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XVII

CLAYONNAGE ET FASCINAGE

par

T.S. Sheng

Spécialiste de l'aménagement des bassins versants, FAO 1/

El Salvador

1. INTRODUCTION

Le clayonnage (ou clayonnage selon les courbes de niveau") et le fascinage est un traitement appliqué aux bassins versants en vue essentiellement de consolider les remblais routiers et pentes dénudées du même genre Cette méthode combine la consolidation de type mécanique et une reconstitution de la végétation; elle s'est avérée très pratique et a donné de très bons résultats en de nombreux points du globe. La méthode décrite ici a été conçue, à l'origine, par les services forestiers des Etats-Unis dans les années 1930, mais on trouve dans d'autres pays des variantes présentant le même caractère général, notamment dans les Alpes où un "clayonnage" fait de branchages entrelacés est bien connu. Comme il s'agit d'une méthode à fort coefficient de main-d'oeuvre, elle convient aux pays en développement où l'on construit de nouvelles routes dans des régions de collines ou de montagnes.

Le lecteur tiendra compte évidemment du fait que les exemples et les détails fournis dans la présente communication se réfèrent à des expériences réalisées en Jamaïque. Comme pour tout traitement de bassin versant, la méthodologie doit être adaptée avant d'être employée dans d'autres régions et, en certains endroits, cette technique sera inapplicable.

2. LE SITE

La technique du clayonnage et fascinage est conçue tout d'abord pour lutter contre l'érosion superficielle sur certains types de talus remblayés Ce n'est pas la méthode idéale pour les accotements taillés à vif ni pour les zones où se produisent des mouvements de masse. Même le long des accotements remblayés des routes, certains sites ne conviennent pas à l'emploi du clayonnage et du fascinage ou doivent être améliorés au préalable, notamment:

1/ Communication mise au point dans le cadre du programme de terrain de la FAO et étayée en grande partie par l'expérience acquise par l'auteur sur le projet FAO "Mise en valeur des forêts et aménagement des bassins versants dans la région des hautes terres" en Jamaïque.

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Figure 1. Technique de clayonnage et fascinage. Différentes étapes: A. Installation des piquets en rangées suivant les courbes de niveau; noter l'angle approximatif que fait le pieu avec la ligne du fil à plomb et une ligne coupant le talus à angle droit. B. Tranchée creusée juste au-dessus des pieux. C. Clayons de branchages entassés dans la tranchée et appuyés contre les pieux. D. La courbe inférieure est terminée; les clayons de branchages sont partiellement enterrés sous le sol provenant de la tranchée suivante. E. Semis et plantation; on sème des céréales en g (ou en g' dans des sols extrêmement meubles ou quand les clayons sont distants de 1,25 m ou plus): en s-p., on met des semences ou des plants locaux. (D'après le U.S. Forest Service Handbook).

 

a) les accotements taillés qui s'éboulent continuellement, les matériaux d'éboulement risquant ainsi de recouvrir la zone traitée;

b) les zones où le drainage de la route est médiocre et constitue donc un danger pour la zone traitée;

c) les endroits sur lesquels il ne reste pas de sol ou qui sont recouverts de pierres;

d) les endroits où il existe déjà une végétation naturelle;

e) un accotement bas qui se consolidera de lui-même avec le temps. (Ces zones, nous le répétons, ne conviennent généralement pas à l'emploi de cette technique.)

3. LA METHODE

Nous allons décrire brièvement cette méthode, point par point.

Le meilleur moment pour procéder à cette opération se situe en hiver ou en début de printemps, quand les pieux sont en période de dormance et peu avant la saison des pluies.

3.1 Préparation du terrain

Façonner le talus remblayé, en allant du sommet vers le bas. Il faut combler les petits filets ou ravines, enlever les pierres ou branches d'arbres ou les déposer au pied du talus. Quand les pentes sont plus longues, il faut parfois ouvrir des fossés de dérivation.

3.2 Piquetage

Tracer sur les talus des lignes isohypses. Le piquetage doit se faire en partant du bas du talus et en remontant, avec un intervalle de 1,2 m entre les rangs et de 0,5m sur chaque rang. Un hectare nécessite environ 17 000 Dieux (ou 7 000 pieux par acre environ). La longueur des pieux dépend du matériau qui recouvre le talus: on peut estimer souhaitable une longueur de 1 m ou de 1,2 m. Les pieux doivent avoir un diamètre de 5 à 6,5 cm. Tous les Dieux sont aiguisés à l'extrémité du bas.

