2004

Carpes et autres cyprinidés

16673 155

18 303 847

4,8

Huîtres

4 332 357

4 603 717

3,1

Clams, coques, arches

3 457 510

4 116 839

9,1

Poissons d'eau douce divers

3 763 902

3 739 949

-0,3

Crevettes

1 495 950

2 476 023

28,7

Saumons, truites, éperlans

1 791 061

1 978 109

5,1

Moules

1 700 871

1 860 249

4,6

Tilapias et autres cichlidés

1 483 309

1 822 745

10,9

Peignes, pectens

1 228 692

1 166 756

-2,6

Mollusques marins divers

1 389 586

1 065 191

-12,4

Dix principaux groupes d'espèces: croissance de la production de poissons, crustacées et mollusques, 2002-2004

Oursins comestibles et autres échinodermes

25

60 852

4 833,6

Ormeaux, bigorneaux, conques

2 970

287 720

884,3

Grenouilles et autres amphibiens

3 074

76 876

400,1

Mollusques d'eau douce

13 414

142 346

225,8

Esturgeons, spatulaires

3 816

15 551

101,9

Invertébrés aquatiques divers

12 593

42 159

83,0

Plies, flétans, soles

35 513

109 342

75,5

Poissons côtiers divers

386 160

878 589

50,8

Poissons démersaux divers

16 638

31 531

37,7

Crevettes

1 495 950

2 476 023

28,7

Note: Ces données n'incluent pas les plantes aquatiques, Le taux de croissance annuel moyen est celui de 2002-2004.

De 1970 à 2004, la production aquacole chinoise en eaux continentales a progressé au taux moyen annuel de 10,8 pour cent, contre 7 pour cent dans le reste du monde8. Au cours de cette même période, la production aquacole chinoise en eau de mer, hors plantes aquatiques, s'est accrue au taux moyen annuel de 10,7 pour cent, contre 5,9 pour cent dans le reste du monde. La figure 14 illustre les tendances de la production aquacole en eau douce et en mer pour la Chine et le reste du monde.

À la différence des systèmes terrestres d'exploitation, où le gros de la production mondiale provient d'un nombre limité d'espèces animales et végétales, plus de 240 espèces aquatiques animales et végétales ont été déclarées en 2004, soit 20 de plus que le nombre signalé en 2002. Ces 240 espèces représentent 94 familles; de plus, cette diversité est probablement sous-estimée étant donné que 8,9 millions de tonnes (15,1 pour cent) de la production aquacole mondiale, notamment une vingtaine de familles supplémentaires, n'ont pas été déclarées au niveau de l'espèce en 2004; il est probable que ce groupe «non spécifié» comprend des espèces qui n'ont encore jamais été signalées en tant qu'espèces d'élevage. S'agissant de la production aquacole notifiée à la FAO au niveau de l'espèce, les 10 premières espèces représentent 61,7 pour cent de la production totale, tandis que les 25 premières comptent pour 86,6 pour cent de ce total. Ces chiffres sont inférieurs à ceux de 2000 (68,1 pour cent et 91 pour cent, respectivement), ce qui constitue une indication supplémentaire d'une plus grande diversification des espèces cultivées.

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Il convient de noter que le rythme de croissance annuelle de la production aquacole de poissons, de crustacés et de mollusques dans les pays en développement, qui s'est établi en moyenne à 10,2 pour cent depuis 1970, a dépassé celui des pays développés, où il n'a été que de 3,9 pour cent. Dans les pays en développement autres que la Chine, la production a progressé au taux annuel de 8,2 pour cent. En 1970, les pays en développement sont entrés pour 58,8 pour cent dans la production, tandis qu'en 2002, leur part a atteint 91,4 pour cent. Entre 2002 et 2004 la tendance était encore plus spectaculaire, la production des pays en développement, hors Chine, ayant augmenté au taux annuel de 11 pour cent, contre 5 pour cent pour la Chine et 2,3 pour cent pour les pays développés. À l'exception des crevettes marines, le gros de la production aquacole des pays en développement était constitué en 2004 de poissons omnivores/ herbivores ou d'espèces qui se nourrissent par filtration, alors que près des trois quarts de la production de poissons d'élevage des pays développés étaient composés d'espèces carnivores.


  1. Voir notamment FAO. 2002. La situation mondiale des pêches et de l'aquaculture 2002, Encadré 2, p. 9.
  2. FAO. 1996. Chronicles of marine fishery landings (1950-1994): trend analysis and fisheries potential, par R.J.R. Grainger et S.M. Garcia. FAO, Document technique sur les pêches n° 359. Rome.
  3. Ce chiffre inclut également les amphibiens (grenouilles et tortues). Par souci de concision, ils sont désignés ci-après par l'expression «poissons, crustacés et mollusques» ou encore «offre de poisson de consommation».
  4. FAO. FAOSTAT (www.faostat.fao.org). Recherche en date du 22 mai 2006.
  5. Les régions correspondent à celles présentées dans l'analyse publiée dans FAO. 2006. L'État de l'aquaculture dans le monde 2006. FAO, Document technique sur les pêches n° 500. Rome.
  6. La culture des plantes aquatiques n'est pas examinée dans le reste de cette section.
  7. Le prix au kilogramme de la chair de moules et d'huîtres est élevé, tandis que celui des animaux entiers est relativement faible, car le poids des coquilles représente un fort pourcentage du poids vif total. Il convient de noter que les statistiques de la production aquacole sont fournies en poids vif.
  8. La production en eau saumâtre se rapporte ici aux zones marines ou aux zones continentales, selon ce que le pays a déclaré. La production en eau douce et en mer constitue donc le total de la production aquacole.
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