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Préface

L'acacia est très répandu dans les régions les plus sèches de l'Afrique tropicale et australe, au point d'en être fréquemment l'arbre dominant et de constituer dans certaines zones des formations monospécifiques. Il est moins présent toutefois, sans doute parce qu'il a été surexploité, dans la partie orientale de l'Afrique du Nord, en direction du Sind, encore que de l'Arabie à l'Irak et à l'Iran, puis, vers l'est, en direction du Pakistan et de l'Inde, il puisse être remplacé, sur le plan écologique comme sur le plan économique, par certaines espèces de Prosopis.

La plupart des espèces fournissent une alimentation pour le bétail et du bois de service; certaines sont d'importantes sources de gomme et de tanin. Beaucoup sont utilisées par les populations autochtones, qui en tirent des médicaments locaux, des fibres, des ustensiles ménagers et des objets d'artisanat. Mais à de rares exceptions près, on a négligé jusqu'ici l'usage qui pourrait être fait des acacias en agroforesterie, en raison de leur capacité à fixer l'azote. Certains pourraient servir à l'ombrage, à la confection d'abris, de clôtures ou de haies vives, à la stabilisation des sols, ou bien à l'embellissement des rues et à l'ornementation.

Dans le passé, on n'a pas pleinement saisi l'importance des acacias dans l'économie rurale, non plus que leur rôle économique potentiel. S'ils n'ont, dans certaines régions, qu'une importance secondaire, ils sont, ailleurs, absolument indispensables à la survie des communautés rurales. Notons que cette notion d'importance est toute relative puisqu'elle est fonction des disponibilités et de la qualité. Certaines des informations disponibles semblent contradictoires; par suite du déboisement, certaines espèces, naguère importantes sur le plan économique, ont parfois été remplacées par d'autres, moins productives. L'évolution des économies peut faire aussi que certaines utilisations, naguère fréquentes, de l'acacia, n'aient plus de raison d'être. Les besoins en fourrage et en combustible semblent toutefois devoir persister; il est également à prévoir que de nouvelles utilisations de l'acacia s'imposeront. Ainsi, par suite des études nutritionnelles sur les graines consommées par les aborigènes d'Australie, on commence à s'intéresser aux graines d'acacias comme source d'aliments.

On connaît encore imparfaitement le rôle joué par les acacias dans l'écosystème; on n'a étudié jusqu'ici que l'autoécologie d'un tout petit nombre d'espèces et les biotes associés n'ont pratiquement pas été enregistrés. On connaît mieux, en revanche, les espèces originaires d'Australie; de ce fait, elles ont été largement introduites pour produire du bois de feu, du combustible et des fourrages, d'autres variétés étant retenues pour leurs qualités ornementales. Cela ne signifie nullement que ces espèces soient mieux adaptées, mais simplement qu'étant mieux connues elles sont mieux appréciées, ce qui en facilite la gestion.

On n'a guère étudié jusqu'ici l'effet des perturbations qui ont récemment affecté l'environnement et les populations des régions sèches de l'Afrique tropicale et australe. Ces bouleversements résultent de la sécheresse prolongée, de la désertification, des troubles internes, du sida, de l'amenuisement des ressources nationales et de l'impact de ces facteurs sur l'économie rurale. L'étude approfondie du problème exigerait à vrai dire un effort international de premier plan. En l'absence d'une telle étude, il est difficile d'apprécier le rôle que l'acacia et les autres espèces jouent dans l'économie rurale contemporaine.


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