L'angle correct pour enfoncer les pieux dans le remblai est approximativement la bissectrice de l'angle que font un fil à plomb et la perpendiculaire au talus incliné (voir exemple de la figure 1). Pour éviter que le pieu ne se fende, placer un fort morceau de bois au sommet du rondin pendant qu'on l'enfonce. L'enfoncer progressivement et avec prudence. Le pieu doit traverser le remblai et s'enfoncer dans le sol primitif. On laisse sortir du sol un maximum de 15 cm. Les extrémités fendues doivent être sciées. Un tiers à un quart des pieux doit appartenir à des espèces qui bourgeonneront et pousseront facilement. Voici certaines des espèces qui ont été employées avec succès dans ce but mais , évidemment, les espèces utilisables varient d'une région à l'autre.

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Figure 2. Clayonnage et fascinage effectués dans le cadre du Programme spécial pour l'emploi le long d'une route forestière, Mount James Forest District, Jamaïque (Photographie communiquée par l'auteur).

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Figure 3. A titre de comparaison, voici un exemple d'un style quelque peu différent de clayonnage et fascinage utilisé notamment dans les pays européens (Photo: service forestier des Etats-Unis).

Lagerstroemia subcostata
Glyricidia sepium
Mallotus japonicus
Cassia siamea
Salix spp.
Bambusa spp.

En théorie, chaque quatrième pieu que l'on enfonce dans une rangée isohypse doit être vivant et appartenir à ces espèces qui peuvent bour geonner et pousser ultérieurement.

3.3 Clayonnage et fascinage

Creuser une tranchée isohypse de 20 cm de largeur et 25 cm de profondeur, contre ou immédiatement au-dessus de la ligne de pieux (Figure 1). Introduire dans la tranchée des faisceaux de fascines de 13 cm de diamètre et 3 m de longueur, en les faisant se chevaucher aux extrémités. Ce travail doit se faire en partant du bas du talus et en remontant. Les clayons ne doivent pas être complètement enterrés dans la tranchée mais une partie des branches et des feuilles doit émerger du sol pour servir de bandes tampons. La tranchée et les fascines enterrées à proximité remplissent au moins trois objectifs:

a) intercepter le ruissellement et réduire la vitesse;

b) jouer le rôle de barrière ou de bande tampon pour lutter contre la formation de rigoles ou de ravines; et

c) conserver l'humidité afin de favoriser la croissance des rondins.

3.4 Semis et plantation

Si nécessaire, planter des graminées et des arbres pour accélérer la nrotection du talus de remblai. Dans les régions où l'on ne peut se procurer des pieux vivants, il sera nécessaire de recourir à ces procédés.

4. L'EQUIPE ET L'ÉQUIPEMENT

Les pieux doivent être taillés, aiguisés et préparés le long du site à traiter. Si les clayons de branchages sont prêts également, une équipe de dix hommes suffira pour composer une unité de travail constituée comme suit:

  • Piquetage, 1 homme pour tenir le pieu et 1 pour l'enfoncer (3 équipes)
6
  • Confection des tranchées et mise en terre des clayons
2
  • Transport du matériel, tracé des courbes de niveau, etc.
2

Les outils nécessaires pour une équipe de dix hommes sont les suivants:

  • Niveau à main
1
  • Marteaux ou maillets en bois
3
  • Houes
2
  • Hâche
1
  • Scie à main
1
  • Corde ou fil de fer et planche en bois

Sur les talus remblayés très raides et longs, il faut installer un système simple de câbles pour transporter les matériaux et utiliser une corde de sécurité pour monter et descendre le long du talus.

En moyenne, une équipe de 10 hommes bien organisée devrait être capable de traiter 200 à 250 m2 par jour. Pour un kilomètre de nouvelle route, il faut compter qu'un demi-hectare à peu près devra être consolidé par clayonnage et piquetage.

5. ENTRETIEN

Il est important d'inspecter la zone piquetée au cours de la première saison des pluies. Tout ruissellement provenant de la chaussée située audessus doit être détourné en construisant une diguette le long de l'accotément (ou berme). Toute rupture doit être réparée et consolidée pour permettre à la végétation de repartir.

 

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